par fernando » 12 Nov 2025, 10:21
Que s’est-il passé dans le parcage visiteurs lillois lors de RC Strasbourg – LOSC ?
Le LOSC se fait remarquer à sa manière en ce début de semaine. Un parcage lillois silencieux, à l’exception d’insultes racistes et de propos haineux, se retrouve au centre de toute l’attention depuis dimanche soir et la défaite des Dogues à Strasbourg (2-0). Mais que s’est-il passé ?
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C’est une évidence, ce n’est pas de cette façon que le LOSC aurait aimé faire le show en Alsace ce dimanche. Opposés au RC Strasbourg, ses hommes se sont écroulés (2-0) lors d’une ultime joute disputée en Ligue 1 avant la trêve internationale du mois de novembre. Cette partie, qui n’avait rien d’extraordinaire sur le pré, reste pourtant encore au cœur de l’actualité ce mardi, et ce, alors même que le coup de sifflet final a retenti depuis bientôt 48 heures.
La raison ? Des incidents survenus avec les supporters lillois, d’abord devant le parcage avec les forces de l’ordre, puis au sein même de la tribune où la tension était palpable. Des propos haineux et racistes ont, en cours de soirée et le lendemain, été entendus, filmés et diffusés sur les réseaux sociaux.
Pour véritablement comprendre ce qui a pu se dérouler, nous sommes partis à la rencontre de plusieurs personnes présentes sur place, supporters lillois ou non, et avons récolté leur témoignage. Que s’est-il donc passé dans le parcage visiteurs à Strasbourg dimanche ?
Interdiction de chanter
Les premiers incidents ont eu lieu au moment de l’arrivée des supporters lillois aux abords du Stade de la Meinau. Des échauffourées ont eu lieu à l’entrée du parcage visiteurs, contraignant les forces de l’ordre à intervenir. L’usage de « gaz lacrymogènes » et de « matraques » pour rétablir le calme nous a été remonté, sans que l’origine des altercations ne soit véritablement authentifiée. Une « fouille très déplacée » a tout de même été évoquée chez certains des témoins présents en parcage, sans que cela ne puisse cependant expliquer l’ampleur des faits. Les sections de supporters lillois sont ainsi arrivées tardivement à leur place, retrouvant ceux venus de façon indépendante près d’une dizaine de minutes après le coup d’envoi.
« On chante à l’entrée des joueurs pour les encourager. On chante un peu lorsque le match commence, mais toujours rien, pas de drapeau, pas de bâches ni de tambour. L’atmosphère est déjà un peu bizarre », nous détaille-t-on. C’est alors que les supporters présents sont invités, par l’intermédiaire d’un individu détenant un mégaphone, à se taire en signe de soutien pour les Lillois qui restent encore à l’extérieur de l’enceinte. « Je peux comprendre la démarche, même si frustré par la situation après tant de route », nous explique un habitué des déplacements.
Insultes, menaces et coups
Cette compréhension n’est néanmoins pas partagée par tous, et certains auraient préféré pouvoir chanter pour encourager les Dogues. C’est encore ce que l’on appelle plus communément : la liberté. Les conséquences ont été salées. « C’était un supporter qui était là depuis le début. Il voulait chanter et crier. Il s’est fait insulter et menacer à plusieurs reprises par le petit groupe qui avait instauré ce calme plat. Il y a même eu un début d’échauffourées avec des échanges de coups », nous raconte-t-on, vidéo à l’appui. « On pouvait clairement distinguer des gens en train de se battre, ce qui a provoqué un petit mouvement de foules. […] Forcément, ça a dissuadé tous les autres… »
Cette volonté affirmée de ne pas chanter durant l’intégralité de la rencontre a contribué à l’ambiance « malsaine », voire « horrible », du parcage visiteurs lillois. « On a même fini par se demander si on pouvait réagir au match, par peur de risquer quelque chose. » L’ensemble s’est ainsi progressivement résigné alors que « chaque négociation » entraînait « son lot d’insultes » en cours de match. Le score et la dynamique de ce dernier ont aidé à conserver le calme et ont fini par freiner toutes les velléités potentielles.
Des débordements haineux et racistes
Le calme plat, jusqu’à l’approche du coup de sifflet final. Tout débutait par du chambrage, avec le logo du FC Metz montré à des supporters strasbourgeois de l’autre côté du plexiglas. Cela a entraîné « quelques insultes » et des « gestes parfois véhéments », mais « rien d’exceptionnel lors d’un match de football », nous raconte-t-on encore, situant cet évènement en haut de la tribune. C’est ensuite que cela dérape.
Des gestes, des mots, des logos
Interloqués par ces échanges, certains supporters venus d’en bas « sont montés pour insulter les supporters strasbourgeois derrière le plexiglas. C’est de là qu’ont fusé les premières insultes racistes », nous explique-t-on. Cela s’est ensuite « généralisé » de 20 à 30 individus, « un peu dans tous les sens », par grappes. Des « sales bougnoules » et des insultes en tout genre ont alors pu être entendues. Ceci s’est produit en haut de la tribune, quand des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux démontrent des agissements similaires à son niveau inférieur. Certains sont allés jusqu’à « imiter les mouvements d’un singe » en ciblant des Strasbourgeois.
« Certains, avec des vêtements qui masquaient la moitié de leur visage, collaient leur téléphone sur les vitres pour que l’on puisse voir des croix gammées. Ils nous pointaient du doigt », nous raconte Thomas, un supporter strasbourgeois situé dans la tribune famille du Stade de la Meinau. « Il y avait beaucoup de familles autour de moi, mais je ne sais pas si elles l’ont vu. C’est arrivé assez tardivement et c’est une poignée de supporters qui était spécifiquement visée », poursuit-il.
Ces différents agissements n’ont pas été vus ou tout simplement perçus par tous. Certains supporters lillois présents en parcage ont découvert tout ceci à leur sortie du stade, en regardant les réseaux sociaux : « Le parcage à Strasbourg est divisé en deux parties avec un grillage au milieu. J’étais personnellement sur le côté gauche, soit à l’extrême opposé des vidéos qui ont pu sortir, et je n’ai rien vu de particulier à ce sujet de mon côté », nous confie également un autre supporter lillois. « Je pense que si c’est une vingtaine de personnes éparpillées, et pas une voix unique, on peut clairement les manquer même en étant dans le parcage. »
« Tout ceci m’attriste énormément, parce que même s’il s’agit d’actes de quelques personnes, cela finit par prendre de l’ampleur et par concerner toute la communauté du LOSC. Pourtant, pour la plupart, on condamne tous de tels agissements », regrette-t-il. Et la sécurité dans tout ça ? « Elle était excédée. Les agents tentaient de disperser les petits groupes au début, mais ils ont vite été dépassés. Il y avait trop de monde pour eux », nous explique encore un supporter présent en tribune.
La réaction du LOSC
Face aux témoignages ainsi qu’aux vidéos publiés ces dernières heures sur les réseaux sociaux, le LOSC ne pouvait pas se contenter de garder le silence. Le club a donc, au travers d’un communiqué diffusé ce lundi, fermement condamné les « comportements intolérables » et « les propos haineux et insultes racistes » tenus par certains individus présents au sein du parcage visiteurs lors du déplacement du LOSC à Strasbourg (2-0) dimanche dans le cadre de la douzième journée de Ligue 1.
« Ces agissements sont inacceptables et totalement contraires aux valeurs que le club défend et promeut avec constance. […] Ces personnes ne seront jamais les bienvenues au sein de la communauté du LOSC et ne sauraient en aucun cas être considérées comme des supporters », rédige la formation lilloise.
La direction du LOSC a d’ailleurs précisé qu’un processus d’identification des individus avait été lancé, que des plaintes allaient être déposées et que « des interdictions commerciales de stade à effet immédiat » seront prononcées. Il semble effectivement temps d’agir, alors que des incidents de ce genre surviennent de façon plus ou moins régulières lors des déplacements des supporters lillois en France ou en Europe (Chambly, Reims, Auxerre, et plus récemment Rome, Belgrade et donc Strasbourg, pour ceux connus) ces dernières années. Certains supporters se détachent peu à peu du club qu’ils aiment pourtant suite à ces événements.
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