Il y a presque cinq ans déjà, la fête du sport virait au drame. Le 7 mars 2009, au sortir de la victoire du LOSC face à Lyon au Stade de France à Saint-Denis, un groupe de supporteurs qui regagnait son bus, emprunte une porte que tous les témoins décrivent comme restée ouverte. Les Loscistes grimpent des escaliers vers le pont-canal et se retrouvent sur les voies du RER B qu’ils se mettent à longer. C’est alors qu’une rame vide passe et fauche treize d’entre eux. Le bilan est tragique : Jordan Stravius, 10 ans et Sullivan Brunel, 18 ans, originaires d’Outreau, perdent la vie. Le papa de Jordan, Dominique Stravius, est très grièvement blessé. Trois autres personnes sont également touchées, plus légèrement, dont un grand frère et une sœur du petit Jordan.
Une question se pose de suite : comment ce petit groupe a pu se retrouver sur les rails ? Rapidement, la responsabilité de la SNCF est interrogée au sujet de cette porte qui vraisemblablement n’était pas verrouillée. Une instruction est ouverte, longue instruction. « Il y a eu deux reconstitutions, des changements de magistrats... », explique Me Patrick Delbar, conseil du grand-père de Jordan, Christian Duminy. L’avocat se satisfait néanmoins d’ « une instruction sérieuse ».
Et contrairement à ce que craignait notamment Christian Duminy la justice ne décide finalement pas d’un non lieu mais bien de renvoyer la SNCF devant le tribunal correctionnel de Bobigny. L’information judiciaire a en effet établi la commission d’une « faute caractérisée » imputable indirectement à la SNCF et donc l’engagement de sa responsabilité en tant que personne morale, des « chefs d’homicide et blessures involontaires ».
Pas verrouillée
Il apparaît que les deux tournées de surveillance les 16 et 27 février précédents le drame ont été effectuées dans un cas comme dans l’autre par les deux agents à partir de la cabine du train et pas à pied. Mais aussi qu’il y a longtemps que cette porte n’était pas verrouillée.
Et même si selon les magistrats, les victimes ont légalement pu commettre une faute en circulant sur les voies ferrées, cela n’empêche pas de retenir la responsabilité pénale de son auteur. En l’espèce la SNCF.
Christian Duminy ne pense pas se rendre au procès dont on ne connaît pas la date. « Je n’en attends rien. » Mais il a « hâte que tout cela se termine ». Les deux familles sont naturellement brisées par ce double drame. Le papa de Jordan, hospitalisé près de sept mois et plongé un temps dans le coma, a été amputé d’une partie de la main et éprouve des difficultés à marcher. Résultat, il lui est pour l’instant impossible de travailler. « Il n’avait aucun problème d’emploi, mais était embauché sur le port de Boulogne par périodes de plusieurs mois. À ce moment là, il venait de terminer un contrat, s’apprêtait à retravailler et donc ne s’était pas inscrit au chômage. Résultat il ne touche rien et ma belle-fille est sans emploi. »
Si la SNCF était condamnée, une indemnisation pourrait être décidée. « Mais vous savez, malheureusement, l’argent n’est pas le plus important... »
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