pfff... a écrit: Surtout, Macron a finalisé la scission LR. Il a sa majorité.
La droite LR se scinde en deux groupes parlementaires
Le groupe des « constructifs », des députés de droite désireux de travailler avec le gouvernement, doit se réunir ce mercredi. La création de ce groupe dissident vient acter les divisions de la droite.
« On n’est pas en marche, mais on veut que ça marche ! » Fraîchement réélu dans sa circonscription des Hauts-de-Seine, le député LR Thierry Solère va réunir ce mercredi à l’Assemblée le groupe des « constructifs », dont il avait annoncé la création mardi matin sur France Inter 3. Une création qui vient acter la division de la droite face au nouvel exécutif.
Ces dernières heures, les rencontres s’étaient multipliées pour convaincre le maximum de députés de rejoindre ce nouveau groupe désireux de travailler en bonne intelligence avec le gouvernement. Une opération de débauchage compliquée par le fait que la majorité des députés LR ont été élus face à des candidats LREM, mais aussi par l’impressionnante majorité dont dispose désormais Macron et qui a un peu fait perdre l’intérêt de créer un nouveau groupe « macroniste ».
Ils devraient être une vingtaine à quitter ce mercredi le groupe LR, comme Laure de La Raudière, Franck Riester ou Pierre-Yves Bournazel, sans doute rejoints par une dizaine de députés UDI comme Yves Jégo – aucun d'entre ces derniers n’ayant eu de député LREM en face d’eux dimanche dernier. « Beaucoup m’ont dit qu’ils étaient totalement en phase avec notre démarche et nous rejoindront prochainement », assure la députée d’Eure-et-Loir Laure de La Raudière pour expliquer l’effectif relativement faible de ce nouveau groupe. Certains partisans d’accepter la « main tendue » d’Emmanuel Macron, comme Nathalie Kosciusko-Morizet ou le juppéiste Maël de Calan, ont aussi échoué à se faire élire et manqueront donc à l’appel.
Depuis qu’il a annoncé en mars dernier son retrait de la campagne de Fillon, au lendemain de sa mise en examen, Thierry Solère n’a pas ménagé ses efforts pour rapprocher une partie de la droite, issue des rangs juppéistes et lemairistes, avec un Emmanuel Macron qui voyait les portes de l’Élysée s’ouvrir toutes grandes à lui. La nomination d’Édouard Philippe à Matignon – mais c'est aussi le cas de celles de Bruno Le Maire à Bercy et Gérald Darmanin au Budget – a constitué pour ces « Macron-compatibles » un « fait sans précédent », qui oblige leur famille politique à sortir de l’opposition stérile.
Pour Thierry Solère, la droite doit « rompre avec le fonctionnement habituel de la vie parlementaire où parce qu’on n’est pas dans le groupe majoritaire on s’oppose à tout sur tout, tout le temps (…). Il faut être beaucoup plus constructifs, toutes les réformes qui vont dans le bon sens, on a vocation à les voter », a-t-il expliqué sur France Inter mardi. « Nous ne sommes pas en phase avec l’attitude d’opposition systématique. Ce n’est pas ce qu’attendent les Français, affirme de son côté Laure de La Raudière. Sur le terrain, ce qu’ils nous ont demandé c’est de nous mettre autour de la table et de travailler pour résoudre les problèmes de la France. »
Pour la majorité des Républicains, la création de ce groupe est vécue comme un acte de haute trahison commis par ceux qu’ils n’ont pas tardé à rebaptiser les « déconstructifs ». « Si certains veulent diviser, essayer de créer des groupes politiques (...) ils porteront la responsabilité d'affaiblir leur propre famille politique, celle qui leur a tout donné », a tonné le secrétaire général du parti Bernard Accoyer sur LCI 3 . « C’est le syndrome du plat de lentilles de ceux qui vont voter la confiance pour décrocher un sous-maroquin », raille pour sa part Jean-François Copé, qui rappelle que la plupart de ces députés dissidents « ont déjà gagné leur réélection sans combattre tandis que tant de nos candidats sont morts au champ d’honneur ».
Au lendemain d’une défaite historique pour la droite qui n’a plus aujourd’hui de leader, certains appellent, au contraire, à l’unité de la famille. « Je ne pense pas que se morceler en trois groupes [LR, UDI et “constructifs” – ndlr] soit la meilleure des solutions », estime ainsi la députée de Neuilly Constance Le Grip, qui juge que « tout cela participe de la continuation des opérations de désagrégation de l’opposition LR ».
Alors que Gérald Darmanin et Édouard Philippe ont personnellement appelé certains députés pour les inciter à sauter le pas, comme le rapportait Le Figaro, beaucoup de députés LR voient dans la création de ce groupe une nouvelle manœuvre de l’exécutif pour affaiblir la droite.
Si Macron n’a sans doute aucun besoin de ces supplétifs pour faire passer les textes qu’il souhaite compte tenu de l’écrasante majorité dont il dispose à l’Assemblée, ce groupe, qui disposera d’une tribune et de moyens dans l’hémicycle, pourrait être un important point d’appui pour Édouard Philippe, un très proche de Thierry Solère.
Le député des Hauts-de-Seine a d’ailleurs été reçu ce mardi matin à Matignon, sans doute pour faire le point sur l’avancée de ces « constructifs ». Rejetant le procès en déloyauté, Laure de La Raudière estime que ce groupe qui a l’oreille du premier ministre « va au contraire renforcer la droite et notre capacité à être entendus ».
Ce mercredi, le bureau politique s’annonce houleux, certains comme le député de Nice Éric Ciotti ayant déjà indiqué que les « constructifs » n’avaient plus leur place chez Les Républicains. D’autres, comme Jean-François Copé, se montrent plus pragmatiques : « Faut-il enclencher la machine à exclure ? Je ne suis pas sûr que cela soit la meilleure des solutions alors qu’on est déjà dans une cabine téléphonique. »
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."