par fernando » 21 Déc 2013, 11:37
J'insiste sur cette filsdeputerie sans nom qui se prépare en secret, et dont personne ou presque ne parle. Avec l'UE qui négocie on ne sait au nom de qui...
En route vers un monde de libre-échange parfait, sans entraves pour le développement du gaz de schiste, du boeuf aux hormones, des OGM et du poulet à l'eau de javel.
Traité transatlantique: Non aux privilèges pour les investisseurs!
20 décembre 2013 | Par ATTAC FRANCE
Alors que le troisième round de négociation de l'accord commercial entre l’Europe et les Etats-Unis se termine aujourd'hui à Washington, nous publions la traduction d'une lettre signée par plus d'une centaine d'organisations de part et d'autres de l'atlantique (dont la fédération syndicale états-unienne AFL-CIO ou encore le réseau des Attac d'Europe) adressée aux négociateurs états-unien et européen.
Dans cette lettre, les organisations signataires expriment leur préoccupation quant à l'insertion dans l'accord d'un mécanisme de réglement des différend investisseur-Etat, jugée comme une grave atteinte démocratique, en ce qu'il obligerait les gouvernements à payer, avec l’argent des contribuables, des compensations à des entreprises privées pour des « préjudices » qui seraient liés à des mesures environnementales, sociales, de santé publique et décisions d’intérêt public.
(Consulter la version anglaise sur le site de S2B)
Monsieur l'ambassadeur Michael Froman, Monsieur le commissaire Karel De Gucht,
Les organisations signataires de cette lettre souhaitent vous exprimer leur opposition à l’inclusion d’un mécanisme de règlement des différends investisseur-Etat dans le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI).
Un tel mécanisme garantit aux entreprises étrangères le droit de porter plainte devant des tribunaux d’arbitrage privés et de remettre en question les décisions et initiatives des gouvernements qui compromettraient leurs investissements. Même dans le cas où la législation s’appliquerait également aux entreprises nationales et étrangères, le mécanisme de règlement des différends permet aux entreprises étrangères de réclamer des compensations en l’absence d’un « environnement réglementaire stable ».
Ces dernières années, les recours à des mécanismes de règlement des différends pour remettre en question des mesures prises par des gouvernements se sont multipliés de manière préoccupante. L’inclusion de tels mécanismes dans des traités de libre-échange ou des traités bilatéraux d’investissement a permis aux entreprises de déposer plus de 500 plaintes contre 95 gouvernements. De nombreuses de ces plaintes visent directement des mesures d’intérêt public ou de protection de l’environnement. Pour ces raisons, nous vous pressons d’exclure ce type de mécanisme du PTCI.
Le mécanisme de règlement des différends obligerait les gouvernements à payer, avec l’argent des contribuables, des compensations à des entreprises privées pour des « préjudices » qui seraient liés à des mesures environnementales, sociales, de santé publique et décisions d’intérêt public.
Tel type de mécanisme a été utilisé pour attaquer des mesures d’intérêt public portant sur les énergies propres, l’utilisation des terres, l’extraction, la santé, le droit du travail. En fait, les 16 procès en cours dans le contexte des accords de libre-échange étatsuniens, qui représentent plus de 14 milliards de dollars, concernent tous des mesures environnementales, énergétiques, de santé publique, d’utilisation des sols, de transport ou de régulation financière – et pas d’enjeux commerciaux classiques.
Les entreprises instrumentalisent de plus en plus les mécanismes de règlement des différends pour remettre en question des mesures gouvernementales, même non discriminatoires. Par exemple, des investisseurs européens ont attaqués l’augmentation du salaire minimum égyptien, et une entreprise étatsunienne a attaqué la décision du gouvernement péruvien de réguler les déchets toxiques ainsi que de fermer une fonderie dangereusement polluante grâce aux mécanismes de règlement des différends. Dans un des cas les plus emblématiques, le géant cigarettier Philip Morris a déposé une plainte contre l’Australie et l’Uruguay pour remettre en cause leur législation anti-tabac, après avoir échoué à empêcher l’adoption de ces mesures de santé publique via les juridictions nationales.
Eu égard au nombre considérable d’entreprises enregistrées à la fois aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, le nombre d’attaques sur des mesures d’intérêt public, via un possible mécanisme de règlement des différends, risquerait d’augmenter de manière préoccupante si un tel mécanisme était inclus dans le PTCI. Les gouvernements doivent avoir les marges de manœuvres pour mettre en place des mesures d’intérêt général sans risquer de se faire attaquer par des entreprises.
Un mécanisme de règlement des différends remet en cause la prise de décision démocratique.
Un tel mécanisme permet aux entreprises étrangères de remettre en cause devant des tribunaux privés des mesures prises par les gouvernements, court-circuitant les courts nationales et mettant en place un nouveau système juridique exclusivement à disposition des investisseurs étrangers et multinationales. Il permet aussi aux entreprises de remettre en question les décisions des juridictions nationales, remettant encore davantage en cause les processus de prise de décision démocratiques. En bref, le mécanisme de règlement des différends offre une voie royale aux entreprises pour remettre en cause les mesures des gouvernements, alors que ni les citoyens, ni les gouvernements ne disposent de droits équivalents pour tenir les entreprises responsables de leurs agissements.
Les systèmes légaux de part et d’autres de l’atlantique sont d’ores et déjà en mesure de gérer les différends en matière d’investissement.
Les Etats-Unis et l’Union européenne disposent déjà de juridictions fortes et garantissent les droits de propriété. L’inclusion d’un mécanisme de règlement des différends dans le PTCI n’apporterait rien, sinon de nouvelles opportunités pour les entreprises d’attaquer des législations validées par les juridictions nationales. Un mécanisme des règlements des différends d’Etat à Etat serait largement suffisant dans le cadre du PTCI pour gérer les conflits en matière d’investissement.
Pour ces préoccupations entre autres, nos organisations sont opposées à l’inclusion d’un mécanisme de règlement des différent investisseur-Etat dans le PTCI. Nous vous demandons donc d’exclure ce mécanisme de vos négociations.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."