par fernando » 10 Sep 2013, 15:44
En Asie-Pacifique, un quart des hommes ont déjà commis un viol
C'est un constat plus qu'alarmant qui ressort d'une grande enquête de l'ONU dans la région Asie-Pacifique publiée mardi 10 septembre dans la revue britannique The Lancet. Selon cette étude, qui s'appuie sur les témoignages de plus de 10 000 hommes de 18 à 49 ans interrogés sous couvert de l'anonymat dans six pays (Bangladesh, Cambodge, Chine, Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Sri Lanka), près d'un quart d'entre eux (24 %) reconnaissent avoir déjà commis un viol.
La publication de cette étude, dont l'originalité est d'avoir recueilli la parole des agresseurs, intervient alors que les violeurs présumés d'une étudiante à New Delhi, dont la mort avait fait la "une" de la presse internationale, viennent d'être reconnus coupables.
Les enquêteurs de l'ONU n'ont pas demandé frontalement aux 10 000 hommes interrogés s'ils avaient violé mais s'ils avaient déjà "forcé une femme qui n'était pas leur épouse ou petite amie à avoir des relations sexuelles" ou s'ils avaient eu des relations avec une femme trop ivre ou droguée pour dire si elle était consentante. A cette question, ils sont 11 % en moyenne à avoir répondu par l'affirmative, et cette proportion monte à près d'un quart (24 %) lorsqu'on inclut les viols de sa partenaire, de son épouse ou de sa petite amie.
LA MOITIÉ DES VIOLEURS ADOLESCENTS
L'ONU souligne les grandes différences de résultats d'une zone à l'autre, avec des résultats allant de 9,5 % dans les zones urbaines au Bangladesh à 62 % dans l'île de Bougainville en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays qui affiche un des taux de violences envers les femmes les plus élevés au monde.
"Seuls" 45 % des hommes interrogés disent avoir récidivé dans le viol. Interrogés sur leurs motivations, 59 % disent avoir commis cette agression pour se distraire et plus d'un tiers (38 %) pour punir leur victime. Chiffre particulièrement inquiétant, parmi les hommes ayant reconnu avoir déjà violé, la moitié étaient adolescents au moment des faits, 12 % ayant même moins de 15 ans.
La plupart ont précisé n'avoir fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire après avoir violé, ce qui a conduit Roberta Clarke, en charge de la question des femmes pour les Nations unies dans la région, à déclarer lors de la présentation de l'étude qu'il faut "changer la culture qui permet aux hommes de décréter qu'ils ont le pouvoir et le contrôle des femmes". Les auteurs de l'étude insistent sur le fait que cette pratique du viol peut être enrayée, avec des changements comme une meilleure prise en charge des victimes et de réelles poursuites contre leurs agresseurs.
Les résultats de l'étude par zone
Le pourcentage d'hommes reconnaissant avoir déjà commis un viol varie fortement selon les régions étudiées par l'ONU :
Ile de Bougainville en Papouasie-Nouvelle-Guinée : 62 %
Papouasie : 48,6 %
Indonésie (zones urbaines) : 26,2 %
Chine (zones urbaines et rurales) : 22,2 %
Cambodge : 20,4 %
Indonésie (zones rurales) : 19,5 %
Sri Lanka : 14,5 %
Bangladesh (zones rurales) : 14,1 %
Bangladesh (zones urbaines) : 9,5 %
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