[01T] Politix, fonctionnaire et Cie

Messagepar ChevalierBlanc » 07 Avr 2014, 20:17

fernando a écrit:
ChevalierBlanc a écrit:To Nando : et son article de merde c'est du second degré ?


Le régime hutu était soutenu mordicus par la France avant et même pendant le génocide, l'armée hutu a été équipée par la France et entraînée par l'armée française. La France était le seul pays à soutenir ce régime et s'est malheureusement, une fois de plus en Afrique, rangée du mauvais côté de l'histoire.
L'opération Turquoise n'a rien empêché concernant le génocide (c'était déjà presque terminé), elle avait pour but de protéger les hutus de l'avancée du FPR et des représailles des tutsis. Elle a également servi à exfiltrer un certain nombre de responsables hutus dont bcp coulent des jours heureux en France.

Le rôle de la France au Rwanda n'est vraiment pas glorieux, et ça restera une grosse tâche dans l'histoire post-coloniale de notre pays. Mais bon comme d'hab on ouvrira les archives dans 30 ans, quand tous ceux qui étaient aux manettes seront morts depuis longtemps.

Je ne comprends pas pourquoi aux yeux de bcp de gens l'honneur de la France et de son armée sont des choses indépassables, et qu'il est insupportable d'essayer de regarder en face les périodes moins glorieuses de notre passé. La grandeur d'un pays se mesure aussi à sa capacité à analyser lucidement ses erreurs historiques. Que c'est dur en France.
Même quand Chirac a présenté des excuses 50 ans après pour les exactions commises sous Vichy il s'est fait bcp critiquer.


Je prends acte de ta réponse et décide de me retirer de la vie politique de pl.

Plus sérieusement, j'espère que nous aurons l'occasion d'en rediscuter devant une bonne binouze.

To Krouw2 : ta quenelle, tu peux te la glisser profondément dans le fondement. Ne fais pas d'amalgame svp.
"les gens du nord ont dans leurs cœur le soleil qui non pas dehors" Manu le 4 avril 2016
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Messagepar fernando » 07 Avr 2014, 20:20

ChevalierBlanc a écrit:Plus sérieusement, j'espère que nous aurons l'occasion d'en rediscuter devant une bonne binouze.


Je sens de la crainte pour le prochain futsal. Je vais me faire tacler dans les gencives.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
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fernando
 
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Messagepar fernando » 07 Avr 2014, 20:24

Dogue-son a écrit:Il y a eu des erreurs mais parler de complicité c'est du délire.


L'armée française n'a pas participé directement aux tueries, mais la France, par son soutien indéfectible et jusqu'au boutiste au régime hutu, a une grosse responsabilité dans ce qui s'est passé, ça va un peu au-delà "d'erreurs".
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Messagepar ChevalierBlanc » 07 Avr 2014, 20:26

fernando a écrit:
ChevalierBlanc a écrit:Plus sérieusement, j'espère que nous aurons l'occasion d'en rediscuter devant une bonne binouze.


Je sens de la crainte pour le prochain futsal. Je vais me faire tacler dans les gencives.


ça dépendra, dans quel camp seras-tu, tutsi ou hutu ? ;)
"les gens du nord ont dans leurs cœur le soleil qui non pas dehors" Manu le 4 avril 2016
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Messagepar fernando » 07 Avr 2014, 20:27

Si y'a une équipe tutsi, logiquement dans l'équipe d'en face y'aura toi, Despé et Djez :-)
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Messagepar stikky » 07 Avr 2014, 20:30

fernando a écrit:L'opération Turquoise n'a rien empêché concernant le génocide (c'était déjà presque terminé), elle avait pour but de protéger les hutus de l'avancée du FPR et des représailles des tutsis. Elle a également servi à exfiltrer un certain nombre de responsables hutus dont bcp coulent des jours heureux en France.



C'est "operation ratlines" made in France quoi
I know I ain't doing much, Doing nothing means a lot to me
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Messagepar ursulet » 07 Avr 2014, 20:31

Y ariensur YouTube quand je cherche tutsi vs hutu, ils bluffent.
Toi qui entre au grand Stade, abandonne tout espoir...
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Messagepar Dageek » 07 Avr 2014, 20:39

faut aller sur rotten.com pour voir ça
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Messagepar bijams » 07 Avr 2014, 21:33

fernando a écrit:Le régime hutu était soutenu mordicus par la France avant et même pendant le génocide, l'armée hutu a été équipée par la France et entraînée par l'armée française. La France était le seul pays à soutenir ce régime et s'est malheureusement, une fois de plus en Afrique, rangée du mauvais côté de l'histoire.
L'opération Turquoise n'a rien empêché concernant le génocide (c'était déjà presque terminé), elle avait pour but de protéger les hutus de l'avancée du FPR et des représailles des tutsis. Elle a également servi à exfiltrer un certain nombre de responsables hutus dont bcp coulent des jours heureux en France.

Le rôle de la France au Rwanda n'est vraiment pas glorieux, et ça restera une grosse tâche dans l'histoire post-coloniale de notre pays. Mais bon comme d'hab on ouvrira les archives dans 30 ans, quand tous ceux qui étaient aux manettes seront morts depuis longtemps.

Je ne comprends pas pourquoi aux yeux de bcp de gens l'honneur de la France et de son armée sont des choses indépassables, et qu'il est insupportable d'essayer de regarder en face les périodes moins glorieuses de notre passé. La grandeur d'un pays se mesure aussi à sa capacité à analyser lucidement ses erreurs historiques. Que c'est dur en France.
Même quand Chirac a présenté des excuses 50 ans après pour les exactions commises sous Vichy il s'est fait bcp critiquer.


Les excuses sont à quel nom en général ?
Au nom de la France ou du politique incriminé ?
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bijams
 
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Messagepar Dogue-son » 07 Avr 2014, 22:29

fernando a écrit:
Dogue-son a écrit:Il y a eu des erreurs mais parler de complicité c'est du délire.


L'armée française n'a pas participé directement aux tueries, mais la France, par son soutien indéfectible et jusqu'au boutiste au régime hutu, a une grosse responsabilité dans ce qui s'est passé, ça va un peu au-delà "d'erreurs".


C'est parfaitement inexact.
Primo, tous les envois de troupes (Noroit, Amaryllis...) ont pour objectif de protéger et d'évacuer les ressortissants étrangers, notamment Français, en coopération avec les Forces Belges d'ailleurs. Pas d'aider militairement les FAR même si la présence française contriubue à la stabilisation des fronts.
D'autre part, l'état rwuandais n'existe plus après l'attentat ayant tué le président. Sa structure est détournée par des extrémistes hutus et les principaux acteurs des massacres ne sont pas les FAR, et pour cause, mais les milices, qui n'ont aucun soutien de soldats français.
Tertio, la France n'est pas en charge de faire respecter les accords d'Arusha sur le terrain, c'est le rôle de la Minuar. Laquelle ne gère plus rien une fois qu'il est clair que le FPR prend le dessus. C'est pourquoi Turquoise est mise en place par la France pour préserver les populations, dans le cadre d'une résolution de l'Onu, pour une durée de 2 mois, afin de permettre à la Minuar de revenir mieux structurée et équipée.
L'erreur de la France est d'avoir continué à soutenir le gouvernement en place après 1990 lorsqu'il est manifeste qu'il n'enclenche pas les réformes démocratiques prévues. Néanmoins, les FPR n'ont rien de démocratiques non plus. Et le soutien français au gouvernement n'a rien de jusqu'au boutiste mais le choix qu'il valait mieux espérer une solution négociée en stabilisant les forces en place.
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Messagepar fernando » 08 Avr 2014, 09:12

D'autre part, l'état rwuandais n'existe plus après l'attentat ayant tué le président


La France était le seul pays (occidental tout du moins) à reconnaître le gouvernement intérimaire hutu.

L'erreur de la France est d'avoir continué à soutenir le gouvernement en place après 1990 lorsqu'il est manifeste qu'il n'enclenche pas les réformes démocratiques prévues. Et le soutien français au gouvernement n'a rien de jusqu'au boutiste mais le choix qu'il valait mieux espérer une solution négociée en stabilisant les forces en place.


Comme tu le soulignes le régime rwandais de l'époque était le poulain de la France. Le génocide, les diplomates en place l'ont venu voir de loin. On n'a rien fait pour le prévenir ou le stopper. Et la France a continué à soutenir et essayé de protéger les responsables hutu après le début du génocide, quand plus personne ne pouvait ignorer ce qui se passait. Après le début du génocide il y avait encore des contacts militaires et diplomatiques surréalistes au plus niveau, pour essayer de gérer "la mauvaise image" que renvoyaient les évènements se déroulant dans le pays.
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Messagepar isidore » 08 Avr 2014, 09:35

nan mais vous vous écartez là, on dirait du pl sans tiret ... revenez-en à vos payadayteries c'est encore ce que vous faites de mieux
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Messagepar kaptn_kvern » 08 Avr 2014, 09:38

Attendons encore un peu, ptet qu'ils s'enculent à la fin...
I don't always listen to Pantera...but when I do, I get fucking hostile.
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Messagepar GilbertSedman » 08 Avr 2014, 09:42

"Comme tu le soulignes le régime rwandais de l'époque était le poulain de la France. "
Loul tu la tires de où celle-là ? Tu penses réellement que la politique france afrique reposait sur la pierre angulaire Rwanda ? Un pays dont l'économie est principalement marquée par sa forte dépendance de l'agriculture (40 % du PIB, 87 % de l'activité nationale)..... :-)
Parler à un con c'est un peu comme se masturber avec une râpe à fromage, beaucoup de douleurs pour peu de résultats (Desproges)
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Messagepar Xylophène » 08 Avr 2014, 10:13

ursulet a écrit:Y ariensur YouTube quand je cherche tutsi vs hutu, ils bluffent.


Attends juste que King Kon vienne nous poster la vidéo de l'intervention de Dieudo sur le sujet.
"Si je lance mon chapeau, si je fais l’oiseau, c’est pour ne pas mourir tout de suite, c’est pour me maintenir à la surface. Comme un nénuphar sans talent, mais nénuphar tout de même."

Armand dans "Les Nénuphars" de Michel Soutter
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Messagepar King Kong » 08 Avr 2014, 10:16

Pour l'Afrique je lis bernard lugan..
"Je pars avec le sentiment d'avoir bien fait mon travail" françois rebsamen
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Messagepar Xylophène » 08 Avr 2014, 10:17

fernando a écrit:Le régime hutu était soutenu mordicus par la France avant et même pendant le génocide, l'armée hutu a été équipée par la France et entraînée par l'armée française. La France était le seul pays à soutenir ce régime et s'est malheureusement, une fois de plus en Afrique, rangée du mauvais côté de l'histoire.


Merde, c'est la France qui a fourni les machettes !?!

Quel déclin pour Manurhin et l'industrie de l'armement française.
"Si je lance mon chapeau, si je fais l’oiseau, c’est pour ne pas mourir tout de suite, c’est pour me maintenir à la surface. Comme un nénuphar sans talent, mais nénuphar tout de même."

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Messagepar fernando » 08 Avr 2014, 10:17

GilbertSedman a écrit:"Comme tu le soulignes le régime rwandais de l'époque était le poulain de la France. "
Loul tu la tires de où celle-là ? Tu penses réellement que la politique france afrique reposait sur la pierre angulaire Rwanda ? Un pays dont l'économie est principalement marquée par sa forte dépendance de l'agriculture (40 % du PIB, 87 % de l'activité nationale)..... :-)


Poulain de la France = soutenu par la France

Tu dois confondre poulain et vache à lait.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
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Messagepar fernando » 08 Avr 2014, 10:19

Xylophène a écrit:Merde, c'est la France qui a fourni les machettes !?!


Les milices interahamwe étaient équipées de robots Moulinex et de marinières pour émincer les tutsis en fines lamelles.
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Messagepar SAV » 08 Avr 2014, 10:22

On a eu un commentaire/mise au point du gouvernement là-dessus ou pas ?
Nan parce qu'on va bientôt être accusés de crimes contre l'humanité, tel que c'est parti.
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar GilbertSedman » 08 Avr 2014, 10:23

fernando a écrit:Tu dois confondre poulain et vache à lait.

Pour moi, un poulain c'est un espoir, l'espoir dans le rwanda.....
Parler à un con c'est un peu comme se masturber avec une râpe à fromage, beaucoup de douleurs pour peu de résultats (Desproges)
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Messagepar ChevalierBlanc » 08 Avr 2014, 10:38

Bon Nando, faudrait peut-être anticiper et s'excuser pour les interventions françaises au Mali et en Centrafrique. Selon toi et Médiapart, ça doit être de l'ingérence ou même un relent que colonialisme.
"les gens du nord ont dans leurs cœur le soleil qui non pas dehors" Manu le 4 avril 2016
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Messagepar fernando » 08 Avr 2014, 10:44

ChevalierBlanc a écrit:Bon Nando, faudrait peut-être anticiper et s'excuser pour les interventions françaises au Mali et en Centrafrique. Selon toi et Médiapart, ça doit être de l'ingérence ou même un relent que colonialisme.


Non, ce sont les bienfaits de la colonisation.
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Messagepar SAV » 08 Avr 2014, 11:12

Que la France ait soutenu un régime pas très clair au Rwanda avec tout ce que ça implique au niveau logistique (armement...), ce n'est malheureusement pas un cas isolé et des exemples comme ça, on peut en trouver plein (même si ça n'excuse rien).
Mais dire que les Français ont été complices voire acteurs du génocide, c'est une accusation très grave et il faudrait au minimum lancer une commission d'enquête sur le sujet, pour dépasser le stade de simples allégations et tenter de faire la lumière une bonne fois pour toutes sur cette période.
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar fernando » 08 Avr 2014, 11:18

SAV a écrit:Que la France ait soutenu un régime pas très clair au Rwanda avec tout ce que ça implique au niveau logistique (armement...), ce n'est malheureusement pas un cas isolé et des exemples comme ça, on peut en trouver plein (même si ça n'excuse rien).


Au niveau logistique et diplomatique. Après c'est effectivement loin d'être le 1er régime criminel ou crapuleux soutenu par la France en Afrique. On a un sacré palmarès en la matière.

SAV a écrit:Mais dire que les Français ont été complices voire acteurs du génocide, c'est une accusation très grave et il faudrait au minimum lancer une commission d'enquête sur le sujet, pour dépasser le stade de simples allégations et tenter de faire la lumière une bonne fois pour toutes sur cette période.


Jusqu'où va l'implication passive ou active du gouvenement et de l'armée, on le saura 40 ans après quand les archives seront rendues publiques et que la quasi-totalité de ceux qui sont pas clairs dans cette affaire seront 6 pieds sous terre, comme pour l'Algérie, Vichy, etc.
Mais franchement nier toute responsabilité de la France dans cette catastrophe, et se donner bonne conscience au sujet de l'opération Turquoise (on était les seuls à se mouiller, ah ça oui on était bien mouilés dans cette affaire), c'est se voiler la face.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
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Messagepar fernando » 08 Avr 2014, 11:21

Le génocide au Rwanda raconté par un humanitaire français

Le Monde.fr | 07.04.2014 à 17h41• Mis à jour le 07.04.2014 à 18h40 | Par Hélène Sallon

Le 6 avril 1994, Jean-Hervé Bradol est en France lorsque l'avion du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana est abattu dans la soirée au-dessus de Kigali. « Là, on a su que les massacres allaient démarrer », confie vingt ans plus tard celui qui était alors responsable des programmes de Médecins sans frontières (MSF) dans la région des Grands Lacs. Sillonnant depuis juillet 1993 la région, de camps de réfugiés en dispensaires, le médecin a vu s'amplifier les violences entre Rwandais, à mesure que s'amenuisaient les espoirs d'une cessation des hostilités opposant depuis 1990 le régime hutu en place et la rébellion à majorité tutsi du Front patriotique rwandais (FPR).

« Le MNDR [le parti du président Habyarimana] dérivait vers les appels au meurtre et le personnel tutsi de MSF claquait des dents. Certains jours, dès la fin 1993, les miliciens Interahamwe [affiliés au MNDR] déclaraient des journées “ville morte”, mettaient sur pied des barrières et commettaient des exactions. En toute impunité. Ni l'armée ni la gendarmerie ni les casques bleus ne faisaient rien », se souvient Jean-Hervé Bradol.

Face à la multiplication de ces journées « ville morte », les organisations humanitaires se préparent au pire dès février-mars 1994. « Il y avait déjà des pogroms de Tutsi et on savait que ça allait s'amplifier. A chaque journée ville morte, il y avait des blessés et des morts par dizaines », raconte-t-il. « On savait que les milices s'armaient. On savait que les opposants seraient les premières victimes. On savait que les FPR massacraient aussi. On voyait que ça allait de plus en plus mal, mais jamais on aurait imaginé ce qui allait se passer dès avril : que le pouvoir se mettrait en tête de tuer tous les Tutsi dans le pays, et qu'il y arriverait presque. »

« L'HÔPITAL ÉTAIT DEVENU COMME UN ABATTOIR »


L'étincelle allumée le 6 avril au soir va définitivement enterrer les négociations de paix d'Arusha entre le pouvoir et la rébellion. Dans les préfectures de Kibungo, à l'est, et de Bugesera, au sud-est, les massacres se généralisent en quelques jours. Des membres du personnel rwandais de MSF sont tués. Les équipes expatriées ne peuvent plus rester.

Jean-Hervé Bradol revient à Kigali le 13 avril, à la tête d'une mission chirurgicale qui doit prendre ses quartiers au centre hospitalier de Kigali (CHK). Cela leur sera impossible. « Le CHK était devenu comme un abattoir. Des piles de corps s'entassaient à la morgue. Les miliciens venaient la nuit, parfois la journée, chercher les survivants tutsi pour les exécuter. Avec le coordinateur médical du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), on a décidé qu'il était impossible de travailler et on a ouvert un hôpital de campagne », raconte Jean-Hervé Bradol. Installé au sein de la délégation du CICR, avec l'accord du gouvernement intérimaire, l'hôpital devient le seul endroit de la ville où les miliciens n'entrent pas. « Mais ils pourchassaient les gens jusqu'à nos portes. »

M. Bradol accompagne chaque jour l'équipe effectuant le ramassage des blessés en ville. Le médecin trentenaire « fait le tri » parmi les blessés, emmenant ceux dont le pronostic vital est engagé. « Seulement les femmes et les enfants. Des hommes, on n'en prenait pas. » Le transport est à hauts risques. Le 14 avril, deux ambulances de la Croix-Rouge rwandaise ont été arrêtées par des miliciens, qui ont sorti et exécuté les blessés sur le bord de la route. « On partait tôt le matin, quand la plupart des miliciens dormaient. Il fallait négocier notre passage aux barrages installés dans toute la ville. L'autorisation du chef d'état-major de l'armée rwandaise, collée sur notre pare-brise, ne suffisait plus. Ils disaient vouloir “tous les tuer” et nous menaçaient aussi. » Chaque passage est l'objet d'une âpre négociation. L'homme s'appuie sur les plus dociles, qu'il a repérés parmi les jeunes miliciens et avec qui il tisse à cette fin, le soir venu, des relations commerciales, leur achetant bière et cigarettes.

Voir notre webdocumentaire, Avoir vingt ans au Rwanda

« ILS TUAIENT JUSQU'AUX FEMMES ENCEINTES ET AUX ENFANTS »

Les blessés laissés derrière ne sont pas plus en sécurité. « A la Sainte-Famille, où nous passions régulièrement, les miliciens venaient exécuter les Tutsi blessés. Un jour, un vieux monsieur blessé au thorax, dont je faisais le pansement, m'a demandé à quoi bon le soigner, puisqu'ils viendraient la nuit pour le tuer », se remémore-t-il. Le personnel rwandais de MSF est lui aussi la cible des milices. De cent à deux cents employés locaux ont péri durant le génocide. « Les miliciens demandaient à nos collègues hutu de dénoncer leurs collègues tutsi. Dans certains camps, les miliciens ont demandé aux Hutu de massacrer leurs collègues tutsi. Pendant les temps morts, on quadrillait l'hôpital pour s'assurer que rien ne se passait », se souvient le médecin.

« Il m'a fallu plusieurs jours pour me convaincre qu'il s'agissait d'un véritable plan systématique et organisé d'extermination », avoue Jean-Hervé Bradol. « Au début, par inconscience, on laissait même partir les malades guéris (...). Puis j'ai vu qu'ils tuaient tout le monde, jusqu'aux femmes enceintes et aux enfants. J'ai vu les miliciens fouiller une à une les maisons pour tuer les gens. » L'hôpital de campagne se transforme rapidement en camp de réfugiés.


La responsable de MSF chargée des réfugiés rwandais à Goma, en République démocratique du Congo, est la première à parler de « génocide » dans un rapport, transmis le 13 avril. « Moi, j'avais un obstacle cognitif à reconnaître qu'ils faisaient ce que les nazis ont fait aux juifs en Europe. Formuler cela, c'était trop pour mon petit cerveau et ma petite personne », admet Jean-Hervé Bradol. « Mais quand les massacres se sont généralisés à Butare le 22 avril, que plus de 150 personnes ont été massacrées dont une partie de notre personnel, on a compris. »

LE SILENCE DE LA FRANCE


Les Nations unies et les ambassades étrangères se refusent elles aussi à employer le terme qui, conformément à la Convention sur le génocide de 1948, sous-tend une obligation légale à intervenir contre les génocidaires. Quand il rentre en France, fin avril, Jean-Hervé Bradol multiplie les plateaux télévisés pour appeler à une intervention internationale. « Les Nations unies étaient complètement dépassées. Elles n'avaient ni la volonté ni les moyens. Les casques bleus avaient été réduits à 270 hommes. On ressentait une sorte d'abandon », s'explique Jean-Hervé Bradol.





A la télévision, comme plus tard devant la mission d'enquête parlementaire, M. Bradol dénonce « les responsabilités écrasantes de la France », alliée du pouvoir hutu, qui « finance, entraîne et arme » l'armée rwandaise. « On était très surpris en juillet 1993 de voir les militaires français participer aux points de contrôle routiers sur les grandes routes qui sortaient au nord de Kigali. Quand les casques bleus sont arrivés en novembre, les militaires français contrôlaient l'aéroport », raconte-t-il. Lorsqu'il rencontre en mai des responsables français de l'Elysée, M. Bradol supporte mal leur « déni de la radicalité des autorités » et leur « satisfecit » de ce qu'ils présentent comme la « mission pacificatrice et démocratique » de la France, principal artisan des accords d'Arusha. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, sera le premier à employer publiquement, le 15 mai, le terme « génocide ». L'Assemblée nationale française et les Nations unies l'enjoignent peu de temps après.

Quand, le 14 juin, Jean-Hervé Bradol rencontre avec d'autres responsables de MSF le président François Mitterrand, ce dernier acte le changement de la position française. Le président leur présente le gouvernement intérimaire comme « une bande d'assassins » et leur confie ses difficultés à contrôler la veuve du président rwandais, Agathe Habyarimana. « C'était un revirement de dernière minute, une condamnation politique de leurs anciens alliés mais, dans les actes, il ne s'est pas passé grand-chose », commente M. Bradol. Le président a décidé de monter l'opération humanitaire « Turquoise », pour secourir les victimes. « On demandait une intervention des Nations unies, avec des casques bleus, sous chapitre VII, pour confronter les génocidaires les armes à la main, fustige-t-il. C'était inapproprié et grave de choisir la neutralité. Ils auraient au moins pu sauver les derniers. »

L'ÉCOEUREMENT

La victoire des FPR, et leur arrivée à la tête d'un gouvernement intérimaire multipartite début juillet 1994, a suscité des espoirs, rapidement douchés. « Dès la fin 1994, il y a eu une grande campagne de répression et des massacres de grande ampleur de paysans hutu par la nouvelle armée rwandaise dans les campagnes. On a observé une mortalité effrayante dans les prisons », se souvient Jean-Hervé Bradol. Les relations de MSF avec les FPR se sont progressivement dégradées. MSF quitte le Rwanda mais aussi les camps de réfugiés installés dans les pays limitrophes à partir de fin 1994. « Les camps hutu au Zaïre et en Tanzanie étaient dirigés par les auteurs du génocide qui captaient tout l'argent pour repartir en campagne, tuaient les opposants et les familles tutsi des camps. »

« La situation était complètement noire. Après 1997, j'ai complètement arrêté de travailler sur le sujet et même de lire les livres qui sont sortis année après année », explique Jean-Hervé Bradol. L'expérience rwandaise, riche d'enseignements sur le travail humanitaire, l'a accompagnée tout au long de sa carrière au sein de l'organisation. A l'approche de l'anniversaire du génocide, devenu directeur d'étude à la fondation MSF, il s'est finalement replongé dans les dossiers de l'époque pour exposer, dans un rapport, les dilemmes, contraintes et débats internes de l'organisation face au génocide des Rwandais Tutsis. « Ça a été libérateur. »
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Messagepar Dageek » 08 Avr 2014, 11:21

Didnt read lol, sorry
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Messagepar SAV » 08 Avr 2014, 11:34

fernando a écrit:Jusqu'où va l'implication passive ou active du gouvernement et de l'armée, on le saura 40 ans après quand les archives seront rendues publiques et que la quasi-totalité de ceux qui sont pas clairs dans cette affaire seront 6 pieds sous terre, comme pour l'Algérie, Vichy, etc.
Mais franchement nier toute responsabilité de la France dans cette catastrophe, et se donner bonne conscience au sujet de l'opération Turquoise (on était les seuls à se mouiller, ah ça oui on était bien mouilés dans cette affaire), c'est se voiler la face.

C'est bien pour ça qu'il faudrait enquêter maintenant et lever le "secret défense" au plus vite.
Enfin on peut toujours rêver.
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Messagepar fernando » 08 Avr 2014, 11:35

SAV a écrit:C'est bien pour ça qu'il faudrait enquêter maintenant et lever le "secret défense" au plus vite.


Denied.
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Messagepar King Kong » 08 Avr 2014, 11:42

Qu'on leur donne la seine st denis en réparation et les allocs qui vont ensemble et on en parle plus!
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