par bitadmin » 05 Juil 2013, 21:25
Le rapport Duron a tranché : le contournement Sud-Est de Lille n’est plus prioritaire. Ce barreau autoroutier qui doit relier l’A1, à hauteur de Seclin, à l’A23 puis à l’A27, au niveau de Péronne-en-Mélantois, est reporté à l’horizon 2030-2050. De là à l’imaginer définitivement enterré, il n’y a qu’un pas que certains maires du sud de Lille franchissent avec plaisir, eux qui étaient vent debout contre ce projet.
Le projet de contournement Sud-Est de Lille visait à décongestionner la métropole. Il est reporté. VDN
Comment décongestionner la métropole lilloise ? L’idée de créer un barreau autoroutier pour contourner Lille par l’est n’est pas nouvelle. Dès les années 80, le projet de contournement avait été mis à l’étude. Le principe : relier le bassin minier à la Belgique, grâce à une jonction entre l’A1 et l’A23. En sommeil début 2000, ce serpent de mer a ressurgi en 2011 à travers le SNIT (Schéma national des infrastructures de transport). Le préfet Dominique Bur l’appelait de ses vœux début 2012 et en mai dernier, il confiait d’ailleurs dans nos colonnes qu’il avait bouclé le dossier préparatoire en attendant une procédure de débat public… On pouvait espérer voir ce bras autoroutier sortir de terre vers 2022. Gros inconvénient tout de même : les élus du sud de la métropole, réunis dans le SIVOM Grand Sud de Lille, avaient toujours clamé leur opposition à ce projet qui devait traverser la Pévèle. Le dossier divisait aussi au sein de LMCU. Autre question épineuse : où trouver les 350 millions d’euros nécessaires ? Le préfet comptait sur les collectivités territoriales pour mettre la main à la poche.
Les débats autour du tracé, comme ceux concernant le budget, semblent désormais repoussés aux calendes grecques. Rendu public la semaine dernière, le rapport Duron sur la mobilité, approuvé par le Premier ministre, classe les projets d’infrastructures routières et ferroviaires selon leur priorité. Il préconise le report du contournement dans une fourchette 2030-2050.
« Un grand ring à faire »
À Seclin, on jubile. Bernard Debreu, maire communiste, jugeait ce contournement « insensé » par son coût et son tracé : « Il fallait passer au-dessus du TGV ! 350 millions pour 9 kilomètres… » Pour lui, le rapport Duron signe l’enterrement du CSEL.
D’accord, mais que faire pour la thrombose de la métropole ? « Avec les élus du sud de Lille, nous avons une vision différente pour sortir des embouteillages sur l’A1. Il y a sans doute un grand ring à faire pour évacuer la circulation mais plus au sud, puisque les bouchons démarrent dès Hénin-Beaumont. Sans oublier qu’il faut mettre en route d’autres moyens de transport, des bus à haut niveau de service, le tram même si le projet est reculé de deux ans faute d’argent, ou encore le RER du bassin minier à Lille… Il n’y a pas une solution unique. » Pas de solution unique… Mais pour l’instant, pas de solution tout court pour les automobilistes qui vivent les bouchons au quotidien.
Déception à la CCI
Le contournement Sud-Est de Lille était poussé par les acteurs économiques de la métropole. La chambre de commerce et d’industrie Grand Lille s’était exprimée en sa faveur, avec l’appui du député UMP Sébastien Huyghe, pour qui le CSEL devait forcément être lié à l’aménagement de l’échangeur de Templemars (voulu par les élus du sud de Lille et prévu vers 2017).
Philippe Hourdain, président de la CCI Grand Lille, voit à regret s’éloigner le projet de contournement : « On nous a opposé à la construction du CSEL son coût exorbitant. Cette solution ne doit pas être enterrée, mais il est clair que pour retrouver une fluidité du trafic, la construction d’infrastructures supplémentaires ne peut être la seule piste envisagée. La CCI Grand Lille a récemment publié un livre blanc sur la mobilité intelligente. L’objectif est d’afficher des propositions pour remédier à la congestion de la métropole. C’est, par exemple, la création d’une agence métropolitaine de la mobilité pour coordonner les initiatives des différents acteurs, c’est aussi soutenir des solutions comme le covoiturage ou encore créer un outil d’information multimodal pour l’usager. »