par SAV » 08 Mars 2014, 14:12
Tourcoing: il ressuscite les ondes de Radio Triunfo, écho de la culture portugaise
Attention, premier direct ce dimanche matin, 10 h. Sur le web. C’est donc par le biais d’internet que José de Freitas a décidé de redonner un souffle à Radio Triunfo, depuis un studio rue de l’Épidème à Tourcoing. Bilingue, culturelle, la fréquence autrefois fixée sur 103.3 FM, avait cessé d’émettre en 2005, réduisant au mutisme les postes de radio de nombreuses familles portugaises de la région...
« Nous avons créé le logo, la charte graphique, on lui a donné un visage. Et maintenant, j’espère qu’elle aura une âme... » José de Freitas le dit : il marche à l’affect. Pour tout. Son boulot dans l’événementiel, sa carrière professionnelle. Et surtout pour ce projet qu’il prépare depuis six mois, accompagné de Marco, vice-président de l’association, et de toute une ribambelle de bénévoles. Un projet matérialisé par ces studios, cette console, ces micros, cette horloge si spécifique aux radios pros, tout cela installé depuis quelques jours seulement rue de l’Épidème à Tourcoing. Ce projet, c’est l’histoire d’une renaissance. Une nouvelle vie pour « Radio Triunfo ». « C’est un nom qui évoque beaucoup de choses pour les gens qui l’écoutaient. » Un « petit bout de Portugal » amené dès 1981 dans la région.
À l’époque, la station émettait depuis Roubaix. « Les anciens l’utilisaient pour retransmettre la culture lusophone. » La musique, les infos du pays, actualités foot, les associations du coin qui annonçaient leurs événements. José de Freitas évoque ces dimanches, quand les réunions familiales étaient rythmés des émissions de Radio Triunfo. « J’ai été bercé par ces matinées, où il y avait les jeux sur Radio Triunfo. On cherchait la réponse, on appelait le numéro, le 03.20.36.36.10.... » Ce numéro, José de Freitas a eu la chance de le récupérer pour la nouvelle station. Les auditeurs pourront de nouveau appeler, recréer ce lien avec les animateurs.
« La seule vraie différence avec l’ancienne station, c’est qu’il n’y a pas de fréquence FM. » Une diffusion via le web que José de Freitas voit comme un avantage, finalement : « Les gens écouteront soit par le site, soit par l’application pour smartphones, soit par radio wifi. Et si à l’époque, nos auditeurs étaient forcément dans la région, aujourd’hui ils pourront écouter de partout. » Notamment du « pays ».
Des directs, des invités, des enregistrements. Pas d’amateurisme, José de Freitas y tient. Lui qui a posé ses premiers galons dans l’univers de Radio Triunfo à l’âge de 13 ans, déjà passionné par ce monde, n’a pas l’intention de dévoyer l’esprit des pionniers. « À l’époque, j’accompagnais un ami à la station. Je voulais entrer dans ce monde. Je me suis manifesté auprès de la direction, et j’ai très vite commencé à co-animer une émission. J’étais accompagné par tous les dinosaures de l’époque, qui étaient de vrais passionnés. Et à 15-16 ans, j’ai eu ma propre émission. » Jusqu’en 2005. Il avait alors 27 ans. « C’est moi qui ai coupé le potard. » Boutons sur « off ». Et des animateurs au coeur déchiré, José de Freitas le premier... « Ça a créé un gros vide. Cette radio, c’était comme une évidence. Dans les familles, la fréquence était bloquée sur 103.3... » Après la coupure, il est retourné chaque jour à la station, pendant trois semaines, « pour recevoir les gens. Ils ne comprenaient pas ». L’animateur se souvient de cet homme de 70 ans, qui, les bras ouverts et le regard triste, lui demandait pourquoi on lui retirait ce lien, ce quotidien.
Avant même les premières émissions en direct, les messages affluaient cette semaine sur le site internet de la radio. Certains en français, d’autres en portugais. Une nouvelle génération, sans doute. Une génération utilisatrice du web. « Aujourd’hui, les plus jeunes seront transmetteurs aux plus anciens. » Et gageons que le dimanche matin, c’est autour d’un ordinateur que les familles se regrouperont pour écouter le lien. La musique, la culture. Et qu’elles appelleront toujours le 03.20.36.36.10. pour répondre aux énigmes...
Rappel
C’est une rude bataille pour garder la fréquence qui s’est menée en 2005. Des ondes de plus en plus recherchées par des radios plus importantes, plus commerciales. Alors Radio Triunfo n’a pas tenu le coup. Et cette fermeture a touché toute la région. Plus de 5 000 personnes sont venues manifester leur soutien à Lille, à l’époque. Mais rien n’y a fait. Et aujourd’hui, cette bataille des fréquences est plus que jamais d’actualité. « Aujourd’hui, le seul moyen de récupérer une fréquence à Lille, c’est d’acheter une radio privée », souffle José de Freitas. Tout bonnement impossible pour le commun des mortels. C’est pour cela qu’il s’est tourné vers la web radio. Qui présente l’avantage d’être émise partout dans le monde...
Brigitte Macron 2027.