par fernando » 08 Nov 2016, 17:04
Hallucinant que ce nabot, qui pérorait encore en meeting hier avec les Balkany au 1er rang, brigue encore les suffrages des électeurs...
J'espère que tout cela ira à son terme un jour et qu'il finira par être condamné, avec autant de casseroles au cul c'est pas possible.
Sarkozy-Kadhafi: révélations sur le circuit des millions de la corruption
7 novembre 2016| Par Fabrice Arfi et Karl Laske
Les juges ont obtenu la communication du témoignage de l’ancien chef du renseignement militaire libyen, Abdallah Senoussi, qui a avoué devant la CPI avoir supervisé le transfert de 5 millions d’euros « pour la campagne de Nicolas Sarkozy ». Un membre des services du protocole libyen a pour sa part affirmé aux policiers qu’au total ce sont 20 millions d’euros qui ont été versés en liquide, plus 30 millions par virements. Deux proches de Sarkozy, Claude Guéant et Boris Boillon, auraient reçu des fonds.
La guerre de Libye n’a donc pas tout effacé. Les juges chargés de l’enquête sur un financement par le régime libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy parviennent à reconstituer pas à pas l’écheveau. Le 20 juin dernier, un conseiller au bureau du procureur à la Cour pénale internationale (CPI), Pascal Turlan, a transmis officiellement aux juges le procès-verbal d’audition d’Abdallah Senoussi, l’ancien chef du renseignement militaire, qui a déclaré avoir « personnellement supervisé » le transfert de 5 millions d’euros « pour la campagne de Nicolas Sarkozy ».
Cette audition réalisée, le 20 septembre 2012, dans le bureau du procureur général libyen, était restée secrète jusqu’alors. Elle vient confirmer l’autre découverte récente des juges, le carnet de Choukri Ghanem, l’ancien premier ministre libyen retrouvé noyé dans le Danube en avril 2012.
Ces notes posthumes signalaient que le 29 avril 2007, en plein entre-deux-tours de la présidentielle, les dignitaires libyens s’étaient réparti des transferts à opérer en faveur de Nicolas Sarkozy : 1,5 million via Bachir Saleh, directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, 3 millions via Saïf al-Islam Kadhafi, le fils du dictateur, et 2 millions via… Abdallah Senoussi. « J'ignore s'ils croient vraiment qu'ils peuvent changer la politique de la France moyennant cet argent », avait ironisé Choukri Ghanem, dans son carnet.
Entendu sous X à Paris en juin 2014, un membre des services du protocole libyen a pour sa part affirmé que les financements avaient été versés, au-delà du seul cas Senoussi, pour 20 millions « en cash » et pour 30 millions par virements. Ce témoin a en outre affirmé que Claude Guéant, alors directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, et Boris Boillon, conseiller diplomatique du ministre, avaient reçu des espèces lors de leur venue à Tripoli avant la campagne présidentielle de 2007.
L’enquête judiciaire, ouverte en 2013, a donc progressé sur tous les fronts. Abdallah Senoussi, ancien chef du renseignement militaire, et beau-frère de Mouammar Kadhafi, apparaît de multiples fois dans le carnet posthume de Choukri Ghanem, désormais exploité par les enquêteurs. Comme Mediapart l’a révélé, Senoussi aurait en particulier dévoilé devant témoins la parfaite innocence des infirmières bulgares, et sa propre responsabilité et celle du régime dans la contamination délibérée des enfants hospitalisés à Benghazi en 1998.
Dans le cadre de l’enquête ouverte sur les événements libyens de mars 2011, la Cour pénale internationale avait réclamé dans un premier temps l’extradition d’Abdallah Senoussi après son arrestation en Mauritanie, avant de se déclarer incompétente en novembre 2013, validant l’enquête nationale des autorités libyennes le concernant. Abdallah Senoussi a été condamné à mort en juillet 2015 à Tripoli, aux côtés de trente-sept prévenus accusés, entre autres, d’assassinats lors de la répression de l’insurrection de 2011.
Lors de son audition du 20 septembre 2012, effectuée à la demande de la CPI, le procureur général a questionné Senoussi au sujet de la corruption présumée du régime : « De l'argent a-t-il été remis à certaines personnalités internationales pour entraver une résolution de l'ONU permettant à l'OTAN de protéger la population libyenne, voire avant cette résolution, pour aider un haut responsable occidental à accéder au pouvoir par exemple ? Si oui, qui a versé cet argent et quel en était le montant ? »
Réponse de Senoussi :
« Concernant la campagne de l'OTAN, j'ignore si de l'argent a été remis à des autorités officielles occidentales. Mais il y avait en tout cas des contacts avec certains pouvoirs politiques et sécuritaires pour faire cesser cette campagne et tenter de trouver une issue. J'étais moi-même en contact avec certains responsables américains, comme le secrétaire d'État adjoint Feltman ou le vice-directeur de la CIA. Pour ce qui est du soutien apporté à des personnalités occidentales pour leur permettre d'accéder au pouvoir, la somme de 5 millions d'euros a été versée pour la campagne du Président français Nicolas Sarkozy en 2006-2007. J'ai personnellement supervisé le transfert de cette somme via un intermédiaire français, en la personne du directeur de cabinet du ministre de l'intérieur. Sarkozy était alors ministre de l'intérieur. Il y avait aussi un second intermédiaire, le nommé Takieddine, un Français d'origine libanaise installé en France. A ce propos, je dois préciser que Sarkozy m'a, en personne, demandé d'éviter que Saïf Kadhafi ou Bachir Saleh ne soient mis au courant. Et jusqu'à la livraison de la somme, rien n'a en tout cas filtré. Mais je confirme que cette somme a bien été réceptionnée par Sarkozy. »
Le circuit évoqué par Abdallah Senoussi impliquerait donc l’ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, ainsi que l’intermédiaire Ziad Takieddine, qui avait lui-même expliqué qu’une demande de financement avait été formulée par Nicolas Sarkozy à Mouammar Kadhafi, dès sa première visite en Libye, en octobre 2005.
Un ancien haut responsable libyen, Mohammed Ismail, proche collaborateur de Saïf al-Islam Kadhafi, avait d’ailleurs précisé à Mediapart l’un des circuits employés : « Au sujet du financement de la campagne, avait-il détaillé, une partie des fonds a transité par la North Africa Commercial Bank à Beyrouth, et, à partir de là, vers un compte bancaire en Allemagne relié à Ziad Takieddine ; d'autres montants ont été canalisés par l'entremise de comptes bancaires au Panama et en Suisse. »
Or, à l’occasion de l’exploitation « d’une clé informatique contenant des documents de Ziad Takieddine », les policiers français ont mis en évidence que l’intermédiaire avait bien « perçu en 2006 sur un compte de la société Rossfield au Liban une somme de 2 millions d’euros venant de Libye ». La justice a engagé des recherches internationales pour remonter ce fil bancaire.
Des mallettes remplies de cash
Mais ce n’est pas tout. Un autre dignitaire libyen a livré un témoignage, enregistré sous X selon une procédure judiciaire spéciale, qui a mis au jour de nouveaux éléments circonstanciés sur le circuit de l’argent de la corruption.
Ce témoin porte dans la procédure le n°123. Entendu le 27 juin 2014 par un commandant et un capitaine de police de l’Office anti-corruption (OCLCIFF) de Nanterre, il a confié aux enquêteurs que « le financement avait été d’une part en cash (20 millions) et d’autre part en virements (30 millions) », confirmant le montant de 50 millions évoqués dans la note officielle libyenne publiée en 2012 par Mediapart.
Selon ce témoin, qui a travaillé directement auprès de Kadhafi, « les virements (…) sont passés par les comptes de structures en liaison avec la NOC [National Oil Company – ndlr] qui était la compagnie chargée de gérer les affaires pétrolières en Libye sous la direction de Choukri Ghanem ».
En ce qui concerne les espèces versées à Sarkozy ou à des proches, le témoin n°123 a par ailleurs confié aux enquêteurs que « les 20 millions d’euros ont été donnés directement à Boris Boillon [conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy à l’Élysée – ndlr] et à Claude Guéant et ont été ramenés dans un voyage en avion privé de Syrte au Bourget. Claude Guéant et Boris Boillon étaient dans l’avion. La somme a été remise en billets de 500 et 100 euros, principalement 500. Pour les espèces, c’est le bureau du Guide qui a directement remis l’argent dans des mallettes […] Ce sont des personnes qui travaillaient sous les ordres de Hamed Ramadan, chef de cabinet du Guide, celui qui gérait l’intendance de toutes les résidences du Guide ».
« Boris Boillon, a-t-il ajouté, venait souvent voir le Guide et qu’il appelait “papa”. Claude Guéant, lui, il venait de temps en temps pour rappeler que la France était présente et amie en Libye mais il venait aussi pour prendre un peu d’argent de poche. Boillon aussi venait pour son argent de poche. Il faut savoir que chaque fois qu’un visiteur important comme Claude Guéant et surtout comme Boris Boillon venait voir le Guide, celui-ci leur faisait un petit cadeau. Ce petit cadeau était une enveloppe qui contenait soit des dollars soit des euros. C’était des sommes de l’ordre de 40 000 à 70 000 euros. »
Selon le témoin n°123, le même Boris Boillon aurait également reçu des bijoux en or blanc (un collier, des boucles d’oreilles et une bague) de la part de “papa” Kadhafi. Boris Boillon, contacté par téléphone et par mail, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Contacté par Mediapart, Claude Guéant, mis en examen dans l’affaire pour avoir perçu 500 000 euros en 2008 possiblement en lien avec le régime libyen, a affirmé : « S’il y a une telle affirmation [sur les remises d’espèces en Libye – ndlr], c’est un pur mensonge. C’est tout ce que j’ai à dire. » L’enquête judiciaire a déjà permis d’établir que l’ancien bras droit de Sarkozy avait ouvert, pendant le temps de la campagne de 2007, une mystérieuse chambre forte dans une agence de la BNP à Paris, dans le but, a-t-il dit, d’archiver des discours et des notes personnelles. Sans convaincre les enquêteurs.
Concernant Boris Boillon, les affirmations du témoin n°123 n’auraient pu rester que des allégations sans grande consistance si le diplomate, qui est devenu ambassadeur après avoir quitté l’Élysée, n’avait pas été interpellé en mauvaise posture, le 31 juillet 2013, sur le quai n°8 de la gare du Nord, à Paris. Ce jour-là, vêtu d’un jean/polo et dépourvu du moindre papier d’identité sur lui, l’ancien conseiller de Sarkozy s’est fait interpeller par la douane avec, au bras, un sac contenant de l’argent liquide. Beaucoup d’argent liquide.
Au total, les douaniers avaient référencé la présence de 350 000 euros (en billets de 500, 200, 100 et 50 euros) et 40 000 dollars (en billets de 100), soit les deux devises citées par le témoin n°123.
Entendu le même jour pour manquement déclaratif – il est interdit de se balader avec autant d’espèces sans les déclarer –, Boris Boillon a expliqué que ces sommes provenaient de contrats liés à une activité de consultant qu’il aurait eu au cours de l’année 2013 avec des sociétés irakiennes. Lesquelles ? Mystère. Quant à savoir pourquoi il était payé en espèces, le diplomate avait argué d’« une absence de système bancaire développé en Irak ». Il avait également confié avoir enterré son liquide dans sa cave parisienne avant de prendre la décision de le rapatrier à Uccle, en Belgique, où il a désormais élu résidence.
Confiée au parquet de Paris, l’enquête sur les espèces de Boillon a d’ores et déjà permis de faire tomber sa version des faits. Pour une raison simple : les billets qu’il convoyait discrètement gare du Nord n’ont jamais été mis en circulation. Matériellement, ils ne pouvaient pas provenir par conséquence de son activité irakienne. Mais d’où alors ?
Les investigations menées à l’international par le parquet de Paris ont permis d’établir que les billets avaient été fabriqués par la banque centrale de Finlande puis livrés à la Banque centrale d’Irlande. Seulement voilà, cette dernière, sollicitée à deux reprises par la France, ne veut pas dire à quel pays a été livrée in fine la palette des espèces de Boris Boillon. La Libye ? La justice n’en a pas la preuve. Mais les indices s’accumulent lourdement.
D’autant que Boris Boillon a toujours montré une extrême sollicitude pour la dictature libyenne, en particulier pour le directeur de cabinet de Kadhafi, Bachir Saleh, lui aussi au cœur des financements occultes du régime. Ainsi, le 30 juin 2008, Boris Boillon faisait pression sur le sous-préfet de Gex (Ain), où Bachir Saleh était propriétaire d’une immense villa, pour accélérer la naturalisation de son épouse, Kafar, qui sera condamnée en 2012 à deux ans de prison avec sursis pour esclavagisme domestique. « En raison de l’importance du partenariat stratégique entre la France et la Libye, je vous serais reconnaissant de bien vouloir étudier avec bienveillance le dossier de Mme Bachir et de m’en tenir personnellement informé », écrivait alors Boris Boillon au sous-préfet.
C’est encore le même Boillon qui, une fois devenu ambassadeur de France à Tunis, accueillera chez lui, à l’été 2011, un Bachir Saleh fraîchement exfiltré de Libye, en pleine guerre. Le directeur de cabinet de Kadhafi sera pris en charge par la suite par l’intermédiaire Alexandre Djouhri, comme le confiera le témoin n°123 aux policiers :
« Je vous rappelle que Bachir avait été arrêté par les rebelles de la région de Zintane […] Abdel Jalil, le chef du CNT [Conseil national de transition – ndlr], a alors donné instruction de libérer Bachir qui n’avait pas de sang sur les mains. Ils l’ont mis dans un 4×4 pour l’emmener en convoi à destination de Tunis, directement à l’ambassade de France. Là, Bachir a couché dans les locaux de l’ambassade la première nuit de son arrivée. Ensuite, il a été hébergé dans un hôtel durant deux jours, ce séjour étant payé par le fils de Bachir, Mohamed, qui réside en Suisse […] Il s’agissait de l’hôtel Movenpick. C’est alors qu’une des connaissances de Bachir, un Français nommé Alexandre Djouhri, un homme de Sarkozy, est venu à Tunis par avion spécial pour conduire Bachir dans un hôtel 5 étoiles, un hôtel pour VIP, d’une gamme supérieure au précédent […] Des costumes et des tenues de rechange sont arrivés de France pour que Bachir soit présentable. »
Bachir Saleh, qui sera exfiltré en catastrophe de France en 2012 par Djouhri et Guéant après des révélations de Mediapart sur les financements libyens, était de toute évidence l’homme à protéger pour le clan du président Sarkozy. Le témoin n°123 avance une possible raison : « Mabrouka [la cheffe du protocole de Kadhafi – ndlr] m’a dit que Bachir avait enregistré Sarkozy lors d’entretiens qui s’étaient tenus entre le Guide, lui et/ou Sarkozy, Claude Guéant et d’autres responsables de l’entourage de Nicolas Sarkozy. Bachir avait caché ces preuves et cela en raison des négociations qu’il menait secrètement avec les services français. »
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."