[01T] Politix, fonctionnaire et Cie

Messagepar fernando » 10 Mars 2017, 19:38

Asselineau ça a l'air d'être du mourd. Il va chasser sur les mêmes terres que Cheminade. La vérité est ailleurs.


François Asselineau, une voix dans la campagne

Le candidat de l’UPR vient de franchir le seuil des 500 parrainages. Il va donc prendre part à la présidentielle. La chroniqueuse Guillemette Faure participait fin octobre à l’une de ses réunions publiques.

A Nouvion, une localité de la Somme, un distributeur automatique de pommes de terre a été installé au bord de la route. Glissez votre carte de crédit et la machine crache des pommes de terre par sacs de 5 kilos. L’autre curiosité du village est la visite, ce soir, de François Asselineau, candidat à la présidentielle. En 2012, il n’avait recueilli que 17 signatures et avait donc échoué à se présenter. On pourrait en conclure que cela prouve qu’il est un parfait inconnu. Il estime au contraire que cela compte pour sa popularité actuelle. « Les gens se disent que quelqu’un qui reconnaît qu’il n’a eu que dix-sept signatures est forcément honnête. »

« Si je dis que j’en ai 40, mes bénévoles vont baisser les bras. Si je dis que j’en ai 540, ils vont baisser les bras pour d’autres raisons… »

Cette année, l’homme s’approche pourtant du seuil nécessaire des 500 ; le dernier relevé du Conseil constitutionnel, rendu public mardi 7 mars, lui attribuait 480 signatures d’élus. Pourtant, trois mois auparavant, en ce jour de la fin du mois d’octobre, il ne s’avançait pas. « Si je dis que j’en ai 40, mes bénévoles vont baisser les bras. Si je dis que j’en ai 540, ils vont baisser les bras pour d’autres raisons… » François Asselineau, qui se présente comme un ancien d’HEC et un énarque ayant déjà travaillé « dans les cabinets ministériels », parcourt la France depuis neuf ans, assure-t-il, « sans garde du corps ». L’UPR (Union populaire républicaine), son parti, est classé parmi les « divers » par le ministère de l’intérieur. Difficile de savoir si faire partie d’une catégorie fourre-tout le vexe ou si être rangé parmi les inclassables le flatte.

Ce soir, dans la médiathèque de la mairie, ils sont une bonne vingtaine à avoir fait le déplacement, ce qui, pour un week-end de Toussaint, devrait compter double. « Merci d’éteindre vos téléphones et de ne pas m’interrompre pendant la présentation », demande le candidat. On s’exécute sans savoir qu’elle va durer deux heures et quarante-cinq minutes. La médiathèque a été décorée pour Halloween. « Comment sortir la France du désastre en 2017 » annonce une affiche à côté d’un panneau listant « quelques sorcières célèbres ».


Il n’y a pas de petit candidat, explique-t-il. Selon lui, « l’article 7 de la Constitution indique que si un candidat à la présidence décède, l’élection est repoussée ». Il cite souvent les articles des différentes constitutions, qu’il réinterprète. Grâce à quoi il voit des choses qui nous échappent. L’article 63 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, « qui interdit d’interdire les délocalisations », l’article 42 du traité sur l’Union européenne, « qui explique pourquoi on va risquer une troisième guerre mondiale en Syrie »… Il l’assure : tout est écrit de cette nouvelle « dictature ».

C’est le cœur de son discours : de la Syrie à la chasse aux Pokémon jusqu’à la réforme territoriale, François Asselineau voit la main de l’Oncle Sam partout.

Evidemment, il n’est pas très distinctif, aujourd’hui pour un candidat, de se dire opposé à l’Europe. Mais, souligne-t-il, avec un montage d’affiches électorales des quarante dernières années, de Simone Veil à Nicolas Dupont-Aignan, ils ont tous promis l’Europe autrement. Lui condamne « le principe même » d’une Europe politique. Toutes ses diapos sont frappées d’un logo « Frexit ». Il estime que les événements lui ont donné raison. « Les Anglais ont pensé qu’il y avait une vie après l’Union européenne comme les Allemands de l’Est après l’Union soviétique. » L’appartenance à l’UE a contribué, selon lui, à faire de la France « le larbin des intérêts américains ».

C’est le cœur de son discours : de la Syrie à la chasse aux Pokémon jusqu’à la réforme territoriale, il voit la main de l’Oncle Sam partout. Il perd un peu son auditoire en tentant de démontrer que la taille des nouvelles régions de France a été calquée sur celle des Etats américains : le Nord-Pas-de-Calais et le Maryland ont la même dimension ; de même pour la Nouvelle-Aquitaine et la Caroline du Sud… Ce ne peut être un hasard. L’écran est désormais coupé en deux. D’un côté, la carte de la Bretagne. De l’autre, celle du Montana. CQFD.

« Il est venu vous voir monsieur Juppé ? – Ben, non, il n’a pas le temps… – Et moi, j’ai le temps peut-être ? »

Cette façon de raisonner apparaît un peu complotiste. Mais nous nous garderons d’ajouter de l’eau à son « moulin », car il croit, justement, à un grand complot des grands médias pour le faire passer pour un complotiste. Il a envoyé plusieurs lettres au CSA pour dénoncer sa faible médiatisation. Pourquoi autant de plateaux télé pour Macron et aucun pour lui ? Paradoxalement, son programme présidentiel inclut aussi la suppression du CSA suspecté de manque d’indépendance et la renationalisation de TF1 suspecté d’en avoir trop.

« Nous proposerons également… » Il se reprend : « Nous mettrons en œuvre… » Son programme s’inspire, dit-il, du Conseil national de la Résistance. Il cite Charles de Gaulle très, très souvent : « Comme dirait Charles de Gaulle, on en a vu d’autres… » « J’insiste sur le fait que si je ne suis pas élu président de la République en 2017, on va vers le désastre. » Encore faudrait-il qu’il réunisse ses signatures. Une main se lève dans la salle. « Mon père est maire… (murmures) – Formidable nouvelle… » Récemment, il tentait de convaincre un maire prêt à voter Juppé. « Il est venu vous voir monsieur Juppé ? – Ben, non, il n’a pas le temps… – Et moi, j’ai le temps peut-être ? » Il marque une pause. « A notre époque, Charles de Gaulle n’aurait pas ses parrainages, c’est ça la vérité. »
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
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fernando
 
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Messagepar SAV » 10 Mars 2017, 21:14

Cool, ils vont se partager 1% des voix.
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar krouw2 » 10 Mars 2017, 22:42

bin là moi ça me va, en plus là en direct il parle de protectionimse Européen concernant les stazuni et les noichs.

Benoît Hamon rabote de nouveau sa promesse de revenu universel pour les 18-25 ans

Le candidat socialiste a renoncé jeudi soir à l’idée de verser un revenu sans condition à tous les 18-25 ans.

LE MONDE | 09.03.2017 à 22h54 • Mis à jour le 10.03.2017 à 12h05 | Par Adrien Sénécat

Benoît Hamon amende une nouvelle fois sa copie. Le candidat vainqueur de la primaire à gauche a apporté, jeudi 9 mars dans « L’Emission politique » de France 2, de nouvelles précisions sur sa promesse phare, qui consiste à instaurer un revenu universel d’existence. Cette fois, c’est le volet réservé aux jeunes de 18 à 25 ans qui se retrouve sérieusement limité. Explications.
Pendant la primaire socialiste : un revenu de 600 euros par mois pour tous les 18-25 ans

Après plusieurs modifications entre l’été 2016 et le début d’année 2017, Benoît Hamon a abordé la dernière ligne droite de la primaire socialiste avec la version suivante de sa promesse de créer un revenu universel :

Dès 2018, une hausse du RSA de 10 % pour atteindre 600 euros, versé à tous les ayants droit. Au-delà, l’expérimentation du versement d’un « revenu universel d’existence » versé « à tous les jeunes de 18 à 25 ans quel que soit leur niveau de ressources » ;
Dans un deuxième temps, l’organisation d’une conférence citoyenne pour discuter des modalités de la mise en place du revenu universel, qui atteindrait « à terme » 750 euros par mois.

Cette version de la promesse était encore visible sur le site de campagne du candidat jeudi 9 mars au soir.

Désormais : un revenu sous condition, même pour les jeunes

Benoît Hamon a d’abord ajouté dans une interview au Monde jeudi un nouveau volet à sa promesse, évoquant un complément de revenus versé sur la fiche de paie de « tout travailleur qui perçoit un salaire net jusqu’à 1,9 smic mensuel » (2 165 euros par mois). Il a ainsi évoqué un gain de 200 euros par mois pour un salarié au smic actuellement).

Mais la révision de sa promesse ne s’arrête pas là. Dans « L’Emission politique » de France 2, le candidat a enterré l’idée de verser un revenu universel d’existence dès 2018 à « tous les jeunes de 18 à 25 ans » sans condition. En effet, le socialiste a affirmé que les jeunes bénéficiant des 600 euros mensuels seront plutôt les jeunes sans ressources, par exemple les étudiants.

Ceux qui ont un petit boulot toucheront « un peu moins », selon lui, citant le cas d’un étudiant qui travaillerait un jour sur cinq et recevrait 500 euros nets avec sa mesure. Le montant de l’aide serait dégressif en fonction des revenus... et même nul pour ceux qui toucheront 1,9 smic ou plus. Il n’est donc plus vraiment question d’un revenu « universel » pour les 18-25 ans.

Ce coup de rabot peut s’expliquer par la question sensible du financement : Benoît Hamon chiffrait sa promesse à 45 milliards d’euros par an pendant la primaire socialiste, mais il parle désormais de 35 milliards d’euros. Pour faire baisser le coût de sa promesse tout en lui ajoutant un nouveau volet (le complément de revenu sur la fiche de paie des salaires inférieurs à 1,9 smic), il fallait bien couper quelque part. On sait désormais où.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/art ... ml7RCFk.99
Hollande 2027
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krouw2
 
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Messagepar krouw2 » 10 Mars 2017, 22:52

Macron : censure, manipulation et marketing. L’ère de la « politique-réalité »
7 mars 2017
https://mrmondialisation.org/macron-ere ... e-realite/
Meeting à l’ambiance artificielle, commentaires censurés, montage vidéo pour embellir la réalité… En Marche ! soigne son image de marque encore plus vigoureusement qu’une multinationale. L’une des dernières vidéos postées sur la chaîne YouTube du candidat Emmanuel Macron subit une censure a priori de ses commentaires. Près de 90% d’entre eux ne sont pas affichés. Seuls les commentaires en faveur du candidat restaient affichés les premiers jours. Sur les réseaux sociaux, ce n’est pas la première fois que le mouvement d’Emmanuel Macron est pris en flagrant délit de manipulation. Quand le spectacle fait loi, le débat citoyen laisse place à la « politique-réalité » …

Sous la vidéo de présentation du programme d’Emmanuel Macron mise en ligne ce 2 mars 2017, seuls quatre commentaires, forts élogieux, sont restés visibles les trois premiers jours après sa mise en ligne. Les autres – plus de 800 selon le compteur Youtube – n’ont pas été publiés, en raison d’une modération a priori qui filtre les apports des internautes au compte goutte et, visiblement, selon l’orientation des messages. Du point de vue politique, la manœuvre est efficace, puisque ceux qui visionneront la vidéo auront l’impression que les internautes apportent un soutien globalement unanime et enthousiaste à la candidature, en dépit d’une majorité de votes négatifs. Tout comme les sondages, les apparences peuvent influencer les choix des nombreux indécis.

Trois jours après le filtrage, d’autres commentaires ont enfin été rendus publiques au compte goutte. Une trentaine sur plus de 800 publiés par les internautes. En stratège de la communication, Emmanuel Macron lisse son image en ligne comme n’oserait pas le faire une grande entreprise. Si on peut comprendre qu’une modération mesurée (notamment contre les insultes) soit nécessaire, il apparait difficilement justifiable de camoufler une large majorité de commentaires (plus de 90%). Pourquoi les équipes de Macron se permettent-elles de violer la liberté d’expression des français si ouvertement sans que personne ne s’en émeuve ? Mais au delà de ce filtrage politique de l’opinion, le candidat a également exposé comment il mobilisait ses troupes pour améliorer ses performances sur les réseaux sociaux.

Marketing manipulatoire décomplexé

Cet aspect de la gestion des chaînes YouTube, Twitter ou Facebook de Macron ne serait qu’une anecdote si l’ensemble de sa campagne n’était pas gangrenée par ce genre de manipulations devenues trop ordinaires pour être acceptables en démocratie. Il y a peine quelques jours, une des vidéos du candidat devenait virale sur Facebook, visionnée plus d’un million de fois. Dans une réponse à une question d’un journaliste de Médiapart, Emmanuel Macron réussissait le coup de force de se présenter comme candidat du peuple, tout en reprochant aux journalistes d’insister sur sa carrière dans la finance, au détriment de ses autres engagements professionnels. Or, les équipes d’En Marche ont intentionnellement coupé la question du journaliste – que l’on peut consulter dans son intégralité sur Médiapart – orientant ainsi le sens de la question et dénigrant le travail du journaliste en cause. Une odieuse manipulation génératrice de buzz mais loin d’une quelconque authenticité. ouep on a vu ça

Il y a quelques semaines, une autre polémique éclaboussait le candidat. Un faux militant s’infiltrait dans les rangs d’En Marche et mettait en lumière la manière dont les équipes de campagne fabriquent artificiellement l’ambiance des meetings d’Emmanuel Macron, comme à la télévision. Dans une mise en scène parfaitement rodée, les militants de la « Team Ambiance » sont téléguidés à distance via leurs smartphones pour assurer l’ambiance des meetings. Cette mise en scène artificielle, accompagnée d’un contrôle parfait des caméras, permet de faire croire que les discours politiques de Macron suscitent un soutien et une liesse sans limite au sein du public présent. Tout est faux, mais à l’écran, tout semble vrai. Outre la distorsion de la réalité et l’aspect artificiel de l’ensemble, ces différentes manœuvres sont à l’image d’un candidat qui mise sur les techniques publicitaires et managériales pour convaincre et diriger. Une chose est certaine, Emmanuel Macron maîtrise les outils de l’internet ; dans le même temps, l’omniprésence de techniques issues du marketing appliquées à la propagande politique posent question, car elle permettent de persuader en dehors d’un débat de fond. Une forme de politique-réalité assumée qui, en dépit de son mépris pour le peuple, fonctionne assurément.

L’ambiguïté Macron

Enfin un programme ! Il faut dire qu’il était attendu, tant les slogans manquaient à camoufler l’absence de propositions concrètes. Si son programme peut sembler complet à la première lecture, puisque la majorité des sujets essentiels sont abordés, les annonces de principes cachent de nombreuses lacunes ainsi que des propositions très générales qui n’engagent le candidat à rien. De nombreuses propositions se fondent ainsi sur un double discours assez confus qui cherche à plaire à tout le monde. Comme le souligne le Huffington Post, Macron a la « volonté de froisser le moins de monde possible. » Et c’est toute l’ambiguïté de s’affirmer ni de droite, ni de gauche. Son programme touche à tout sans proposer de direction forte pour la France. Mais qu’arrivera-il lorsqu’il faudra prendre des décisions claires ? Comme avec Hollande, une partie de l’électorat ne risque-t-il pas d’être déçu lorsque les grandes fractures liées à Notre-Dame des Landes, la finance, le nucléaire ainsi que la loi travail réapparaîtront ? Implicitement, Macron ne suggère-t-il pas, par cette apparente neutralité, l’idée que le marché global est la seule véritable autorité ?

À ce titre, la manière dont Macron aborde un sujet aussi crucial que l’écologie est assez parlante. Après avoir indiqué qu’il repoussait le dossier de l’aéroport de Notre-Dame des Landes à 2018, la mention à cet épineux sujet a discrètement disparue de son programme. Mais, récemment, il a annoncé vouloir respecter le résultat de la consultation sur le sujet qui avait eu lien en juin 2016, tout en évoquant la mise en place d’un médiateur. Il y a de quoi être perdu : soutient-t-il, oui ou non, la construction d’un aéroport à proximité de Nantes ? Le sujet est essentiel, car écologiquement parlant, il permet de connaître la position du candidat vis à vis du productivisme étatique et de tous les projets de construction de grande ampleur (« Grand projets inutiles ») qui menacent le territoire. Cependant, le candidat d’En marche préfère ne pas se mouiller et rester dans le vague.
Hollande 2027
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Messagepar Baratte » 11 Mars 2017, 11:01

Conseil d'ami .

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Les salariés sont les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste : ce sont des chômeurs en puissance.
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Messagepar fernando » 11 Mars 2017, 16:36

Programme Macron: un copier-coller des recommandations européennes


Finances publiques, retraites, chômage, droit du travail et même grands projets comme le développement numérique, toutes les réformes structurelles que le Conseil européen demande à la France depuis plusieurs années se retrouvent dans le programme d’Emmanuel Macron. Mot pour mot.


Des milliers d’intervenants de la société civile, des comités locaux dans toute la France réunis par thèmes, des centaines d’experts pour débattre des projets, des groupes pour analyser les propositions et sélectionner les meilleures… Emmanuel Macron n’a pas manqué de souligner la démarche originale mise en œuvre pour l’élaboration de son programme et pour justifier le retard pris. Il fallait du temps pour élaborer le plan d’ensemble, a-t-il expliqué avant de dévoiler ses mesures le 2 mars.

Mais était-il vraiment nécessaire de mobiliser tant d’énergies ? Car à lire ses propositions économiques et sociales, il n’y a pas vraiment de nouveauté : elles sont en parfaite résonance libérale avec ce que souhaite l’Europe. En soi, ce n’est pas surprenant. Emmanuel Macron n’a jamais caché être en faveur d’une intégration européenne de plus en plus en poussée, passant par la mise en œuvre d’une harmonisation politique, fiscale et budgétaire. Cette adhésion se manifeste sans retenue. Il n’y a pas la moindre distance, le plus petit soupçon d’un doute sur les thèses économiques de l’Europe, qui ont quand même contribué à enliser la zone euro dans la stagnation économique et le chômage de masse entre 2010 et 2015. Pas le moindre écho non plus aux révisions importantes qui ont lieu dans les cénacles d’économistes aux États-Unis, dont certaines études concluent que le libéralisme a été survendu, aggravant les inégalités et compromettant les chances de retour d’une croissance durable.


Pour Emmanuel Macron, la discussion ne semble pas avoir lieu d’être. La politique définie par l’Europe est la seule voie à suivre, comme pendant toute la présidence de Hollande. Une grande partie de ses mesures économiques et sociales sont même des copier-coller des recommandations adressées par le Conseil européen à la France dans le cadre du programme de stabilité en 2014, 2015, 2016. Finances publiques, retraites, chômage, droit du travail et grands projets comme le développement numérique, tout s’y retrouve. Même la manière de les décliner. À l’instar de la Commission européenne, le candidat d’En Marche !, qui pourtant ne cesse de se réclamer d’une vision, se refuse à donner un cadre général cohérent à sa politique. Il préfère énumérer une série de points, comme il l’avait fait dans le cadre de la commission Attali, ou pour sa loi sur la croissance (la loi Macron), comme le fait la Commission dans ses rappels à l’ordre aux pays de la zone euro, ramenant ainsi la politique à une énumération technocratique.


Emmanuel Macron y met cependant les formes. Parce qu’il sait qu’il existe des mots qui heurtent, il a rayé dans son programme toute référence aux politiques d’austérité. Il mentionne tout juste, au détour d’une simple parenthèse, un « déficit ne dépassant pas 3 % dès 2017 et [l’]atteinte, en 2022, de l’objectif à moyen terme de solde structurel soit - 0,5 point de PIB ». Comme si cela n’était qu’une mention accessoire, un petit rappel pour mémoire sur lequel il était inutile de s’appesantir.

Dans les faits, il s’agit pourtant de se conformer à la lettre aux règles budgétaires définies par l’Europe. Mais s’il n’insiste pas sur la règle mère, il en donne la traduction : les dépenses publiques doivent baisser de 60 milliards en 5 ans, afin de ramener le taux de dépenses publiques dans la norme européenne. Tout un panel de mesures est envisagé pour y parvenir allant de la suppression de 50 000 postes dans la fonction publique à l’encadrement des dépenses de santé, et à la réduction des dépenses des collectivités locales.

C’est exactement ce que préconise le Conseil de l’Europe dans sa lettre de recommandation adressée à la France en juillet 2016 : « Le Conseil recommande que la France s’attache à assurer une correction durable du déficit excessif en 2017 au plus tard, en prenant les mesures structurelles requises et en consacrant toutes les recettes exceptionnelles à la réduction du déficit et de la dette ; à préciser les réductions de dépenses prévues pour les années à venir et accentuer les efforts pour accroître le montant des économies générées par les revues de dépenses, y compris en ce qui concerne les dépenses des collectivités locales. »

Les révisions du FMI sur l’impact du coefficient multiplicateur et les conséquences sous-estimées d’une réduction des dépenses publiques sur l’économie semblent bien avoir été oubliées. « Il faut sortir de la logique du rabot, sortir d’une logique dans laquelle on comprime la dépense pour passer à une logique dans laquelle on engage le pays dans une transition économique et écologique, explique Jean Pisani-Ferry qui, après avoir été commissaire général de France Stratégie, a rallié Emmanuel Macron et coordonne le pôle « programme et idées » d’En Marche !. C’est une stratégie qui repose fondamentalement sur l’offre mais, en même temps, cela a des effets de demande. »

Animé de la même précaution, Emmanuel Macron a banni le mot « réforme », assimilé désormais par l’opinion publique à régression sociale. Il parle donc de mobilité, de changement, de flexibilité. Une France en marche, comme il le promeut.

Pourtant, derrière cet habillage consensuel, le programme d’Emmanuel Macron parle bien de mettre en œuvre le plan de « réformes structurelles » que la Commission européenne et la BCE réclament à cor et à cri. Il entend mettre en œuvre sans retard une grande réforme des retraites. Un système universel par points, donnant toute liberté à chacun de partir à la retraite quand il le souhaite, où « chaque euro cotisé donnerait le droit au même montant de retraite », a-t-il déclaré. Avant de se raviser en expliquant que le taux des cotisations pourrait varier, selon les métiers, que les conditions d’âge de départ pourraient différer.

« C’est un modèle scandinave », a déclaré, rassurant, Jean Pisani-Ferry. « C’est la réforme qui a été mise en place en Italie », relève une analyse des Économistes atterrés. Avant d’insister : « L’exemple de l’Italie montre que la réforme permettrait de faire baisser fortement les futures retraites des jeunes d’aujourd’hui. » C’est sans doute le but poursuivi, même s’il est inavoué.
La démolition programmée du système social français

Dans son rapport sur la France de 2016, le Conseil européen relevait que le système de retraite français, en dépit des réformes, était « très généreux ». « Malgré les réformes, le rapport 2015 sur le vieillissement ne prévoit un recul des dépenses publiques consacrées aux retraites qu’après 2025 ; la principale question liée aux retraites est donc le niveau actuel et à moyen terme des dépenses publiques qui leur sont consacrées », soulignait-il, avant d’insister lourdement sur la nécessité de faire « des efforts supplémentaires ».

L’autre grande réforme mise en avant par Emmanuel Macron est celle de l’assurance chômage, passant par l’étatisation de l’Unédic. Une réforme majeure, insiste le candidat d’En Marche !, qui permettra de donner une assurance chômage à tous, « salariés, artisans, commerçants indépendants, entrepreneurs, professions libérales, agriculteurs, et [de] faciliter les transitions d’un statut à un autre ». Cette unification conduirait à la suppression de tous les régimes spéciaux, à l’unification de tous les systèmes (37 au total). Là encore, le Conseil européen réclame cette réforme et la suppression des régimes spéciaux depuis des années.

Le financement de cette assurance chômage d’État est encore flou. Le plan d’Emmanuel Macron prévoit de remplacer les cotisations salariés (2,4 % du salaire) par un financement via la CSG. Mais les employeurs continueraient-ils encore à payer pour les cotisations chômage ? Le recours à la CSG, impôt non progressif qui concerne aussi les retraités, mettrait en tout cas à bas tout le système assurantiel actuel. « Le risque est que les allocations chômage deviennent une allocation universelle dont le niveau serait très bas », avertissent les Économistes atterrés. La tentation sera d’autant plus grande que le système sera centralisé et, comme pour la retraite par points, il suffira d’un décret pour en fixer le montant.

Cette réforme de l’assurance chômage est, elle aussi, vivement souhaitée par le Conseil européen. « Des mesures structurelles sont nécessaires pour garantir la soutenabilité du système. En particulier, les conditions d’éligibilité, la dégressivité des allocations et les taux de remplacement pour les salaires les plus élevés devraient être réexaminés par les partenaires sociaux chargés de la gestion du système », écrivait-il dans sa recommandation de juillet 2015. « D’ici à la fin de 2016, entreprendre une réforme de l’assurance chômage afin de rétablir la viabilité budgétaire et d’encourager davantage le retour au travail… », insistait-il encore dans sa recommandation de juillet 2016. Emmanuel Macron a bien entendu le dernier conseil : « Si plus de deux emplois décents, selon des critères de salaire et de qualification, sont refusés, ou que l’intensité de la recherche d’emploi est insuffisante, alors les allocations seront suspendues », est-il prévu dans son programme.

Ces réformes, qui touchent aux piliers du système social français, ont été annoncées sans aucune concertation préalable avec les partenaires sociaux. Il est fort probable que les discussions soient réduites au minimum, voire inexistantes, si Emmanuel Macron est élu. Bien qu’il garde le silence sur le sujet, des observateurs pensent qu’il n’hésitera pas à tout mettre en œuvre par ordonnances, ces ordonnances dont il a abusé pour faire passer la loi qui porte son nom. Ce qui ne devrait pas trop chagriner le Conseil européen, lequel juge le paritarisme trop compliqué et trop peu sûr.


C’est notamment le cas dans le droit du travail. Les services de l’Europe jugent que les seuils et toutes les règles qui y sont fixées « limitent la croissance des entreprises françaises ». Ils ne cessent d’en demander la suppression, ainsi qu’une réforme « du droit du travail pour inciter les employeurs à embaucher en contrats à durée indéterminée ». N’ayant pas pu présenter la grande loi du travail qu’il souhaitait pour cause de rivalité avec Manuel Valls, Emmanuel Macron entend bien poursuivre le chantier et écrire ce qui n’a pu être mis dans la loi El Khomri. Il entend mettre « la négociation au plus près du terrain », en permettant de définir la durée du travail, les accords sociaux entreprise par entreprise, « adapter le droit du travail à la taille », comme il le propose. Une seule règle nouvelle sera instituée au niveau national : un plancher et surtout un plafond pour les indemnités prud’homales. Un dispositif qu’il n’avait pas réussi à imposer dans le cadre de la loi El Khomri.

Parmi les recommandations faites à la France, l’une tient particulièrement à cœur au Conseil européen : c’est la pérennisation du CICE et tout ce qui peut permettre l’allègement du coût du travail, jugé « trop élevé » en France. « Des mesures ont été prises pour réduire le coût du travail et améliorer les marges bénéficiaires des entreprises, notamment le crédit d’impôt pour la compétitivité et [pour ce faire ] l’emploi de 20 milliards d’euros et l’allègement des cotisations patronales de 10 milliards d’euros […]. La manière dont ont été conçues ces mesures, qui représentent 1,5 % du PIB et contribuent à combler l’écart entre le coût du travail en France et la moyenne de la zone euro, pourrait limiter leur efficacité », note le rapport européen en juillet de 2016, avant de recommander de « veiller à ce que les réductions du coût du travail soient pérennisées ».

Le CICE n’a pourtant pas tenu toutes les promesses annoncées, à l’exception de l’amélioration des marges des entreprises. Selon le rapport d’évaluation établi par France Stratégie, alors dirigé par Jean Pisani-Ferry, la mesure fiscale n’a pas eu « d’effet observable sur l’investissement, la R&D et les exportations ». Et elle aurait « probablement eu un effet direct de l’ordre de 50 000 à 100 000 emplois créés ou sauvegardés sur la période 2013-2014 ». Autant dire, beaucoup d’argent dépensé pour pas grand-chose. Mais cela n’empêche pas d’envisager la poursuite du dispositif sous une autre forme. Le programme d’En Marche ! prévoit de remplacer le CICE par une baisse des cotisations patronales de 10 points pour tous les emplois au Smic et de 6 points au-delà.

À ces allègements, Emmanuel Macron compte ajouter un abaissement de la fiscalité sur les entreprises. Là encore, l’Europe a tracé la voie : « La fiscalité des entreprises a commencé à diminuer légèrement en 2014. […] Hormis la suppression progressive de la contribution sociale de solidarité des sociétés, actuellement en cours, aucune mesure concrète n’a encore été prise pour atteindre l’objectif annoncé d’une réduction à 28 % du taux nominal de l’impôt sur les sociétés d’ici à 2020 », relevait le Conseil européen en juillet 2016, avant d’insister sur la nécessité « de réduire le taux nominal de l’impôt sur les sociétés ».

La loi de finances 2017 prévoit déjà d’abaisser le taux de l’impôt sur les sociétés à 28 % dès 2017 pour les PME réalisant moins de 75 000 euros de bénéfices, puis de l’étendre progressivement à toutes les entreprises d’ici à 2020. Le programme d’En Marche ! dit vouloir aller plus loin : « Nous réduirons le taux d’IS jusqu’à la moyenne européenne de 25 %. C’est une mesure indispensable pour attirer les activités en France et soutenir la compétitivité de nos entreprises. En échange, nous défendrons au niveau européen une harmonisation des bases et une convergence du taux de l’impôt sur les sociétés pour éviter une course au moins-disant », est-il annoncé. Le coût estimé de cette réduction est au moins de 12 milliards d’euros.

Pour faire bonne mesure, il prévoit d’exclure de l’impôt sur la fortune tous les patrimoines financiers pour ne le concentrer que sur l’immobilier. « L’État perdrait ainsi 2,5 milliards de recettes au profit des plus riches des riches, dont la richesse est essentiellement financière », constatent les Économistes atterrés.

Il n’y a finalement qu’une seule mesure conseillée par l’Europe qu’Emmanuel Macron n’a pas retenue. Depuis plusieurs années, le Conseil européen reproche à la France d’avoir instauré des taux de TVA réduits trop nombreux, d’avoir une TVA de 20 % inférieure à la moyenne européenne et d’avoir des recettes fiscales fondées sur la consommation inférieures, là encore, au reste de l’Europe. « Il y a de la marge pour rééquilibrer la structure fiscale et faire glisser vers la consommation une partie des prélèvements pesant sur les entreprises et le travail », relevait le rapport des services européens en 2015. Avant de préconiser un relèvement de la TVA, qui rognerait un peu tout le mécanisme de progressivité et de redistribution, pour aller vers un système fiscal proportionnel favorisant les plus riches. Le Conseil européen a réitéré cette recommandation en 2016. Emmanuel Macron ne l’a pas retenue. Pour l’instant, du moins.
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Messagepar fernando » 11 Mars 2017, 17:04

à propos de la "tea-partisation" de la droite


Le «peuple du Trocadéro» enterre quinze ans de cycle politique


Ce qui s’est joué autour du maintien de François Fillon dépasse la valse des défections, des retournements de vestes, des grandes déclarations et des bruits de couloir. Le rassemblement du Trocadéro, l’abandon d’Alain Juppé et les atermoiements des centristes, marquent la fin définitive de l’UMP (devenue LR) telle qu’elle avait été conçue en 2002, comme une fusion des « droites républicaines ».


D’une déclaration à une autre. De la conférence de presse de François Fillon, mercredi 1er mars, à celle d’Alain Juppé, lundi 6 mars. Il aura fallu cinq jours à la droite et au centre pour mettre un terme définitif à 15 ans de cycle politique. Le grand rassemblement des « droites républicaines », né sous le nom de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) après le 21 avril 2002, n’est plus. Son agonie fut longue. Sa disparition, le fruit d’une lente évolution idéologique et de nombreuses batailles intestines. À moins de 50 jours de la présidentielle, nul ne sait par quoi il sera remplacé au lendemain du 7 mai.


Ce qui s’est joué la semaine dernière est bien plus qu’une tentative de « putsch » contre François Fillon, comme l’a craint une partie de ses soutiens. Bien plus aussi qu’une valse de défections, de retournements de vestes, de grandes déclarations et de bruits de couloir. C’est un bras de fer entre deux courants qui s’est conclu dimanche par le rassemblement du Trocadéro : celui qui opposait les « gardiens de la limite » aux « partisans de l’illimité », pour reprendre une formule que l’ancien conseiller sulfureux de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, emploie dans son livre La Cause du peuple (Éd. Perrin).

Le retour des déserteurs, les calculs politiciens, le parrainage d’Alain Juppé, et l’accord électoral finalement scellé entre LR et l’UDI – qui a obtenu 96 circonscriptions pour les législatives –, ne changeront rien à la donne. « À mes yeux, la condition sine qua non du succès, c’est évidemment le rassemblement le plus large possible de la droite et du centre. Aujourd’hui, ce rassemblement est devenu plus difficile, a expliqué le maire de Bordeaux pour justifier son renoncement. Une partie du centre, que certains d’entre nous ont rudement stigmatisé, nous a quittés. Comme l’a montré la manifestation d’hier au Trocadéro, le noyau des sympathisants et militants LR s’est radicalisé. » Le mot est fort, mais il reflète bien les mutations de la base du parti de la rue de Vaugirard, depuis le débat sur l’identité nationale jusqu’aux cortèges de La Manif pour tous.

Cette même base qui, après avoir soutenu des années durant Nicolas Sarkozy, s’est retrouvée bien esseulée au lendemain de la défaite de 2012. Depuis lors, elle a enchaîné les déceptions : la guerre Copé-Fillon pour la présidence de l’UMP ; l’affaire Bygmalion ; le retour perdant de l’ex-chef de l’État… Au fil du temps et des élections voyant le Front national engranger toujours de meilleurs résultats, elle s’est durcie. Et après cinq années de quinquennat Hollande, elle entend bien prendre sa « revanche ». Qu’importe le candidat qui lui permettra de le faire, cette fois-ci, elle le promet, personne ne lui « volera » la victoire.

Dans son livre Rase campagne (Éd. Jean-Claude Lattès), Gilles Boyer, l’un des plus proches collaborateurs du maire de Bordeaux, écrivait déjà avoir réalisé « physiquement » que le noyau dur de son parti s’était « radicalisé » le 22 novembre 2014, lors d’un meeting de Nicolas Sarkozy en Gironde, durant lequel les noms de Juppé et Bayrou avaient été sifflés. De la même façon qu’a été huée, dimanche 5 mars, l’expression « socialo-centristes » prononcée par François Fillon. « Y a-t-il une majorité possible et laquelle ? Peut-on encore dire aujourd’hui que c’est la droite et le centre ? À bien des égards, ça me semble difficile », a déploré le fondateur de l’UDI Jean-Louis Borloo dans les colonnes du Monde, à la suite du rassemblement du Trocadéro.


L’UMP, telle qu’elle avait été pensée à sa fondation sous l’impulsion d’Alain Juppé et de Jacques Chirac, a souffert de plusieurs coups de boutoir depuis 2004 et l’arrivée de Nicolas Sarkozy à sa tête. En désaccord avec ce dernier, bon nombre de personnalités ont décidé de quitter le mouvement, à commencer par Nicolas Dupont-Aignan, parti en 2007 pour créer Debout la République (devenu entre-temps Debout la France), suivi en 2010 par Dominique de Villepin, fondateur de République solidaire. Mais la scission la plus notable fut celle de Borloo, qui en 2011 sortit du jeu son Parti radical valoisien, avant de fonder l’UDI un an plus tard.

François Bayrou, qui s’est toujours opposé à l’idée d’un parti unique de la droite et du centre, a quant à lui continué de mener sa barque sous les couleurs de la nouvelle UDF, rebaptisée MoDem en 2007. Alors que LR, l’UDI et le MoDem grossissaient les rangs des mêmes majorités au sein des collectivités locales, le maire de Pau s’est métamorphosé, au fil du temps, en un « épouvantail » pour le noyau dur de la droite sarkozyste, constamment chauffé à blanc par l’ancien chef de l’État. L’alliance qu’il a récemment conclue avec Emmanuel Macron a d’ailleurs conforté dans leurs certitudes tous ceux qui lui en voulaient déjà d’avoir appelé à voter François Hollande en 2012. Et qui n’ont pas supporté son rapprochement avec Alain Juppé le temps de la primaire.
Le réveil du monde catholique traditionaliste

Plus qu’une question d’hommes et de rancœurs, c’est bien celle de l’incompatibilité entre les « néolibéraux » et les « nationalistes » qui a conduit à la situation actuelle, estime Gilles Richard, auteur d’Histoire des droites en France (Éd. Perrin). « Nicolas Sarkozy, qui est un néolibéral, a utilisé le discours identitaire pour capter l’électorat du Front national, rappelle-t-il. C’est sur cette base qu’il a conquis l’UMP en 2004, avant d’accéder à l’Élysée en 2007. Mais cette stratégie a rapidement explosé, car on ne peut pas être à la fois néolibéral et nationaliste. La question nationale nécessite la fermeture des frontières, là où le néolibéralisme propose de les ouvrir encore plus grand. »


Pour l’historien, François Fillon se retrouve aujourd’hui dans la même impasse. « Il reprend la même stratégie que Sarkozy, en associant à un programme néolibéral (durée légale de la semaine de travail fixée à 48 heures, suppression de 500 000 postes dans la fonction publique…), un système de valeurs issu de la droite réactionnaire. Ça ne peut pas tenir, c’est antinomique. » Ce système de valeurs dont parle Gilles Richard a été remis au goût du jour par la légitimation du discours nationaliste. Durant son quinquennat, et pour éviter de s’étendre sur la crise économique et sociale, Nicolas Sarkozy a porté aux nues les questions liées à l’immigration, à l’islam et à la sécurité.

Le débat sur l’identité nationale proposé à l’automne 2009 a servi de défouloir à la droite. Le discours de Grenoble, le 30 juillet 2010, a achevé le travail, en ouvrant la voie à une extrême droitisation d’une partie de l’UMP et en divisant la majorité de l’époque. En reprenant à son compte les mots et les idées du FN, Nicolas Sarkozy s’est enfermé dans un « piège », comme le soulignait dès 2010 le politologue Pierre Martin. Sous pression constante de la base conquise en 2007, l’ex-chef de l’État a sombré dans la surenchère pour conserver l’électorat hostile à l’immigration.

Ce faisant, il a ouvert des débats sans fin entre « ceux qui pensent [qu’une droite de gouvernement] ne peut se permettre d’abandonner au Front national le terrain d’une attitude dure envers l’immigration et l’insécurité, et ceux qui pensent que la droite et le centre droit doivent revenir à des positions plus modérées sur ces questions ainsi que sur les questions économiques, estimant que la “droitisation” de la droite gouvernementale sous Nicolas Sarkozy a d’abord favorisé la perte de tout un électorat centriste vers le MoDem, puis vers la gauche socialiste et écologiste », expliquait encore Pierre Martin.

Ce phénomène, pudiquement qualifié de « libération de la parole » ou de « droite décomplexée », a eu un triple effet pervers : non seulement il a durci la base de l’UMP – devenue LR au printemps 2015 –, et fait fuir les modérés, mais il a également poussé un nombre considérable d’électeurs déçus dans les bras du Front national, comme en attestent les résultats obtenus par l’extrême droite aux dernières élections régionales. La situation a de nouveau évolué à partir de 2013, avec la naissance du mouvement La Manif pour tous et le réveil du monde catholique traditionaliste.


En opposition à la loi Taubira dans un premier temps, puis agrégés autour d’une « convergence des luttes » allant de la fiscalité à la défense de la filiation, sympathisants, militants et élus issus des rangs de l’UMP et du FN se sont retrouvés dans la rue et sur les réseaux sociaux. Ensemble, ils ont marché, discuté, échangé. Et ont fini par former un tout qui transcende les étiquettes partisanes. Idéologiquement plus proche de Philippe de Villiers que de Nicolas Sarkozy, cette droite que les observateurs ont qualifiée « de masse » possède ses propres codes, ses propres références et ses propres médias. Elle adore Éric Zemmour et dévore Valeurs actuelles. Convertie aux outils modernes, elle a très tôt considéré qu’elle serait l’un des moteurs de l’élection de 2017.

Du côté de LR, l’émanation politique de La Manif pour tous est née en 2014 sous le nom de Sens Commun. Ce collectif, qui a soutenu François Fillon pendant la primaire et a beaucoup œuvré à sa victoire, occupe aujourd’hui une place prépondérante dans sa campagne. Parfaitement organisé, forts de réseaux fournis, Sens Commun a aussi permis à la manifestation du Trocadéro de se transformer en succès. Bien qu’ils s’en défendent, ses membres sont très actifs dans l’équipe de l’ancien premier ministre. Ils y côtoient des personnalités déjà croisées dans les cortèges bleus et roses, tels Charles Millon et Charles Beigbeder, cofondateurs de L’Avant-Garde, un « réseau collaboratif d’action politique » qui n’exclut pas l’idée d’une alliance électorale entre LR et le FN.
Un QG de campagne « épuré »

Samedi 4 mars, les deux patrons de L’Avant-Garde ont assisté à la présentation du projet de François Fillon devant la société civile, à Aubervilliers. Invité à réagir sur les défections en cours à droite, Charles Beigbeder en a profité pour se réjouir sur l’antenne de BFM-TV du départ des centristes. « Que l’UDI nous quitte, c’est une bonne nouvelle parce que franchement, idéologiquement, ils étaient beaucoup plus proches de Macron que de Fillon de toute façon », a-t-il déclaré.

Avant de poursuivre : « Quant aux quelques cadres des Républicains qui partent, souvent en fait, on se demande ce qu’ils font aux Républicains. Ils sont plus proches de l’UDI et de la gauche. Là, on va avoir un QG de campagne nettoyé des éléments perturbateurs, épuré, qui va pouvoir se consacrer à la campagne, défendre pied à pied le projet auquel il croit vraiment alors qu’il y en avait certains qui étaient là plus par intérêt personnel pour avoir des postes que par intérêt idéologique. »

Ces propos en disent long sur l’état d’esprit de ceux qui apparaissent aujourd’hui comme les plus fervents soutiens de François Fillon. Parmi eux, le candidat sait qu’il peut aussi compter sur le fidèle Bruno Retailleau, tout juste nommé coordinateur de la campagne. Le patron des sénateurs LR, ancien proche de Philippe de Villiers, incarne à lui seul cette droite conservatrice, qui estime que la loi Taubira cachait derrière elle « un projet de destruction de la société », comme il le disait lors d’une Manif pour tous, en mars 2013. C’est à cette droite, celle « des paysans, des cathédrales, des châteaux et des sans-culottes », que l’ancien premier ministre s’est adressé dimanche 5 mars.

Valérie Boyer, Bruno Retailleau et Claude Goasguen à La Manif pour tous du 16 octobre 2016, à Paris. © Twitter/@MaximilienHERTZ Valérie Boyer, Bruno Retailleau et Claude Goasguen à La Manif pour tous du 16 octobre 2016, à Paris. © Twitter/@MaximilienHERTZ

En remettant son sort entre les mains de ce « peuple qui ne fait pas de bruit », François Fillon tente de s’appuyer sur la fameuse « majorité silencieuse » que les dirigeants de droite et d’extrême droite se disputent depuis des années. De fait, les dizaines de milliers de personnes réunies ce jour-là dans le XVIe arrondissement de Paris lui ont permis d’écarter la seule alternative jugée « crédible » et « légitime » par son camp. Car aux yeux de ce bloc conservateur, Alain Juppé incarne au mieux un consensus mou, au pire un affreux gauchiste, beaucoup trop ouvert sur les questions de société pour se prétendre encore de droite.

La démonstration du 5 mars a donc permis à l’ancien premier ministre de maintenir sa candidature. Sera-t-elle suffisante pour passer le premier tour de la présidentielle ? Rien n’est moins sûr. Car ses attaques répétées contre la justice et la presse, mais aussi les soutiens qu’il rassemble désormais autour de lui, inquiètent l’électorat plus modéré de la droite et du centre. L’équilibre entre les deux forces est précaire. Il aura d’ailleurs suffi que LR annonce l’organisation de 42 primaires avec l’UDI en vue des législatives, pour qu’une partie du “peuple du Trocadéro” le fasse voler en éclats, comme en témoignent ces messages postés par des militants de La Manif pour tous sur Twitter.


Durant la primaire, François Fillon avait bénéficié de tous les ingrédients de l’antisarkozysme : la multiplication des affaires, le rejet des excès, la déception du bilan. Malgré cela, beaucoup l’avertissaient déjà sur le sentiment d’abandon des classes populaires et le risque croissant du vote FN. À son tour inquiété par la justice, il ne peut plus jouer les Monsieur Propre de la droite. Chef du gouvernement pendant cinq ans, il ne peut pas non plus entièrement se désolidariser du mandat de Sarkozy. Et il y a aussi la question des excès. Le candidat pourrait ne pas y céder, mais encore faudrait-il trouver un autre moyen de couvrir le bruit des casseroles et de maintenir autour de lui son noyau dur.

Dans une telle situation, très différente de celle qui lui a permis de gagner la primaire, que reste-t-il des près de trois millions d’électeurs qui l’ont plébiscité fin novembre ? Nul ne le sait. Une chose est sûre en revanche : si Fillon venait à perdre l’élection présidentielle, la droite française serait contrainte d’opérer une recomposition. Avant cela, entre les deux tours, ce parti qui prône depuis des années le « ni-ni », se retrouverait inévitablement face à un dilemme cornélien : choisir entre l’une des deux jambes qui le soutiennent, d’un côté le néolibéralisme aujourd’hui incarné par Emmanuel Macron, de l’autre le discours nationaliste porté par Marine Le Pen. Ou ne pas choisir du tout.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
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fernando
 
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Messagepar W » 12 Mars 2017, 11:59

Juste par curiosité, il y a des gens qui lisent ces c/c ??
It's art. You don't need pants.
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Messagepar John Holmes » 12 Mars 2017, 12:07

en diagonale rapide et de manière très brève
en gros rarement à jamais
"Connard =)"
ChevalierBlanc - janvier 2021
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John Holmes
 
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Messagepar fernando » 12 Mars 2017, 13:05

W a écrit:Juste par curiosité, il y a des gens qui lisent ces c/c ??


à part krouw et ptet éventuellement Sac à Vin, je ne crois pas.
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Messagepar krouw2 » 12 Mars 2017, 14:46

oui ..je lisais aussi les post de James, c'est dire
Hollande 2027
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Messagepar rhazelle » 12 Mars 2017, 15:16

Médiapart est quand même sacrément anti macron nan?
Et la photo de ta collection de godes que John Holmes a posté l'autre jour , ça vient du Journal de Mickey ?
rhazelle
 
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Messagepar fernando » 12 Mars 2017, 15:21

Journal très à gauche donc forcément anti-Macron
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Messagepar fernando » 13 Mars 2017, 14:50

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Messagepar fernando » 13 Mars 2017, 14:54

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Messagepar Dageek » 13 Mars 2017, 14:56

Tain c est bon les rageux, vous voulez d un président avec un costume Brice ?
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Messagepar krouw2 » 13 Mars 2017, 15:13

On m'a bien offert une carte Célio de 40 euros à Noël, arrétez cet acharnement
Hollande 2027
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Messagepar gblosc » 13 Mars 2017, 15:14

Et on n'a pas encore parlé des caleçons de Fillon payés par ses frais de représentation de l'Assemblée Nationale ?
Ou alors des chiens de Fillon promenés par son chauffeur lorsqu'il était Premier Ministre ?
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gblosc
 
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Messagepar SAV » 13 Mars 2017, 15:15

krouw2 a écrit:On m'a bien offert une carte Célio de 40 euros à Noël, arrétez cet acharnement

Souti1 à krou, j'ai acheté mon dernier costard à H&M et les godasses pointues qui vont avec à tati.
Si ça peut aider François...
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar krouw2 » 13 Mars 2017, 15:15

Selon nos informations, un "ami généreux" a signé le 20 février un chèque de 13.000 euros pour le règlement de deux costumes achetés chez Arnys, un tailleur parisien des quartiers chics. "J'ai payé à la demande de François Fillon", a expliqué ce mécène. "Et sans d'ailleurs en avoir le moindre remerciement depuis", a-t-il ajouté.

quel mal poli cte fdp
Hollande 2027
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Messagepar SAV » 13 Mars 2017, 15:19

krouw2 a écrit:quel mal poli cte fdp

=)
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar Dageek » 13 Mars 2017, 15:26

Ouais. Donc des costumes achetés par un "ami" a la demande de Fillon, le type ne devait probablement RIEN attendre en retour hein...
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Messagepar Baratte » 13 Mars 2017, 18:01

Dageek a écrit:Ouais. Donc des costumes achetés par un "ami" a la demande de Fillon, le type ne devait probablement RIEN attendre en retour hein...

Genre un job d'assistante à 6000 pour sa sa fille ?
Les salariés sont les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste : ce sont des chômeurs en puissance.
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Messagepar Dageek » 13 Mars 2017, 19:07

Putain :)
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Messagepar Baratte » 13 Mars 2017, 19:41

C't'acharnement !

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Les salariés sont les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste : ce sont des chômeurs en puissance.
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Messagepar fernando » 13 Mars 2017, 20:14

le même qui a confié un emploi stratégique à sa femme à la revue des 2 mondes. Simple coïncidence sans doute.
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Messagepar Giallo » 13 Mars 2017, 21:17

Patrick Balkany > François Fillon > Tony Soprano
ce message ne vient pas de moi
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Giallo
 
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Messagepar Dageek » 14 Mars 2017, 00:37

des barres
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Messagepar fernando » 14 Mars 2017, 10:28

loul c'est con
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