C'est une histoire comme seule Marseille sait les inventer. Marie-Arlette Carlotti, ministre chargée de la Lutte contre l'exclusion et candidate préférée de l'Élysée à la mairie de Marseille, est en proie à des démêlés judiciaires avec le patron du Don Corleone, un restaurant de la cité phocéenne. Le restaurateur a déposé une plainte contre la ministre auprès du procureur de la République de Marseille pour "grivèlerie alimentaire". Le motif ? Une addition de 1 120 euros pour 32 couverts non réglée.
Un dîner-débat avait été organisé le 4 mai dernier dans cet établissement réputé de la rue Sainte pour que l'ancienne porte-parole de Jean-Noël Guérini présente son livre Marseille ma capitale. Accueillie par des manifestants hostiles au mariage pour tous, la ministre a tenu à expliquer sa position sur le sujet. Mais, à la table, deux militants socialistes aux conceptions opposées en sont venus aux mains. "Au départ, l'ambiance était bon enfant, raconte Alfredo Mauro, le patron. Mais les deux convives ont fini par se traiter mutuellement de réac et de facho."
L'affaire a vraiment tourné au vinaigre, juste avant le dessert.
L'un des deux socialistes s'est levé et a dégainé une bombe lacrymogène en aspergeant le visage de son contradicteur à bout portant. Une bousculade s'est alors ensuivie au cours de laquelle la candidate à la mairie de Marseille a été exfiltrée par les policiers du Service de protection des hautes personnalités (SPHP). Tous les clients sont partis sans payer et le restaurateur s'est retrouvé avec sa note sur les bras.
Contre-attaque du ministère
"Nathalie Pigamo, la collaboratrice de Carlotti à Marseille, m'a rapidement rassuré et a laissé un message vocal pour dire que, malgré les incidents, la ministre réglerait la note", confie le restaurateur. Mais un mois plus tard, toujours rien. "Je les ai relancés à plusieurs reprises.
Les collaborateurs de la ministre me répondaient que, faute de dessert, ils ne régleraient pas la totalité de l'addition." Le patron du Don Corleone a donc décidé de déposer une plainte et a diffusé un communiqué pour le faire savoir. "Quatre minutes plus tard, je recevais un coup de fil du ministère me pressant de démentir, sinon je ne serai jamais payé et la justice laissera traîner les choses. J'ai refusé."
Depuis, le ministère a porté plainte contre Alfred Mauro pour tentative d'escroquerie. Selon une source judiciaire marseillaise,
la ministre discuterait du prix, ne souhaitant régler que 15 euros le repas au lieu des 35 réclamés par le restaurateur. Aujourd'hui, la ministre contre-attaque. "Je suis convaincue d'être tombée dans un piège pour me nuire. Depuis que je suis candidate à la mairie de Marseille, je gêne. J'ai dit que j'étais contre le clientélisme et les petits arrangements", confie au Point.fr Marie-Arlette Carlotti qui a néanmoins longtemps frayé avec Jean-Noël Guérini, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône trois fois mis en examen pour des malversations financières concernant des marchés publics. La ministre clame à qui veut l'entendre qu'elle ne laissera pas faire. "Je ne céderai pas à la mauvaise foi et au mensonge. Il n'a jamais été question que mon équipe règle ces repas. J'étais l'invitée du restaurateur, et je ne connaissais pas la plupart des convives."
L'équipe de la ministre a proposé au gérant de l'établissement de prendre contact avec les 32 convives pour qu'ils règlent leur partie de l'addition, justifie le directeur de cabinet de la ministre. Nous n'avons jamais pu obtenir la liste des participants de la part d'Alfred Mauro." La campagne des municipales à Marseille démarre sur les chapeaux de roue. "Et encore, il ne s'agit que des primaires socialistes", persifle un camarade de la ministre.
http://www.lepoint.fr/societe/marseille-marie-arlette-carlotti-part-sans-payer-l-addition-11-06-2013-1679820_23.php