par fernando » 20 Nov 2023, 11:51
Alors lui c'est vraiment un champion :D
Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué une députée, évoque une « erreur de manipulation »
Après la plainte de la députée Sandrine Josso, le sénateur (Horizons) de Loire-Atlantique a été mis en examen pour « administration de substance afin de commettre un viol ou une agression sexuelle ». Il a été immédiatement suspendu de son parti et de son groupe parlementaire.
Garde à vue, mise en examen, suspension immédiate de son parti (Horizons) et de son groupe parlementaire (Les Indépendants) avant une probable exclusion : depuis quelques jours, le nom du discret sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau, 66 ans, est associé à une nauséeuse affaire. Vendredi 17 novembre, une information judiciaire a été ouverte contre lui pour « administration à l’insu [de sa collègue députée] Sandrine Josso, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle des actes, afin de commettre un viol ou une agression sexuelle » et « détention et usage de substances classées comme stupéfiants », à savoir de la MDMA, ou ecstasy. Depuis, Joël Guerriau plaide une malencontreuse « erreur de manipulation ».
Les faits remontent au mardi 14 novembre lorsque Sandrine Josso, députée (MoDem) élue du même département que lui et avec laquelle il entretient une relation amicale depuis plusieurs années, le rejoint à son domicile, dans l’un des immeubles appartenant au Sénat, dans le 6e arrondissement de Paris. L’un et l’autre étaient convenus de se retrouver pour fêter la récente réélection du sénateur, intervenue le 24 septembre. La députée le prévient qu’elle devra partir tôt, vers 22 heures, pour rejoindre l’Assemblée nationale afin de participer à un vote.
Selon le récit qu’elle a livré dans sa plainte, ils ont déjà partagé une ou deux flûtes de champagne, lorsqu’elle est alertée par « le comportement bizarre » de son hôte. Elle l’aperçoit notamment « se saisir d’un petit sachet en plastique contenant quelque chose de blanc dans un tiroir de la cuisine ». Une vingtaine de minutes plus tard, après avoir bu une nouvelle gorgée de champagne, elle est prise de palpitations. Elle appelle alors un taxi, tout en s’efforçant de cacher son malaise à Joël Guerriau qui la raccompagne jusqu’au pied de l’immeuble. A son arrivée à l’Assemblée nationale, se sentant « désorientée », elle confie à ses collègues ses suspicions sur ce qu’elle aurait ingéré. La députée est aussitôt conduite à l’hôpital, où une prise de sang et des analyses d’urine dévoilent qu’elle est positive à l’ecstasy.
Fatigué par sa campagne sénatoriale
Sandrine Josso décide de porter plainte. Jeudi matin, le sénateur est interpellé à son domicile et placé en garde à vue. Lors de la perquisition, dans le tiroir de la cuisine décrit par Sandrine Josso, les enquêteurs trouvent le petit sachet en plastique et la poudre qu’il contient, dont les analyses confirment qu’il s’agit d’ecstasy.
Le sénateur s’est d’abord justifié sur la détention de cette substance. Il l’aurait obtenue, dit-il, d’un collègue sénateur – dont il ne livre pas l’identité – auquel il aurait demandé un « euphorisant ». Il ignorait, assure-t-il, qu’il s’agissait d’ecstasy. Auprès des enquêteurs, Joël Guerriau se justifie sur cette demande en indiquant qu’il traverse une période sombre. Fatigué par sa campagne sénatoriale, il aurait surtout été bouleversé par la mort imminente de son chat, âgé de 20 ans. Il avait d’ailleurs consacré sa soirée du dimanche à lui creuser une tombe dans son jardin avant de rejoindre Paris le lendemain.
Ce jour-là, en se rendant à une réunion de sa loge maçonnique, il aurait été encore plus affligé à l’annonce de la grave maladie dont un de ses amis est atteint. C’est alors, a-t-il expliqué, qu’il aurait songé à prendre cet « euphorisant » rangé dans le tiroir de sa cuisine. Mais après avoir versé un fond de poudre dans une coupe, il aurait renoncé à se servir à boire. Et ce serait donc ce verre, dont il assure avoir oublié ce qu’il contenait après l’avoir rangé, qu’il aurait malencontreusement servi le lendemain soir à son amie députée.
Telle est l’explication qu’il a réitérée lors de sa confrontation avec Sandrine Josso, vendredi 18 novembre, dans les locaux du 3e district de la police judiciaire de Paris, en lui présentant ses excuses. Placé sous contrôle judiciaire, le sénateur a l’interdiction d’entrer en contact avec la plaignante et les témoins.
Un « dramatique désagrément »
« Joël Guerriau n’a jamais voulu administrer à sa collègue de travail et amie de longue date, une substance pour abuser d’elle. Il démontrera que c’est une erreur de manipulation qui a causé le dramatique désagrément subi par sa collègue députée », indique son avocat, Me Rémi-Pierre Drai, dans un communiqué publié à la suite de la mise en examen de son client. Celui-ci, poursuit le communiqué, « n’est pas un prédateur, il n’est pas un adepte de la soumission chimique, il est un honnête homme, respecté et respectable qui rétablira son honneur et celui de sa famille, quel que soit le temps que cela prendra ».
Joint par Le Monde, l’avocat précise que les analyses toxicologiques effectuées pendant la garde à vue du sénateur révèlent une trace « infinitésimale » d’amphétaminiques dans ses cheveux – 5 picogrammes – preuve, selon lui, de « l’absence de toute consommation habituelle de MDMA ». Quant aux analyses d’urine, toutes sont « négatives » aux stupéfiants (cannabis, cocaïne, méthadone, opiacée, MDMA), souligne l’avocat.
Samedi matin, les membres du bureau d’Horizons – « profondément choqués par les faits à l’origine des accusations » – ont décidé « à l’unanimité » de sa suspension immédiate avant d’entamer « une procédure disciplinaire pouvant conduire à une exclusion définitive ». M. Guerriau avait rejoint ce parti en 2022. Le groupe parlementaire auquel il appartient a pris la même décision et a également engagé une procédure disciplinaire susceptible de déboucher sur une exclusion. La députée Sandrine Josso a fait savoir, par son avocate, Me Julia Minkowski, qu’elle se constituera partie civile dès lundi. L’enquête se poursuit, avec notamment l’exploitation du téléphone et de l’ordinateur du sénateur, saisis en perquisition.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."