par fernando » 01 Sep 2016, 11:04
Une bonne élection à l'africaine
Ali Bongo réélu, le Gabon bascule dans la violence
Quelques minutes auparavant, le ministère de l’intérieur, sur la base des chiffres compilés par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) avait proclamé une victoire à l’arraché du président sortant – 49,8 % contre 48,23 % en faveur de Jean Ping –, provoquant la fureur de l’opposition. A l’instar de Casimir Oyé Mba, ancien premier ministre d’Ali Bongo Ondimba (57 ans) rallié depuis peu à Jean Ping (73 ans), qui dénonçait un « traficotage éhonté » des résultats.
L’objet de la colère se portait tout particulièrement sur les chiffres « surréalistes, incohérents et suspects », selon Casimir Oyé Mba, en provenance du Haut-Ogooué, cette province coincée dans le sud-est où le taux de participation aurait atteint des sommets : 99,93 %, contre 59,4 % au niveau national. Et 95,46 % des électeurs auraient voté Ali Bongo Ondimba.
Décompte miraculeux
Certes, le Haut-Ogooué est le fief des Bongo et de leur communauté Téké. Cela compte, en termes de voix et d’électorat captif. Mais le résultat publié par la Cenap signifie aussi que seulement 50 personnes ne seraient pas allées voter sur les 71 714 électeurs inscrits dans cette province. « Cela ne fait pas beaucoup de morts, pas beaucoup de malades, pas beaucoup d’absents… Il doit y avoir là-bas un climat spécial », ironisait alors Jean-Gaspard Ntoutoume-Ayi, le porte-parole de Jean Ping, ex-cacique du régime d’Omar Bongo Ondimba et ancien compagnon de la sœur d’Ali avant que les rapports tournent à l’affrontement ouvert entre ces deux hommes issus d’un même système.
Ce décompte miraculeux a fait opportunément pencher la balance du côté du candidat du pouvoir. Grâce à la magie du Haut-Ogooué, l’une des neuf provinces gabonaises, la dernière à avoir envoyé ses procès-verbaux à Libreville, Ali Bongo Ondimba a rattrapé les 60 000 voix de retard accumulées dans les huit autres provinces – jusqu’à dépasser Jean Ping de quelque 5 594 voix sur les 650 000 électeurs inscrits. Dénonçant une grossière manipulation et une « mascarade », les représentants de l’opposition au sein de la commission électorale avaient claqué la porte de la séance plénière, point final du processus avant la proclamation officielle du résultat.
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