par fernando » 20 Mars 2024, 11:19
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La reconversion d’Olivier Véran de neurologue à médecin esthétique : « Le symbole est terrible »
Le choix du député de la majorité et ancien ministre de la santé suscite de vives critiques parmi les médecins, prompts à rappeler que les besoins sont ailleurs.
Il va remettre la blouse blanche, mais pas celle attendue. Fini l’hôpital et la neurologie, sa spécialité initiale : c’est la médecine esthétique que l’ancien ministre de la santé et ex-porte-parole du gouvernement, remercié lors du remaniement de janvier, compte embrasser. Et ce, un jour par semaine, dans la clinique des Champs-Elysées, à Paris, en plus de son mandat de député de l’Isère (Renaissance).
L’information, confiée au Figaro le 18 mars, a beau relever d’un choix privé, elle s’est imposée dans le débat public, dans les rangs médicaux et au-delà. Pour ce qu’elle représente pour les soignants, à l’heure où le système de soins craque de toutes parts et où la démographie médicale est un enjeu crucial.
« Le symbole est terrible, réagit Olivier Milleron, du Collectif inter-hôpitaux. Aller faire de la médecine de confort pour des gens riches quand l’hôpital est en crise et manque de bras, en particulier en neurologie, c’est quand même triste. Sans compter le signal déplorable de quitter le public pour le privé lucratif. » « Scandaleux ! », a réagi, sur X, l’un des porte-parole de la CGT-Santé, Christophe Prudhomme. « Un ancien ministre ne peut plus être totalement libre de ses choix, a écrit, sur ce même réseau social, le médecin et sénateur socialiste de Paris Bernard Jomier. Passer de la neurologie à la médecine esthétique a un sens, celui d’un choix financier. Quel message désastreux. »
« Etiquette de ministre »
Du côté de l’ordre des médecins, tout en se défendant de prendre position sur un choix de reconversion personnelle, on interroge la « cohérence » et l’« exemplarité » d’une telle option, de la part de celui qui a eu pour mission, en 2020, en pleine crise liée au Covid-19 et après, de défendre l’hôpital et l’accès au soin des Français. Avant de s’engager en politique, Olivier Véran a été chef d’unité en neurologie au centre hospitalier universitaire de Grenoble.
« Quand on connaît la crise sanitaire que l’on vit, avec des patients qui mettent des mois pour obtenir des rendez-vous, que ces choses-là sont les conséquences des politiques qu’a menées M. Véran, on a quand même le courage de rester dans son métier », a tancé, sur RMC, Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre, un syndicat de médecins libéraux.
Pressentant les critiques, l’intéressé s’en est expliqué d’emblée, invoquant la difficulté à renouer avec la neurologie « parce que la discipline a très fortement évolué sur le plan thérapeutique », a-t-il fait valoir auprès de l’AFP, et sa crainte que l’« étiquette de ministre » ne perturbe sa « relation thérapeutique » avec ses futurs patients. Et de défendre son nouveau champ d’exercice : « C’est 15 % de la population adulte française qui a recours à des soins de médecine esthétique, et c’est quelque chose qui ne doit pas être dénigré », citant ces « Français (…) qui souffrent », que ce soit en raison d’une « cicatrice sur le visage », d’un « vieillissement accéléré lié à la ménopause » ou d’une « calvitie précoce ».
La médecine esthétique, secteur qu’il s’apprête à rejoindre, ne compte pas parmi les quarante-quatre spécialités médicales, mais elle relève plus particulièrement des compétences de deux d’entre elles, la chirurgie réparatrice, plastique et esthétique, et la dermatologie. D’autres médecins, comme les généralistes, la pratiquent aussi, sans qu’on en connaisse précisément le nombre, souvent après avoir suivi une formation courte, dans une université ou une école privée – Olivier Véran a fait savoir qu’il espérait avoir obtenu trois diplômes de l’université de Créteil, d’ici à l’été. Un exercice accusé régulièrement de « siphonner la ressource médicale » et d’aggraver les déserts médicaux.
Traitement au laser, aux ultrasons, injections d’acide hyaluronique, de toxine botulique… La médecine esthétique se distingue en tout cas de la chirurgie esthétique, à laquelle elle est pourtant souvent associée. « La chirurgie, c’est le bloc opératoire, les prothèses et les reconstructions mammaires, liftings, liposuccion, reconstruction chez les grands brûlés, ça ne s’improvise pas, explique le docteur Adel Louafi, président du Syndicat national de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. On ne peut pas se reconvertir en chirurgien esthétique ! » Pour ce qui est de la médecine esthétique, la pratique devrait être davantage « encadrée », avec, sous peu, la mise en place d’un diplôme interuniversitaire.
« Un ancien ministre, médecin, qui connaît l’organisation de la médecine hospitalière et libérale, et choisit de n’intégrer ni l’une ni l’autre… Serait-ce par clairvoyance ? », tacle Valérie Briole, rhumatologue libérale, présidente de l’Union régionale des professionnels de santé d’Ile-de-France. Une ironie, un peu amère, partagée dans le secteur.
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