pfff... a écrit:Bon on est d accord que la gauche est antisemite-crew?
Toutes les manifestations sont propices au défouloir et charrient leurs excités, les gilets jaunes plus que d’autres par le côté éruptif, proliférant et inorganisé du mouvement. Surtout, il s’agit d’abord d’un mouvement contre les élites. Emmanuel Macron depuis son élection est la cible de caricatures antisémites, jouant sur son passage à la banque Rothschild, selon l’équation « Macron = Rothschild = grandes banques = juif ».
Il y a l’antisémitisme de gauche ou le « socialisme des imbéciles », assimilant les juifs aux puissances d’argent et au capitalismeL'interview en entier, intéressante si vous avez 5mn
«Le mouvement des gilets jaunes n’est pas antisémite en soi, mais facilement instrumentalisé par des extrémistes»
19 février 2019 Par Louise Fessard
Pour la politologue Nonna Mayer, le mouvement des gilets jaunes n’est pas antisémite en soi, mais se prête plus que d’autres à une instrumentalisation, car il s’agit d’une mobilisation contre les élites, traditionnellement associées aux juifs dans les préjugés antisémites.
Après deux années de baisse, le nombre de faits à caractère antisémite signalés aux policiers et gendarmes a augmenté de 74 % en 2018. Précisément, 541 faits ont été constatés par le service central du renseignement territorial (SCRT) l’an dernier contre 311 en 2017, soit une augmentation de 74 %. « L'antisémitisme se répand comme un poison », a déclaré Christophe Castaner le 11 février. Parmi ces 541 faits, 358 concernent des menaces, 102 des atteintes aux biens, et 81 des violences, des tentatives d’homicide et un homicide.
Alors que les opinions progressent depuis 1990 dans le sens d’une acceptation croissante des Français juifs, comment expliquer cette hausse des actes antisémites ? Pour la politologue Nonna Mayer, directrice de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l'antisémitisme, on observe en réalité deux pics, l’un lié au conflit au Proche-Orient de mars à juillet 2018 et l’autre au mouvement des gilets jaunes depuis novembre 2018.
Un rassemblement contre l’antisémitisme est organisé mardi à Paris place de la République à partir de 19 heures par 14 partis politiques, à l’initiative du premier secrétaire du PS, Olivier Faure. D’autres associations ont choisi de se réunir à la même heure au métro Ménilmontant contre les actes antisémites et « leur instrumentalisation ».
Comment expliquer l’augmentation de 74 % des actes antisémites signalés en 2018 auprès des policiers et gendarmes ?
Nonna Mayer : Le chiffre des actes et menaces antisémites est à prendre avec précaution, car tous les actes ne sont pas signalés, et ils ne débouchent pas nécessairement sur une plainte. Il faut surtout remettre ces chiffres en perspective. Les actes et violences antisémites étaient résiduels à la fin des années 1990, ils montent en flèche quand éclate la deuxième Intifada en 2000. Depuis cette date, les pics de violence correspondent aux interventions israéliennes dans les territoires (936 actes en 2002, 974 en 2004, 832 en 2009), largement médiatisées et dénoncées. Le dernier pic correspond à l’opération Bordure protectrice en 2014 (851 actes). En baisse depuis, ils sont remontés en 2018 (541 actes, contre 311 l’an dernier). Le conflit n’en est aucunement la cause, c’est le déclencheur, chez ceux qui, pour une raison ou une autre, s’identifient aux Palestiniens, et s’en prennent aux Français juifs qu’ils assimilent à Israël et au sionisme.
Pourquoi ce pic après deux années de baisse ?
De mars à juillet 2018, on note une première remontée liée précisément au conflit au Proche-Orient. C’est l’époque des marches du retour [une série de manifestations commencées le 30 mars 2018 dans la bande de Gaza, le long de la frontière avec Israël – ndlr], des envois de cerfs-volants enflammés, et la polémique sur les snipers israéliens [qui ont fait au moins 120 morts et 4 000 blessés palestiniens].
Le deuxième pic de novembre à décembre correspond au mouvement des gilets jaunes. Il n’est pas antisémite en soi mais il est facilement instrumentalisé par des groupuscules extrémistes. Toutes les manifestations sont propices au défouloir et charrient leurs excités, les gilets jaunes plus que d’autres par le côté éruptif, proliférant et inorganisé du mouvement. Surtout, il s’agit d’abord d’un mouvement contre les élites. Emmanuel Macron depuis son élection est la cible de caricatures antisémites, jouant sur son passage à la banque Rothschild, selon l’équation « Macron = Rothschild = grandes banques = juif ». Enfin, c’est un mouvement qui s’est d’abord développé par le truchement des réseaux sociaux, propices à la diffusion des fake news, des thèses antisémites et des théories du complot, dans la lignée des Protocoles des sages de Sion [faux rédigé par la police du tsar en 1901 accusant les juifs de vouloir dominer le monde].
Si on prend en compte les causes plus lointaines, il y a le contexte d’insécurité sociale et économique, depuis la crise de 2008, qui se prête à la recherche de boucs émissaires. Il existe un antisémitisme toujours latent, dont les argumentaires ont sédimenté au fil du temps, et qui ne demande que l’occasion pour resurgir à la surface. Il y a l’antijudaïsme chrétien, faisant des juifs le peuple déicide, l’antisémitisme de gauche ou le « socialisme des imbéciles », assimilant les juifs aux puissances d’argent et au capitalisme, il y a les élucubrations nazies sur les races inférieures. La création d’Israël après la Seconde Guerre mondiale a changé l’image des juifs, accusés non plus d’être apatrides mais d’avoir une « double allégeance » (Israël avant la France). Puis après 1967 et l’occupation des territoires palestiniens, s’installe l’idée que David est devenu Goliath, que les victimes d’hier sont les bourreaux d’aujourd’hui. Sans oublier la montée de l’islamisme radical et du djihad, faisant des juifs le symbole par excellence d’un Occident haï.
Les sondages de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l'Homme) montrent une montée structurelle de la tolérance depuis 1990 – avec une interruption entre 2009 à 2014. Comment expliquer cette hausse des actes antisémites malgré cette plus grande tolérance ?
Ces actes délictueux, dont on a vu les ressorts, concernent néanmoins une minorité d’individus : 541 actes en 2018, dont un tiers concernent des violences à proprement parler (atteintes aux personnes et aux biens). On ne peut généraliser, ils ne reflètent pas l’opinion publique française. Celle-ci évolue même à l’encontre des actes, dans le sens d’une acceptation croissante des Français juifs, la minorité la mieux acceptée : 36 % des personnes interrogées par l’Ifop en 1946 avaient le sentiment que les juifs sont des « Français comme les autres », c’est 91 % aujourd’hui. Quelque 40 % pensaient dans les années 1960 que des propos comme « sale juif » méritaient une sanction judiciaire, on est à 86 % aujourd’hui. Et une proportion croissante, aujourd’hui de l’ordre des trois quarts, estime qu’une lutte vigoureuse contre l’antisémitisme est nécessaire.
En revanche, on note la persistance de stéréotypes dangereux, qui assimilent les juifs à l’argent et au pouvoir, et qui fluctuent au gré de l’actualité française, pas du Proche-Orient. Le sentiment que « les juifs ont trop de pouvoir » qui concerne aujourd'hui moins de 20 % de la population, dépasse les 33 % dans les années 1999-2000 lors du débat sur la réparation des spoliations subies par les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il atteint 37 % en 2014, après l’interdiction des spectacles de Dieudonné puis des manifestations pro-palestiniennes. Le sentiment que les juifs ont de l’argent est, lui, un stéréotype qui tue, à l’origine de l’enlèvement et de la mort d’Ilan Halimi en 2006.
Marche blanche en hommage à Mireille Knoll, le 28 mars 2018. © LF Marche blanche en hommage à Mireille Knoll, le 28 mars 2018. © LF
À quoi avez-vous pensé en entendant les propos tenus contre Alain Finkielkraut samedi en marge du mouvement des gilets jaunes, qui semblent puiser à divers antisémitismes ? Pour rappel, on entend notamment : « Sale sioniste de merde, barre-toi ! », « Retourne dans ton pays ! », « Sale race », « La France, elle est à nous » et « Nous sommes le peuple ».
Cette vidéo est terrible, c’est l’antisémitisme dans ce qu’il y a de pire. On y retrouve le discours nationaliste classique de l’extrême droite – « Nous sommes chez nous » – mais aussi le « nouvel antisémitisme », celui qui associe les juifs aux sionistes et à Israël. Dans une grande confusion, car on peut être sioniste, et critiquer la politique d’Israël ! En une semaine, on a assisté à la conjonction d’actes antisémites à forte portée symbolique mêlant antisionisme – l’agression verbale d’Alain Finkielkraut – et antisémitisme traditionnel : couper les deux arbres plantés en mémoire d’Ilan Halimi, écrire « Juden » en allemand sur une boutique qui porte un nom de consonance juive, inscrire des croix gammées sur les portraits au pochoir de Simone Veil décorant des boîtes aux lettres.
Comment y répondre ?
Dans un moment antisémite comme celui-ci, l’important est de faire front commun et d’être solidaire. C’est dommage qu’il y ait deux manifestations [l’une à République, l’autre à Ménilmontant – ndlr] au lieu d’une seule contre l’antisémitisme, ce 19 février. Comme il est dommage que lors de la marche blanche organisée après l’assassinat de Mireille Knoll, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon aient été sortis du cortège. Le fils de Mireille Knoll avait eu les mots pour le dire : « Le Crif fait de la politique, moi j'ouvre mon cœur à tout le monde. »
Sinon, il faut éviter le piège de l’indignation morale. Plutôt que commémorer, il faut faire revivre l’histoire de l’antisémitisme chez nous, montrer concrètement comment on en est arrivé à Drancy, au Vél d’Hiv, au Struthof…, faire comprendre au-delà des chiffres que les victimes étaient des hommes, des femmes, des enfants, dont la vie a été brisée. L’humour est aussi un outil efficace, pour mettre en lumière l’absurdité des stéréotypes sur l’Autre.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."