par fernando » 13 Sep 2016, 17:31
Barroso déplore des mesures « discriminatoires » de l’UE après son embauche par Goldman Sachs
L’ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à qui son successeur Jean-Claude Juncker a demandé des « clarifications » sur son embauche par la banque américaine Goldman Sachs, a déploré, mardi 13 septembre, des mesures « discriminatoires » à son égard.
« Ces actions sont non seulement discriminatoires mais elles apparaissent en plus comme incompatibles avec des décisions prises concernant d’autres anciens membres de la Commission », a-t-il écrit dans une lettre adressée à l’actuel président de la Commission, que s’est procurée l’AFP.
« Vous avez d’abord suggéré que je serai reçu à la Commission avec un statut autre qu’ancien président, et qu’ensuite, si nécessaire, vous demanderez l’avis du comité ethique ad hoc sur ce sujet », observe-t-il. « Je n’ai jamais demandé une position privilégiée mais je ne voudrais pas être discriminé », argue-t-il, tout en indiquant n’avoir pas d’objection de principe à la saisine du comité d’éthique.
Il se dit en revanche inquiet qu’une « décision à propos de son statut ait déjà été prise », avant même cette saisine : « Si c’est le cas, je voudrais comprendre comment cette décision a été prise, par qui et sur quels fondements ». M. Barroso évoque aussi plus largement toutes les critiques et les interrogations sur son intégrité. Il les juge « sans fondements et complètement imméritées ». « Elles sont discriminatoires à mon égard et contre Goldman Sachs », se défend-il.
« Clarifications »
Dans un courrier rendu public lundi, M. Juncker, longtemps sur la réserve dans ce dossier, explique que la Commission a demandé à M. Barroso de « fournir des clarifications sur ses nouvelles responsabilités et les termes de son contrat de travail ». La réponse, poursuit M. Juncker, sera soumise à l’avis, non contraignant, du comité d’éthique ad hoc, chargé d’éclairer la Commission sur les projets de reconversion professionnelle des anciens commissaires européens et leur conformité ou non aux règles internes de bonne conduite.
Mardi, le président François Hollande a souligné qu’il soutenait « entièrement » l’initiative de M. Juncker. « Quand on sait que c’est Goldman Sachs qui a été l’une des causes des difficultés que nous avons pu rencontrer » avec la crise financière de 2008, « ça a pu justifier une procédure, celle que M. Juncker vient d’engager », a relevé François Hollande.
Celui-ci a rappelé qu’il avait déjà « exprimé non seulement [son] étonnement par rapport aux choix professionnels de M. Barroso mais également [son] exigence que les règles éthiques puissent être respectées et que tout conflit d’intérêt puisse être écarté » lorsque l’embauche de M. Barroso par la banque américaine avait été rendue publique.
M. Barroso, ancien premier ministre conservateur portugais, qui a présidé la Commission de 2004 à 2014, a été chargé au début de l’été par la banque Goldman Sachs de la conseiller sur les questions liées au Brexit. Cette nomination a été accueillie par de vives protestations, notamment au Portugal et en France, où le président François Hollande l’a qualifiée de « moralement inacceptable ».
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