par basmainforme » 08 Sep 2014, 15:27
bandes d'enculés
e premier message me parvient le mercredi matin. Une amie journaliste m’alerte :
« Closer sortirait vendredi en une des photos de François et de Gayet. » Je réponds
laconiquement, à peine contrariée. Cette rumeur m’empoisonne la vie depuis des mois.
Elle va, vient, revient et je n’arrive pas à y croire. Je transfère ce message à François, sans
commentaire. Il me répond aussitôt :
– Qui te dit ça ?
– Ce n’est pas la question, mais de savoir si tu as quelque chose à te reprocher ou non.
– Non, rien.
Me voilà rassurée.
Au fil de la journée, la rumeur continue cependant d’enfler. François et moi parlons l’aprèsmidi
et dînons ensemble sans aborder le sujet. Cette rumeur a déjà été l’objet de disputes
entre nous, inutile d’en rajouter. Le lendemain matin, je reçois un nouveau texto d’un autre ami
journaliste : « Salut Val. La rumeur Gayet repart, elle serait en une de Closer demain, mais tu
dois déjà être au courant. » Je transfère à nouveau le message à François. Cette fois-ci, pas
de réponse. Il est en déplacement près de Paris, à Creil, auprès des armées.
Je demande à un de mes vieux copains journaliste, qui a gardé des contacts au sein de la
presse people, de sortir ses antennes. Les coups de fil en provenance des rédactions se
multiplient à l’Élysée. Tous les conseillers en communication de la Présidence sont pressés de
questions par les journalistes sur cette couverture hypothétique.
La matinée se passe en échanges avec des proches. Il est prévu que je rejoigne l’équipe de
la crèche de l’Élysée autour d’un repas, préparé par le cuisinier des petits. Nous avons initié ce
rituel l’année passée. Une douzaine de femmes s’occupent des enfants du personnel et des
conseillers de la Présidence. Un mois plus tôt, nous avons fêté Noël ensemble, avec les
parents de la crèche. François et moi avons distribué les cadeaux, lui était parti vite, comme à
chaque fois, j’étais restée un long moment à discuter avec les uns et les autres. Heureuse dans
ce havre de paix.
Ce déjeuner me réjouit, mais je me sens déjà oppressée, comme à l’approche d’un danger.
La directrice de la crèche nous attend à la porte, de l’autre côté de la rue de l’Élysée. Patrice
Biancone, un ancien confrère de RFI devenu mon fidèle chef de cabinet, m’accompagne. En
arrivant, je retire de ma poche mes deux téléphones portables : l’un pour le travail et la vie
publique ; l’autre pour François, mes enfants, ma famille et mes amis proches. La table a été
dressée comme pour un jour de fête, les visages sont joyeux. Je masque mon malaise et glisse
mon téléphone privé près de mon assiette. « Fred », le cuisinier, nous apporte ses plats, tandis
que les assistantes maternelles alternent autour de la table, afin de se relayer auprès des
petits.
En 2015, la crèche de l’Élysée va fêter ses trente ans. Elle a accueilli près de six cents
enfants, notamment ceux du Président lorsqu’il était conseiller à l’Élysée. Pour célébrer cet
événement, j’ai le projet de réunir les anciens bébés devenus grands. Journaliste à Paris-Match
depuis vingt-quatre ans, j’imagine sans peine la jolie photo que peut donner ce rassemblement
dans la cour de l’Élysée. Nous voulons baptiser la crèche du nom de Danielle Mitterrand, qui l’a
créée en octobre 1985. Désormais ambassadrice de la fondation France Libertés, je prends en
charge cet anniversaire. Je promets de faire une note rapidement à Sylvie Hubac, la directrice
de cabinet de François Hollande, pour valider le projet et obtenir un budget.
Le téléphone vibre. Mon ami journaliste est allé « à la pêche aux infos » et me confirme la
sortie de Closer avec en une la photo de François, en bas de chez Julie Gayet