par fernando » 13 Jan 2014, 12:59
Thauvin 2013, un bras de fer pour un Ballon de plomb
Le vainqueur de cette année remporte avec une avance record un trophée que ses agents, mais aussi les dirigeants marseillais et lillois, doivent porter avec lui.
L'avantage d'un tel vainqueur, c'est qu'il permet de tordre le cou à l'idée que le Ballon de Plomb serait l'élection du "plus mauvais footballeur de Ligue 1". Avec Florian Thauvin, le malentendu est levé: quelle que soit la suite de sa carrière, il y a fort peu de chances que le plus jeune vainqueur de l'histoire du BdP (il va avoir vingt-et-un an dans quelques jours) devienne ce mauvais footballeur. En ce sens, le Marseillais s'inscrit plutôt, au palmarès, aux côtés de Fabrice Fiorèse (2004) et Benoît Pedretti (2005), eux aussi sanctionnés pour l'opportunisme de leurs choix de carrière. Mais cette fois, Thauvin a planté un nouveau jalon dans l'histoire du mercenariat des footballeurs en voulant rompre un contrat avant même d'avoir commencé à l'honorer. C'était trop, c'était plus que suffisant pour l'emporter avec une avance considérable, et un pied nickelé du mercato comme Florian Marange, son dauphin, n'y pouvait rien.
Qu'on ne vienne pas dire que Thauvin l'a emporté sur sa notoriété: Issam Jemaa avait battu Yann M'vila, Moussa Maazou avait devancé André-Pierre Gignac, Yohann Demont n'avait fait qu'une bouchée d'Hatem Ben Arfa. Qu'on ne vienne pas non plus mettre ce titre sur le compte de la seule mobilisation lilloise: l'écart est trop conséquent, et il a été acquis dès les premières minutes du scrutin.
Plus vraisemblablement, cette victoire exprime l'exaspération très générale contre l'opportunisme des joueurs, opportunisme qu'on ne doit cependant pas leur imputer exclusivement. La comédie jouée par les dirigeants des clubs concernés est tout aussi édifiante, dans cette affaire: entre le manque de scrupules des uns (qui ne manqueront pas, en cas d'inversion des rôles, de geindre sur l'indignité des joueurs) et l'hypocrisie des autres (qui en ont profité pour réaliser une excellente opération financière), c'est le procès d'un football cynique qui est fait, un football insultant pour les supporters des deux camps et de tous les autres.
Le Ballon de Plomb, que beaucoup prennent plus au sérieux que nous-mêmes, n'a évidemment pas la vocation de rappeler les acteurs du football professionnel à un peu de raison. On se demande cependant quel message parviendrait à leur faire comprendre que le spectacle écœurant qu'ils donnent parfois finira bientôt par dégoûter ceux qui, au départ, aimaient le plus ce sport.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."