Ecologix Krew: un monde sans Bhauvin est possible

Messagepar manulosc » 30 Nov 2015, 08:32

la cop 21 demarre
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Messagepar gblosc » 30 Nov 2015, 09:12

C'est la coupe du monde de rugby à 21 ?
Je croyais qu'elle venait de se finir il y a 1 mois ...
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Messagepar manulosc » 01 Déc 2015, 14:29

je pense pas avoir parler de rugby
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Messagepar SAV » 03 Déc 2015, 19:10

Hey krouw

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Brigitte Macron 2027.
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Messagepar krouw2 » 03 Déc 2015, 19:24

pas là , biz à Patrick
Hollande 2027
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Messagepar manulosc » 03 Déc 2015, 20:37

c est Patrick qui c est le repas c est ca
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Messagepar pepito_banzaï » 03 Déc 2015, 21:07

Panacotta à la creme de soja ?
La vie est une pute qui te veut pas que du bien.
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Messagepar fernando » 09 Déc 2015, 12:32

Comment Greenpeace a piégé des scientifiques en marge de la COP21

LE MONDE | 09.12.2015 à 10h30 | Par Stéphane Foucart

A la conférence de Paris sur le climat (COP21), les adversaires de la science climatique sont sur la sellette. Mardi 8 décembre, l’organisation Greenpeace a dévoilé une série de correspondances montrant comment des industriels des combustibles fossiles peuvent s’offrir, en toute discrétion, les services de plusieurs universitaires pour fragiliser les négociations climatiques. « Nous avons voulu savoir si, en amont de la conférence de Paris sur le climat, certains chercheurs du monde académique accepteraient d’être rémunérés pour rédiger et signer des rapports susceptibles de servir les intérêts d’industriels des fossiles, explique Ben Stewart, directeur des médias à Greenpeace Royaume-Uni. Et ce, en acceptant de cacher leur financement. »

Dans un courriel adressé, début novembre, au physicien William Happer, professeur émérite à l’université de Princeton (New Jersey), un militant de l’ONG se fait passer pour un consultant en relations publiques basé à Beyrouth (Liban). « Notre client est une compagnie pétrolière du Proche-Orient, inquiète de l’impact de la conférence climatique des Nations unies qui doit se tenir ce mois-ci, écrit-il. (…) Nous pensons que, vu votre travail important sur le sujet et votre poste à Princeton, un très court article écrit ou endossé par vous pourrait œuvrer fortement en faveur de notre client. »

Maintenir le financement secret

Le faux consultant demande au physicien, jadis un des hauts responsables de la recherche au sein du ministère américain de l’énergie, d’écrire un article sur les bénéfices du pétrole et du gaz. Le scientifique accepte et précise que ses honoraires se montent à 250 dollars l’heure. Il souhaite toutefois que les sommes soient versées au CO2 Coalition, un think tank climatosceptique qui le défraie, mais ne lui règle pas de salaire.

Cependant, pour garantir la crédibilité de l’article demandé, le (faux) commanditaire demande au physicien s’il est possible de maintenir le financement secret. « Si j’écris l’article seul, je ne pense pas qu’il y ait le moindre problème à indiquer : “L’auteur n’a reçu aucune compensation financière pour ce texte” », répond M. Happer.

Ce n’est pas tout. Au fil de sa correspondance avec le faux consultant, M. Happer révèle, en passant, que le charbonnier américain Peabody a déjà payé pour l’une de ses auditions devant une instance réglementaire du Minnesota. Ce qui n’avait jamais été révélé jusqu’à présent. Contacté par Le Monde, M. Happer n’a pas commenté, ni démenti, la teneur de ses échanges avec Greenpeace.

275 dollars l’heure

Le sociologue Frank Clemente, professeur émérite à la Penn State University (Pennsylvanie), est également tombé dans le piège. Lui aussi accepte la transaction et de cacher ses sources de financement. Le faux consultant dit cette fois travailler pour un charbonnier asiatique cherchant à faire produire, par un universitaire prestigieux, un rapport « pour contrer les études liant le charbon à une mortalité prématurée, en particulier le chiffre de l’Organisation mondiale de la santé selon lequel 3,7 millions de personnes meurent chaque année de la pollution due à la combustion des fossiles ».

M. Clemente accepte d’écrire, sous son titre de professeur à la Penn State University, pour détailler les bénéfices du charbon sur les économies, en particulier dans les pays en développement.

Ses honoraires ? En général 275 dollars l’heure, 15 000 dollars pour un article de 8 à 10 pages et 6 000 dollars pour une tribune publiée dans la presse. Pour montrer l’efficacité de son travail, le professeur cite l’une de ses tribunes en défense du charbon, publiée en mars par une cinquantaine de titres de la presse américaine. Il joint aussi à son message son témoignage d’expert devant une instance réglementaire du Tennessee devant statuer sur la fermeture d’une centrale à charbon… « Dans aucune de ces situations le sponsor n’a été identifié, écrit-il. Je publie tous mes travaux comme “scientifique indépendant”. »

Les prix peuvent grimper. « Le rapport “La valeur mondiale du charbon” a été plus extensif et a coûté 50 000 dollars pour huit semaines de travail », ajoute M. Clemente dans un de ses messages. Le rapport en question mentionnait bien le soutien financier du charbonnier Peabody, mais pas son montant. Sollicité par Le Monde, le sociologue assure qu’il n’était plus rémunéré par son université lorsqu’il a conduit ces différents travaux de consultance et qu’il ne renie rien de ce qu’il a écrit. « C’est la liberté académique », explique-t-il. Quant au rapport sur la valeur mondiale du charbon, M. Clemente rappelle qu’il a été publié en 2012 par l’Agence internationale de l’énergie et que « de nombreuses personnes y ont contribué par leurs idées ». M. Clemente confie être « très fier » de ce rapport qui, « à [s] a connaissance, ne contient aucune erreur ».
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Messagepar fernando » 15 Déc 2015, 13:32

Climat: un accord historique est signé à la COP21, mais…

12 décembre 2015 | Par Jade Lindgaard


Les 195 États réunis au Bourget pour la COP21 adoptent un accord historique pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais son manque d’ambition en affaiblit la portée et ne permet pas d’empêcher le réchauffement de la planète.

En 1992, pour lutter contre le problème naissant du changement du climat, le monde s’est doté d’un texte idéaliste célébrant les valeurs d’équité, de solidarité intergénérationnelle et d’entraide entre riches et pauvres : la convention des Nations unies3 qui fonde les négociations sur le réchauffement de la planète.

En 2015, pour réagir face à un système climatique en plein dérèglement, les États adoptent un accord technique, de faible ambition, peu contraignant et insuffisant pour que s’effondrent les gaz à effet de serre en temps voulu pour endiguer la hausse dangereuse des températures.


L’accord de Paris, signé par 195 nations3, samedi 12 décembre au Bourget, est historique : pour la première fois, tous les États s’engagent à diminuer leurs émissions de CO2, et plus seulement les pays développés. C’est, en ce sens, le premier accord universel pour le climat. Un nouveau régime juridique se met en place : à partir de 2020, les pays devront se réunir tous les cinq ans pour faire le bilan de la baisse de leurs gaz à effet de serre et se fixer de nouveaux objectifs, de plus en plus ambitieux au fil du temps.


Ce bilan est obligatoire, fondé sur la science et soumis à des critères de transparence et de vérification. Les engagements de baisse de CO2 devront se traduire dans les politiques nationales. Les économies développées s’engagent aussi à aider financièrement les pays pauvres, en grande partie par des subsides publics, et à augmenter ces flux au fil des ans.

Autre symbole marquant : le monde se fixe pour horizon de contenir le réchauffement de la température moyenne « bien en dessous de 2 ° » par rapport à son niveau pré-industriel, et accepte de « poursuivre ses efforts » pour la limiter à 1,5 °C. Cet engagement est purement théorique : compte tenu de tous les gaz à effet de serre émis depuis la révolution industrielle et de tous ceux que les États ont prévu de rejeter d’ici 2020 et 2030, la température pourrait se réchauffer de près de 3 °C.

Mais il reconnaît un impératif moral : celui de se soucier du sort des îles et des plus vulnérables au changement climatique, menacés de disparition par la montée des eaux ou la désertification. Les États insulaires (îles Marshall, Barbade…), les Philippines et le groupe Afrique se sont beaucoup battus pour que ce chiffre symbolique figure dans l’accord, et gagner ainsi l’attention, ne serait-ce que furtive et formelle, des autres humains.

« Dans ce texte, beaucoup de choses ont été diluées et polluées par ceux qui détruisent notre planète, mais il contient un nouvel impératif : limiter la hausse de la température à 1,5 degré, a déclaré Kumi Naidoo, directeur exécutif de Greenpeace international. Ce simple chiffre, avec le nouvel objectif de zéro émission nette d’ici la deuxième moitié du siècle, va causer la consternation dans les conseils d’administration des entreprises de charbon et dans les palais des États pétroliers. » Pour Giza Gaspar Martins, président du groupe des pays les moins avancés (PMA) : « Le problème n’est pas ce que nous pouvons faire, mais ce qu’il faut faire. Même à +1,5 degré, le consensus scientifique nous dit que beaucoup d’entre nous ne seront pas saufs. »


A la COP21, le premier jour du sommet (à-vif(s))A la COP21, le premier jour du sommet (à-vif(s)).


Tout le drame de l’accord de Paris s’exprime dans ce paradoxe : on sait qu’il faut agir, la vie et les conditions d’existence de centaines de millions de personnes sont en jeu, et, pourtant, le texte endossé à Paris, à lui seul, n’y changera pas grand-chose. À force de concessions aux intérêts privés, à cause de la concurrence économique entre les États, des inégalités de richesses entre Nord et Sud, et du discrédit de la régulation dans bien des pays, la COP21 a débouché sur un texte insuffisant. Il défend de grands principes mais ne se dote pas d’outils opérationnels, reconnaît des obligations formelles mais sans grand contenu.

Concrètement, l’accord s’accompagne d’une « décision » qui en détaille de nombreux points de mise en œuvre, mais sans force juridique. Il s’organise en 29 articles, isolant les principaux points de la négociation climatique de ces dernières années : l’atténuation (la baisse des gaz à effets de serre), l’adaptation, les finances, les transferts de technologies… Il reconnaît l’importance des pertes et dommages, c’est-à-dire les impacts irréversibles de la crise climatique sur les pays les plus vulnérables. Mais sans leur offrir de droits aux compensations financières ni de protection juridique particulière, refusées par les États-Unis notamment.


« L'uberisation de l'ONU »

Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, président de la COP21, a beau parler d’un accord « ambitieux et équilibré » et François Hollande proclamer qu’« il est rare d’avoir dans une vie l’occasion de changer le monde », l’accord de Paris ne crée pas d’outils concrets de baisse des gaz à effet de serre. Ses signataires s’engagent à plafonner leurs émissions « dès que possible », sans date butoir, et sans objectifs quantitatifs. C’est pourtant loin d’être un détail : pour contenir le réchauffement à +1,5 °C, il faudrait baisser les gaz à effet de serre de 70 à 95 % d’ici 2050. Cela nécessiterait un changement radical dans nos transports, nos logements, notre commerce. Autant de perspectives inenvisageables pour la plupart des gouvernements signataires.

Par ailleurs, le cycle de révision des émissions polluantes commence trop tard : le premier bilan doit être réalisé en 2023. Le renforcement des objectifs et leur application n’interviendraient que plusieurs années plus tard. Or, selon les chercheurs du GIEC, les dix – et même les cinq – prochaines années sont cruciales pour limiter le dérèglement du climat. Beaucoup de scientifiques considèrent que la course contre la montre des 2 ° est perdue d'avance. La décision de la COP qui accompagne l’accord fixe un premier rendez-vous d’évaluation en 2018, mais sans force de contrainte. Quelques minutes après l'accord, François Hollande s'est engagé au nom de la France à réviser au plus tard en 2020 ses émissions, ses contributions financières pour les pays les plus vulnérables et à inviter d'autres États à s'allier à Paris pour créer un prix du carbone.

Lidy Nacpil, coordinatrice du Mouvement des peuples asiatiques sur la dette et le développement, dénonce un autre travers : la possibilité pour les États riches de réduire leurs émissions en dehors de leur territoire national, notamment dans les pays en développement. « Ils doivent réduire leurs propres émissions. Et ce doit être une obligation ! » proteste-t-elle. Autre exemple, l’article sur les émissions nettes à atteindre d’ici la seconde moitié du siècle permet la captation et le stockage du CO2, une technologie qui risque de retarder le pic à la baisse des émissions.


L’évolution du projet d’accord pendant la COP porte la marque du lobbying intense qui s’est déployé. Dans sa première version, un article voulait interdire que les droits de la propriété intellectuelle n’empêchent le partage de technologies favorables au climat dans les pays du Sud. Il a ensuite disparu.

Autre exemple, les émissions des transports maritimes et aériens devaient être incluses dans les objectifs de réduction de l’accord – alors qu’elles représentent près de 10 % des émissions mondiales. Ce passage a été effacé dans les versions ultérieures. À l’inverse, la « promotion de la croissance économique » est apparue dans le texte en cours de négociation, et y figure toujours.

L’accord de Paris entérine une rupture sans doute irréversible avec le protocole de Kyoto : il n’est pas juridiquement contraignant dans sa globalité et se met en œuvre par des objectifs de réduction d’émissions que chaque pays fixe librement. Cette absence de contrainte affaiblit le cadre régulateur qu’il crée.

Pour l’économiste Nicholas Stern, auteur du rapport qui fut en 2006 le premier à chiffrer les coûts faramineux de l’inaction pour le climat, « l’obligation est toujours là, mais elle fonctionne d’une autre manière. Regardez ce qui s’est passé depuis un an : plus de 180 pays ont déposé des objectifs de baisse d’émissions alors que rien ne les y obligeait juridiquement ».

« Il faut trouver un système d’obligation un peu différencié, avec le même niveau d’exigence pour les passages en revue des objectifs de gaz à effet de serre », analyse un négociateur. Plutôt que des contraintes juridiques jamais appliquées sous le protocole de Kyoto, les sanctions pourraient être « réputationnelles », à l’exemple de la liste noire des paradis fiscaux dressée par l’OCDE, ou encore des enquêtes de la Cour des comptes sur les dérives budgétaires des collectivités locales.

Mais pour l’économiste Maxime Combes, de l'organisation Attac : « Les accords réellement contraignants sont ceux sur le commerce et les investissements. Il y a une dichotomie entre les contraintes juridiques dans les accords commerciaux et l’absence de contrainte sur le climat. » Pour le député européen Yannick Jadot (EELV), « c’est une vision très libérale de la collaboration entre gouvernements et acteurs non gouvernementaux, très souple, très horizontale. C’est un peu “l’uberisation” de l’ONU ».

Jusqu’au bout, la présidence française de la COP21 a œuvré pour obtenir un accord à temps. Les dernières heures du sommet en offrent la démonstration. Alors que Laurent Fabius et son équipe prennent place à la tribune de la plénière finale pour adopter l’accord, l’information commence à se répandre que les États-Unis s’opposent à un mot du document : « shall », le verbe de l’obligation, dans une phrase sur la diminution des émissions de CO2. Les minutes, les dizaines de minutes, une heure passe. L’Union européenne s’inquiète. Moment de flottement au Bourget. Et puis, la présidence reprend sa place en tribune. Laurent Fabius annonce une série de corrections de nature strictement matérielles : une répétition doit disparaître, un adverbe est corrigé, une phrase réordonnée. Et un « shall » doit devenir un « should », moins impératif.

Personne ne réagit dans la salle.

Le ministre des affaires étrangères frappe le marteau. L’accord est adopté. Les délégués internationaux applaudissent. L’air de rien, les États-Unis ont obtenu une ultime satisfaction.
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Messagepar Der » 15 Déc 2015, 14:18

TL.DR.L
On se fait des bisous et on s'encule.
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Messagepar fernando » 15 Déc 2015, 15:11

La suite Der, puisque tu trépignes d'impatience (m'en fous y'a au moins krouw² qui va lire)


COP21: les gagnants, les perdants

13 décembre 2015 | Par Jade Lindgaard


L’accord de Paris sur le climat ne crée pas seulement un nouveau régime juridique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre : il produit aussi une nouvelle cartographie d’acteurs, d’alliances et de rapports de force.


Dimanche 13 décembre au matin, quelques heures après l’adoption de l’accord de Paris, un homme tweete son désarroi : « Quelqu’un peut-il me dire ce qu’il y a de si nouveau et de si follement révolutionnaire dans la COP21 et l’accord de Paris ? Je suis tout ouïe. »

Ce commentateur chagrin, c’est Yeb Saño, l’ancien négociateur en chef des Philippines. En 2013, lors de la COP19, il avait prononcé l’un des discours les plus marquants des sommets du climat. Alors que l’ouragan Haiyan dévastait son pays, tuant plusieurs milliers de personnes, il avait supplié, en pleurs, les États de se mettre d’accord pour agir contre le dérèglement climatique. Il se mit en grève de la faim pendant tout le reste de la conférence. Quelques mois plus tard, il fut débarqué de sa délégation par le gouvernement philippin. Il milite aujourd’hui avec la société civile.


L’accord sur le climat adopté au Bourget samedi 12 décembre suscite des réactions enthousiastes, et même passionnées. « Aujourd’hui la race humaine s’est réunie autour d’une cause commune », a déclaré Kumi Naidoo pour Greenpeace International ; « c’est un tournant pour l’humanité », selon Michael Brune, le directeur du Sierra Club, une des principales ONG environnementalistes américaines. Les associations et mouvements de justice climatique (Amis de la Terre, Attac…) sont beaucoup plus critiques. On observe depuis samedi soir une diversité de réactions à l’issue de la COP21. Elles reflètent des divergences idéologiques mais aussi les bouleversements en cours dans les rapports de force entre États et groupes de pays.


Les pays vulnérables

Le dérèglement climatique augmente le nombre de désastres climatiques : ouragans, inondations, sécheresses… La prise de conscience de cette menace a donné naissance à une nouvelle notion géopolitique : la vulnérabilité, qui inclut des critères géographiques (pays insulaires, dotés d’importantes bandes côtières, de territoires sous le niveau de la mer, désertiques…) et économiques (plus on est pauvre, moins on a les moyens de se protéger des catastrophes climatiques). Au sein de la négociation onusienne sur le climat, les pays vulnérables bataillent depuis des années pour la reconnaissance du +1,5 ° comme seuil maximal de température.

C’était jusqu’ici une demande ignorée par l’ONU, qui, depuis le sommet de Copenhague en 2009, a choisi de ne pas dépasser 2 °. La distinction entre ces deux chiffres n’a rien d’anecdotique. Pour limiter le réchauffement à 1,5 °, il faudrait réduire les gaz à effet de serre de 70 à 90 % d’ici 2050. C’est considérable. C’est la raison pour laquelle de nombreux pays (Arabie saoudite et Inde notamment) s’y opposaient.

Mais la France et l’Union européenne s’y sont ralliées : c’était une façon de gagner le soutien des pays vulnérables à l’accord en cours, mais aussi de fragiliser l’unité du bloc du sud, le G77+la Chine (voir ci-dessous). L’article 2, paragraphe a) de l’accord de Paris (« en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 ° ») constitue une victoire pour les pays vulnérables. Idem pour son article 8 sur les « pertes et préjudices » (« loss and damage » en anglais) : c’est la première fois qu’un traité international reconnaît l’importance de ce sujet qui a émergé lors de la COP19 à Varsovie : comment assurer, indemniser et aider les nations victimes de dommages irréversibles.

Le problème, c’est que cette victoire est purement théorique : rien dans l’accord ne fournit d’outils opérationnels pour y parvenir. D’où la colère de Yeb Saño : « Le mécanisme des pertes et dommages POURRAIT être amélioré et renforcé. C’est si bien que ça ? Dites-le aux îles. » Et aussi : « Il y a beaucoup d’inexactitudes. “Poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °”, c’est comme une résolution de la nouvelle année. Pas de contrainte. » Les négociations climatiques restent prisonnières du « schisme de réalité » analysé par Stefan Aykut et Amy Dahan : sans lien avec la réalité physique, économique et politique du monde.


Les grands émergents

La grande bataille de la COP21 a été celle de la différenciation entre le Nord et le Sud. En 1992, la convention sur le réchauffement climatique divise le monde en deux : les pays « développés », qui sont à la fois les plus riches et les responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, et les pays en développement, qui doivent être aidés pour croître en émettant moins de CO2 et s’adapter à la crise climatique.

Mais cette distinction ne tient plus car le monde a changé : la Chine est le premier émetteur de dioxyde de carbone, devant les États-Unis. Pour autant, personne ne veut contester le droit au développement et à la sortie de la pauvreté des 300 millions d’Indiens sans accès à l’électricité. C’est la raison pour laquelle, à Lima, en 2014, les États ont adopté un nouveau système de régulation : chacun décide de son propre objectif de réduction des gaz à effet de serre (les « INDC » : les objectifs de contributions nationales). Par définition, elles varient en fonction de la richesse et du modèle économique des pays. L’Éthiopie propose de baisser son CO2 beaucoup moins que l’Union européenne, mais à son échelle, c’est déjà beaucoup. Cette différenciation est au cœur du succès de la COP21 : plus de 180 États ont accepté d’y participer. C’est la raison pour laquelle l’accord de Paris est universel.

C’est aussi pourquoi les grands émergents, réunis dans le groupe des « Basics » (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud), avaient beaucoup à perdre dans ce nouveau système : ils se retrouvent eux aussi à devoir baisser leur CO2. C’est un mouvement qu’ils ont pourtant choisi de suivre : à cause de la pollution de l’air qui étoffe leurs grandes villes, parce que les énergies renouvelables sont un secteur économique en plein boom, parce qu’ils sont directement menacés par le dérèglement du climat.

Mais ces évolutions bousculent la géopolitique climatique. Le G77+la Chine, qui représente 85 % des habitants de la planète, est réticent à ce mouvement de différenciation qui lui fait perdre en influence. En réalité, il affiche une unité de façade. Dans ses rangs, on retrouve les îles du Pacifique menacées par la montée des flots et l’Arabie saoudite, opposée à toute réduction contraignante de ses émissions de CO2. Les grandes puissances que sont la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud font passer leurs intérêts de court terme (continuer à se doter de centrales à charbon ou à déforester) avant les besoins des vulnérables.

Plusieurs fronts diplomatiques se sont ouverts à plusieurs reprises ces derniers mois au sein de ce Sud hétéroclite : la déclaration sino-américaine de l’automne 2014, l’Alliance solaire entre la France et l’Inde, la création d’une coalition de haute ambition entre l’Union européenne et plusieurs pays d’Afrique, des Caraïbes, du Pacifique… Cette fracturation du bloc du Sud porte en elle les germes d’un affaiblissement de l’obligation morale des pays riches à acquitter leur dette climatique. Mais elle peut aussi servir les intérêts des nations vulnérables : « Après 2020, les financements pour le climat ne pourront pas venir uniquement des pays développés, c’est un sujet essentiel : il faut plus d’argent donc plus de donateurs », explique Monica Araya, experte auprès du forum des pays vulnérables.

Dans ce contexte, la Chine a œuvré jusqu’à la dernière minute pour sauvegarder ses intérêts. Elle a fait retirer de l’accord une phrase sur la coopération financière Sud-Sud – alors qu’elle a annoncé vouloir verser 3,1 milliards de dollars pour aider les pays pauvres face à la crise climatique. Samedi 12 décembre, elle a attendu la toute fin de journée pour faire connaître son soutien à l’accord, qu’elle n’aurait jamais signé sans les États-Unis. Assez silencieuse lors des plénières pendant les 15 jours de la COP21, elle a tenu une position critique dure, parfois de blocage, dans la négociation sur les financements, rapporte un négociateur. L’un de ses représentants s’en est pris un soir au GIEC, accusé de défendre les intérêts américains.


Les pays les plus pauvres

C’est l’une des surprises de cette COP : les pays les plus pauvres, et notamment africains, s’y sont peu fait entendre. Quelques conférences de presse, mais peu d’interpellations critiques en réunions plénières. Aucune offensive stratégique pour obtenir des garanties et des moyens de financements avant 2020, à la surprise de la présidence française. Pas de protestation quand l’article sur la finance à long terme a été vidé de ses parties les plus ambitieuses (cibles de financement pour l’adaptation, étapes intermédiaires…). Le G77+la Chine n’a pas porté ce sujet et n’en a pas fait un point de clivage avec le Nord. L’article exigeant 50 % de financement à part égal entre atténuation (la baisse des émissions) et adaptation, demandé depuis longtemps par les pays les moins développés, a été retiré de la table de négociation sous la pression de la Chine, de l’Inde et du Brésil. « Pour influencer les négociations, il faut être prêt à dire non, analyse un observateur. Les pays pauvres et vulnérables veulent des financements, cela les incite à dire oui. »



Leur docilité a été nourrie par les nombreuses annonces d’investissements et d’aides à court terme au début de la COP21 : Paris promet un milliard d'euros pour l’adaptation et deux milliards d’ici à 2020 pour les énergies vertes en Afrique. Le coup était bien joué : avant même le début de la négociation, de nombreux chefs d’État et de gouvernements de pays pauvres avaient déjà obtenu de quoi rentrer chez eux la tête haute. Cela n’a pas empêché l’oubli de l’Afrique dans le paragraphe sur les bénéficiaires de l’aide à l’adaptation.



Les États-Unis

Très discrets, prenant peu la parole lors des réunions plénières, ils sont pourtant l’une des principales forces d’influence derrière l’accord. Chaque article, chaque paragraphe a été soupesé pour correspondre à l’executive order de Barack Obama, son pouvoir de décider par décret, afin qu’il puisse signer le traité sans passer devant le Congrès, très influencé par les climato-sceptiques : pas de contraintes sur les objectifs de gaz à effet de serre, affadissement des obligations financières, retrait du montant de 100 milliards de dollars à acquitter par le Nord d’ici 2020... Cela a joué jusque dans les toutes dernières minutes de la négociation (voir notre récit). L’article sur les financements du climat, l’un des plus disputés, reprend les formulations de la déclaration sino-américaine de l’automne 2014. La veille de la conclusion de la COP21, le président américain a appelé les chefs d’État français, indien et brésilien. Le soir de l’acceptation de l’accord, il a déclaré : « Aucun accord n'est parfait, y compris celui-là. [...] Mais il établit le cadre durable, dont le monde a besoin pour résoudre la crise climatique. »


L’Europe

C’est la grande absente de la COP21. On l’a peu entendue, et elle a perdu plusieurs batailles, comme celle sur le maintien sous contrainte des émissions maritimes et de l’aviation. Mais elle a contribué à faire ôter de l’accord l’objectif de décarbonisation, ce qui affaiblit le traité. Divisée entre des modèles énergétiques contradictoires, incarnés par la Pologne (le tout charbon) et l’Allemagne (la transition énergétique), elle a semblé tétanisée. Son représentant au Bourget, le commissaire Miguel Arias Cañete, s’est replié sur son mandat, celui dessiné par les directives sur l’énergie et le climat.
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Messagepar pepito_banzaï » 15 Déc 2015, 15:12

Juste sur la fin, il semble que shall obligeait Obama à repasser le texte devant son congrès qui est en majorité républicain et climatosceptique, et qui aurait pu retoquer son application aux USA.
La vie est une pute qui te veut pas que du bien.
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Messagepar fernando » 15 Déc 2015, 15:13

Putains de débiles de républicains.
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Messagepar Der » 15 Déc 2015, 16:48

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Ca y est, ça fonctionne enfin bien le ferroutage, apparemment.
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Messagepar fernando » 15 Déc 2015, 17:33

Bel exemple de plate-forme multi-modale.
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Messagepar Dogue-son » 15 Déc 2015, 17:45

"l'Ubérisation de l'ONU"

C'est la nouvelle tarte à la crème à la mode.
Personne ne sait ce que ça veut dire, ni si ça existe vraiment, mais il faut en causer dans le moindre papier économique
I used to be a fan. Now I'm an air conditioner
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Messagepar fernando » 15 Déc 2015, 17:49

Je trouve également que ça ne veut rien dire.
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Messagepar fernando » 18 Jan 2016, 14:47

Etats-Unis: la ruée vers le gaz, jusqu’à la catastrophe

La catastrophe environnementale qui se déroule actuellement en Californie oblige les États-Unis à ouvrir les yeux sur les dégâts causés par l’exploitation massive de gaz naturel et le cadre juridique insuffisant qui l’entoure.

De notre correspondante à New York (États-Unis). - L’industrie du gaz n’avait jamais connu de catastrophe de cette ampleur aux États-Unis. Et ce type d’événement se reproduira si rien ne change, alertent les experts interrogés par Mediapart. Devant faire face à une fuite de méthane colossale sur l’un de ses sites de stockage de gaz, la Californie traverse en effet une crise écologique majeure, qui relance le débat sur la production de gaz naturel d’origine fossile, les règles qui l’entourent et les mécanismes de surveillance insuffisants de l’industrie.

Ce débat est essentiel puisque les États-Unis sont devenus, grâce à la technologie de la fracturation hydraulique (dite « fracking ») permettant l’extraction d’hydrocarbures de schiste, le premier producteur mondial de gaz naturel devant la Russie. Le pays en vient même à décupler ses capacités d’export : si du gaz américain est exporté de l’Alaska vers le Japon depuis des années, un premier cargo rempli de gaz naturel liquéfié quittera la Louisiane, au sud du pays, à la fin du mois de janvier. Il rejoindra l’Europe.

Sauf que tel qu’il est exploité actuellement, ce gaz naturel que Barack Obama aime présenter comme une « énergie fossile de transition », propre et efficace pour aider le pays à abandonner le charbon, pose de nombreux problèmes. Son exploitation pourrait en effet causer des dommages irrémédiables sur le sol américain, notamment à cause des fuites de méthane, principal composant du gaz naturel.

Ces fuites sont alarmantes puisque le méthane est un gaz à effet de serre au même titre que le dioxyde de carbone, et même beaucoup plus puissant que ce dernier. Selon l’estimation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), sur un siècle, son potentiel de réchauffement est trente-quatre fois supérieur à celui du CO2. Autrement dit, le méthane peut grandement contribuer au dérèglement climatique.

C’est précisément ce qui est en train de se passer en Californie. Selon les calculs de l’agence en charge de la qualité de l’air3 de l’État, à ce stade, la fuite de méthane en cours est si massive qu’elle provoquerait une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de la côte californienne de 25 %.

Tout a commencé le 23 octobre dernier quand une fuite de gaz est découverte dans la réserve souterraine d’Aliso Canyon, à une cinquantaine de kilomètres de Los Angeles et à proximité des habitations cossues de la banlieue de Porter Ranch. Cet ancien site pétrolier datant des années 1950 a été converti en centre de stockage de gaz dans les années 1970. La société SoCalGas y entrepose dans 115 puits du gaz naturel conventionnel, arrivant par pipelines du Texas et du Colorado avant d’être revendu en Californie.

Si la société ne sait toujours pas ce qui a causé cette fuite, elle l’a au moins identifiée, à quelque 1 000 mètres de profondeur. Sauf que la brèche s’avère complexe à colmater : SoCalGaz a déjà fait six tentatives, sans succès. Elle a donc décidé fin décembre de s’atteler à la construction d’un nouveau puits afin de détourner le flux de gaz posant problème, une opération longue qui pourrait être, selon elle, terminée d’ici mars.

En attendant, la catastrophe est écologique et sanitaire. Depuis octobre, des habitants à proximité du site se plaignent de nausées, de vomissements, de vertiges, probablement dus à leur exposition au méthane mais aussi à certains produits chimiques ajoutés au gaz naturel, également relâchés dans l’air. Des niveaux très élevés de benzène, une substance cancérigène, ont ainsi été détectés sur la zone. Obtenant gain de cause devant la justice, plus de 2 000 familles ont déjà été relogées par SoCalGas, d’autres sont toujours dans l’attente. Elles devraient recevoir l’aide de l’État de Californie qui, prenant enfin la mesure de l’accident, a déclaré l’état d’urgence le 6 janvier afin de mobiliser toutes les agences de l’État.

« Nous sommes face à un échec sans précédent de l’industrie pétrolière et gazière, lié autant à un problème d’infrastructures vieillissantes qu’à des règles et des mécanismes de contrôle de l’industrie insuffisants », analyse Seth Shonkoff, chercheur en sciences environnementales à l’université californienne de Berkeley.

Vieillissant, le site d’Aliso Canyon l’est assurément. En novembre 2014, Philip Baker, l’un des cadres de SoCalGas en charge des opérations de stockage, écrivait ainsi dans un mémo interne (publié sur le site de l’entreprise ici3) : « La solidité des puits a peut-être déjà été sévèrement compromise et cela nécessite notre attention immédiate (…). » L’employé demandait aussi que les tarifs de vente du gaz soient revus à la hausse afin de financer des réparations nécessaires sur le site.

Pas assez surveillé, il l’était aussi. « De l’aveu même de l’agence étatique californienne en charge de la supervision des opérations liées à l’exploitation pétrolière et gazière, le DOGGR3, l’État local n’a pas la main-d’œuvre suffisante pour se rendre sur ces sites industriels et mener à bien sa mission », souligne le chercheur Seth Shonkoff.

Et le problème ne se limite pas à la Californie. En effet, à l’heure actuelle, si la législation varie d’un État à un autre, il est admis que le cadre juridique et les moyens humains sont tout bonnement insuffisants pour s’assurer que les installations pétrolières et gazières américaines sont aux normes et ne présentent pas de risques majeurs.

Pourtant, le problème n’a pas échappé aux autorités fédérales. À plusieurs reprises, Barack Obama a mentionné les risques posés par les émissions de méthane et évoqué de nouvelles règles pour les éviter. L’agence fédérale de l’environnement américaine – l’EPA – planche même sur une série des mesures afin que les nouveaux puits et pipelines servant à la production de gaz et de pétrole soient construits en limitant au maximum les fuites de méthane. Mais à ce stade, ces nouvelles normes ne sont pas rétroactives : les sites d’extraction ou de stockage anciens, comme celui d’Aliso Canyon, y échappent.

« Au bout du compte, il y a actuellement des risques de fuite à tous les niveaux de la chaîne de production, de stockage, de transport et de distribution du gaz naturel conventionnel et non conventionnel. Ces risques ont été décuplés avec la généralisation de la méthode du fracking à partir des années 2000, permettant d’augmenter de manière significative l’extraction de gaz naturel non conventionnel », résume la géologue Amy Townsend-Small de l’université de Cincinnati, dont les recherches portent exclusivement sur le méthane.


Le lien entre le fracking et les séismes est de mieux en mieux documenté

Ces dernières années, les travaux scientifiques sur les émissions de méthane se sont en effet multipliés, venant s’ajouter au corpus de recherches sur les conséquences géologiques et environnementales de la fracturation hydraulique. Pour rappel, celle-ci consiste à injecter dans la roche, sous haute pression, des fluides chargés de sable et de produits chimiques de manière à la fissurer et en extraire des hydrocarbures, gaz ou pétrole. Concrètement, cela signifie que des sites d’extraction ont poussé ici et là dans le pays, tout particulièrement en Pennsylvanie, dans l’Oklahoma, au Texas, dans l’Ohio et le Colorado, impliquant la construction de puits de forages, de stations de compression du gaz, ou encore de sites de retraitement des eaux usées ayant servi à la fracturation.

D’abord, les scientifiques se sont surtout penchés sur la problématique de la pollution des nappes phréatiques induite par cette méthode. Une source d’inquiétude majeure pour les experts et militants écologistes mais aussi de nombreux citoyens américains vivant à proximité de sites de production, comme en témoignait le documentaire GasLand sorti en 2010 (et qui fit l’objet d’une suite3).

En 2011, une étude publiée dans la revue Climatic Change3 vient enrichir ce débat. Réalisée par les chercheurs Robert Howarth et Anthony Ingraffea de l’université de Cornell dans l’État de New York, celle-ci suggère que les taux de fuite de méthane liés à l’exploitation de gaz non conventionnel sont compris entre 3,6 et 7,9 %, bien au-dessus des estimations de l’industrie. Si ces conclusions ont été largement discutées, un consensus s’est progressivement dégagé dans la communauté scientifique sur la pollution au méthane provoquée par l’exploitation de ce gaz. Les désaccords portent à ce jour essentiellement sur les quantités exactes de méthane ainsi relâchées, et donc sur leur impact à long terme.

Pour Robert Howarth et Anthony Ingraffea, la solution est simple : sans forcément bannir le fracking, il faut au moins réduire son usage aux États-Unis ; et commencer par cesser de présenter le gaz comme une énergie de transition vers les énergies renouvelables.

Les chercheurs en sont d’autant plus convaincus qu’une autre conséquence du fracking est de mieux en mieux documentée. Il s’agit du lien entre cette technologie et les séismes. Des études s’intéressent en effet depuis plusieurs années à l’augmentation de la sismicité d’une région où le fracking est utilisé. Si le lien direct entre la fracturation hydraulique et les tremblements de terre fait encore l’objet de vifs débats au sein de la communauté scientifique, là encore un consensus a émergé sur un point précis : le lien causal entre l’injection souterraine de fluides de fracturation ayant servi au fracking – des eaux usées, très toxiques – et les séismes (lire ici3 un papier majeur publié dans la revue Science en 2014).

En effet, ces eaux souillées – ne pouvant être traitées par les usines classiques d’épuration municipales – se retrouvent régulièrement réinjectées sous terre, dans de vieux puits souterrains. Sauf que dans certains États américains, cela aboutit à exercer une pression extrêmement forte sur des sous-sols de ce fait fragilisés, à modifier les lignes de failles au point de provoquer des glissements de terrain et une cascade d’événements sismiques (voir ici3 le schéma très clair réalisé par le site Mother Jones pour illustrer ce processus).

Début janvier, l’actualité offrait une illustration très inquiétante de ce phénomène. Le soir du 6 janvier, à 30 secondes d’intervalle, l’Oklahoma subissait deux tremblements de terre d’une magnitude de 4,7 et 4,8 sur l’échelle de Richter ; le dernier devenant le quatrième séisme le plus important jamais enregistré dans l’État. Cette activité faisait suite à de plus petites secousses déjà survenues la semaine précédente. Toutes se sont déroulées sous des zones de production de gaz et de pétrole, au nord de l’Oklahoma, un État comptant plus de 4 500 puits de stockage des eaux usées utilisées lors du fracking.

Et cela commence à devenir monnaie courante dans l’État : 907 secousses y ont été enregistrées en 2015 ! Une augmentation de 50 % par rapport à 2014, nous rappelle cet article3 du New York Times citant des experts inquiets, qui se demandent si cette tendance va donner lieu à un tremblement de terre majeur et qui s’interrogent sur les conséquences à long terme d’une telle exploitation de la terre.

Le désarroi d’experts et de simples citoyens semble d’autant plus grand qu’il suffirait, pour éviter ce phénomène, de mieux réguler le traitement des eaux usées. L’Oklahoma n’a pas encore pris cette voie. Si l’État reconnaît l’existence d’un problème et dit s’en préoccuper, il laisse en grande partie à l’industrie pétrolière et gazière le soin de trouver des solutions.

« Les eaux souillées par le fracking sont même devenues l’objet d’un petit business. Par exemple, l’Ohio récupère des fluides venant des nombreux sites de forage de Pennsylvanie. Le gouverneur de l’État y tient, il estime que cela améliore l’économie de l’État », note la géologue Amy Townsend-Small. À ce stade, rien ne semble donc pouvoir freiner la ruée vers le gaz, si ce n’est l’inquiétude et la mobilisation citoyenne, encore minime mais réelle.
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Messagepar fernando » 11 Fév 2016, 14:17

La suspension du plan d’Obama pour le climat provoque de vives réactions

10 février 2016 | Par Jade Lindgaard


La Cour suprême américaine a suspendu le plan de Barack Obama pour le climat. Le blocage par la justice de ces mesures fragiliserait l’accord de Paris issu de la COP21.


C’est une décision de la justice américaine mais sa portée est internationale : la Cour suprême vient de suspendre une partie essentielle de la politique climatique de Barack Obama sur le climat, le Clean Power Plan, qui devait limiter les émissions de gaz à effet de serre des centrales au charbon.


Vingt-neuf États – pour la plupart dirigés par les républicains et très tournés vers l’exploitation de la houille – ainsi que plusieurs dizaines d’entreprises et de groupes industriels avaient saisi la juridiction suprême des États-Unis contre le paquet de réglementations que l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) a publié l’été dernier. Ces mesures obligent les États à réduire leurs gaz à effet de serre d’un tiers d’ici 20303 (par rapport à 2005), en fermant des centaines de centrales électriques au charbon et en augmentant la production d’origine éolienne et solaire.

Pour le New York Times, c’est un « revers important »3 pour le président américain et « une décision très inhabituelle » car la légalité du plan est en cours d’examen par une autre instance judiciaire. « La Cour suprême n’avait jamais jusqu’ici accepté de suspendre une régulation avant son examen par une Cour fédérale d’appel », expliquent les journalistes Adam Liptak et Coral Davenport. Cela pourrait annoncer « un accueil sceptique » du Clean Power Plan par d’autres juges. Le quotidien new-yorkais remarque que les membres de la Cour suprême se sont prononcés à cinq voix « pour » et quatre voix « contre » la suspension, soit en fonction de leur couleur politique, ce qui est peu courant.

Il est désormais peu probable que le sort juridique du plan soit décidé avant que Barack Obama ne quitte officiellement la présidence américaine, en janvier 2017. C’est un coup dur car sans ce plan, le bilan de l’action de la Maison Blanche contre le dérèglement climatique se vide presque entièrement. « Nous sommes déçus que la réglementation soit suspendue », a déclaré un porte-parole de l’EPA, comme le rapporte The Economist3. « Des millions de personnes réclament que nous répondions aux risques que fait courir le changement climatique. »

Dans un communiqué publié sur son site, 3la Maison Blanche a fait savoir son « désaccord » avec la décision de la Cour suprême. « Le Clean Power Plan s’appuie sur des fondements juridiques et techniques solides, donne du temps aux États et la flexibilité dont ils ont besoin pour développer les plans efficaces en coûts et adaptés à leur situation pour réduire leurs émissions. Il permettra d’avoir une meilleure qualité de l’air, une meilleure santé publique, des investissements dans les énergies et les emplois propres à travers le pays. »


Selon le Guardian, l’entourage de Barack Obama considère que cette suspension n’est qu’un « obstacle sur la route » et que le plan pourra être mis en place. Le Clean Power Plan donne aux États jusqu’à 2018 pour soumettre leurs propositions de réduction de gaz à effet de serre. Il ne devient obligatoire qu’en 2022. Le gouverneur de Californie Edmund Brown3, un des piliers de la coalition d’États et de villes favorables au plan d’Obama pour le climat, a déclaré : « Alors que le monde se réchauffe et se rapproche d’un changement irréversible du climat, ces juges se montrent sourds à ce qu’il se passe et se paient le luxe de subtilités juridiques. Ce blocage arbitraire cause des dommages incalculables et affaiblit le leadership de l’Amérique sur le climat. Mais ne vous méprenez pas : cela n’empêchera pas la Californie de continuer à prendre sa part du Clean Power Plan. »

À l’inverse, l’avocat général de Virginie-Occidentale, Patrick Morrisey, s’est réjoui : « Ne vous y trompez pas : c’est une grande victoire pour la Virginie », rapporte le Guardian.3 Mike Duncan, le président des Américains pour une électricité au charbon propre, le principal lobby de l’industrie du charbon, a déclaré : « Nous sommes heureux que la Cour suprême ait fait cette avancée sans précédent pour protéger les États de dommages économiques supplémentaires alors que des tribunaux sont en train de juger si le Power Plan est, ou non, illégal et anti-constitutionnel. Nous voulons croire que plan sera rejeté à la fin. »

« Les juges n’ont pas motivé leur décision mais leur avis indique qu’ils pensent que ces mesures font courir un risque imminent et irréparable », explique3 Politico. Les requérants « font remarquer que la Cour suprême a identifié l’année dernière une grave faille dans une mesure de l’EPA limitant les rejets de mercure des centrales électriques peu après son entrée en application ».


Cette décision est « extrêmement gênante » pour Barack Obama, qui a œuvré pour que la conférence de Paris sur le climat, la COP21, débouche sur un accord, analyse la BBC3. Sans engagement américain, il n’y aurait pas eu d’engagement chinois, et pas d’accord international pour limiter à 2 °C le réchauffement de la température mondiale. Si la suspension du Clean Power Plan devient un rejet définitif, c’est tout l'édifice de l’accord de Paris qui se retrouverait fragilisé. C’est un désaveu du président américain qui avait assuré à ses partenaires que son plan de réduction de gaz à effet de serre serait appliqué. La Maison Blanche avait dû passer par la réglementation de l’EPA, une agence administrative, afin d’éviter un vote parlementaire. Le Sénat, majoritairement républicain, où siègent des élus ouvertement climatosceptiques, aurait certainement rejeté ces mesures. En 2009, un vote du Congrès avait bloqué le projet de loi « Cap and trade » destiné à créer un marché du carbone obligatoire pour réduire les émissions de CO2 des industries américaines. Les chefs d’État et de gouvernement doivent se retrouver le 22 avril pour lancer officiellement les procédures de ratification de l’accord de Paris. Le mois dernier, la Maison Blanche avait annoncé qu’elle dévoilerait de nouvelles mesures pour le climat à cette occasion.

Plusieurs recours ont été déposés contre le plan d’Obama pour le climat devant diverses instances. Parmi eux, celui de l’Association nationale des mines3 (NMA) qui a saisi la cour fédérale d’appel. EnergyDesk, le bureau d’investigation sur l’énergie lancée par l’ONG Greenpeace, avait révélé 3que deux géants mondiaux de l’audit, Ernst and Young et la branche américaine de PricewaterhouseCoopers, étaient liés à la NMA, malgré leurs grands et beaux discours sur le climat.

La consommation de charbon a connu un plus bas historique aux États-Unis en 2015, où près de 5 % des centrales ont été fermées. Pour une grande part, cette électricité a été remplacée par le gaz extrait par fracturation hydraulique, mais aussi par une part croissante d’énergie éolienne et solaire.
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Messagepar fernando » 15 Fév 2016, 18:37

Hé basma, c'est ça les fameux carrousels TVA? (cf. passage souligné ci-dessous)

Les israéliens ont l'air doués pour ce genre de business, sans doute de par leurs origines.




Le sang de la bourse carbone

15 février 2016 | Par Fabrice Arfi


Amar Azzoug, Samy Souied, Claude Dray, Albert Taieb... Ces quatre hommes ont deux points communs : ils ont été assassinés et sont liés au magot ou à des acteurs de l’escroquerie aux quotas de CO2, qui a coûté 1,6 milliard d’euros à l’État français. Leurs morts dessinent le visage d’une nouvelle mafia française face à laquelle juges et policiers sont démunis. Révélations.


Le 30 avril 2010, le corps d’Amar Azzoug, dit “Amar les yeux bleus”, gît, criblé de balles, dans la brasserie du Bois doré à Saint-Mandé, en proche banlieue parisienne. Le 14 septembre 2010, le corps de Samy Souied, transpercé de six balles de 7.65, gît entre deux voitures, face contre terre, devant le Palais des congrès, Porte Maillot, à Paris. Le 25 octobre 2011, un majordome et une infirmière découvrent dans la chambre d’une villa de 1 000 m2 de Neuilly-sur-Seine le corps sans vie, criblé de balles, du propriétaire des lieux, le milliardaire Claude Dray. Le 8 avril 2014, le corps d’Albert Taieb, dit “Bébert”, repose devant un ascenseur dans la cage d’escaliers d’un bel immeuble haussmannien du XVIIe arrondissement de Paris, lacéré de coups de couteau au thorax, dans le dos, à la nuque et la tête.

Ces quatre meurtres racontent une histoire mafieuse et Paris est son théâtre. Liés à un magot, une intrigue ou des acteurs ayant tous à voir d’une manière ou d’une autre avec l’escroquerie aux quotas carbone3, une monumentale arnaque sur le dos du droit environnemental qui a coûté 1,6 milliard d’euros à l’État français, ces quatre meurtres dessinent aussi le visage d’une nouvelle criminalité française. Face à elle, juges et policiers paraissent démunis. Aucun tueur ou commanditaire n’a, à ce jour, été formellement identifié par la justice. Il n’y a eu aucune mise en examen prononcée. Aucune piste d’enquête ne semble même être sérieusement privilégiée dans chacun des dossiers. Au final, quatre affaires criminelles en cale sèche aux tribunaux de Paris ou de Nanterre.



« Là, vous êtes au cœur du réacteur nucléaire de la criminalité française », confie, dans un café des Champs-Élysées, un haut gradé de la police. Début 2012, la direction de la police judiciaire a décidé de monter une task force réunissant plusieurs services – l’office central contre la criminalité organisée, celui contre la grande délinquance financière, le service des infiltrés, celui d’analyse du renseignement criminel… – pour essayer de cerner le problème. « On avait complètement raté policièrement, il faut bien l’avouer, l’arnaque à la taxe carbone. Mais quand les meurtres ont commencé à s’accumuler, il a bien fallu comprendre », se souvient un enquêteur.

Résultat : la police s’est retrouvée face à un phénomène mafieux – puisqu’il faut bien nommer les choses –, mais d’un genre inédit pour la culture française. Une sorte de monstre hybride qui a fait se rencontrer une délinquance financière de haut vol, composée d’affairistes franco-israéliens rompus aux escroqueries internationales les plus culottées (minutes de téléphonie, panneaux photovoltaïques, puis les quotas carbone), et un grand banditisme classique, issu des milieux corso-marseillais ou des banlieues parisiennes. Les premiers amassent le pactole et s’ébrouent dans les cercles de jeux de la capitale tandis que les seconds portent les valises des premiers et les protègent.

Il n’y a pas de parrain à proprement parler, ni de hiérarchie verticale, comme cela peut exister, par exemple, en Italie. Mais des alliances de circonstances, des clans et leurs lots de trahisons mortelles. Comme dans n’importe quelle mafia, la peur règne désormais en souveraine, ainsi que le confiera à demi-mot un acteur de second plan en septembre 2014 devant un juge parisien, après l’assassinat d’un proche : « On a été éduqué dans le même groupe. On n’a jamais été formaté à faire du mal, mais formaté à gagner de l’argent. »

Avant le sang, il y eut, c’est vrai, l’argent du « hold-up du siècle » : l’escroquerie aux quotas carbone. Un bonneteau à l'échelle du monde. À la suite du protocole de Kyoto (1997), les États s’étaient engagés à fixer un plafond annuel de rejets de CO2 dans l’air pour les installations industrielles les plus polluantes. En cas de dépassement de ces seuils, les entreprises pouvaient acheter des “droits à polluer” sur un marché créé ex nihilo. Et si elles n’épuisaient pas ces mêmes seuils, la réglementation les autorisait à les revendre sur des sortes de bourses environnementales.

Des escrocs de génie ont vite décelé la faille dans ce grand Meccano immatériel et ont reproduit des schémas de fraude vieux de quarante ans : acheter hors taxe, via des sociétés fictives, des droits à polluer dans des pays étrangers pour les revendre dans un autre, taxe comprise, mais en omettant de reverser la TVA à l’État concerné. Le tout noyé dans un maquis de sociétés-écrans répondant parfois aux noms facétieux de Fantomas Organisation ou Carbonara, et de comptes offshores localisés en Lettonie, à Hong Kong, Chypre, Dubaï... En moins d’un an, entre 2008 et 2009, il en a coûté 1,6 milliard d’euros aux contribuables français, selon la Cour des comptes, et au moins 5 milliards à l’échelle de l’Europe, d’après les calculs de l’organisme Europol.

Grâce aux enquêtes de la douane judiciaire, plusieurs procès financiers se sont déjà tenus en France. L’un des plus importants doit avoir lieu, début mai, devant le tribunal de Paris. Il porte sur le détournement de 283 millions d’euros et c’est dans l’environnement direct de certains des douze futurs prévenus que le meurtre a pris le pas sur toute forme de discussion.

Le sang a commencé à couler dès 2010 avec l’assassinat d’Amar Azzoug, moins d’un an après la fin de la fraude aux quotas carbone et ses centaines de millions dans la nature. Belle gueule du banditisme avec son regard d’océan, “Amar les yeux bleus” est un ancien braqueur reconverti dans les dernières années de sa vie dans ce qu’on appelle pudiquement chez certains affairistes du CO2 le « recouvrement de créances ». Comprendre : pas le genre de recouvrement qui passe par l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception.


Le 30 avril 2010, trois hommes déguisés en policiers ont exécuté Azzoug, 35 ans, dans une brasserie de Saint-Mandé (Val-de-Marne) avant de s’enfuir. Dans son livre Carbone Connexion (Max Milo), la journaliste Aline Robert affirme qu’Azzoug était porteur de documents relatifs au CO2 au moment de son assassinat. La victime, réputée proche du clan corso-marseillais des Barresi, était également accompagnée d’un certain Patrick Bellaiche. Il se trouve que ce dernier, dont les avocats n’ont pas retourné les appels de Mediapart, sera l’un des douze prévenus du futur procès parisien du CO2.

Lui, en revanche, n’aura plus à être jugé. Moins de six mois plus tard, à l’autre bout de Paris, Porte Maillot, Samy Souied, 46 ans, est atteint de six balles, dont deux dans le cœur, selon l’autopsie. Elles ont été tirées d’un pistolet silencieux par un homme assis à l’arrière d’un scooter. Le commando parviendra à s’enfuir sans difficulté. Présenté par les juges financiers qui ont enquêté sur les quotas carbone comme l’un des « organisateurs » de la fraude, Samy Souied vivait dans la banlieue chic de Tel-Aviv, à Herzliya, en Israël, et descendait dans les plus luxueux palaces de Paris, le George V par exemple, quand il venait en France.

Plusieurs témoins rencontrés par Mediapart racontent – l’anecdote figure également au dossier d’instruction de son meurtre – que Souied avait si peu confiance dans les banques qu’il gardait toute sa fortune chez lui. Ce qui représente des montagnes d’espèces planquées dans les murs, sous le plancher, partout. « Il ne savait plus où le cacher », dit un ami à lui.


« Je l'aimais énormément »

D’après l’un des acteurs de l’escroquerie au CO2, Jérémy Grinholz, présenté par la justice comme un « repenti », Souied a empoché à lui seul 120 millions d’euros. Il était associé avec deux futures figures du procès à venir, Marco Mouly et Arnaud Mimran, un golden boy aux prises avec la justice à intervalles réguliers, joueur de poker invétéré dont les frasques font régulièrement les choux gras des sites people. Selon les juges, Mimran a gagné dix millions d’euros à titre personnel dans l’escroquerie aux quotas carbone.

« Le décès violent de Samy Souied s’inscrit dans la logique implacable des règlements de comptes liés aux flux de sommes d’argent considérables générés par de très grosses escroqueries », peut-on lire dans un rapport du 28 septembre 2010 de la brigade criminelle. Le commandant de police cite l’affaire du CO2 comme exemple. Et il ajoute : « Depuis les faits, les renseignements obtenus d’informateurs tendent à relier la mort de Souied à celle d’Amar Azzoug. » Mais depuis, le dossier, qui vient de changer de juge d’instruction, est au point mort.



Le jour de son meurtre, Samy Souied était venu à Paris depuis Israël – il devait faire l’aller-retour dans la journée – pour une seule raison : il avait rendez-vous avec son associé Arnaud Mimran. Ils devaient parler, d’après le témoignage de Mimran aux enquêteurs, d'un « investissement boursier ». Lequel précisément ? L’intéressé n’en dira pas plus. Un témoin protégé, entendu le 15 octobre 2013 sous le matricule 114, se montrera plus bavard : « Début 2010, Arnaud [Mimran] propose des placements en bourse […] Lors de la première opération, Samy Souied investit environ 20 millions d’euros […] Arnaud arrive à lui prendre quasiment 30 millions d’euros pour une deuxième opération. » Une façon, en somme, de blanchir le produit de la fraude aux quotas carbone.

Mais le témoin protégé affirme qu’il s’agissait d’une « mascarade financière ». « L’échéance qui est donnée à Arnaud pour finir son opération et rendre à Samy son investissement et les bénéfices, c’est-à-dire le moment de faire les comptes, est décidée le jeudi 9 ou le vendredi 10 septembre 2010, soit la semaine précédant la mort de Samy », poursuit-il.

Le 14 septembre, Mimran et Souied se sont vus à trois reprises : une fois en début d’après-midi, vers 15 heures, une deuxième en fin d’après-midi, à 18 heures, et une troisième à 20 heures, devant le Palais des Congrès, au moment même où Souied se fait descendre en pleine rue. Mimran l’avait tout juste rejoint pour lui remettre un bijou qu’il avait oublié de lui rendre, a-t-il affirmé. Il s’agit d’une bague en or rose surmontée – cela ne s’invente pas – d’une tête de mort. Elle sera retrouvée par les policiers à proximité du cadavre.

Les trois juges de l’affaire du CO2, Guillaume Daieff, Serge Tournaire et Renaud Van Ruymbeke, ont d’ailleurs écrit le 29 juillet dernier dans le document judiciaire qui a clos leurs investigations que les rapports financiers entre Mimran et Souied « éclairent d’une manière intéressante l’enquête sur le meurtre » du second. Le témoin n°114 est plus catégorique : « Mimran est le commanditaire du meurtre de Samy Souied. » Mimran dément catégoriquement, selon son avocat, Me Jean-Marc Fedida, qui n’a toutefois pas souhaité répondre plus avant aux questions de Mediapart (voir nos échanges sous l’onglet Prolonger).

L’hypothèse Mimran, qui a été placé sur écoutes un temps dans cette affaire, est évoquée parmi d'autres dans un procès-verbal de juin 2011 de la brigade criminelle sur ses « axes d’enquête », mais c’est un fait : aucune charge judiciaire ne pèse cinq ans plus tard contre lui.


Un détail semble avoir cependant attiré l’attention des enquêteurs de la crim’. Ils se sont aperçus que Mimran leur a fait à plusieurs reprises une description particulièrement précise des vêtements que la victime portait le jour des faits. Durant une audition, le 8 juin 2011, un policier met les pieds dans le plat et demande à Mimran si cette description n’aurait pas « été utilisée pour fournir un signalement précis afin d’identifier et de désigner comme cible Samy Souied ». L’intéressé a juré que non.

Nul ne peut dire si les exécutions d’Azzoug et Souied sont le fait de la même équipe, mais elles sont l’œuvre de tueurs aguerris, selon les experts interrogés par Mediapart. C’est aussi le cas dans l’affaire de l’assassinat de Claude Dray, 76 ans, survenu dans la nuit du 24 au 25 octobre 2011.

Ce troisième crime, c’est un peu Le Mystère de la chambre jaune à Neuilly-sur-Seine. Ancien patron de la marque de parfum Patchouli et redoutable homme d’affaires dans l’immobilier – son patrimoine personnel était estimé à 2 milliards d’euros –, Dray vivait dans une immense demeure sécurisée. Aucune trace d’effraction n’a été constatée après les faits. Rien n’a été touché dans la maison. Aucune marque de défense n’a, non plus, été trouvée sur le cadavre de la victime durant l’autopsie. Pour cause : Claude Dray a été abattu de trois balles de 7.65 par derrière. Il n’a vraisemblablement pas vu ses tueurs.

Claude Dray fut le beau-père d’Arnaud Mimran. « Je l’aimais énormément. Il était comme un second père pour moi et je pense qu’il me considérait un peu comme son fils », confiera Mimran aux policiers après le meurtre. Plusieurs membres de la famille Dray ont fait part de leur côté des relations exécrables entretenues par les deux hommes. À la question des policiers, « votre père avait-il des ennemis ? », l’une des filles a ainsi répondu : « Arnaud Mimran était en très mauvais termes avec mon père […] Arnaud parlait très mal de mon père derrière son dos. On me rapportait notamment ces déclarations : “Je pisserais sur sa tombe si jamais il crevait”. »

Le directeur financier de Claude Dray, Philippe L., évoquera même « l’animosité que nourrissait la victime à l’égard » de Mimran à cause, notamment, d’une dette de 650 000 euros que ce dernier avait contractée auprès de son beau-père sur fond de problèmes fiscaux et qu’il n’aurait pas remboursée. Ce que Mimran dément farouchement.

Seule chose certaine, Claude Dray voulait à tout prix la perte de son ancien gendre. Dans son agenda, les enquêteurs ont retrouvé des rendez-vous avec un détective privé parisien ainsi qu’avec l’antenne parisienne de la célèbre agence privée de renseignements américaine Kroll. Claude Dray avait demandé que soit constitué un dossier contre Mimran, comme cela ressort d’un mémo retrouvé dans les affaires du défunt.


« C’est un policier qui travaille à la DCRI »

Selon plusieurs témoins, des policiers et des douaniers se sont également rendus au bureau de Dray à au moins deux reprises pendant le premier semestre 2011. Objet de leur visite ? « Ces hommes parlaient à mon père de CO2 et de Mimran », selon l’une des filles du milliardaire, qui a assisté à une partie de l’entretien. Et dans les semaines qui ont précédé son assassinat, Claude Dray s’est rendu à la brigade fiscale d’Asnières, en région parisienne, pour livrer diverses informations accumulées sur son ex-gendre.


Tout cela pourrait, à la limite, constituer un mobile du meurtre mais sûrement pas à désigner, à ce stade des investigations, un coupable pour la justice. Lors d’une audition, le 3 novembre 2011, les policiers de la crim’ se sont quand même émus devant Mimran du nombre grandissant de cadavres qui parsèment son existence : « Cela commence à faire beaucoup de morts tués par balles autour de vous. Qu’en pensez-vous ? » Réponse de Mimran : « Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Pour Samy [Souied – ndlr], ça peut s’expliquer par son mode de vie et ses fréquentations. Concernant mon beau-père, je ne sais pas, je ne comprends pas. Je n’ai rien à voir avec cette histoire si vous voulez savoir. »

Dans l’affaire du CO2, la justice semble avoir en revanche beaucoup moins de doutes sur l’implication de Mimran. Déjà confondu en 2000 dans une affaire boursière aux États-Unis – il a consenti à restituer 1,2 million de dollars avec ses complices – et condamné en décembre 2007 pour fraude fiscale, le golden boy est dépeint par les juges de l’affaire des quotas carbone comme un véritable esthète des techniques de blanchiment : utilisation de comptes bancaires au nom d’autrui, usage de comptes ouverts dans des casinos pour y récupérer des espèces après conversion en jetons, faux prêts de jetons entre joueurs au casino, transferts transfrontaliers d’espèces ou de chèques non déclarés…

Durant l’enquête, Mimran a plaidé la bonne foi, estimant avoir simplement profité d’une « imprécision de la réglementation » et d’une « faille juridique » sur le CO2. Au bout de la faille, il y a eu la prospérité : les juges évoquent à son sujet un « train de vie très élevé (avion, voitures, appartements). Il devait trouver les moyens d’y faire revenir le produit de la fraude en en masquant l’origine ».

En perquisition dans l’un des appartements de Mimran, les enquêteurs découvriront des RIB chinois, britanniques ou portugais, tous aux noms de sociétés exotiques. Les juges ont aussi saisi un compte à la HSBC France valorisé en février 2015 à 7,7 millions d’euros, après avoir déjà fait l’objet d’une saisie précédente de 5 millions d’euros. Ils ont également établi à 5,5 millions d’euros la valeur du patrimoine immobilier de Mimran en France, dont un triplex dans le XVIe arrondissement de Paris avec piscine, jacuzzi, hammam et salle de sport.

Il faudra près de trois ans entre le troisième et le quatrième meurtre. Le 8 avril 2014, peu avant une heure du matin, Cyril Mouly, cousin germain de Marco Mouly, l’un des prévenus de l’affaire des quotas carbone, rentre chez lui accompagné de son homme de main, un certain Albert Taieb. Dans la cage d’escalier de son bel immeuble situé en face du parc Monceau, deux hommes casqués, intégralement vêtus de noir, les attendent. Cyril Mouly parvient à prendre la fuite, détalant à toutes jambes dans la rue, comme en témoigne la vidéosurveillance urbaine de Paris. Albert Taieb, surnommé “Bébert”, lui, n’en réchappera pas, massacré à coups de couteau. Il avait 60 ans.

« On a quelqu’un en face de nous qui est coriace et qui est intelligent », lâchera Mouly devant un juge d’instruction parisien, le 9 septembre 2014. Avant d’accuser : « Je pense à 99,9 % que c’est Arnaud Mimran qui a commandité ma tentative d’assassinat et donc la mort de “Bébert”. » Mouly, qui dit avoir aujourd’hui peur pour sa vie, a expliqué avoir remis 800 000 euros en espèces à Mimran en avril 2013, somme qu’il lui réclamait avec insistance dans les semaines précédant le meurtre de “Bébert” et tout particulièrement le jour des faits. « Arnaud est venu sur les lieux du crime avant la police et m’a suivi comme un toutou. Je voyais qu’il n’était pas normal », a ajouté Mouly dans le cabinet du juge.

Refusant de répondre aux questions de Mediapart sur chacun des dossiers dans lequel son client est cité, l’avocat Jean-Marc Fedida se contente d’affirmer qu’« Arnaud Mimran conteste son implication dans les faits que vous évoquez, que ce soient ceux relatifs aux faits pour lesquels il est mis en examen et, a fortiori, ceux pour lesquels aucune mise en cause judiciaire ne lui a été signifiée ». De fait, aucun élément matériel n’est susceptible d’incriminer Mimran dans ce crime comme dans les précédents. Dans son entourage, ses proches affirment même que ces accusations répétées relèveraient plutôt d'une construction d'un bouc émissaire un peu trop facile.

Il est un dossier, financier celui-ci, qui a tout de même valu récemment de la prison sous le régime de la détention provisoire à Mimran. Les juges le soupçonnent en effet d’avoir orchestré, en janvier 2015, l’enlèvement et la séquestration durant six jours dans un appartement d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) d’un financier suisse et, dans le même temps, au même endroit, d’avoir simulé le sien. À la clé : 2,2 millions de dollars d’ordre d’achat d’actions d’une société minière canadienne, Cassidy, que le financier suisse a dû opérer sous la menace de ses ravisseurs. L’argent a finalement atterri sur un compte à Dubaï que les juges soupçonnent d’appartenir en sous-main à Mimran. Des écoutes téléphoniques « font effectivement ressortir Arnaud Mimran comme le donneur d’ordre concernant ce compte » à Dubaï, écrivent les magistrats.

Dans ce dossier apparaît également l’ancien champion de boxe Farid Khider, un proche de Mimran, ainsi que des gros bras, l’un surnommé “Boulon” et un autre “Titax”, assassiné depuis.

Contre toute attente, après quatre mois de détention provisoire et contre l’avis de l’avocat général, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a décidé, un an jour pour jour après les faits, le 15 janvier 2016, de remettre en liberté Arnaud Mimran (contre une caution de 100 000 euros) et son complice présumé Farid Khider.

Mais plus intrigant encore, un homme de main de Mimran a raconté aux policiers avoir été approché en avril 2015 – Mimran était alors en détention provisoire – par un certain “Seb”, qui lui aurait demandé de continuer de récupérer de l’argent sur le compte de Dubaï, non bloqué par la justice. Durant son audition, cet homme de main s’était subitement arrêté de parler en découvrant que Mimran était entendu dans la salle d’à côté. « Vous avez peur d’Arnaud Mimran ? », lui ont alors demandé les policiers de l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO). « Je sais qu’il est capable du pire », a répondu le témoin.

Interrogé à son tour le 18 juin 2015 sur ce mystérieux “Seb”, Mimran a affirmé : « C’est un policier qui travaille à la DCRI [Direction centrale du renseignement intérieur — ndlr]. Je le rencontre à titre amical. » Selon le procès-verbal de l’interrogatoire, les policiers n’ont pas cherché à en savoir plus.
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Messagepar Dogue-son » 15 Fév 2016, 18:57

Ah le carrousel de TVA
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Messagepar fernando » 15 Fév 2016, 20:22

T'as déjà fait un tour DS?
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Messagepar King Kong » 15 Fév 2016, 22:24

"un complot antisemite " maitre BHL!
"Je pars avec le sentiment d'avoir bien fait mon travail" françois rebsamen
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Messagepar Dogue-son » 16 Fév 2016, 11:06

fernando a écrit:T'as déjà fait un tour DS?


Nan.
Cela dit, assez facile à mettre en place
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Messagepar fernando » 18 Fév 2016, 23:49

EDF: le piège mortel d'Hinkley Point

Pour les syndicats et de nombreux responsables d’EDF, c’est le projet de trop, celui qui pourrait faire couler EDF. La construction de deux EPR sur le site britannique d’Hinkley Point, même avec l’aide des Chinois, leur paraît dangereuse, tant industriellement que financièrement. Pourtant, le président d’EDF s’entête.

Cinq mois après, des responsables d’EDF parlent encore de cette photo. Le 21 octobre, le président chinois Xi Jinping, en voyage officiel en Grande-Bretagne, serrait chaleureusement la main du premier ministre britannique, David Cameron, pour marquer la conclusion de l’accord qui officialisait le lancement du chantier Hinkley Point. L’électricien public chinois CGN (China General Nuclear Power Corporation) acceptait de participer à la construction de deux EPR sur le site anglais aux côtés d'EDF, en prenant 33,5 % du projet. Plus tard dans la journée, Jean-Bernard Lévy, le président d’EDF, rejoignait le duo pour une séance de signature de l’accord à Londres. Mais à ses côtés, personne : pas de ministre français, encore moins de premier ministre, pas même l’ambassadeur de France à Londres. Dans ce projet, pourtant, c’est le bilan d’EDF qui est en jeu, les finances publiques qui sont engagées. 25 milliards d’euros selon l’estimation basse de la direction du groupe, et sans doute plus près des 30 ou 35 milliards d’euros dans la réalité.

Hinkley Point. La simple évocation de ce site nucléaire appartenant à British Energy, désormais filiale d’EDF, met en alerte les salariés d’EDF. Du sommet de la hiérarchie du groupe à la base, en passant par les syndicats et les cadres, le nombre d’opposants au projet d’EPR britannique va grandissant. Une vraie fronde est même en train de se constituer contre ce programme, comme le rapporte le JDD du 14 février.

Ils en ont pourtant connu, des aventures calamiteuses d’EDF à l’international (voir EDF: une conquête internationale payée à chéquier ouvert)… l’Amérique du Sud au début des années 2000 : 10 milliards d’euros de pertes cachées par des prélèvements sur les prévisions de renouvellement ; Edison en Italie en 2001 : plus de 6 milliards d’euros et une filiale toujours en perte, dont il a fallu encore passer 1,4 milliard d’euros de dépréciation dans les comptes 2015 ; British Energy en 2008 : 15,8 milliards d’euros pour prendre le contrôle de l’électricien britannique, dont la valeur ne cesse depuis d’être dépréciée car il avait été surpayé ; les États-Unis en 2009 : 5 milliards d’euros dépensés en pure perte dans le cadre de la bataille de prééminence avec Areva pour prendre une participation dans le groupe Constellation qu’EDF s’apprête à vendre à la casse désormais. Dans les comptes 2015, pas une des activités internationales du groupe n’affiche un résultat d’exploitation positif.

Mais Hinkley Point, pour eux, c’est l’aventure internationale de trop, celle qui pourrait être fatale à l’entreprise publique. « Hinkley Point, c’est un cauchemar. Il faut à tout prix sortir de ce bourbier le plus vite possible. EDF risque d’en mourir, avec leurs conneries », dit un ancien directeur d’EDF. « Il y a urgence de tout arrêter. L’affaire est trop mal engagée. Il n’y a que des coups à prendre », renchérit un cadre dirigeant. « Quand je vois Macron dire qu’il est pour le projet [Emmanuel Macron a apporté son soutien au projet d’Hinkley Point], je me dis qu’il ferait mieux de se taire. Il est irresponsable », surenchérit un proche du dossier. « C’est la première fois dans l’histoire d’EDF qu’un projet industriel fait l’unanimité contre lui parmi les syndicats. Tous sont opposés à Hinkley Point. Même la CGT, qui pourtant soutient traditionnellement ce type de programme, est vent debout contre le projet », relève un autre cadre dirigeant.

Le dossier des EPR britanniques est en train de créer de vraies divisions au sein même du comité exécutif d’EDF. Un communiqué des services centraux de la CGT, publié le 26 janvier, racontait en termes rudes le rapport de force qui s’est instauré dans la direction : « Le haut management d’EDF est très partagé sur la poursuite du projet [d’Hinkley Point – ndlr]. Hésitations qui contrastent avec le discours du président-directeur général d’EDF [Jean-Bernard Lévy – ndlr]. Il est dans le camp des pour, tout comme le décoré d’outre-Manche [allusion à Vincent de Rivaz, puissant directeur de British Energy qui porte le projet depuis 2008, décoré par la reine d’Angleterre commandant de l’ordre de l’empire britannique – ndlr] et ceux qui sont un peu, beaucoup, responsables et coupables des ratages de Flamanville 3 [allusion notamment à Dominique Minière, directeur du parc nucléaire – ndlr]. Rassurant. Du côté des opposants, sans surprise, se retrouvent la direction financière et, disons, ceux qui pensent un peu au-delà du bout de leur nez. Nous ne citerons pas de noms pour ne pas briser de brillantes carrières, mais sachez qu’aux fonctions centrales, cela fait quand même un beau paquet de monde. » Selon nos informations, les rapports de force décrits dans ce communiqué sont exacts et nous ont été confirmés par plusieurs cadres dirigeants.

La fronde des salariés et des dirigeants d’EDF contre le projet britannique a d’abord un motif : l’EPR. Le chantier de Flamanville constitue un traumatisme dans le groupe. Le réacteur EPR élaboré par Areva se révèle un monstre de complexité. Les cadres et ingénieurs d’EDF ont beaucoup de mal à maîtriser le programme. Ils ont mesuré aussi qu’ils avaient perdu les compétences pour mener sans encombre un chantier de construction d’un réacteur nucléaire. Un sérieux revers, pour ce groupe qui se présentait comme le meilleur du monde dans la conduite du nucléaire. Les accidents, les erreurs, les avanies s’y multiplient. Le retard pris se compte désormais en années. Au mieux, le réacteur de Flamanville sera achevé en 2018. Et l’addition s’envole : 10,5 milliards d’euros, selon les dernières estimations.

« À un moment, une partie de la direction s’est même posé la question de savoir s’il ne valait pas mieux tout arrêter. Mais tellement d’argent avait déjà été engagé qu’il a été jugé préférable de poursuivre le chantier. Mais dans l’esprit de nombre de dirigeants d’EDF, il ne doit plus y avoir d’autre EPR sur le modèle de celui construit à Flamanville. Il est urgent de tirer la leçon de l’expérience, de repenser la conception », raconte un proche du dossier.

Une équipe de recherche et développement a été mise en place ces derniers mois pour remettre tout à plat. Toute la conception est désossée. Objectif : construire avec les normes de sécurité maximale un réacteur nucléaire capable de produire une électricité à 60 euros le MWh. « Toute la conception se fait à partir du prix », dit un cadre dirigeant. De son côté, Areva NP, la branche de conception des réacteurs nucléaires, se réorganise. De l’aveu même de son nouveau dirigeant, Bernard Fontana, il faudra au moins deux ans avant que l’entité soit de nouveau en ordre de marche, et ait appris à travailler avec EDF.
Une garantie illusoire

« L’État nous demande de remettre de l’ordre dans toute la filière nucléaire. Puis sans attendre la mise en marche de l’EPR de Flamanville, sans savoir comment il va fonctionner, sans attendre la remise en ordre de la conception, on se lance dans le projet d’EPR pour Hinkley Point. C’est de la pure folie », s’alarme un responsable. Si EDF s’engage dans la construction de deux EPR à Hinkley Point, le groupe va devoir concevoir une sorte d’EPR intermédiaire, un hors-série sans lendemain, affirment plusieurs connaisseurs du dossier.

Dans le cadre de l’accord signé avec le gouvernement britannique, EDF s’engage à ce que la première mise en service du réacteur intervienne en 2023. Un calendrier qui semble tout à fait irréaliste, même pour les observateurs extérieurs. « D’un point de vue réaliste, Hinkley ne peut pas entrer en fonction avant 2025 et encore, dans les plus hypothèses les plus optimistes. Si le projet subit les mêmes retards que les chantiers existants de l’EPR, la date la plus crédible serait au-delà de 2030. Ce qui serait dévastateur pour EDF », écrit le chroniqueur Nick Butler sur son blog publié sur le site du Financial Times, avant de demander à ce que le gouvernement britannique pense d’urgence à un plan B. L’analyse recoupe celle de cadres d’EDF. « Toutes les conditions sont réunies pour aller vers un échec industriel majeur. Et ce sera EDF qui devra en payer seul les conséquences », s’indigne un ancien directeur.

Pour les opposants au projet d’Hinkley Point, c’est le deuxième immense point de blocage : les conditions financières du contrat leur paraissent très dangereuses pour le groupe. Lorsque les discussions avaient démarré entre EDF et le gouvernement britannique en 2013, un montage financier un peu particulier avait été élaboré. Une structure à part avait été envisagée pour porter l’ensemble du projet de construction des deux EPR, de façon à ce qu'EDF n’ait pas à consolider l’endettement du projet britannique dans ses comptes. En parallèle, l’électricien avait obtenu du gouvernement britannique une garantie sur le prix de rachat de l’électricité produite par les deux EPR, de 92 livres le MWh (environ 120 euros), révisables, sur 35 ans. Ce prix d’achat garanti était assorti d’une autre garantie de l’État britannique sur l’ensemble de la dette liée au projet.

Mais à l’occasion de l’arrivée du groupe nucléaire chinois dans le projet, tout le montage financier a été renégocié. EDF apparaît comme le chef de file avec 66,5 % des parts, aux côtés de CGN qui prend 33,5 %. Mais cela va l’obliger à consolider l’intégralité de la dette liée au projet d’Hinkley Point dans ses comptes. « Le montage précédent n’était qu’un artifice comptable. Mais il faut bien revenir à la réalité : c’est EDF qui portera la totalité de la dette, si le programme d’Hinkley Point voit le jour », relève un cadre du groupe.

L’addition fait frémir beaucoup d’observateurs : le projet est évalué à 25 milliards d’euros. Une estimation basse, selon des connaisseurs qui le chiffrent plutôt autour de 30 milliards d’euros et encore, en espérant que le chantier britannique ne rencontre pas les mêmes difficultés que l’interminable chantier finlandais. L’essentiel du financement du projet est bâti sur l’endettement. Par le fait du seul projet britannique, l’endettement net d’EDF, qui atteint déjà 37,4 milliards d’euros – l’équivalent de ses fonds propres –, pourrait quasiment doubler. Une charge insupportable, qui fait redouter la suite aux salariés d’EDF. La plupart prédisent que ce sont les salariés en France, les activités du groupe qui devront payer l’addition. Le discours de la direction annonçant déjà des ventes d’actifs et des suppressions d’emploi ne leur laisse guère de doutes à ce sujet.

Hinkley Point, redoutent beaucoup, risque d’être le dernier levier pour conduire au démantèlement du groupe. Car l’aventure risque de n’être jamais rentable. À l’occasion de la révision de l’accord, le gouvernement britannique a en effet modifié son engagement : il veut bien offrir une garantie sur le prix de rachat sur 35 ans, mais supprime toute garantie sur la dette. « Même les ardents Soviétiques ne planifiaient pas à 35 ans », ironise le tract de la CGT déjà cité, avant de conclure que cette garantie ne vaut rien. Une analyse que confirme un connaisseur du dossier : « Tant que l’État britannique se portait garant des dettes du projet, la garantie sur les prix de rachat avait une valeur. Car il devait assumer financièrement toute révision. Maintenant, elle ne vaut plus rien. Ce qu’un gouvernement fait, un autre peut le défaire », explique-t-il. Déjà, la commission parlementaire britannique réunie sur le sujet trouve que l’électricité des EPR d’Hinkley Point est hors de prix par rapport à l’électricité des énergies renouvelables.

Pour les syndicats et de nombreux responsables d’EDF, il est donc urgent de revoir ce projet, voire d’y renoncer. Alors que de nouvelles interconnexions sont en train d’être construites entre la Grande-Bretagne et la France, ils jugent que la solution d’exporter de l’électricité en Grande-Bretagne, afin de l’aider à combler son déficit de production, est beaucoup plus sûre et beaucoup plus rentable. Au moins le temps de voir si l’EPR de Flamanville fonctionne correctement – ce dont personne n’est assuré pour l’instant –, le temps de remettre la conception d’un nouveau réacteur nucléaire en place.

Le 26 janvier, le président d'EDF a fait état d'un rapport d’expertise sur Hinkley Point, réalisé par Yannik Escatha, ancien directeur de CEA industrie et ancien directeur d’EDF, lors d'un conseil d'administration d’EDF. Mais il s'est bien gardé de le remettre. Le comité exécutif d’EDF n'y a pas eu accès non plus, selon nos informations. Malgré cette rétention d'informations, les uns et les autres ont compris que ce rapport émettait de nombreuses critiques et réserves sur le projet. Comme tous les opposants, celui-ci souligne le calendrier irréaliste du projet, s'interroge sur les capacités d'Areva et des autres prestataires à réussir en l'état, insiste sur les risques industriels et financiers immenses pour le groupe.

Pourtant le président d’EDF, soutenu par Emmanuel Macron, s’entête. « Je crois que la décision d’investissement se rapproche », a-t-il confirmé lors de la présentation des résultats du groupe, le 16 février. La décision relève du conseil d’administration du groupe. Déjà, les uns et les autres font les comptes. « Tous les administrateurs représentant les salariés voteront contre si le projet est présenté », pronostique un cadre. Mais il y a les autres. Brusquement, beaucoup prennent conscience de la faible représentativité des administrateurs siégeant au conseil du groupe. « C’est une caricature du conseil d’administration à la française. Je te tiens, tu me tiens », ironise un observateur.

On y trouve en vrac : Philippe Crouzet, président de Vallourec, groupe qui vient d’être sauvé de la faillite par l’entrée au capital de la BFI ; Bruno Lafont, ancien président de Lafarge, parti avec un parachute en or massif de plus de 30 millions d’euros au moment de la vente du groupe cimentier au suisse Holcim ; Philippe Varin, ancien président de Peugeot Citroën désormais président du conseil de surveillance d’Areva ; Laurence Parisot, ancienne présidente du Medef. « Je crois qu’il n’y a que cette dernière qui soit vraiment préoccupée par le sujet. Les autres suivent l’avis du président. Quant aux administrateurs de l’État, faut-il en parler ? Les représentants de l’APE [Agence de participations de l’État – ndlr], ils sont tellement passionnés par leur mission qu’ils restent dix-huit mois avant d’aller se vendre dans une banque d’affaires », dit un connaisseur du dossier.

Toutes les alarmes sonnent sur le projet d’EPR d’Hinkley Point. Pourtant, il pourrait malgré tout voir le jour, au risque de mettre EDF en péril. Quels intérêts se cachent derrière l’argument de la « glorieuse » sauvegarde de la filière nucléaire française et de l’EPR ? La présence d’EDF en Grande-Bretagne ? Celle du président d'EDF UK, Vincent de Rivaz, présenté comme le vice-roi du groupe ? Ou autre chose ? Pourquoi tant d’entêtement ?
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Messagepar fernando » 24 Fév 2016, 14:21

EDF: le casse-tête d'un nucléaire moins rentable

20 février 2016 | Par Jade Lindgaard


Avec la chute du prix de l’électricité sur le marché, l’avantage compétitif du nucléaire français a fondu. Pire, EDF n’est même plus assuré de rentrer dans ses coûts. Le groupe pourrait être contraint de fermer des réacteurs pour des raisons économiques. Pourtant, son PDG, Jean-Bernard Lévy, reste dans le déni de cette impasse industrielle.


Et soudain, tout a changé pour EDF : son électricité n’est plus la moins chère du monde. Longtemps dans les plus bas d’Europe, ses tarifs de vente étaient parmi les plus avantageux au monde par rapport au niveau de vie de la sixième puissance économique mondiale. Ce temps est révolu. Depuis fin 2014, le prix de l’électricité sur le marché 3de gros est inférieur à celui d’EDF. Quand l’énergéticien était tenu de vendre son électricité à 42 euros par mégawattheure (MW, soit un million de wattheures) , elle ne valait plus que 34,6 euros sur le marché spot en 2014. Fin septembre 2015, le prix de l’électricité à terme n’était que de 38,8 euros par MWh. L’année dernière, les prix à terme 3pour 2017 et 2018 se vendaient entre 36 et 40 euros sur le marché.

Depuis la loi NOME en 2010, 3EDF devait vendre sa production aux fournisseurs d’électricité à un tarif régulé supposé couvrir les coûts du nucléaire. Cet « Accès régulé au nucléaire historique » (Arenh)3 a été fixé par arrêté ministériel à 42 euros. Il devait garantir aux nouveaux acteurs du marché de l’énergie, ouvert à la concurrence au fur et à mesure des années 2000, le même avantage compétitif que l’opérateur historique. Tant que les prix sur le marché de gros étaient supérieurs au prix d’achat fixé par le gouvernement, EDF était assuré de vendre plusieurs dizaines de terawatt (1012 watts) heure (TWh) chaque année à ses gros clients (industriels, grande distribution…).


Mais c’est une tout autre histoire qui est en train de se dérouler. En 2015, les volumes vendus dans le cadre de l’Arenh se sont effondrés (baisse de 65 % entre les premiers semestres 2014 et 2015). Pour le premier semestre 2016, aucune commande n’a été passée. Alors que la chute du cours des matières premières et la poussée de la production d’origine renouvelable entraînent les prix du marché à la baisse, l’avantage compétitif du nucléaire français a fondu.

Pire, le système électronucléaire n’est même plus assuré de rentrer dans ses coûts. Car, facteur aggravant pour EDF, le mode de calcul des tarifs vient de changer : jusqu’ici, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) élaborait le prix de vente de l’électricité en fonction des coûts de production. Désormais, un nouveau système s’applique : le tarif régulé (dit tarif « bleu ») pour les petits consommateurs (particuliers, artisans, certaines copropriétés…) résulte d’un algorithme agrégeant Arenh et prix du marché. Le tarif régulé pour les gros consommateurs (tarifs « vert » et « jaune ») vient, lui, d’être supprimé. Bonne nouvelle pour les ménages : le prix de l’électricité ne risque plus d’augmenter fortement comme le recommandait la CRE depuis plusieurs années dans l’objectif de couvrir les coûts de l’entreprise. Mais désastre pour EDF, qui risque de vendre à perte. En volume, ces petits consommateurs représentent environ 45 % de la consommation en France.

Pour l’électricien, la situation est d’autant plus dramatique que ses coûts de production vont augmenter. Au moins 55 milliards d’euros selon EDF - 100 milliards selon la Cour des comptes- doivent être investis dans les réacteurs nucléaires français pour les remettre à niveau (ce que le groupe appelle « le grand carénage ») dans la perspective de prolonger leur durée de vie au-delà de 40 ans. Selon la Cour des comptes, le coût de production de l’électricité atomique en France sur le parc existant de centrales, au sens du coût courant économique, s’établit à 49,5 euros par MWh. Dans son dernier rapport annuel3, elle estime les coûts de production à 62,6 euros par MWh pour une production annuelle de 410 TWh. Mais si l’on prend en compte les programmes de maintenance et de grand carénage, il grimpe à 54,2 euros/MWh. Selon un rapport du Sénat sur les coûts de l’électricité en 2012,3 en cas de prolongement de la vie des centrales à 60 ans, et si l’on tient compte des coûts du démantèlement, de la gestion des combustibles usés et des déchets, de la recherche et des dépenses d’assurance en cas d’accident, le MWh nucléaire monterait à 75 euros. Si EDF réduisait de 50% sa production d'électricité de source nucléaire à parc constant -soit sans mettre définitivement à l'arrêt de réacteurs- le coût de production pourrait grimper à 125 euros/MWh, selon la Cour des comptes.


Vers la nécessité économique de fermer des réacteurs

À titre de comparaison, les coûts de production de l’éolien s’établissent entre 70 et 80 euros/MWh aujourd’hui en France. Les derniers appels d’offres pour les centrales solaires au sol oscillent entre 70 et 98 euros/MWh. Dans le centre de la France, une centrale solaire au sol prévoit de sortir un MWh à 65 euros en 2017, explique Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie et climat, à Greenpeace : « Les courbes des coûts du nucléaire et des renouvelables vont se croiser plus vite qu’on ne le pensait. » L’attractivité commerciale du nucléaire est condamnée à disparaître. EDF se trouve pris dans un étau : baisser ses prix pour vendre plus en creusant son déficit ou augmenter ses tarifs avec la certitude de perdre des parts de marché.

Déjà, la grande distribution montre des signes d’intérêt pour l’autoconsommation (consommer l’énergie que l’on produit soi-même). Bricorama produit plus d’électricité3 qu’il n’en utilise (éolien, thermosolaire, toitures photovoltaïques). Ikea, H&M, Nestlé et Philips 3ont annoncé vouloir s’approvisionner à 100 % en énergie renouvelable d’ici 2020. Les gros clients historiques d’EDF prennent leur distance vis-à-vis du nucléaire. Même s’ils restent aujourd’hui massivement attachés à EDF, combien de temps les ménages et les artisans resteront-ils abonnés au tarif régulé ?


Sur le marché, tant que l’offre dépasse la demande, le prix baisse. La règle est la même pour l’électricité. Avec la multiplication des sources d’électricité renouvelables et la stagnation de la consommation, le marché européen se trouve en surcapacité. La réactivation de centrales à charbon, très rentables grâce au trop faible cours du CO2 sur le marché européen du carbone, y contribue aussi. « En étant prêt à vendre sous son prix historique, EDF participe à la surcapacité du marché. Alors qu’ils amélioreraient la rentabilité de leurs réacteurs en en fermant une partie », analyse Yves Marignac, spécialiste du système nucléaire et membre du réseau d’experts Negawatt. Contrairement aux centrales à énergie fossile (charbon, fioul, gaz), les réacteurs nucléaires fonctionnent en base, c’est-à-dire qu’ils doivent tourner en permanence. Pour des raisons de sûreté et de rentabilité économique, ils ne peuvent pas être démarrés par à-coups, pour répondre aux pics de chauffage le soir en hiver (même si EDF travaille aujourd'hui à atteindre une exploitation plus souple)3.

Si hostile à l’objectif politique de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025, le groupe sera-t-il contraint de fermer des centrales pour raisons économiques ? Cela marquerait un changement à 180° de sa stratégie industrielle. D’un point de vue strictement comptable, l’intérêt serait double : réduire l’offre et donc inciter les tarifs à la hausse ; réduire les dépenses d’investissements en diminuant le nombre de réacteurs à remettre à niveau. On en voit déjà des exemples dans la gestion du parc nucléaire. Début février, EDF a arrêté le réacteur 1 de la centrale de Gravelines (Nord), l’une des plus puissantes en Europe, car elle produisait plus qu’elle ne pouvait vendre. C’est l’électricien lui-même qui a annoncé3 suspendre son activité « compte-tenu de la moindre consommation d'électricité ».

Pourtant, Jean-Bernard Lévy, le président d’EDF, tient le discours exactement inverse : lors de la présentation des résultats annuels du groupe, mardi 16 février, il a déclaré que l’opérateur historique ne fermerait que deux réacteurs au cours des dix prochaines années. Le déni de l’impasse industrielle de son groupe est total.



Face à ces difficultés, les énergéticiens historiques veulent s’en prendre aux renouvelables. Depuis 2009, ces énergies bénéficient de la priorité d’accès sur le réseau de transport de l’électricité. 3Avec les tarifs d’achat (les États s’engagent sur plusieurs années à acheter plus cher le courant produit par l’éolien, le photovoltaïque, la géothermie…), la priorité réseau représente une part essentielle de la politique européenne de réduction des gaz à effet de serre. Pourtant, à l’occasion de comités techniques sur les perspectives de gestion du réseau d’électricité, producteurs d’électricité et de gaz critiquent ouvertement ce système. La disparition de la priorité réseau des renouvelables est un sujet récurrent de ces échanges, selon un participant. Or, la fin de ce dispositif pourrait mettre en danger toute l’économie des renouvelables : sans garantie d’être distribuées prioritairement, elles perdraient leur valeur, et cela risquerait d’assécher le gisement d’investissements.

EDF n’est pas le seul responsable de la situation catastrophique dans laquelle il se trouve. Depuis des années, les décisions contradictoires se sont empilées. Les gouvernements ont voulu conserver un opérateur public fort mais l’ont transformé en société anonyme reversant de gros dividendes à ses actionnaires. Bruxelles a libéralisé les marchés, privant les États d’outils importants de régulation, et promu une politique climatique exigeant un changement de système énergétique. Au niveau européen, les politiques énergétiques et de réduction de gaz à effet de serre sont pensées sans lien, quasiment, entre elles. Un marché du CO2 est créé, mais tellement suralloué que le prix du principal gaz à effet de serre ne vaut quasiment rien. Et aucun État n’a accepté de rendre compte de ses choix devant les autres États membres : l’Allemagne décide de sortir du nucléaire et la France d’inscrire dans la loi l’objectif de réduire à 50 % le nucléaire en 2025 sans en discuter au sein de l’Union. La chute d’EDF est à la fois la conséquence et un facteur d’accélération de la fin d’un monde énergétique.
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Messagepar manulosc » 24 Fév 2016, 14:42

j ai vu un reportage hier a la tele le pays 3 petite ile pour etre exacte 100% de leur électricité était issu de panneaux solaire
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Messagepar fernando » 07 Mars 2016, 17:29

le début de la fin du nucléaire franssais?

Crise à EDF après la démission du directeur financier

Le directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, a démissionné de ses fonctions pour marquer son opposition au projet de construction de deux EPR sur un site britannique, qu'il juge trop risqué tant industriellement que financièrement. Pour les syndicats et de nombreux responsables, c’est le projet de trop, celui qui pourrait faire couler EDF. Pourtant, le président de l'entreprise s’entête. Il est désormais face à la fronde des salariés.

La crise, qui couvait depuis plusieurs semaines à EDF, a éclaté. Le directeur financier du groupe, Thomas Piquemal, a démissionné de ses fonctions pour manifester son opposition au projet britannique d'Hinkley Point. La construction de deux EPR en Grande-Bretagne, pour un coût estimé à plus de 23 milliards d’euros, assumés aux deux tiers par EDF, lui paraît représenter un risque gigantesque, hors de portée pour l’entreprise. « Si le directeur financier d’Areva avait agi de même, peut-être aurait-il sauvé l’entreprise », dit Jean-Luc Magnaval, secrétaire du CCE d’EDF, en saluant la décision du directeur financier. De son côté, le syndicat FO-Mines approuvait aussi « la démission courageuse du directeur financier d’EDF », soulignant que « le président d’EDF ne peut prétendre avoir raison contre tout le monde au sein de l’entreprise qu’il dirige ».

Les raisons qui ont poussé le directeur financier à démissionner rejoignent celles de nombre de responsables, de cadres dirigeants, de syndicats, farouchement opposés à ce projet, propre « à faire couler EDF », selon eux. Depuis plusieurs semaines, ceux-ci ne cessent de mettre en garde la présidence d’EDF et les pouvoirs publics contre le projet d’Hinkley Point. Mais Jean-Bernard Lévy, président d’EDF, fortement incité par les gouvernements français et britannique à approuver le projet dans les plus brefs délais, fait la sourde oreille.

Un conseil d’administration d’EDF est prévu pour demain, mardi 8 mars. Normalement, il s’agissait d’une réunion pour préparer la prochaine assemblée générale. Mais le sujet de la démission de Thomas Piquemal et d’Hinkley Point va s’imposer, de l’avis d’un proche du dossier. La direction est profondément divisée sur le sujet. « Il y en a trois qui sont farouchement pour : Vincent de Rivaz, qui dirige les activités d’EDF en Grande-Bretagne, Simone Rossi, responsable de l’international, Xavier Ursat, responsable des nouveaux développements nucléaires, parce que leurs postes dépendent de ce projet. Une autre partie hésite. Et les autres, notamment les financiers, sont farouchement contre », résume Jean-Luc Magnaval. « Nous sommes en train d’écrire un nouveau chapitre des décisions absurdes. Une grande majorité de l’entreprise est convaincue qu’il ne faut surtout pas y aller. Mais le politique s’en moque, au nom de la grandeur de la filière nucléaire, quitte à couler le groupe », dit un proche du dossier.

Les six représentants des salariés – toutes tendances confondues – qui siègent au conseil d’administration ont déjà annoncé leur intention de voter contre le projet, s’il est présenté au conseil. « Quoi qu’en dise la direction, c’est un énorme choc. Car le vote des syndicats n’est pas, comme la direction voudra le présenter, un énième désaccord sur la gestion sociale de l’entreprise. Leur opposition est sur un projet industriel, sur la conduite financière et industrielle du groupe. Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire d’EDF », relève un haut responsable de l’électricien public.

Le départ de Thomas Piquemal suscite de vives inquiétudes au sein d’EDF. Il était vu par nombre de salariés comme l'un des défenseurs, voire le seul, des intérêts du groupe, fait assez rare pour un directeur financier. Les salariés soulignent notamment qu’il a été le seul à tenir tête au gouvernement, et en particulier au ministre de l’économie, Emmanuel Macron, désireux de refiler la charge du sauvetage d’Areva à EDF. Thomas Piquemal s’est notamment opposé à la reprise de l’activité des chaudières du groupe nucléaire, Areva NP, en l’état, ce qui aurait amené EDF à assumer tous les risques – aujourd’hui encore incalculables – du chantier finlandais (lire L’Etat fait les poches d’EDF pour sauver Areva).

Dans l’espoir de diminuer l’impact de la démission de Thomas Piquemal, la direction a annoncé la nomination de Xavier Grisse comme directeur financier à titre provisoire. Mais de l’avis des connaisseurs du dossier, toute la pression est désormais sur Jean-Bernard Lévy, nommé à la présidence fin 2014. La greffe n’a manifestement pas pris dans le groupe : les salariés lui reprochent beaucoup son absence de vision, sa méconnaissance des métiers, sa soumission au gouvernement, sans prendre la défense des intérêts de l’entreprise.

Selon des rumeurs insistantes, Jean-Bernard Lévy aurait déjà présenté sa démission il y a quelque temps. Mais le gouvernement l’aurait refusée, faute d’avoir un remplaçant. Dans les couloirs d’EDF, il se dit que Jean-Bernard Lévy aurait obtenu un contrat en or lors de sa nomination. Il serait assuré de toucher l’équivalent de la totalité de sa rémunération correspondant à l’ensemble de son mandat – cinq ans – s’il exerce ses fonctions au moins jusqu’en 2017.
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Messagepar fernando » 09 Mars 2016, 14:25

La centrale nucléaire du Bugey met Genève en rogne

Une plainte pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui et pollution des eaux » a été déposée à Paris. L’avocate des autorités municipales et cantonales de Genève, Corinne Lepage, était, lundi 7 mars à Genève pour détailler cette « bataille juridique de grande ampleur ».

De notre correspondante à Genève (Suisse).- Si les Français n’agissent pas « face à la dangerosité avérée de la centrale nucléaire du Bugey », les Genevois, eux, peuvent le faire ! C’est en gros le message que la ville et le canton de Genève ont fait passer, ce lundi 7 mars, en organisant une conférence de presse 3 en compagnie de leur avocate Corinne Lepage, ancienne ministre française de l’environnement et ancienne eurodéputée, spécialiste en droit de l’environnement. Il s’agissait de détailler ce qui avait été annoncé la semaine dernière : le dépôt, le 2 mars, d’une plainte pénale contre X pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui et pollution des eaux », auprès du pôle santé du Tribunal de grande instance de Paris.

Au Palais Eynard, l’un des plus beaux bâtiments de la ville qui abrite le Conseil administratif, l’humeur des élus suisses était combative. Ils ont été les premiers à prendre la parole. « Depuis le 2 mars, nous sommes lancés dans une bataille juridique de grande ampleur (…) Nous disons aux habitantes et aux habitants de Genève que nous voulons absolument la fermeture de la centrale [du Bugey] où les incidents se sont multipliés », a attaqué Esther Alder, la maire de la ville, rappelant qu’à Genève cette tradition de lutte antinucléaire 3 ne datait pas d’hier.

Déjà en 1986, les Genevois avaient, lors d’une votation populaire baptisée « L’énergie est notre affaire », dit « oui » à une initiative qui tournait résolument le dos au nucléaire, fixant comme objectif de s’approvisionner en électricité provenant d’autres sources et obligeant les autorités cantonales à s’opposer à la construction de toute nouvelle centrale. L’article 169 de la Constitution de la République et canton de Genève 3 énonce que les « autorités cantonales s’opposent par tous les moyens à leur disposition et dans la limite de leurs compétences aux installations de centrales nucléaires, de dépôts de déchets radioactifs et d’usines de retraitement sur le territoire et au voisinage du canton ».

« La technologie nucléaire vieillissante qui nous entoure est un risque majeur pour notre population », a poursuivi Antonio Hodgers, le conseiller d’État vert (ministre cantonal) en charge de l’énergie. Il a vanté les bonnes pratiques du canton qui, à partir de 2017, ne fournira aux 1,5 million d’habitants que de l’électricité provenant d’énergies renouvelables, seul le nucléaire étant pour l'instant exclu. « S'il existe une réelle volonté politique, on peut se passer du nucléaire. Genève en est la preuve », a-t-il dit.

Rémy Pagani, conseiller administratif (municipal), a souligné qu’en cas de gros incident, Genève serait dans la « zone d’évacuation ». Il a fustigé EDF qui propose aujourd’hui de rénover « cette vieille casserole » (la centrale du Bugey) pour des montants faramineux, une « aberration ». Cet ancien maire de Genève, membre du mouvement de gauche SolidaritéS, a ironisé sur les récents propos de Ségolène Royal, la ministre française de l’environnement, qui veut prolonger de dix ans la durée de vie de la centrale du Bugey, la comparant à « une vieille 2CV » qu’il faut conserver car c’est plus économique. « Ces propos sont extrêmement graves car nous ne sommes pas face à un vieille 2CV, mais à une machine infernale qui met en danger la vie des gens », a-t-il estimé, précisant que Genève luttait aussi pour la fermeture des cinq centrales nucléaires suisses. Celle de Mühleberg, tout aussi obsolète que celle du Bugey, doit être fermée en 2019. En 2011, à la suite de l’accident de Fukushima, les autorités fédérales ont annoncé qu’arrivés en fin de vie (aux alentours de 2022) les réacteurs ne seraient pas renouvelés. « La chape de plomb qui existe en France sur le nucléaire français fait qu’il est plus facile pour nous d’agir », a-t-il conclu.

Tout sourire, Corinne Lepage n’a eu ensuite qu’à exposer l’aspect juridique et technique de l’affaire, rappelant qu’il y a 30 ans déjà, la ville de Genève avait fait appel à ses services pour se battre contre Superphénix, le surgénérateur de Creys-Malville (Isère), mis à l’arrêt en 1998.

Estimant « normal que les collectivités locales décident de protéger leur population », l’ancienne ministre a souligné qu’au Bugey, les risques étaient « extrinsèques et intrinsèques ». La centrale a été construite dans une zone sismique et inondable, sans qu’une « étude d’impact » ne soit réalisée, puisque la loi ne l’exigeait alors pas. « Il y a des risques considérables liés à l’implantation de la centrale et contre lesquels on ne peut rien faire », a-t-elle expliqué, auxquels s’ajoutent « des dysfonctionnements croissants ». Voir ici les avis d’incidents relevés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) 3.

Le soubassement de la centrale du Bugey, destiné en principe à créer une enveloppe d’étanchéité pour protéger la nappe phréatique, ne résisterait ainsi pas à un accident majeur, en cas de fusion du cœur nucléaire par exemple. Ce « radier » (le terme technique qui désigne ce soubassement) est en effet composé de trois « couches » : deux masses de béton avec au milieu du béton alvéolé. L’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) a soulevé cette question de l’étanchéité, mais EDF a répondu ne pas pouvoir y remédier pour des raisons financières.

À cela s’ajoutent les « fuites redondantes de tritium »,constatées en 2012, 2013 et 2015 par l’ASN qui a décidé à l’été 2015 de ne pas autoriser le réacteur N°5 qui était en maintenance à redémarrer. Son président Pierre-Frank Chevet a récemment reconnu dans Libération 3 qu’« il faut imaginer qu’un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe ».

Tout le monde s’interroge sur la recevabilité de cette plainte. En 2014, la ville et le canton de Genève ont été déboutés d'une action menée contre Iceda, une installation de conditionnement et d'entreposage 3 qui doit accueillir sur le site du Bugey les déchets radioactifs issus du démantèlement de Bugey 1, mais également de huit autres réacteurs EDF (dont Brennilis, Saint-Laurent, Chinon, Creys-Malville). Le Conseil d’État avait estimé 3 qu’il y avait « un défaut d’intérêt pour agir » de la part des Suisses, les effets de cette construction étant « locaux ». D’autres procédures administratives lancées par Genève contre l’exploitation de la centrale du Bugey sont en cours devant les juridictions françaises.

Corinne Lepage a expliqué que dans la nouvelle procédure, cette fois-ci pénale, « personne ne peut contester que s’il y a un gros pépin, les Suisses ne sont pas concernés ». « Cela ne sera pas rapide car le pôle santé du Tribunal de grande instance de Paris n’est pas connu pour la célérité avec laquelle il instruit les dossiers », a-t-elle prévenu. Elle a aussi expliqué que pour se prémunir d’un rejet de la plainte pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui, il avait fallu faire appel à quatre personnes physiques, voisins de la centrale nucléaire du Bugey. La jurisprudence étant très stricte sur ce point.

Certains de ces plaignants avaient fait le déplacement, tel Claude Cassé qui habite à 5 kilomètres de l’installation et milite dans une association locale, ACER 3. « Que l’on soit à 5 kilomètres ou à Genève, c’est pratiquement le même problème en cas d’accident grave », fait-il valoir.

Ségolène Royal, dont les oreilles ont dû siffler durant la conférence de presse genevoise, avait déclaré le lendemain du dépôt de la plainte que les Suisses seraient invités, le 4 avril, à une réunion locale d’information au Bugey. « Nous allons examiner la plainte, mais ce qui est clair, c'est que la sûreté dépend de l'Autorité de sûreté nucléaire », a-t-elle alors déclaré, des propos rapportés par La Tribune de Genève 3.

À la ville et au canton, ceux qui suivent ce dossier croyaient alors en la possibilité d’une rencontre à Paris. Mais rien n’est arrivé. Rémy Pagani a finalement été le seul à recevoir une invitation d’EDF pour se rendre à la date annoncée sur le site de la centrale. « Si ce sont des chargés de communication qui m’invitent, je ne vais bien sûr pas m'y rendre car les informations nous les avons déjà depuis longtemps ! » explique-t-il à Mediapart.
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Messagepar fernando » 09 Mars 2016, 15:33

Bruxelles reporte un vote sur le glyphosate, désherbant soupçonné d’être cancérogène

L'autorisation du glyphosate, présent dans le Roundup de Monsanto, expire en juin. Les Etats membres de l'Union européenne sont divisés sur la prolongation de l'autorisation d'utilisation de la substance soupçonnée d'être cancérogène.
La Commission européenne a dû reporter mardi 8 mars un vote sur sa proposition de prolonger l’autorisation de l’utilisation du glyphosate pour quinze ans, après que plusieurs pays européens ont rejoint le camp des opposants à cette substance soupçonnée d’être cancérogène.

Plusieurs sources diplomatiques ont rapporté que la proposition n’avait pas été soumise au vote, faute de majorité qualifiée (55 % des 28 Etats membres, représentant 65 % de la population de l’Union européenne), mais la commission a refusé de confirmer le report du vote, en expliquant que « les services de la Commission et les Etats membres [avaie]nt discuté de la façon d’aller de l’avant à ce sujet ». Le comité d’experts compétent se réunira à nouveau les 18 et 19 mai, mais « si besoin, cette question peut être soulevée (…) avant ».

Des avis scientifiques opposés

Les avis scientifiques divergent sur la dangerosité du glyphosate, substance active largement utilisée dans les pesticides, et notamment dans le Roundup du groupe Monsanto. Malgré un avertissement du Centre international pour le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’EFSA, a estimé « improbable » son risque cancérogène.

L’issue de ce vote semblait incertaine dès la semaine dernière, après que les Pays-Bas ont annoncé qu’ils demanderaient un report, tandis que la France, la Suède et l’Italie ont prévenu qu’elles voteraient « non ».
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