filou a écrit:je suis pas d'accord, cambrai c'est une chouette ville! moi j'aime bien mais j'habite à Tourcoing
Quelques semaines après le feuilleton Thauvin, au pied d’un sommet de la L1 demain soir au stade Pierre-Mauroy, nous avions envie de rencontrer Michel Seydoux et d’évoquer les grands sujets de son automne. Il nous a reçus dans son bureau mercredi dernier, dans le calme ouaté de Luchin.
– Monsieur Seydoux, quel bilan peut-on faire de ce premier gros tiers de saison ?
« Écoutez, quand ça marche sur le plan sportif, ça marche sur le plan humain… C’est une satisfaction. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la place, mais le nombre de points. C’est le meilleur départ du LOSC depuis treize ans… Je suis content de l’intégration de René Girard, de la gestion du groupe, de l’ambiance dans le club… Ça aurait pu être plus compliqué. Ce qui me donne de l’espoir, c’est que je pense qu’on a une marge de progression. »
– Vous n’êtes pas d’accord quand on dit que vous flirtez avec la sur-performance ?
« Si on veut être honnêtes, il y a des éléments en notre faveur, le calendrier, etc. En L1, il y a toujours une part de chance, mais ce sont les audacieux qui la saisissent. On n’a pas fait trop d’erreurs. Je pense qu’on n’est pas au taquet, même si le nombre de points peut donner cette impression. Il faut améliorer ce qui peut l’être. »
– La greffe Girard a l’air d’avoir bien pris, non ?
« C’était mon troisième grand choix (d’entraîneur), il était important. J’ai l’impression, puisque ça fonctionne, qu’on s’est posé les bonnes questions, et qu’on a amené les bonnes réponses. L’envie de René et la nôtre étaient fortes. On lui a tout exposé : les moyens, le programme. Il est arrivé et il s’est passé ce qu’on lui avait dit. Je savais que l’homme était fondamentalement fait pour nous, et lui avait ce même sentiment. Il est en adéquation. On parle souvent du binôme président-entraîneur, eh bien je le trouve formidable dans le quotidien ! »
– Y a-t-il de grandes différences avec Rudi Garcia dans la gestion quotidienne ?
« C’est le même nombre d’échanges, toujours très chaleureux. Rudi téléphonait plus tard que René, mais ce sont des bricoles (sourire). Je suis incapable de vous dire qu’il n’est là que depuis quelques mois, on dirait qu’il est déjà installé. On est contents de se voir, de ce que l’un apporte à l’autre. On partage des valeurs, on a des origines proches… On a un socle commun, même si on est très différents l’un de l’autre. Finalement, celui à qui j’ai le moins parlé sur la fin c’était Claude (Puel), parce que la direction était différente (Xavier Thuilot gérait le quotidien). »
– Marseille demain soir, c’est un gros et beau match à vivre, la meilleure affluence de votre grand stade…
« On a la chance d’avoir quelques cadors en L1… Si on ne remplit pas le stade pour ces occasions, c’est qu’on s’est trompés sur l’outil. Le Grand Stade a créé une vraie ambiance, c’est un stade qui vit… »
– Y aura-t-il du chauffage ?
« Ah, cette histoire… (annulation du concert de Depeche Mode à cause d’un problème de chauffage) Elle ne nous impacte pas directement, plus sur l’image indirecte. C’est une ânerie, il faut dire le mot. Je pense qu’ils n’ont pas découvert ça la veille. Ça joue plus sur la réputation du stade et de la Métropole que sur le LOSC… Mais c’est dommage. »
– Pour revenir au sportif, Marseille, c’est votre principal adversaire direct ?
« Il y en a plusieurs. Il y a deux grosses écuries et des challengers. On fait partie de la deuxième catégorie. Et l’OM est le plus gros des challengers, ils ont la prétention, enfin l’objectif, d’être troisièmes. »
– Ce match, c’est le grand retour de Florian Thauvin. Avec le recul, comment voyez-vous cette affaire de l’été ?
« Je ne veux pas remettre de l’huile sur le feu, il faut savoir tourner la page. Vincent Labrune (le président de l’OM) et moi, on l’a tournée. On se revoit dans plein de commissions… C’est une histoire comme il y en a eu d’autres. Il y avait une envie forte de Marseille de prendre Florian et une envie forte de Lille de le garder, et à un moment donné il y a eu un arbitrage que j’ai fait, en connaissance de cause et en responsable de mon club. Aujourd’hui, je pense que j’ai pris la bonne décision, même si Florian se débrouille bien, et tant mieux pour lui. Moralement, je l’ai déjà dit, ce n’était pas l’issue que je souhaitais. »
– Y a-t-il une clause pour qu’il ne joue pas ?
« Non, jamais. Je trouve ça scandaleux. Si un joueur part, son nouvel employeur fait ce qu’il veut ! Ces clauses… »
– Il jouera, selon vous, ou Marseille va lui éviter ça ?
« Il sera là, oui. Est-ce qu’il va débuter, je n’en sais rien. Je ne connais pas les éléments dont disposera Elie Baup… Il est bon en ce moment et la pression est sur leurs épaules, pas sur les nôtres. »
– Que pensez-vous des insultes du kop le concernant et qui dégringolent à chaque match ?
« Ça veut dire qu’ils ont compris ma position (sourire)… Non mais, à un moment donné, sérieusement, il faut savoir s’arrêter, de l’eau a coulé sous les ponts. On… Voilà, je n’ai pas plus de commentaires à faire. »
– Faut-il réviser vos objectifs à la hausse après ce bon début de saison ?
« Aujourd’hui, il reste un très long chemin. La place, on ne la prend en compte qu’en toute fin de saison, avant… Je me méfie, j’ai eu des désillusions par le passé, et pas plus tard que la saison passée. »
– Quel regard portez-vous sur Lens et l’arrivée d’Hafiz Mammadov, un actionnaire aux moyens, semble-t-il, illimités ?
« Aujourd’hui, les promesses faites à Monaco ou Paris ont été tenues, donc je ne mets pas en doute celles de l’actionnaire principal de Lens. C’est le terrain qui juge. Un challenger de plus, qu’il soit à côté ou à mille kilomètres… Ce sera à prendre en compte. »
– Mais ce ne serait pas embêtant pour vous, en tant que voisin et concurrent ?
« Pas du tout ! On a vécu ensemble en L1, quand le RCL était en avance ; à un moment donné les choses ont changé, ça peut rechanger. Je ne crois pas que les positions soient figées. On a une bonne position, il faut se battre pour la conserver, sportivement parlant ».
– Ce ne serait pas dur pour vous de voir les choses basculer ?
« Ça fait partie du (il hésite)… Je n’ai aucun sentiment d’hégémonie, je mène ma barque, point. Je fais tout pour faire avancer mon club. Il y a deux ans, on ne parlait pas de Monaco, maintenant on parle de Lens, en fait ça peut arriver n’importe où… »
– Bonne nouvelle, ça peut donc arriver à Lille ?
« (sourire) Ça peut arriver n’importe où. »
– Où en est le dossier de reprise ? Selon nos informations, vous l’auriez repris en main après l’avoir enlevé au cabinet parisien où vous l’aviez placé ?
« Je ne fais pas de commentaires sur un sujet où je n’ai ni timing, ni issue. J’ai dit que je prendrai le temps qu’il faudra. Bon, oui, je réfléchis sur une autre solution, c’est exact. Ça avance mais ce n’est pas le sujet du moment. L’attractivité de la société France n’est pas facile en ce moment… »
– On en revient à la fameuse taxe à 75 %…
« Cette taxe est… Elle ne correspond à aucune justice fiscale. On va taxer des entreprises qui ne font pas de bénéfices… On dégagerait des bénéfices énormes, encore... Je pense qu’il faut continuer à combattre cette inégalité. Bien sûr, la grève des riches, ça paraît ridicule, c’est moins parlant que les clubs hippiques ou les bonnets rouges. On a quand même été reçus par le Président… Si on n’était pas importants, pourquoi aurait-il perdu du temps à recevoir une bande d’hurluberlus ? »
– Restez-vous optimiste sur ce dossier, alors que Jean Glavany, le médiateur, tente de faire avancer les choses ?
« Le gouvernement ne reculera pas sur sa seule mesure populaire (sourire)… En revanche, un aménagement de l’impôt est possible en France, pour qui que ce soit. Il y aura donc des négociations, au cas pas cas. »
– Un Kalou peut-il rester si cette mesure passe ?
« Ce genre de mesure l’encourage à rester, puisque ce sont les patrons qui paient… S’il avait dû payer, disons les choses, je ne suis pas sûr qu’il serait encore là. »
– L’été prochain, on insiste, quelle sera la tendance ? Comme l’été dernier, le départ des gros salaires ?
« Dans un schéma idéal, on veut garder une ossature de quelques joueurs de talent et, à côté, faire éclore des jeunes pousses de chez nous. C’est la politique que j’ai mise en place après le titre. Maintenant, il est certain que si ces taxes s’appliquent sur 2013 et 2014, je serais obligé d’en tenir compte dans mes embauches… »
– Après avoir beaucoup développé le club, vous prenez toujours du plaisir, même si vous semblez vous rapprocher du plafond ?
« C’est la logique du développement : on a beaucoup investi, on a beaucoup de frais généraux, d’engagements, comme Luchin, etc. Désormais, les grands équilibres passent par l’Europe pour un club comme nous. Quand vous terminez sixièmes, comme l’an passé, ça exige de faire attention. Il y a dix ans, on était un club léger, aujourd’hui on a un certain nombre de collaborateurs, on ne peut pas faire n’importe quoi. »
– Aujourd’hui, où réside encore votre potentiel de développement ?
« Il faut essayer de conserver l’ossature, et de surperformer par rapport à des adversaires qui ont des moyens illimités… »
– Pour prendre une métaphore cinématographique avec les films sortis cette semaine, Lille c’est plutôt : La Marche (on avance), l’Escale (on stagne) ou Last Vegas (on regarde dans le rétro) ?
« (rires) Le titre qui m’irait ce serait ‘‘Une forme de majorité’’. J’ai beaucoup parlé d’adolescence à un moment donné, aujourd’hui il faut stabiliser. Mais je ne connais pas ce film-là à l’affiche, désolé (sourire). Pour accélérer, il faudra trouver d’autres solutions. »
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