[O1T] Un article de la presse silvoplé

Messagepar pepito_banzaï » 16 Mars 2021, 20:23

Dites voir les jeunes,
est ce que quelqu'un à accès à l'intégralité de cet article et serait suffisamment urbain pour le copier/coller ici ?
https://www.lemonde.fr/culture/article/ ... _3246.html
La vie est une pute qui te veut pas que du bien.
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pepito_banzaï
 
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Messagepar Dageek » 16 Mars 2021, 21:09

PIRATE!!


Le jury aurait difficilement pu mieux choisir. En ces temps où tout concourt à rétrécir le champ des possibles, l’attribution, mardi 16 mars, du prix Pritzker 2021 à Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal vient rappeler que le génie de l’architecture consiste justement à savoir en assouplir les contours. Cette distinction, équivalente du prix Nobel pour l’architecture, résonne comme une profession de foi dans les puissances, dans cette discipline que l’on dit mère de tous les arts, et dans l’intelligence qu’elle est capable de déployer, y compris quand l’adversité se fait brutale.

Le duo Lacaton-Vassal s’est formé à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Bordeaux, où les futurs Prix Pritzker étudiaient dans les années 1970. Il s’est consolidé au début des années 1980, au Niger, où Jean-Philippe Vassal a passé cinq années comme architecte urbaniste et Anne Lacaton, toujours installée à Bordeaux (elle travaillait au centre d’architecture Arc en rêve), allait régulièrement le rejoindre. Il s’est officialisé en 1987, quand ils ont fondé leur agence, à Paris.

Le Palais de Tokyo, à Paris, réhabilité par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal entre 2002 et 2012.
Le Palais de Tokyo, à Paris, réhabilité par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal entre 2002 et 2012. PHILIPPE RUAULT
Ensemble, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal ont produit une œuvre remarquable, dont les bâtiments les plus célèbres sont le Palais de Tokyo à Paris (livré en deux tranches, la première en 2002, la seconde en 2012), le FRAC de Dunkerque (2013), ou encore l’Ecole d’architecture de Nantes (2009). Mais ce n’est pas seulement pour eux qu’ils ont été distingués. C’est pour la philosophie de l’architecture qu’ils ont patiemment développée, pour la méthode qu’elle a engendrée à force d’être mise à l’épreuve du réel, que l’on peut résumer ainsi : dépenser moins – moins d’argent, moins de matériaux, moins de CO2… – pour produire le plus – plus d’espace, plus de plaisir, plus de possibles…

Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes, réalisée par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal en 2009.
Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes, réalisée par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal en 2009. PHILIPPE RUAULT
Victoire contre la standardisation
Le principe est simple, la mise en œuvre l’est moins. Elle exige de penser librement, de prendre les problèmes à l’envers, de déplacer les curseurs… Elle demande, pour convaincre les maîtres d’ouvrage de s’engager sur ces terrains vierges, une bonne dose de volonté, de foi et d’audace. Chacune de leur réalisation, ou presque, est une victoire contre la standardisation, contre le manque d’imagination, contre le rouleau compresseur du marché et des réglementations qui s’y greffent.

Si Lacaton et Vassal se détournent des matériaux dits nobles, c’est, paradoxalement, par goût du luxe. Un luxe qui serait accessible à tous

Emblématique de leur démarche, le projet pour la place Léon-Aucoc, à Bordeaux (1996), qu’ils ont proposé dans le cadre d’un programme d’embellissement de la ville : après avoir étudié la place en profondeur, en discutant notamment avec des riverains, ils ont considéré qu’elle était « déjà très belle », « authentique et sans sophistication ».

Ils ont alors réfléchi au terme « embellissement » : « S’agit-il de remplacer un matériau de sol par un autre, un banc en bois par un banc en pierre, au design plus actuel, ou un lampadaire par un autre plus à la mode ? » Au bout du compte, ils ont proposé de ne rien changer, simplement d’améliorer l’entretien des arbres, la propreté, et de légèrement modifier la circulation.

Lire l’entretien (en 2019) : Anne Lacaton : « En architecture, transformer est tout aussi créatif que créer »
Les Lacaton-Vassal ne jouent pas le jeu. Le costume noir de l’architecte au service des puissants, ils laissent cela à d’autres. Au diapason de l’architecture qu’ils pratiquent, leur style est plutôt rustique : pull en laine, pas de maquillage, cheveux au naturel… S’ils se détournent des matériaux dits nobles, c’est, paradoxalement, par goût du luxe. Un luxe qui tiendrait à la qualité de l’air, de la lumière et de l’espace, à la liberté d’appropriation des lieux aussi, tous ces biens gratuits qui se font de plus en plus rares. Un luxe, surtout, qui serait accessible à tous.

La maison Latapie (1993), à Floirac (Gironde), par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal.
La maison Latapie (1993), à Floirac (Gironde), par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal. PHILIPPE RUAULT
Avec son jardin d’hiver aux allures de serre agricole, sa façade en tôle ondulée, la maison Latapie (1993), à Floirac (Gironde), n’a pas l’aspect rassurant du pavillon sur catalogue que ses commanditaires, une famille modeste, prévoyaient d’acheter. Son charme bricolé ne satisfait pas aux critères traditionnels du beau, mais la définition qu’elle en propose, avec ses 185 mètres carrés de surface offerts pour le même prix (68 000 euros), ses espaces reconfigurables au gré des saisons, s’impose sur place avec la force de l’évidence.

Plus d’espace à vivre
Offrir plus d’espace à vivre, c’est tout l’enjeu des réhabilitations de logements sociaux que les nouveaux lauréats du Pritzker ont conduites sur la tour Bois-le-Prêtre, à Paris (17e, en association avec Frédéric Druot, 2011), et dans le quartier du Grand Parc, à Bordeaux (2017, en association avec Frédéric Druot et Christophe Hutin). Des ensembles des années 1960 pour lesquels ils ont greffé, sur chaque logement, un grand jardin d’hiver. Moins chères qu’une démolition-reconstruction, moins traumatisantes pour les habitants, moins nuisibles pour l’environnement, ces opérations ont conduit à augmenter de près d’un tiers l’espace habitable, à y faire entrer beaucoup de lumière et à améliorer les performances thermiques des immeubles qui, avec ces façades épaissies, ont, de surcroît, bien meilleure allure.

L’architecture des Lacaton-Vassal est celle qu’on mérite aujourd’hui – celle d’une humanité qui a épuisé les ressources de la planète

Comment habiter le monde ? Si une question devait résumer la démarche des nouveaux Prix Pritzker, c’est bien celle-ci, et elle excède largement le secteur du logement. Comment une maison peut-elle habiter une dune boisée ? En laissant les arbres percer l’espace du salon (la maison du Cap-Ferret, en Gironde, 1998). Comment un centre d’art peut habiter l’espace mémoriel d’un hangar désossé ? En le maintenant intact et en lui greffant un clone (FRAC Dunkerque, 2013). Comment les étudiants d’architecture peuvent-ils habiter leur école ? En s’appropriant les espaces libres qui excèdent partout le programme (Ecole d’architecture de Nantes, 2009).

Maison de Cap-Ferret (Gironde), en 1998, par Lacaton & Vassal.
Maison de Cap-Ferret (Gironde), en 1998, par Lacaton & Vassal. LACATON & VASSAL
L’architecture des Lacaton-Vassal n’est pas de celles qui font pousser des « waouh ! » ébahis, mais c’est celle qu’on mérite aujourd’hui – celle d’une humanité qui a épuisé les ressources de la planète et qui n’en reste pas moins légitime à vivre libre. Qu’elle s’ancre dans des leçons qu’ils ont apprises au Niger, dans cette idée que la pénurie peut stimuler l’inventivité et la poésie, n’est pas anodin. Qu’elle irrigue, depuis la crise de 2008, toute une mouvance, frugale et poétique, de l’architecture française, ne l’est pas non plus.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Prix Pritkzer 2021 pour Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal : « Partout dans le monde, il y a cette folie de détruire »
Vingt-sept ans après avoir distingué Christian de Portzamparc (1994), treize ans après avoir couronné Jean Nouvel (2008), ce prix Pritzker honore pour la troisième fois de son histoire l’architecture française. Il arrive, alors que celle-ci est de plus en plus dépendante de la commande privée, de moins en moins protégée par la loi. Gageons que, en rappelant le rôle joué par cette discipline essentielle dans la fabrication de nos villes – pour ne pas dire de la vie tout entière –, il lui apporte un souffle nouveau.

Isabelle Regnier
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Messagepar pepito_banzaï » 17 Mars 2021, 10:06

Dageek a écrit:PIRATE!!


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