par une des fakes de Der » 22 Fév 2013, 13:30
à propos de la footixisation du public parisien
Un public s'éteint, un club s'éveille
A deux jours du Clasico face à l'OM, Football365 vous propose d'évoquer le rapport particulier qu'entretiennent dorénavant les supporters du PSG et la direction
Le paradoxe est plus que parlant. A mesure que le PSG devient un club phare en Europe, son supporter historique, capable de chanter pendant toute une rencontre la gloire de son équipe, s’en va. « Depuis que j’ai 10-11 ans, je suis supporter, nous a confié Julien (ndlr : le prénom a été changé), qui n’hésite pas à prendre une journée de congé pour faire un déplacement du PSG. J’ai connu les périodes galères où on jouait la relégation. En fait, à une époque, on n’avait pas une grande équipe mais on avait le meilleur public de France. Maintenant, c’est l’inverse. » Depuis 2010 et la dissolution des groupes de supporters parisiens, le conflit avec la direction est ouvert. La mise en place du plan Leproux a définitivement rompu les rapports entre les deux entités. Qu’ils se nomment Karsud, Liberté pour les Abonnés (LPA), K-Soce Team ou encore Microbes Paris, les nouveaux groupes dissidents se heurtent à un mur quand ils essaient de dialoguer avec la nouvelle direction du club.
Un trajet aller-retour à Toulouse à 80€ pour rien
« Je ne suis plus abonné car je conteste la politique actuelle des dirigeants envers les historiques, nous explique ce supporter de 23 ans. Avant au Parc, il y avait de la bonne ambiance, c’était cool. Maintenant, les virages ont été dissous. Dans un premier temps, j’ai continué à aller au stade avec mon père et des amis mais l’ambiance est devenue nulle. Pour vous dire, je me suis fait embrouiller une fois parce que j’étais debout dans le virage et assis à la place de quelqu’un. Dans les virages, on se met où on veut normalement. Ça a vraiment changé. On s’ennuie ferme et du coup, je ne suis plus trop fan pour y aller. » Du coup, c’est au cours de déplacements que ce jeune salarié du privé préfère aller supporter son équipe de toujours. Malheureusement, l’accueil n’est parfois pas à la hauteur de son engouement. A l’occasion du déplacement à Toulouse, il a été confronté à ce que tout supporter craint de vivre : un blocus de la part des forces de l’ordre. Résultat : un trajet aller-retour sans voir le match, une journée sans boire et manger et 80€ jetés par la fenêtre. De quoi énerver même le plus fervent des ultras.
Une centaine de supporters bloquée aux abords de Toulouse
« On était deux cars, une centaine de supporters environ, nous raconte-t-il. On est parti à 4h30 de Paris et on est arrivé vers 14h à Toulouse. Là, on passe le dernier péage et on voit six camions de gendarmerie qui nous attendaient. On s’est mis sur le côté. Il nous ont expliqué qu’ils allaient contrôler chaque personne avec prise d’identité et fouille. On pense tout de suite qu’ils étaient vraiment au courant de notre passage. On est beaucoup à penser que c’est le club qui les a avertis. Les gendarmes nous ont d’ailleurs dit qu’il fallait voir avec le PSG pour les explications. » La suite est vraiment des plus pénibles. Car le déplacement tourne rapidement à l’affrontement psychologique entre forces de l’ordre et supporters. « Tout s’est d’abord bien passé, explique l’intéressé. On a attendu une heure après qu’ils aient fouillé les bus. Ils ont pris tout ce qu’étaient bouteilles, etc… Je ne vais pas vous mentir, il y avait de l’alcool mais surtout des jus et des packs d’eau. Ils n’ont pas cherché à comprendre, ils ont tout pris. »
« Ils nous ont accordé d’aller pisser un par un sous surveillance »
Mais la défiance ne s’arrête pas à la saisie des vivres. La centaine de supporters du PSG est avant tout là pour voir le match au Stadium. Au final, ils ne sortiront pas de leur bus et ne mangeront pas. Tout juste auront-ils droit d’aller faire leurs besoins sous le regard des CRS. « Vers 16h-17h, on a demandé à prendre l’air. Ils nous ont accordé d’aller pisser un par un sous surveillance. On était à deux mètres du car, ils nous regardaient donc on n’avait aucune intimité. On en voyait qui avait du mal à l’accepter… » Le ton commence alors à monter chez certains qui expriment leur ras-le-bol. « Ça faisait pratiquement 24h qu’on n’avait pas mangé, se souvient-il. Pendant ce temps-là, les CRS mangeaient sous nos yeux dans leurs camions. Ça n’avait pas l’air de leur poser de problème. On a voulu sortir mais on a vite été encerclé. Il y a eu de l’affrontement verbal et physique mais rien de trop méchant. » Heureusement, ce type de mésaventures n’arrive pas souvent. « Il y a toujours eu des petits contrôle de police lors de nos déplacements mais à ce point-là, c’est du jamais vu, affirme encore Julien. Le déplacement nous a quand même coûté 80€. Il y a des jeunes qui se sont privés pour venir. Moi, j’ai pris une journée pour y aller. »
« Beckham ? Ce n’est que pour le pognon ! »
Des sacrifices que ne sont plus prêts de faire certains qui trouvent aujourd’hui les places au Parc trop chères. « Quand tu es étudiant ou jeune salarié, c’est plus que compliqué de se payer ce précieux sésame. En gros maintenant, c’est minimum 30€ pour les places les moins chères en virage. » Et pour quel spectacle ? Si la qualité de jeu est maintenant au rendez-vous, le désamour du public est grandissant. Les vrais supporters ont quitté le stade. Ne reste plus que les autres… « Tu te rends compte que ça siffle vite, regrette Julien. A la mi-temps des fois, le public hue son équipe alors qu’elle n’est même pas menée au score. Il y en a beaucoup qui ne sont pas des historiques, ils ne viennent que depuis qu’il y a Ibrahimovic. Contre Saint-Etienne, quand Ibra est expulsé, le Parc s’est un peu vidé. C’est un grand joueur, on est content qu’il soit là mais il n’y a pas que lui. » Désormais, il y a aussi David Beckham. Mais le choix de l’Anglais ne fait pas l’unanimité. « Beckham ? Ce n’est que pour le pognon, assure-t-il. Il peut apporter son expérience dans le vestiaire. Mais c’est avant tout sur le plan marketing que le club a voulu investir. Les maillots s’arrachent à 110€, c’est fou. Les gens voient qu’il y a Ibra et Beckham dans la même équipe, à l’étranger, le regard a changé. »
« On paye pour une cinquantaine de cons qui ont foutu la merde »
Et le constat ne semble pas s’améliorer malgré les résultats sportifs favorables du PSG. Le contact avec la direction est rompu malgré les appels du pied de plusieurs associations dissidentes. « On n’a plus de contact avec le club. On nous met de côté et on ne nous a pas expliqué pourquoi. On paye pour une cinquantaine de cons qui ont foutu la merde. Mais au lieu de venir nous parler, la direction a préféré rompre les contacts et faire le ménage sans penser aux historiques, ceux qui sont prêts à chanter 90 minutes pour supporter Paris. » Autrefois, le Parc des Princes était reconnu comme l’enceinte de France où régnait la meilleure ambiance. Aujourd’hui, la donne a clairement changé. « Avant, on venait au Parc, on ne regardait pas le match mais plutôt les tribunes vibrer, bouger et chanter, explique le jeune supporter. Il y avait les fumigènes et tout, c’était de la folie. Aujourd’hui, ça chante deux minutes, ça insulte à la moindre passe manquée. Bientôt, ça va ressembler au Stade de France. » Et dire que QSI a pensé à l’enceinte de Saint-Denis pour loger le PSG… Le dernier affront pour écarter les irréductibles ?
Ndlr : Contactée, la direction du PSG n’a pas souhaité communiquer sur ce sujet