par otto » 27 Sep 2014, 15:08
Ils s'en sortent bien...
C’est sur une civière que ce père de famille a quitté les tribunes du stade Delaune, mardi soir, l’œil tuméfié et le nez cassé, sous les yeux de ses jumeaux de 11 ans « traumatisés », de sa nièce et de sa filleule, âgées de 14 et 16 ans. « Voilà cinq ans que je vais au stade », a-t-il déclaré jeudi après-midi à la barre du tribunal où étaient jugés en comparution immédiate ses deux agresseurs, deux supporters au casier vierge appartenant aux Ultras. Et de confier : « On se met à côté d’eux car on aime cette ambiance, on chante, on frappe dans les mains. Mais des fois, on n’a pas envie de chanter. C’est ce qu’elle m’a reproché. » Elle, c’est l’ex-compagne du plus âgé des prévenus (40 ans), lui-même père de famille. « Elle me hurlait dessus », poursuit-il. « Moi je lui parlais calmement. Peut-être qu’à un moment je lui ai dit Dégage. » Des « propos vexatoires », selon l’avocat des prévenus, qui auraient « mis le feu aux poudres » et poussé quatre jeunes gens à venir s’expliquer avec la victime. La vidéosurveillance performante du stade a permis d’établir la suite des événements, survenus alors que le Stade de Reims était mené 4 à 0 par l’Olympique de Marseille… et d’identifier les protagonistes, qui n’ont eu d’autre choix que de passer aux aveux. « Un groupe arrive sur la victime. Il y a une bousculade », relate la présidente. « Puis vous arrivez à votre tour, et vous frappez Monsieur au visage. » Un second coup part dans la foulée. « Par rapport au match, j’étais énervé », tente de se justifier l’homme devant les juges.
La victime, pour se défendre, attrape son agresseur au niveau du torse. C’est alors que le fils de ce dernier, mineur, surgit et lui assène un coup de poing (il a été mis en examen par le juge des enfants, jeudi, laissé libre et remis à sa mère). Le quadragénaire tente à son tour de le frapper, de nouveau, « mais d’autres vous retiennent », poursuit la présidente.
Le calvaire de la victime ne s’en trouve pas pour autant stoppé : le second prévenu, 19 ans – il connaît « de vue » les deux autres mis en cause –, qui a décelé le « mouvement de foule », décide d’intervenir pour, selon ses dires à la barre, « retenir les gens qui frappaient ». « J’ai alors reçu un coup au genou. J’ai pas cherché à comprendre. Je me suis retourné et j’ai frappé (…). C’est la première fois que je porte un coup dans un stade à une personne »… « qui était à terre ! » s’indigne la présidente.
« C’est ce type de personnages qui gangrène le football », s’insurge à son tour Me Decarme pour la partie civile, allant jusqu’à qualifier les prévenus d’« intégristes sportifs » qui « ne supportent pas que leur équipe tombe sur meilleur. (…) Mon client s’est fait littéralement massacrer, tout ça parce qu’il ne chantait pas. »
Le procureur a pour sa part qualifié ces faits – qui ont entraîné six jours d’ITT pour la victime – d’« inacceptables ». « Le stade doit être un lieu de fête, de rassemblement, la violence n’y a pas sa place », a-t-il insisté, avant de requérir six mois de prison avec sursis et l’interdiction de stade pendant 5 ans. Une demande suivie par les juges, qui ont précisé que les deux Ultras devraient, en prime, pointer au commissariat à la mi-temps de chaque match des Rouge et Blanc.