par Giallo » 09 Oct 2014, 21:33
Après 170 pages, vainqueur par KO :
Aux assises de l’Oise puis de la Somme, l’inceste consenti dans une famille du Compiégnois avait choqué. Avant-hier, à Gisors (Eure) le père a tué sa fille aînée qui voulait refaire sa vie.
Mardi, en fin de journée, Denis Mannechez, 52 ans, un cadre originaire de Béthune (Pas-de-Calais) fait irruption, armé, dans le garage Tenzo autos, dans la périphérie de Gisors (Eure). Il tue d’abord le patron de ce petit atelier, Frédéric Piard, puis il marche vers la dépanneuse où sa fille aînée, âgée de 33 ans, était au volant. Il lui tire deux balles dans la tempe et l’épaule, puis retourne l’arme contre lui, s’en sort malgré tout. « Il est hospitalisé à Rouen. Son état est très critique, les fonctions cérébrales ne sont plus en état », précisait, hier, la procureur de la République d’Évreux, Dominique Laurens. Survivra-t-il à ses blessures ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il s’agit d’un drame passionnel. Denis Mannechez se trouve en effet au cœur d’une affaire unique dans les annales judiciaires françaises, celle de « l’inceste consenti ». On découvre éberlué cette histoire devant la cour d’assises de l’Oise, en mai 2011. Une jeune fille a dénoncé des faits de viols commis par son père alors qu’elle n’avait pas 15 ans, mais c’est un système clanique, entièrement tourné vers la satisfaction sexuelle du pater familias, que décortiquent les jurés. Mannechez, décrit par les experts comme « beau parleur » et « tout puissant » a commencé à coucher avec son aînée avec la complicité de sa femme, une quinquagénaire effacée. Puis sa cadette a été invitée à partager sa couche, « pour ne pas qu’elle se sente délaissée ».
Au début, les filles indiquent qu’elles avaient moins de 15 ans lors des premiers rapports. Pour mieux protéger leur père, elles affirmeront plus tard que cet anniversaire était dépassé. La plus vieille reconnaît qu’elle n’était pas consentante la première fois : « Maman a commencé une fellation à papa puis m’a demandé de finir ». Elle reviendra également sur ce point, parlant d’« acte d’amour ». Le tout a lieu non pas dans la courée d’un quartier populeux mais chez un cadre supérieur, dans une propriété avec 5 000 m2 de terrain, près de Compiègne.
En 2011, le père est condamné à huit ans de prison, la mère, pour complicité, à cinq ans. Le procès d’appel se tient à Amiens en novembre 2012. On y croise la fine fleur du barreau : Delarue pour le père, Dupont-Moretti pour la victime. Victime ? La cadette a retiré toutes ses accusations. L’aînée, elle, assume de vivre avec son père et d’avoir eu un enfant avec lui, en 2002. La plus accusatrice est finalement la mère, qui a été exclue du clan pour avoir reconnu que ce mode de vie était « pervers ». Tous les avocats plaident dans le même sens. « On est à la frontière du droit et de la morale », analyse Hubert Delarue. Les jurés sont bien embêtés et rendent un verdict que deux ans plus tard, on cherche encore à comprendre : pour eux, Mannechez a bien violé ses filles mineures de 15 ans mais il n’écope que de cinq ans dont deux ferme. Il échappe à l’incarcération.
La fille aînée s’était séparée de son père, en emmenant leur fils, aujourd’hui âgé de 13 ans. « Cela faisait trois semaines qu’elle était installée dans l’Eure. Son employeur avait accepté de l’héberger temporairement dans ce garage. Elle cherchait définitivement à refaire sa vie et se disposait à s’installer de nouveau dans l’Oise », indique le procureur d’Évreux. Sa mort laisse un enfant malheureux et à jamais déboussolé. Son père et grand-père vient de tuer sa mère et demi-sœur. Ce dernier était présent dans l’appartement au-dessus du garage le soir du drame.
source : Courrier Picard
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