par une des fakes de Der » 26 Sep 2012, 14:59
Nando, toi le pro des salles obscures, j'en appelle à ton expérience ....
Quelles stratégies déploient les cinéphiles quand ils choisissent leur place? Une étude de Claude Forest parue dans la revue des "Conserveries mémorielles" s'intéresse à ce phénomène passionnant.
Premier enseignement: les spectateurs n'orientent pas leur choix en fonction d'un critère rationnel, à savoir le son ou l'image. En observant le comportement des "primo-arrivants" (ceux qui arrivent en premier dans la salle), on constate qu'ils "ne se ruent pas sur les meilleures places techniquement repérées".
Les primo-arrivants choisissent en effet généralement de se placer en hauteur, dans un souci de domination de l'espace et des autres, mais aussi de sécurité (à cause d'une "peur physique inconsciente de ce qui se passe derrière soi"). Ils aiment aussi se mettre sur les côtés, près d'une sortie éventuelle.
Après les primo-arrivants, place à la "foule tranquille" qui remplit la salle et va devoir faire des choix par défaut. Tant qu'ils le peuvent, les spectateurs tentent alors d'éviter tout contact physique et ne s'assoient jamais à côté de quelqu'un qu'ils ne connaissent pas ou juste devant.
"À partir d'un certain seuil d'occupation de la salle, faute d'autres espaces libres ou confortables, il survient un moment à partir duquel cette proximité devient acceptable, tolérable, puis inévitable", note Claude Forest.
Enfin, les "retardataires" font leur apparition, divisés en trois types. Les "réservés" qui "se placent là où ils peuvent pour ne pas déranger". Les "méticuleux" qui "se cherchent une place intéressante" après un temps d'observation. Et les "dominants du dernier moment", qui s'installent à la place de leur choix et n'hésitent pas à déranger les autres.
L'auteur fait aussi remarquer que chez les couples, l'homme se met, dans trois cas sur quatre, du côté de l'allée, et la femme vers le centre de la rangée. Les hommes sont enfin ceux qui partent en premier de la salle de cinéma et il semblerait que le rituel de départ se rapproche du comportement d'un... troupeau de singes.
"Lorsqu'ils se déplacent en groupe, ces primates le font comme nos spectateurs, selon une composition apparemment spontanée, mais intangible et bien établie." Les mâles dominants en tête et en queue de la troupe, les femelles et les petits au centre.