SAV a écrit:C'est quoi Nuit Debout ?
Je regarde/écoute plus les infos.
fernando a écrit:SAV a écrit:C'est quoi Nuit Debout ?
Je regarde/écoute plus les infos.
Tiens voilà un bon article de Mediapart sur le sujet. En gros c'est un truc bordélique et sans lendemain, à la Occupy Wall Street.
La Nuit debout réfléchit à son avenir incertain
21 avril 2016 | Par Faïza Zerouala
Les initiateurs de la Nuit debout, regroupés au sein de l'équipe du journal Fakir, se sont interrogés mercredi 20 avril au cours d'un débat parfois houleux sur les suites à donner au mouvement. Ils défendent l'idée d'une convergence avec les syndicats opposés à la loi sur le travail.
Il y avait le serment du Jeu de paume. Il faudra désormais compter avec le serment de la Bourse du travail. Il n’est pas sûr en revanche que celui-ci marque l’Histoire. À l’issue de trois heures de débats, le journaliste François Ruffin, réalisateur de Merci patron ! et initiateur de la Nuit debout, fait se lever la salle et lui demande de brandir sa main droite. « Non, la gauche ! », suggère un participant pour plus de cohérence idéologique. L’ensemble de l’assemblée obtempère et fait le serment de « ne plus jamais voter PS ».
.Alors que le mouvement Nuit debout se revendique comme apolitique et qu’il s’est construit en indépendance totale vis-à-vis des partis, il est étrange d'assister soudain à une telle mise en scène, en décalage avec cette volonté de se tenir loin des tractations et autres logiques d’appareil. D’autant que la crainte de la récupération politique 3 et le refus de la personnalisation du mouvement irriguent les débats et nourrissent les craintes de la base. Bien sûr, le réalisateur a voulu miser sur l’humour pour désamorcer la forte tension surgie de la discussion générale.
Cette réunion à l’intitulé explicite, «Nuit Debout : l’étape d’après ? », s’est tenue, le 20 avril, à la Bourse du travail, dans le Xe arrondissement parisien, à deux pas du centre névralgique du mouvement, la place de la République. Tout avait bien commencé. La salle Ambroise Croizat est pleine, à tel point que des personnes sont refoulées à l’entrée. Les organisateurs invitent à plusieurs reprises les 350 participants à se serrer « au maximum » sur d'inconfortables bancs en bois. Une fanfare joue pour lancer la soirée. L’équipe du journal Fakir, emmenée par le réalisateur de Merci patron !, et deux commissions de Nuit debout (« Convergence des luttes » et « Grève générale ») ont convoqué cette assemblée. Sept intervenants, parmi lesquels on compte seulement deux femmes, syndicalistes ou militants doivent s’exprimer à la tribune.
Trois semaines après le lancement de Nuit debout, cette soirée de réflexion et son thème illustrent bien l’enjeu pour l’initiateur de ce mouvement qui lui a échappé ou l’a, au moins, dépassé. Il souhaite visiblement réinjecter du politique dans ce qui s’est transformé en agora géante où chaque participant vient exposer, en deux minutes chrono, ses revendications ou esquisser à grands traits sa société idéale. La réflexion se prolonge au sein des différentes commissions : féministe, climat-écologie, action, convergence de luttes, etc. Bref, les Nuit-deboutistes en sont encore au stade de la réflexion et du recensement de leurs doléances.
À ce stade, Ruffin entend dresser un bilan d’étape, rappeler les actions concrètes menées comme les occupations de lieux de pouvoir économique ou les manifestations. Et surtout donner une direction concrète à l’élan qui s’est levé place de la République pour éviter qu’il ne s’embourbe dans le néant.
Le réalisateur semble peu goûter la thérapie de groupe et rappelle à plusieurs reprises que cette réunion reste l’initiative de l’équipe de Fakir et que « ce n’est pas une AG ». Ruffin, vêtu de l’immuable tee-shirt promotionnel de son film sur lequel est floqué « Merci Bernard » (Arnault, le patron de LVMH, l’un des héros, contre son gré, du film Merci patron !), commence son discours en tressant des louanges à la Nuit debout. Il explique avec fierté : « On vit quelque chose. C’est comme un sphinx qui renaît chaque matin de ses cendres. C’est émouvant. On respire mieux. Avec la Nuit debout, il se passe enfin quelque chose. Mais on n’avait pas prévu l’étape d’après le 31 mars. Il faut un plan de bataille. On est dans une maturation politique, on ne sait pas comment ça germera. »
La métaphore est belle mais en réalité Ruffin a deux ou trois idées pour faire grandir le mouvement et l’inscrire dans la durée. Il met en garde la salle contre la tentation de la bohème et de se laisser porter par les jours. Il invite aussi les participants à s’inscrire dans une perspective de trois semaines. Mais avant, Ruffin expose son idée-phare, toujours dans l’optique de dessiner une stratégie : « Il y a un coup à jouer et il faut faire un très gros 1er mai. Il faut faire une manif et finir à République par un meeting commun avec les syndicats contre la loi Travail. On doit leur tendre la main. »
Dans cette contestation, de fait, les syndicats ne sont pas les uniques moteurs et acteurs de la mobilisation. La pétition contre la loi sur le travail (lire ici notre article à ce propos) a été le catalyseur et a réussi à se traduire dans la rue. L’un des intervenants, Fabrice, de la CGT de Grenoble, et participant à la déclinaison locale de la Nuit debout, épouse le même discours que Ruffin et plaide pour une convergence entre les deux organes. Il pose les problématiques auxquelles font face les syndicats aujourd’hui : « Comment réenclencher une dynamique ? Il y a une remise en cause du mode de mobilisation aujourd’hui. Les syndicats ont cette organisation pyramidale, on se bat pour une reconsultation de la base. À la Nuit debout, on ne peut pas reproduire ces schémas. »
Un peu plus tard, le syndicaliste expliquera que les deux formes de contestation ne sont pas concurrentes mais convergentes : « On doit s’habituer à ces nouvelles formes de mobilisation. On doit s’enrichir mutuellement et impulser cette dynamique de la Nuit debout dans nos syndicats qui doivent être plus ouverts. »
« S'inscrire dans la durée »
Les appels à la grève reconductible (voire générale, au lieu de la grève d’un jour) ou au blocage de l’économie reviennent parmi les propositions des uns et des autres.
Serge Halimi, directeur du Monde diplomatique, met en garde la salle en citant un article de Thomas Frank 3, qui analyse Occupy Wall Street, né aux États-Unis en 2011 contre les inégalités, comme un mouvement « tombé amoureux de lui-même ». Selon lui, les protestataires américains n’ont pas réussi à réellement peser dans le débat public faute de revendications claires. Il invite les Nuit-deboutistes à établir un « plan de bataille » — décidément l'expression du soir — et à réfléchir « à comment réaliser ses objectifs une fois les manifestations et l’occupation retombées ». Le journaliste, d’un ton professoral, recommande aussi de se concentrer sur un petit nombre de revendications, faute de quoi elles se dilueront entre elles et peineront « à s’inscrire dans la durée ». Il suggère aussi de contester l'accord de libre-échange transatlantique (lire notre dossier sur le sujet), aussi menaçant, à son sens, que la loi El Khomri.
Renaud Lambert, journaliste lui aussi au Monde diplomatique, fait l’analogie entre ce qui se passe aujourd’hui avec le précédent espagnol de 2011 avec les Indignés. Il invite, là aussi, à ne pas se tromper de stratégie car au fond « l’Espagne a peu changé ». Comme le lui a confié un militant espagnol, raconte-t-il, il ne s’agit pas « de pécher par excès d’idéalisme ». Le message est clair. Pour lui, faire échouer l’adoption de la loi sur le travail doit demeurer l’objectif, mais pour ce faire, il faut de « la discipline ».
L’intervention de l’économiste Frédéric Lordon (également contributeur du Monde diplomatique) électrise la foule et rejoint peu ou prou les préconisations précédentes. Avant de délivrer son analyse, il réclame une chaise. Un spectateur ne peut s’empêcher de clamer : « On est à la Nuit debout pas assise ! » Lordon suggère qu’il ne faut pas « être ici pour une animation citoyenne all inclusive comme le voudraient Laurent Joffrin ou Najat Vallaud-Belkacem, on est ici pour faire de la politique ». Une référence à l’exclusion très commentée du philosophe Alain Finkielkraut de la place de la République, défendu par le directeur de Libération et la ministre de l’éducation nationale. Il appelle à la jonction des actions des salariés, des organisations syndicales et de la Nuit debout pour contourner « les limites du pur revendicatif » et « mettre des grains de sable partout ».
Pendant les échanges avec la salle, une feuille circule dans les rangs invitant ceux qui le veulent à signer l’appel à soutenir la proposition d’un 1er mai coordonné avec les syndicats : « Nous en appelons à la CGT, à Solidaires, à Force Ouvrière, pour que le parcours soit prolongé de Nation à République et que nous partagions ensemble un moment d’unité, de combativité et de fraternité. Il s’agit là d’un geste symbolique, voire historique. Seule cette jonction est en mesure, aujourd’hui, de faire peur à l’oligarchie, et de faire reculer le pouvoir. »
Ce qui se voulait être un débat constructif vire à la foire d’empoigne caricaturale. Des orateurs sont hués, interrompus en plein développement, on joue des coudes pour essayer d’arracher le micro.
Une participante déplore « le mépris » entendu ce soir et attribue cet échec aux syndicats qui n’ont pas fait « d’éducation populaire ». Deux fronts émergent clairement. Les organisateurs plaident en faveur d’une structuration du mouvement là où la salle soutient la poursuite d’une action spontanée, non cornaquée, même si la proposition de convergence le 1er mai est acceptée. Un autre participant souligne avec perfidie : « On n’a pas attendu les intellectuels pour avoir l’idée de se mobiliser massivement pour le 1er mai. »
François Ruffin interrompt une intervention et rappelle que « ce n’est pas une parole libre » pour se démarquer de l’assemblée populaire. Il recadre les intervenants qui livrent simplement un constat, rappelant encore une fois que la réunion entend bel et bien dégager des idées concrètes.
À la tribune, tant bien que mal, la modératrice propose de voter pour adopter l’idée de Ruffin sur la convergence syndicale du 1er mai puis de valider les autres actions les jours suivants comme le blocage du Medef le 3 mai par exemple. Les réponses se noient dans le brouhaha général.
La salle se vide un quart d’heure avant l’horaire prévu. Des participants se transportent place de la République, à quelques mètres de là. Il s’y joue, là-bas, une musique plus harmonieuse 3. La foule compacte est captivée. L’orchestre, composé de musiciens sympathisants du mouvement, joue, très à propos, la symphonie du Nouveau Monde d'Antonin Dvorak.
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