par manulosc » 19 Oct 2016, 09:24
Il y a une vie après le LMR
Ils avaient réussi un exploit colossal, l'accession en pro D2. Ils ont fini au tribunal, avec les huissiers à la porte, abandonnés
C'était le LMR...
Ils étaient des héros, avaient rendu fier le rugby du Nord. Ils avaient réussi un exploit colossal, l’accession en Pro D2, après de longues années d’attente. Ils avaient des projets plein la tête, le professionnalisme enfin, accroché un soir de printemps lors d’une inoubliable demi-finale de Fédérale 1 à Nevers. Ineffaçable 31 mai 2015. Ils ont fini au tribunal, avec les huissiers à la porte, abandonnés. Dépossédés de leur conquête. Tirés vers le fond, les enfers. Et bientôt aussi privés de leur club, de leur histoire, rayé de la carte à la fin de l’hiver 2016.
Sept mois après le dépôt de bilan du Lille Métropole Rugby, nous sommes repartis sur la trace des joueurs. Parce qu’un club qui disparaît, ce n’est jamais anodin. Parce que le rugby nordiste de haut niveau chez les garçons a été englouti dans cette disparition. Parce qu’on voulait surtout savoir comment les uns et les autres s’en sont remis, ont rebondi.
Alors, où sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Eh bien, bonne nouvelle, joueurs, entraîneurs, tout le monde a retrouvé un club. Cela n’a pas été sans mal car il a d’abord fallu sortir des procédures administratives et judiciaires, ce qui a occupé tout le premier semestre 2016, voire plus pour certains. Mais en cette nouvelle saison, chacun peut de nouveau vivre un bonheur de rugbyman sur le terrain. S’il en a, bien sûr, la volonté.
L’éclatement du groupe permet de retrouver les anciens Lillois partout en France et même à l’étranger. L’ex-trois-quart centre, entraîneur l’année de la montée, Morgan Turinui est ainsi rentré chez lui en Australie. C’est aussi le cas du première ligne Ricky Whitehall, qui étrenne une carrière de coach en Angleterre, à Burton. Le talonneur belge Thomas Dienst, médecin pédiatre, joue encore, mais au pays. Pour le jeune demi de mêlée, Théo Buchel, étudiant, on est dans l’exotique à Miami.
chacun a retrouvé un club, les niveaux s’étirent du Top 14 (Martin Lainé, préparateur physique désormais au Racing 92) aux championnats territoriaux. Le pilier Jadot tente sa chance à Vannes en Pro D2, où l’ailier Klur a fait son trou à Narbonne. Neuf joueurs sont restés en Fédérale 1, dont un gros bataillon à Strasbourg, qui a récupéré August, Beaumont et S. Romain, auxquels il faut ajouter Cordier, Lillois la saison dernière. L’autre héritage se retrouve à Nice en Fédérale 2, où l’entraîneur David Bolgashvili a emmené Noé, Lefebvre, Van Laer et Kandé, plus le jeune Franquart. Enfin, en Fédérale 3, le voisin Marcq profite des renforts de Potelle, Pierre, Justumus et Kornyeli. Pour le plaisir du jeu, l’amitié et les souvenirs d’une bande de potes qui gardent le contact. Juste pour le jeu, l’amitié et les souvenirs, ce qu’on ne leur prendra jamais.
CHRONOLOGIE
1996 : création de l’association LMR par des dirigeants de l’Iris Club Lillois et du Lille Université Club (LUC). Le RC Villeneuve-d’Ascq rejoint l’aventure en 2000.
Avril 2008 : accession en Fédérale 1.
31 mai 2015 : le LMR valide son ticket pour la Pro D2 grâce à un essai inscrit à la dernière minute à Nevers.
23 juin 2015 : la DNACG de la Ligue nationale de rugby (LNR) refuse l’accession. Comptes non équilibrés.
26 juin 2015 : financement participatif insufflé par les supporters. Il permettra de réunir plus de 150 000 euros.
17 juillet 2015 : en appel, la Ligue valide la montée. Mais le dernier mot revient à la DNACG de la FFR (fédération), qui retoque le dossier. Sont reprochés des dettes antérieures (2011-2014), un équilibre trop tardif, des financements a posteriori.
3 août 2015 : devant le CNOSF, la LNR veut enregistrer son inscription en Pro D2. Mais la FFR oppose toujours un refus. Une semaine plus tard, avis défavorable.
20 août 2015 : le tribunal administratif de Versailles donne raison à la FFR, en présence du club de Dax, qui charge le LMR et sauve sa peau en Pro D2.
Septembre 2015 : Jacky Lorenzetti, président du Racing 92, s’intéresse à une reprise du LMR. Deux semaines plus tard, il jette l’éponge (motifs juridiques).
22 décembre 2015 : Jonathan Stauber succède à Jean-Paul Luciani à la présidence. Projet de recapitalisation de 600 000 euros.
14 mars 2016 : annonce du dépôt de bilan.