So Foot a écrit:Luc Dayan : « Vous n'avez plus d'investisseurs qui acceptent le risque de perdre leur argent »
Luc Dayan a privatisé le LOSC, restructuré le capital de l'OGC Nice, tenté d'acheter le PSG, présidé le RC Lens, sauvé Valenciennes et embarqué dans la galère bastiaise. Autant dire que c'est un homme qui a quelques idées sur l'économie du football français. Spoiler : elles sont noires.
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C'est-à-dire ?
Vous avez dans le football, depuis 7-8 ans, des fonds qui prêtent avec une grosse exigence de rentabilité, qui ne mettent pas forcément le couteau sous la gorge tout de suite, auxquels les gens qui reprennent des clubs empruntent, parce que personne ne prête et que mettre son argent perso est tellement risqué. C'est un peu ce que font les fonds vautours, comme ce fameux fonds Elliott qui a prêté à la Grèce, etc. Pour des gens qui ont des gros capitaux, et/ou des gens qui ont de l'argent sale, prêter dans ces conditions-là est très intéressant. Sur des milliards d'euros à placer, du 10 %, c'est énorme ! Si ça marche, c'est le jackpot ! Donc il y a eu des structures qui se montent autour des clubs. Indirectement, c'est un peu le même principe que dans l'immobilier au moment de la bulle avec les subprimes, sauf que là, c'est au niveau des entreprises.
On retrouve le fonds Elliott au capital du LOSC. Quel regard portez-vous sur le projet lillois ?
Je suis à la racine de tout ça, historiquement ! (Rires.) C'est moi qui ai privatisé le club, qui ai ramené tous les actionnaires, Seydoux, Partouche...
De manière générale, le football est devenu tellement n'importe quoi en matière de modèle économique, qu'au niveau du financement, on ne trouve que des fonds vautours, ou des fonds qui blanchissent – la question de l'origine de l'argent peut quand même souvent se poser –, ou des États qui s'en foutent. Les investisseurs normaux, qui font des business models sains, sont de plus en plus rares. Et en plus on se finance avec l'argent public ! Regardez le stade de Lille : si un jour le club saute, ce sont les contribuables qui vont payer l'investissement. C'est pour ça que je suis en marge de ce système, parce que je pense que ce n'est pas responsable de ne pas l'avoir régulé, de ne pas avoir créé des règles différentes de gestion, d'avoir accepté un système qui par nature s'emballe.
Pourquoi s'emballe-t-il par nature ?
Parce qu'avec les ventes de joueurs, on a à la fois masqué et créé le problème de base. On a besoin des ventes. Mais un joueur, en général, il n'accepte d'être transféré que s'il y a une augmentation de salaire. Donc il y a une augmentation des coûts, qui n'est pas rattrapée par l'augmentation des recettes hors mutations. Et donc on fait de plus en plus appel à des systèmes sophistiqués, complexes, parfois douteux et à hauts risques. Et des clubs sautent. L'ensemble du système est devenu trop risqué, on est allé trop loin dans le laisser-aller. On est allé à l'extrême de ce système dans lequel l'aléa sportif consubstantiel à l'activité est lié à des conséquences économiques devenues ingérables. Dans mes premiers dossiers en 2000, les besoins de financement étaient de l'ordre de 2-3 millions. Nice, en 2001, on avait réuni 3-4 millions. Maintenant, il a fallu 30 millions à Lens, 22 millions à Valenciennes, il faut 25 millions à Bastia...
L'interviouve en entier :
http://www.sofoot.com/luc-dayan-vous-n- ... 50771.html