par fernando » 17 Nov 2020, 14:42
On peut pas faire le plan de relance à 25, sans les trumpistes européens?
Ils commencent à nous casser sérieusement les couilles ces pays qui clament sans cesse que l'UE est la nouvelle URSS tout en touchant un max de subventions.
L'élargissement trop rapide à 10 pays de l'est et la règle de l'unanimité sont en train de tuer l'europe à petit feu.
La Hongrie et la Pologne bloquent le plan de relance européen
Budapest et Varsovie refusent que les versements de fonds communautaires soient conditionnés au respect de l’Etat de droit.
Certains pensaient qu’ils bluffaient ; d’autres les prenaient au sérieux. Ce sont ces derniers qui avaient raison. Budapest et Varsovie ont finalement mis leur menace à exécution. Lundi 16 novembre, la Hongrie et la Pologne ont bloqué le plan de relance européen de 750 milliards d’euros, ainsi que le budget pluriannuel (2021-2027) de 1 074 milliards d’euros qu’il doit venir abonder. « C’est une crise grave qui s’ouvre », commente un diplomate, alors que, après la première vague du Covid-19, la pandémie a repris sa progression, et que, partout en Europe, les économies se reconfinent et sombrent de nouveau.
Non que les deux démocraties qui revendiquent leur illibéralisme soient hostiles à ce que Bruxelles les aide à faire face aux ravages de la crise. Mais elles refusent que le versement des fonds communautaires soit désormais conditionné au respect de l’Etat de droit, comme cela est théoriquement prévu à compter de l’an prochain.
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, et dans une moindre mesure Mateusz Morawiecki, son homologue polonais, avaient prévenu dès le printemps, quand les négociations entre les Vingt-Sept ont commencé, qu’ils ne soutiendraient pas un tel mécanisme de conditionnalité.
A l’inverse, plusieurs Etats membres de l’Union européenne (UE), au premier rang desquels les « frugaux » (Pays-Bas, Autriche, Suède, Danemark), qui n’étaient pas favorables à la philosophie d’un plan de relance assis sur un endettement commun et le versement de subventions aux pays les plus affectés par le virus, en avaient fait une condition sine qua non. Tout comme le Parlement européen, qui est appelé à se prononcer sur le budget communautaire.
Une formulation entretenant le flou
Dans ce contexte, après quatre nuits et quatre jours de négociations, les Vingt-Sept étaient parvenus à un accord, le 21 juillet, sur le budget et le plan de relance qui prévoyait un lien entre aides communautaires et Etat de droit, dans une formulation suffisamment alambiquée pour entretenir le flou. Le 5 novembre, le Conseil (qui représente les Etats membres) et les eurodéputés, après deux mois de discussions, avaient fini par préciser les contours de ce dispositif. « Nous n’avons pas créé l’UE pour avoir une deuxième Union soviétique », a réagi Viktor Orban, vendredi 13 novembre. « Combien vaut la souveraineté ? Un milliard, plusieurs douzaines de milliards, plusieurs centaines de milliards d’euros ? Pour nous, cela n’a pas de prix », a pour sa part lancé le vice-ministre polonais de la justice, Michal Wojcik.
Comme Budapest et Varsovie ne pouvaient seuls venir à bout de ce mécanisme, dont l’adoption nécessite un vote à la majorité qualifiée des Vingt-Sept, ils ont « pris en otage » deux autres textes, qui, eux, doivent faire l’unanimité : le budget pluriannuel 2021-2027 et le dispositif permettant aux parlements nationaux d’autoriser la Commission européenne à s’endetter, et donc de financer le plan de relance. Lundi, à l’occasion de la réunion des ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l’UE, les diplomates hongrois et polonais y ont donc mis leur veto.
« La Hongrie a mis son veto au budget, car nous ne pouvons pas soutenir le projet dans sa forme actuelle, liant le critère de l’Etat de droit aux décisions budgétaires », a confirmé, jeudi, sur Twitter, Zoltan Kovacs, porte-parole du gouvernement hongrois. « Nous sommes ouverts à des solutions constructives, tant qu’elles sont conformes aux conclusions du Conseil européen et aux traités de l’UE », a réagi, dans des termes plus amènes, un porte-parole du gouvernement polonais.
Le blocage est d’abord hongrois, et la Pologne a suivi, même si elle a beaucoup plus à perdre que son partenaire : entre 2021 et 2027, il est prévu que Bruxelles lui verse chaque année 14 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 23 milliards au titre du plan de relance, quand ces chiffres sont respectivement de 5 milliards et 6 milliards pour la Hongrie. « Varsovie et Budapest ont une sorte de pacte sur les sujets “Etat de droit” », explique un diplomate. De fait, ils font tous deux l’objet d’une procédure au nom de l’article 7 – qui, si elle aboutit, peut les priver de leur droit de vote. Or, celle-ci, pour être lancée, doit être adoptée à l’unanimité, moins une voix, celle de l’Etat membre visé.
« Le blocage par la Hongrie et la Pologne du budget européen ne remet pas en cause notre détermination sur la relance et sur l’Etat de droit. Une solution sera trouvée dans les toutes prochaines semaines, la France y est pleinement engagée », a tweeté, jeudi, Clément Beaune, secrétaire d’Etat français aux affaires européennes.
Une chose est sûre, dans les prochains jours, la pression va se poursuivre pour convaincre Viktor Orban de lever son veto. Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel sont en contact régulier avec lui. Mais, ils le savent, ce ne sera pas simple. Car le Hongrois « ne cherche pas d’argent dans cette histoire, commente un diplomate. Il a une opposition de principe à la mise en place d’un mécanisme de conditionnalité à l’Etat de droit. Il sait que ce mécanisme crée un précédent, qu’il n’est pas parfait et que la question de son perfectionnement sera, tôt ou tard, à l’ordre du jour ».
Sauver la face
Il n’est en tout cas pas question de renégocier ce qui l’a été si difficilement ces dernières semaines, et de risquer de perdre le soutien de La Haye, de Vienne ou du Parlement européen pour se rallier celui de Budapest.
Il faut donc chercher autre chose. Par exemple, accompagner le texte de mentions permettant de rassurer Viktor Orban – quitte à « en diluer légèrement le contenu », commente un diplomate –, et au passage, de lui sauver la face dans son pays. « L’ingénierie européenne a plein de trésors, mais encore faut-il que les différents acteurs soient à la table des négociations. Ce n’est pas le cas de la Hongrie pour l’instant », note un autre diplomate. Avant d’ajouter : « On ne peut être totalement optimiste. Si ça continue à bloquer, la question du plan de relance à Vingt-Sept se posera. »
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Pour l’heure, le plan prend du retard. Il est désormais acquis que les premiers versements, initialement prévus en avril, n’interviendront pas avant la fin du printemps 2021. Et, pendant ce temps, l’activité économique poursuit sa chute.
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