Dageek a écrit:y'avait un mec au journal hier ou avant hier qui était surpris de l'avoir chopé parce qu'il buvait un genre de thé local pour se prémunir ..
Vaccination contre le Covid-19 : « Aux Antilles, il y a la volonté de se soigner par soi-même et non en suivant des politiques imposées de l’extérieur »La faible couverture vaccinale à la Martinique et à la Guadeloupe s’expliquerait par une défiance envers l’Etat, renforcée par de récents scandales sanitaires, estime la sociologue Stéphanie Mulot dans un entretien au « Monde ».
La situation sanitaire aux Antilles est « extrêmement grave », selon le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, arrivé sur place mardi 10 août. Pourtant, le taux de vaccination y reste très en deçà de la moyenne nationale. Stéphanie Mulot, professeure de sociologie associée au Laboratoire caribéen de sciences sociales, en analyse les raisons.
Quels sont les arguments avancés par les personnes opposées à la vaccination aux Antilles ?
Dans la société antillaise, on oppose à la vaccination les méthodes préventives comme la vitamine D ou le zinc visant à renforcer le système immunitaire. C’est une question qui divise beaucoup. On a, par exemple, vu depuis l’année dernière des médecins, des pharmaciens et des universitaires antillais créer des collectifs pour dire qu’il fallait opposer à des mesures radicales, comme le tout vaccinal, des mesures préventives et ciblées. Malgré le fait qu’elles ne soient pas forcément spécialisées en virologie, on accorde à ces personnes une légitimité importante.Les scandales comme celui du chlordécone (un pesticide toxique utilisé dans les bananeraies antillaises entre 1972 et 1993) ont-ils renforcé cette méfiance ?
Ces scandales ont créé une conscience forte chez les Antillais selon laquelle l’Etat n’a pas joué son rôle de protecteur. Sur l’affaire du chlordécone par exemple, des plaintes ont été déposées contre l’Etat pour « non-protection des populations ». On peut aussi parler des sargasses, ces algues qui envahissent les plages antillaises et engendrent une pollution pour laquelle il n’y a, pour l’instant, pas de solution.
Il plane aux Antilles le vœu d’une souveraineté thérapeutique, de se soigner par soi-même et non en suivant des politiques imposées de l’extérieur. Un Guadeloupéen m’a ainsi dit : « Si un vaccin était produit par un laboratoire antillais, les gens se feraient vacciner. »Le passé colonial entre les Antilles et la France a-t-il accentué ce ressentiment envers l’Etat ?
La colonisation a largement bafoué l’identité des Antillais, avec l’idée qu’il fallait valoriser tout ce qui venait de France. De récents événements sont venus réactiver pour certains cette défiance envers un Etat colonial. Par exemple, les manifestations liées au chlordécone en Martinique, l’année dernière, ont été émaillées de violences policières. Un homme est également mort en Guadeloupe à la suite d’une intervention policière. Cela contribue davantage à la baisse de l’adhésion aux décisions politiques nationales.
Depuis une quinzaine d’années, il y a des mouvements de revalorisation des compétences et des ressources locales aux Antilles contre des formes d’aliénation liées à la colonisation. Ainsi, on va aussi mettre en avant des traitements préventifs supposés d’origine locale, comme l’herbe à pic du docteur Henry Joseph ou l’huile essentielle de Ravintsara. Le succès du docteur Henry Joseph est en partie lié au fait qu’il représente une fierté guadeloupéenne retrouvée.A la Martinique, par exemple, seulement 19 % des plus de 12 ans sont totalement vaccinés contre le Covid-19. La gestion de la crise est-elle en cause ?
Depuis le début de la crise, il y a eu un déficit de confiance envers les politiques menées au niveau national. On estime que la crise sanitaire a été mal gérée, qu’il y a eu des mensonges… Les retards dans la prise de décisions politiques fortes pour endiguer l’épidémie sont aussi dénoncés, avec le sentiment qu’on a favorisé la santé économique. Certains Antillais ne veulent pas porter, en se faisant vacciner, les conséquences d’une gestion politique jugée depuis longtemps insuffisante.
N’y a-t-il pas également une défiance envers l’industrie pharmaceutique ?
La confiance en la science a été ébranlée par les controverses actuelles sur la pandémie, mais aussi celles antérieures, comme le scandale du chlordécone. Certains Antillais, comme dans d’autres pays, considèrent que l’industrie pharmaceutique repose sur l’exploitation du vivant et de la biodiversité, au détriment des ressources humaines et de l’écologie. Cela a une résonance forte aux Antilles, car certains locaux ont une vision créole du monde qui inscrit l’homme dans un rapport beaucoup plus équilibré avec la biodiversité. Il y a l’idée qu’il faut s’opposer à la marchandisation de la nature, de la santé et des corps. En ce moment, on a par exemple tout un débat sur la toxicité des vaccins.
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