L’EUROPE L’A REJETÉE, L’AFRIQUE AURA SA SUPERLEAGUELa Confédération Africaine de Football (CAF) a validé le projet d’une SuperLeague. L’Afrique sera donc le premier continent à inaugurer une compétition envisagée au printemps dernier par plusieurs clubs européens. Mais le projet ne fait pas l’unanimité. Comme en Europe des voix s'élèvent et des craintes font surface.Ce qui était encore une (très forte) hypothèse il y a quelques semaines est devenu une réalité, le 26 novembre dernier, lors du Comité exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF) au Caire. A l’issue de l’assemblée générale extraordinaire, plusieurs décisions ont été prises, notamment le soutien de l’instance au projet de la FFA d’organiser la Coupe du monde tous les deux ans, et la création d’une SuperLeague. Cela faisait plusieurs mois que la nouvelle direction de la AF, présidée depuis le mois de mars par le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe, notoirement proche de Gianni Infantino, planchait sur ce dossier.
2,5 MILLIARDS D’EUROS DE REVENUS SUR 5 ANS SELON INFANTINO
L’idée avait été lancée par le président de la FIFA, lors d’un déplacement en RD Congo au mois de novembre 2019, puis réitérée trois mois plus tard au Maroc, à l’occasion d’un séminaire CAF-FIFA. Le Valaisan s’était ouvertement déclaré favorable à une SuperLeague africaine, susceptible selon lui de générer 2,5 milliards d’euros sur cinq ans, une somme très largement supérieure à celle que dégage la Ligue des Champions.
“J’attends de voir”, temporise cependant un membre de la CAF. La crise sanitaire et les turbulences ayant agité la Confédération africaine, lors des derniers mois du mandat du malgache Ahmad Ahmad, avaient fait passer le projet au second plan. L’élection de Motsepe l’a remise au goût du jour : le Mauritanien Ahmed Ould Yahya, un des vice-présidents de la CAF, a été chargé de travailler sur le projet, avec l’aide discrète mais efficace de membres de l’institution, et le patron du football africain avait, via un communiqué publié au mois de juin dernier, avait confirmé que les discussions avec les fédérations étaient engagées.
Le dernier Comité exécutif de l’instance a donc abouti à la concrétisation d’un projet qui fera de l’Afrique la pionnière en matière de SuperLeague. Plusieurs clubs européens (Juventus Turin, Inter Milan, Real Madrid, FC Barcelone, Manchester City, Manchester United, Liverpool notamment) avaient tenté, au printemps dernier, de créer leur propre compétition, avec le succès que l’on sait. Aujourd’hui, les Africains se préparent à lancer la leur, même si aucune date n’a été fixée. D’autres questions subsistent, sur le nombre d’équipes concernées, leur mode de sélection, et le montant du ticket d’entrée qui sera exigé. Ou encore sur les véritables revenus que pourraient dégager cette Super League, puisque Motsepe, contrairement à Infantino, ne s’est pas hasardé sur ce terrain.
VERS UNE LIGUE FERMÉE ?A priori, environ vingt clubs seraient directement concernés par la future compétition. Mais pas n’importe lesquels. “Il faut s’attendre à ce que Zamalek et Al-Ahly (Egypte), l’Espérance Tunis et l’Etoile du Sahel (Tunisie), le WAC Casablanca et le Raja Casablanca (Maroc), le TP Mazembe (RD Congo), des clubs algériens (JS Kabylie) ou sud-africains (Kaizer Chiefs) soient concernés. Uniquement des gros, avec un palmarès conséquent au niveau continental”, suppose un dirigeant d’une fédération ouest-africaine.
Évidemment, la Super League a ses partisans et ses détracteurs, quand d’autres adoptent une position intermédiaire. C’est le cas de Ridha Charfeddine, le président de l’Etoile du Sahel, vainqueur de la C1 en 2007. “D’abord, l’initiative vient de la CAF. En Europe, elle ne venait pas de l’UEFA mais de plusieurs clubs. Cela devrait éviter les divisions. Sur le principe, je ne suis pas hostile à la SuperLeague, car nous savons que la Ligue des Champions engendre des frais importants et qu’elle rapporte peu (2,2 millions d’euros au vainqueur et 1,1 au finaliste, ndlr). Une compétition plus rémunératrice grâce à des droits télé en hausse et au sponsoring privé, pourquoi pas, mais à condition qu’elle n’affaiblisse pas les championnats nationaux. C’est ma crainte principale.”
UNE COMPÉTITION ÉLITISTE
Celle de Benoît You, le directeur général de l’ASEC Abidjan, est davantage motivée par les critères de sélection qui seront retenus. Des rumeurs évoquent une Ligue fermée et exclusivement réservée à une élite. “Si c’est le cas, je n’y suis pas favorable. Car cela creuserait encore un peu plus les inégalités. En revanche, si la participation est liée au mérite sportif, et permettrait donc un club comme l’ASEC d’en être, je suis pour !” Et puis, il y a les farouches opposants, comme le Sénégalais Saer Seck, le président de Diambars, qui voit en cette SuperLeague “une compétition élitiste, qui verra les plus riches s’enrichir et les plus pauvres s’appauvrir. On y verra surtout des clubs nord-africains et sud-africains, les plus puissants financièrement. Cela veut dire aussi qu’on verra d’une année sur l’autre toujours les mêmes matches, ou presque.”
Certains dirigeants auraient aimé que la CAF, plutôt que d’entériner la SuperLeague, orientent leurs efforts sur une meilleure valorisation de la Ligue des Champions et de la Coupe de la Confédération, en renforçant leur visibilité. “Cela aurait eu plus de sens. Des compétitions mieux exposées, plus médiatiques, cela aurait attiré des partenaires privés”, explique l’un d’eux. La CAF a choisi une autre voie. Selon elle, la SuperLeague, en plus de générer des revenus importants, limitera l’exil des meilleurs joueurs…
https://www.eurosport.fr/football/leurope-la-rejetee-lafrique-aura-sa-superleague-et-ca-ne-plait-pas-a-tout-le-monde_sto8661053/story.shtml=> Excellente nouvelle pour un format qui anonçait la mort du foot. Promouvoir ce genre de compet' "elitiste" comme experimentation dans le continent africain, c'est directement tuer le projet dans l'oeuf.
Mes propos n’engagent que ceux qui en apportent une certaine crédibilité.