par fernando » 02 Déc 2022, 13:26
Coupe du monde 2022 : jamais sacrée et déjà éliminée, le crépuscule de la « génération dorée » belge
Tenue en échec, jeudi 1er décembre, par la Croatie, la Belgique quitte le Mondial au Qatar dès la phase de poule. Une nouvelle déception pour un groupe brillant mais jamais triomphant.
L’une des plus belles équipes de l’histoire du football belge s’est probablement disloquée, jeudi 1er décembre, à Al-Rayyan (Qatar), sans le moindre titre, européen ou mondial. Tenus en échec par la Croatie (0-0), en dépit de nombreuses occasions, les Diables rouges quittent la Coupe du monde au Qatar par la petite porte, dès la phase de poule. Ils se retrouvent aussi sans sélectionneur, l’Espagnol Roberto Martinez ayant annoncé son départ dans les minutes qui ont suivi cet échec.
« Génération dorée ». L’étiquette a été associée plus d’une fois à ce groupe mené par quatre joueurs hors normes – Eden Hazard, Thibaut Courtois, Romelu Lukaku et Kevin De Bruyne – et de nombreux partenaires embarqués dans la dynamique. Trustant l’une des deux premières places du classement mondial sans discontinuer depuis quatre ans, les joueurs du Plat pays avaient décroché, en 2018, le meilleur résultat de leur histoire, terminant le Mondial russe à la troisième place.
Sous pression après un début de Coupe du monde manqué – une victoire poussive contre le Canada (1-0) et une défaite face au Maroc (0-2) –, le vestiaire belge accumulait les tensions. Par voie de presse, parfois, les joueurs se reprochaient qui le poids des ans, qui une défense atone. Après leur élimination, les langues ne se sont pas déliées, mais les mines étaient basses, et peu de joueurs se sont arrêtés pour tenter d’expliquer la sortie de route.
« Je ne vais pas dire qu’on ne mérite pas d’être dehors, mais on aurait dû mieux jouer. Tout est décevant », a résumé l’attaquant Michy Batshuayi. Resté sur le banc, l’unique buteur belge du Mondial qatari a observé ses partenaires peiner, d’abord, puis pousser. Avant de multiplier les ratés, annihilant les chances de décrocher une qualification sur le fil.
Souvenirs douloureux
Arrivé sur une jambe au Qatar et entré après la pause, Romelu Lukaku aurait pu être le héros des Diables rouges. Réendossant sa panoplie de finisseur d’une sélection bien plus emballante avec lui, l’attaquant de l’Inter Milan a eu la qualification au bout du pied. Mais sur les quatre occasions franches qu’il a eues, le buteur n’a pas trouvé la mire. « Je ne dirais pas que c’est l’antihéros, car il est là pour les occasions, il les crée aussi, l’a défendu le latéral Timothy Castagne. Il garde la balle, il pèse. Et peut-être que s’il n’est pas là, on n’a pas ces occasions. »
Inconsolable sur le bord du terrain en fin de partie, Lukaku a été réconforté par Thierry Henry, adjoint de Roberto Martinez, dont le nom est évoqué pour succéder au technicien espagnol. A l’image de cet improbable raté sur un centre de Thorgan Hazard en toute fin de match, où le buteur ne parvient pas à redresser du corps une balle ayant effacé le gardien, il a manqué à Lukaku une touche de réalisme pour sauver son tournoi et celui de la Belgique.
Au lieu de ça, les Diables rouges rentrent chez eux prématurément. Un souvenir douloureux de plus pour cette équipe assimilable à un rutilant bolide lors des qualifications et des débuts des courses, mais à qui il aura à chaque fois manqué un « je-ne-sais-quoi » de plus pour virer en tête. Les Belges, qui avaient tant rêvé d’une finale contre la Croatie en 2018 – rêve brisé par une tête de Samuel Umtiti, un soir de juillet à Saint-Pétersbourg – quittent le Mondial au Qatar, quatre ans plus tard, pour ne pas avoir su battre les mêmes Vatreni. Même si l’Euro 2024 n’est que dans un an et demi, une nouvelle page va s’ouvrir pour la sélection, et la Belgique se demande si Kevin De Bruyne et Eden Hazard, âgés de 31 ans tous les deux, seront encore là pour l’écrire.
Des adieux en larmes pour Roberto Martinez
« Il ne faudrait pas oublier que cette génération nous a offert de grandes performances sur une décennie entière et des souvenirs formidables d’unité et de liesse », insistait l’ancienne gloire des Diables rouges Marc Wilmots, avant le Mondial, dans Le Soir. Et l’ancien sélectionneur (de 2012 à 2016), qui a mis le pied à l’étrier à ces joueurs en équipe nationale, de lister « ces stades pleins, cette Grand-Place de Bruxelles bondée et ces hordes de supporteurs faisant le déplacement aux quatre coins de l’Europe ou jusqu’au Brésil. C’était du jamais-vu ».
Annonçant son départ après six ans aux commandes, Roberto Martinez, qui est en fin de contrat avec la fédération, a aussi insisté pour se souvenir des belles choses, « qui resteront gravées pour le reste de [sa] vie et de celle de nombreux joueurs ». A en croire ces derniers, le désormais ex-sélectionneur a fait ses adieux en larmes, en compagnie de plusieurs d’entre eux dont l’avenir en sélection est incertain. Si seul le défenseur Toby Alderweireld (33 ans) s’est interrogé sur sa retraite internationale, « pour les autres, ça va aussi dépendre du nouvel entraîneur, qui prendra probablement certaines décisions », a exposé Thibaut Courtois.
Il y a quatre ans, la sortie du gardien des Diables rouges, après leur défaite face aux Bleus – « On perd contre une équipe qui n’est pas meilleure que nous, et qui ne joue pas » – avait collé aux Belges une réputation de mauvais perdants. Jeudi, Roberto Martinez a offert à ses troupes un épilogue dans la droite ligne : « C’est dommage, car, aujourd’hui, je pense que nous étions meilleurs que la Croatie. Nous avons eu les meilleures occasions. » Une observation, partagée par beaucoup, qui n’effacera pas l’impression de fin de règne ressentie à Doha.
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