Rio Mavuba savoure son retour en sélection et affiche ses ambitions
http://www.football365.fr/france/infos- ... 9531.shtmlAbsent depuis mars 2007 si l'on excepte une convocation sans jouer en 2009, Rio Mavuba se réjouit de retrouver les Bleus. Le capitaine lillois espère par ailleurs contrarier la domination annoncée du PSG en L1.
Rio Mavuba, peut-on crier un grand enfin après votre convocation en équipe de France par le nouveau sélectionneur, Didier Deschamps ?
Non, pas enfin, mais franchement, j’étais trop content à l’annonce de la liste, que j’ai regardée en direct. Je n’étais pas comme un gamin, mais franchement content. Je n’ai jamais eu le sélectionneur au téléphone, mais j’espérais. J’y croyais après ce changement de sélectionneur justement, en me disant qu’il allait peut-être y avoir des changements. Pour ma part, c’est déjà une grande avancée, car j’ai l’opportunité d’être dans ce groupe. Je vais savourer car ça m’a manqué. Vous m’en avez souvent parlé, j’étais même arrivé à un point où, parfois, je n’avais plus trop envie d’en parler. Là, je suis vraiment content.
Comment accueillez-vous cette convocation par rapport à votre évolution et à votre carrière ?
J’ai le sentiment aujourd’hui d’être plus aguerri, plus mature et meilleur pour affronter l’équipe de France que je ne l’étais quand j’étais plus jeune. Il y a eu la fin de l’ère Domenech où je ne faisais plus partie du groupe, j’ai juste été rappelé une fois en 2009. Et quand il y a eu Laurent Blanc, je n’ai pas du tout été appelé. C’est comme ça, maintenant je regarde devant et je n’ai plus du tout envie de ressasser ça. C’est déjà bien d’être dans la première liste d’un nouveau sélectionneur. Aujourd’hui, ce que je veux, c’est savourer et essayer de m’imposer dans ce groupe. C’est bien d’y être, mais maintenant, il faut que je fasse tout pour y rester.
Pensez-vous que votre expérience puisse faire la différence pour vous permettre de vous imposer chez les Bleus ?
Il y a des joueurs qui ne sont pas très âgés dans cette sélection et la moyenne d’âge n’est pas très élevée, c’est sûr, donc peut-être que mon vécu peut me servir. C’est une évidence. Maintenant, avoir un vécu, c’est bien, mais c’est plus pour le terrain que j’ai été pris. Après, c’est sûr que c’est un élément important.
Comment voyez-vous les choses ?
Je vais d’abord essayer d’avoir du temps de jeu si je peux, d’avoir une sélection, et après, bien évidemment, c’est à moi de bien me comporter sur le terrain. Mais c’est vrai que quand je joue, je suis le plus naturel possible et mon tempérament fait que j’essaie de penser collectif et d’aider le collectif. Maintenant, si je joue, je vais être naturel, on ne s’invente pas cadre, ça vient naturellement. Je suis déjà content d’être là, donc je vais savourer. Après, si le sélectionneur m’offre du temps de jeu, ce sera à moi d’en tirer profit. Après, c’est l’équipe de France, donc la concurrence sera rude tout le temps. Je suis très loin d’être installé, donc je ne me prends pas la tête, je vais y aller sereinement avec à l’esprit de montrer sur le terrain ce que je sais faire.
« Ça peut vraiment être une belle semaine »
Pensez-vous que votre taille (ndlr : il mesure 1,72 m) peut expliquer pourquoi les portes de l’équipe de France vous sont longtemps restées fermées ?
On voit dans la meilleure équipe du Monde de ces quatre dernières années qu’il n’y a pas forcément que de grands gabarits. Ce qui prouve bien qu’il y a de la place pour tout le monde. Et même en équipe de France, il y a déjà eu des joueurs pas très grands qui se sont imposés. Peut-être qu’au niveau de la formation, en France, on a cherché davantage à un moment donné des gros gabarits, mais il y a toujours eu de la place pour tout le monde. Je ne sais pas si cela a été le critère ou l’un des critères qui fait que je n’ai pas été en sélection, mais je ne l’ai jamais vu comme ça en tout cas. Pour moi, en football, ce qui compte, c’est le jeu et le ballon au sol. Bien sûr qu’il faut du répondant physique, car c’est important dans le foot moderne, mais je n’ai pas prêté attention à ça.
Comment avez-vous perçu le discours de Didier Deschamps au sujet de l’attitude à adopter pour les internationaux ?
Le sélectionneur a été clair et a envoyé un message, à savoir qu’il faut qu’on soit exemplaire et qu’il n’y ait plus de polémique autour de l’équipe de France. Les joueurs se doivent d’avoir un comportement exemplaire car on est regardé et que le football est un sport populaire dans lequel les enfants et le monde amateur prennent beaucoup exemple sur les joueurs professionnels. Après ce qu’il s’est passé lors des dernières compétitions, le sélectionneur a envie de redorer le blason. Si l’image de l’équipe de France est meilleure, le monde du football tout entier en bénéficiera.
Le fait de recevoir Nancy dans le Grand Stade quelques jours seulement après ce match amical avec la sélection peut-il vous poser un dilemme ?
Il n’y aura pas de dilemme. Moi, quand je commence un match, c’est pour le jouer à fond, match amical compris. Si j’ai l’opportunité de jouer, je vais tout donner. Bien évidemment qu’il faudra ensuite penser à bien récupérer pour Nancy, mais chaque chose en son temps. Là, pour recommencer, c’est d’abord Saint-Etienne qui nous attend. Après Saint-Etienne, il y aura le temps de penser à l’équipe de France. En tout cas, c’est vrai que ça peut vraiment être une belle semaine. A condition qu’il y ait les résultats derrière. Car, déjà, à Saint-Etienne, ça risque d’être compliqué. On va essayer d’aller faire un résultat là-bas. Et après, ce sera l’équipe de France et forcément de beaux instants à vivre. Avec en plus ensuite l’inauguration du nouveau stade, qui, là aussi, ne sera belle que s’il y a une victoire. Dans tous les cas, ça va être de beaux événements, mais il faut que les résultats suivent derrière.
Qu’est-ce que représente pour vous la présence de quatre joueurs du LOSC (Martin, Debuchy, Payet et donc Mavuba) dans cette première liste de Didier Deschamps ?
C’est une bonne chose et c’est historique pour le club. C’est vraiment une bonne chose par rapport à tout le travail qui est accompli au club, par rapport à la progression de Lille et à tout ce qu’il se fait, notamment ces deux dernières années. Sans compter qu’Adil (Rami) et Yohan (Cabaye) auraient pu être aussi dans cette liste. Tout ça veut dire que le travail est vu et que l’image du LOSC est en train de changer. C’est bien aussi par rapport à notre groupe. Si nous y sommes tous les quatre, c’est aussi grâce à nos partenaires. C’est vraiment une récompense collective.
« Il ne faudra pas se prendre pour Zorro »
Comment voyez-vous le championnat qui se présente ?
Si la logique est respectée, on sait que Paris sera champion. Ils s’en sont donnés les moyens. Maintenant, on est ambitieux. On aura envie de les titiller jusqu’au bout et on n’est pas les seuls dans ce cas-là. Il faut se rendre à l’évidence : on se plaignait qu’il n’y ait pas d’équipe à Paris et, là, ils se retrouvent avec pratiquement deux équipes qui peuvent jouer le titre (il rit). Sincèrement, ça va être compliqué. En cas de blessure, ils n’auront pas les mêmes problèmes que nous, car ils ont quasiment quinze ou vingt internationaux dans leur effectif. Agacé ? Non, pas du tout, car ça peut aussi être une source de motivation. Il faut savoir retourner les choses, et ça va être pareil du côté de Marseille, Montpellier ou Lyon. Ou même de Rennes et Bordeaux. Tout le monde a envie de freiner le PSG.
Y compris le LOSC ?
Oui, on a nous aussi une pression de résultats. On a envie de rejouer la Ligue des Champions tous les ans et ça fait peut-être aussi une place en moins, sachant que Paris est pratiquement sûr de terminer au moins sur le podium. Tout le monde a envie de réussir et ça va être compliqué. Paris a de l’avance, du moins sur le terrain et financièrement. Mais on va essayer de répondre.
Quel regard portez-vous sur cette équipe de Lille aujourd’hui ?
Je sens bien mon équipe. Il a fallu digérer le départ d’Eden (Hazard), mais on s’y était préparé, on va dire. On sait qu’on va évoluer sans lui, mais Marvin (Martin) et Salomon (Kalou) sont arrivés en ce qui concerne les recrues majeures et c’est plutôt pas mal. Lors des matchs amicaux, ça a bien rendu, on attend maintenant la compétition avec impatience. On va entrer dans le vif du sujet à Saint-Etienne sur un gros match, il faudra répondre présent. La force du LOSC a toujours été le collectif et les individualités s’y expriment. Eden s’y était bien exprimé, mais aujourd’hui, il n’y a plus d’Eden, donc tout le monde devra faire un peu plus.
Le départ d’Eden Hazard est-il susceptible quelque part de rendre le LOSC encore plus fort ?
Peut-être qu’inconsciemment, on attendait les exploits d’Eden, mais il n’est plus là et ça va peut-être permettre à d’autres de se révéler offensivement, en effet. Tout le monde a une grosse carte à jouer, ça passera évidemment par le collectif et il ne faudra pas que quelqu’un se prenne pour le Zorro de l’équipe (il rit). Collectivement, on peut peut-être avoir une encore plus grande force. Au niveau de la possession du ballon, un joueur comme Marvin colle parfaitement à notre système. C’est un joueur qui aime prendre le ballon, le toucher et le donner assez rapidement.