par fernando » 25 Juin 2013, 13:53
topic FDP ça marche aussi
La FIFA attise le mécontentement des Brésiliens
Sao Paulo (Brésil), envoyé spécial. A Sao Paulo, 35 000 personnes manifestaient sur l'avenida Paulista, samedi 22 juin pour dénoncer la corruption et le coût exorbitant de l'organisation de la Coupe du monde 2014. Parés des couleurs nationales, elles défilaient dans une ambiance festive, entre chants, pas de danse et pétards.
Au même moment, les cafés de l'artère retransmettaient sur grand écran le match qui opposait la sélection nationale à l'Italie. Des téléspectateurs avec le maillot brésilien suivaient la victoire de leur équipe, saluant chaque but – le match s'est terminé sur une victoire du Brésil (4-2) – de cris de joie qui se mêlaient aux slogans des manifestants. Impossible de distinguer les deux camps, et pour cause : c'était souvent les mêmes.
Les habitants de la capitale économique du Brésil sont à l'image de tout un pays, tiraillés entre amour du foot et écoeurement devant ses dérives financières : selon un sondage, 75 % des Brésiliens soutiennent les protestations et 67 % approuvent la venue de la Coupe du monde.
Les Brésiliens sont surtout choqués par la condescendance de la Fédération internationale de football (FIFA). Joseph Blatter, son président, a moqué les manifestants dans un entretien au journal Estado de Sao Paulo : "Le football est plus fort que l'insatisfaction des gens." "Cela va se calmer", avait-il conclu, non sans mépris.
Ces propos sont venus après les saillies de Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA, qui avait décrété que les Brésiliens devaient se mettre "un coup de pied aux fesses" s'ils voulaient être prêts à temps. Le Français avait, en comparaison, salué la Russie de Vladimir Poutine, responsable de l'édition 2018, et tiré cette conclusion : "Un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde." Les oukases de la Fédération pour obtenir une exonération d'impôt ou pour que soit retirée la loi interdisant l'alcool dans les stades, afin de satisfaire un sponsor brasseur, ont ajouté à l'exaspération.
"MANQUE DE SCRUPULES"
La FIFA est brocardée par les manifestants, et deux de ses véhicules ont été incendiés. Après tant d'impairs, les caciques du football ont rétropédalé dans un communiqué mea culpa : "Nous soutenons et reconnaissons le droit à la liberté de parole et de manifester pacifiquement."
Le débat sur la facture de la Coupe du monde, qui pourrait s'élever à 11 milliards d'euros, divise jusqu'aux anciennes stars du sport national. Le "roi" Pelé avait critiqué les manifestations avant de s'excuser. Rivaldo, champion du monde 2002, a estimé au contraire que c'était "une honte de dépenser tant d'argent pour cette Coupe du monde et laisser les hôpitaux et les écoles dans des conditions précaires".
Deux autres champions du monde, Romario et Ronaldo, se sont affrontés par médias interposés. Le premier, devenu député d'un parti de gauche, a critiqué la FIFA, son "manque de respect et son manque de scrupules". Le second, qui est membre du comité d'organisation, l'a taxé d'opportunisme. Ronaldo s'était illustré il y a peu en assurant : "On ne fait pas une Coupe du monde avec des hôpitaux." Un impair dont il avait dû s'excuser.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."