par SAV » 19 Sep 2013, 19:04
Mort d’un Roubaisien de 20 ans, combattant djihadiste en Syrie
Nord Eclair.
Sofiane D., un Roubaisien de 20 ans, est mort à Alep, le 2 septembre dernier. Sa famille a été alertée par un « compagnon d’arme » du jeune garçon. Leur avocate s’est rapprochée du Ministère de l’Intérieur.
C’est une petite maison en briques rouges, dans une rue tranquille du Nouveau-Roubaix, à deux pas de l’Usine, que le jeune Sofiane a grandi. Là où vit encore sa famille, aujourd’hui partagée entre colère, douleur et questionnement. Le jeune Roubaisien âgé de 20 ans est mort en Syrie aux côtés des troupes rebelles. Rien d’officiel pour l’instant. Pas étonnant étant donné le contexte syrien. « Début septembre, la maman de Sofiane a reçu un coup de téléphone en pleine nuit, explique une source proche du dossier. Une personne lui a signifié que son fils était mort lors de combats. Qu’il avait été enterré immédiatement, qu’elle ne devait effectuer aucune démarche pour le faire rapatrier ». Au bout du fil, un « compagnon d’arme » chargé d’alerter la mosquée que le jeune homme fréquentait et sa famille. « C’est toujours dans cet ordre qu’ils procèdent », explique un proche. Depuis cet appel, plus aucune nouvelle. « Dans quelles circonstances est-il mort ?, s’interroge Me Cécile Carrillon, l’avocate de la famille roubaisienne. On ne connaît pas la date exacte du décès – on évoque le 2 septembre à Alep –, les circonstances, la véracité des faits. Que faisait-il exactement en Syrie ? Je me suis rapprochée du Parquet de Lille pour purger les dossiers en cours le concernant. Je vais également écrire au Ministère de l’Intérieur pour connaître les démarches à effectuer pour obtenir un certificat de décès. À l’heure actuelle, pour l’État français, Sofiane est toujours en vie. Un long combat s’annonce, c’est aussi ça le drame pour cette famille ».
Djihadiste convaincu ou jeune garçon en manque de repères et en quête de sensations fortes ? Quels étaient ses ressorts ? Étaient-ils seulement religieux ? Difficile d’établir le véritable profil du jeune garçon. « Même s’il s’agissait d’un gamin extrêmement intelligent, le conflit en Syrie lui échappait totalement, explique une source judiciaire. Il ne connaissait certainement ni les tenants, ni les aboutissants de cette guerre ».
Un risque d’embrigadement signalé au parquet de Lille
Fin juillet, alors que le jeune Sofiane avait disparu des radars locaux, une note avait été adressée au parquet des mineurs de Lille. Y était évoqué un risque « d’embrigadement » du jeune homme, décrit comme « écorché vif ». Officiellement, il avait quitté la France pour l’Algérie. « Depuis qu’un éducateur m’a appris son décès, je ne cesse de m’interroger, confie un magistrat. Quand il était en France, Sofiane était un peu paumé. Je me souviens d’un grand blond aux yeux verts. Pratiquant musulman classique, il ne parlait que quelques mots d’Arabe. Comment a-t-il fait pour comprendre les ordres qu’il recevait ? Comment a-t-il pu comprendre les signes de danger ? C’était quand même un gamin qui était fusionnel avec sa mère, qui n’avait quasiment jamais quitté Roubaix. J’ai la sensation d’un formidable gâchis ».
Il se murmure que d’autres Roubaisiens sont présents actuellement en Syrie parmi les 120 Français officiellement sur site. D’autres seraient revenus du conflit. « On se pose pas mal de questions, reconnaît un avocat pénaliste. Au moins deux jeunes ont récemment disparu de la circulation. Leurs avocats envisageaient d’écrire au parquet de Lille pour exprimer leurs inquiétudes ». « Il est important d’en parler, dit un proche du dossier. Pour qu’il parte en Syrie de cette façon, c’est que des gens ont su l’approcher, lui parler et lui faire admettre que la vraie vie était ailleurs. Il faut aussi que les parents de Roubaix ou d’ailleurs connaissent cette vérité et qu’ils prennent garde ».
Selon les chiffres du ministère de l’intérieur, 120 Français seraient actuellement « sur site » et une cinquantaine « sur la route ». Une autre cinquantaine serait déjà revenue de Syrie et plus d’une centaine aurait manifesté leur volonté d’y partir. Si l’on ajoute la dizaine de morts attestés lors des combats et un homme placé en détention, on estime à 350, le nombre de ressortissants Français liés de près ou de loin à la guerre en Syrie.
Brigitte Macron 2027.