[01T] Politix, fonctionnaire et Cie

Messagepar fernando » 03 Avr 2014, 18:43

Dogue-son a écrit:Il ne s'agit pas de casser toute régulation mais d'adapter cette réglementation, faite pour contrer les abus des gros, aux contraintes des petits.
ça concerne des trucs simples comme les délais réglementaires entre deux contrats de CDD, le nombre de renouvellement autorisé d'un CDD...


D'accord avec ça. Par ailleurs le distinguo CDD/CDI n'est plus très pertinent aujourd'hui et pénalise trop ceux qui cherchent à rentrer dans le marché de l'emploi, le fossé se creuse entre les "insiders" et les autres. Certains évoquent un contrat de travail unique avec des droits augmentant au fil du temps, ça me semble pas idiot comme piste.
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Messagepar fernando » 03 Avr 2014, 18:46

krouw2 a écrit:aidons les TPE et PME , pas besoin de pacte de compétitivité méyouk.


Le pacte de compétitivité, ça sent encore le truc qui va passer à côté de son objectif, comme le CICE, dont les principaux bénéficiaires rappelons-le sont la grand distrib et la Poste, entreprises rudement soumises à la concurrence internationale.

krouw2 a écrit: Ayons un système avec une flexisécurité , 90% des offres d'emplois sont en cdd, elle existe déjà l'inégalité professionnelle


Ouais, et avoir un CDI ça ne protège plus de grand-chose, tout cela n'a plus bcp de sens aujourd'hui.
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Messagepar King Kong » 03 Avr 2014, 19:04

"Je pars avec le sentiment d'avoir bien fait mon travail" françois rebsamen
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Messagepar fernando » 03 Avr 2014, 19:06

Merci pour ta contribution au débat.
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Messagepar GilbertSedman » 03 Avr 2014, 20:00

fernando a écrit:
krouw2 a écrit: Ayons un système avec une flexisécurité , 90% des offres d'emplois sont en cdd, elle existe déjà l'inégalité professionnelle


Ouais, et avoir un CDI ça ne protège plus de grand-chose, tout cela n'a plus bcp de sens aujourd'hui.

Mouais la flexsecurite n'a de sécurité que le nom
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Messagepar Dogue-son » 03 Avr 2014, 20:14

Disons qu'une entreprise de petite taille, ça meurt très vite, donc la sécurité...

Perdez pas de vue que la plupart des petites entreprises ont actuellement une vue sur les carnets de commandes qui dépasse rarement les quelques semaines
Alors embaucher en CDI avec ça...
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Messagepar ghostrida! » 03 Avr 2014, 20:22

La flexisécurité c'est du quitte ou double puisqu'elle part finalement du présupposé que la précarité est compensée par une plus grande fluidité du marché du travail et donc plus d'offres dispos. Sauf que cela suppose donc du temps, le temps que le marché du travail s'adapte et que cette flexibilité produise des effets mesurables sur l'économie réelle; tout autant de temps, accessoirement, que l'acculturation des proprios, banques etc et leur frilosité légendaire. Ajouté à cela des Français peu mobiles... Bref. Il faudra deux générations pour que le truc tourne à plein.

Objectivement, je pense que les entreprises ne souffrent pas des contraintes liées à la rupture du contrat...mais à la rigidité dans l'exécution du contrat. Cela donne des entreprises obligées de négocier de la GPEC tout en sachant qu'elle sera vaine, qui ne peuvent conduire de changements qu'à la marge, des entreprises enkystées, avec leurs salariés peu mobiles, réticents à la polyvalence et leurs syndicats réfractaires aux évolutions.

Je bosse sur des scripts de "conduites du changement" (c'est pété) en ce moment...leur point commun ? Tout part de la case "CE" et "CHSCT". Ca part bien quand tu vois la tronche des élus...

Et le CDI intérimaire ? Qui vote pour ?
ghostrida!
 
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Messagepar Dogue-son » 03 Avr 2014, 21:09

Vu le faible objectif fixé (20000 en 3 ans), ça ressemble plus au truc fait pour éviter l'augmentation des charges qu'autre chose
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Messagepar krouw2 » 03 Avr 2014, 21:41

disons que quand tu fais 7 cdd en 6 ans et que tu passes de salarié pleins de Musd ( salaire+primes+participation+intéressement+ mutuelle+prévoyance+retraite complémentaire) à chômeur avec 40% de moins tu vois les choses différemment. Sans compter les impôts en décalage, les batards de banquiers, les agences de locations à la con (comme dit Ghost ). Dans l'esprit des patrons le CDI c'est le mal et pour les salariés c'est un aboutissement ( à juste titre) et un frein à la mobilité ( peur de se retrouver précaire, j'ai 2 bouches à nourrir, etc...). Là je rentre dans le rang, à cause du système
Hollande 2027
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Messagepar SAV » 03 Avr 2014, 22:01

fernando a écrit:Certains évoquent un contrat de travail unique avec des droits augmentant au fil du temps, ça me semble pas idiot comme piste.

lol, c'était dans le programme de Sarkozy en 2007.
Abandonné car les "partenaires sociaux" n'en ont pas voulu, associant ce projet à une généralisation de la précarité (ce qui n'est pas totalement faux d'ailleurs).
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar stikky » 03 Avr 2014, 22:05

SAV a écrit:
fernando a écrit:Certains évoquent un contrat de travail unique avec des droits augmentant au fil du temps, ça me semble pas idiot comme piste.

lol, c'était dans le programme de Sarkozy en 2007.
Abandonné car les "partenaires sociaux" n'en ont pas voulu, associant ce projet à une généralisation de la précarité (ce qui n'est pas totalement faux d'ailleurs).


le comunismus c'est plus ce que c'était !
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Messagepar krouw2 » 03 Avr 2014, 23:23

vlatipakeSAVbande

Guaino ne votera pas UMP aux élections européennes

Invité de l'émission "Preuves par 3" de la chaîne Public Senat mardi 1er avril, le député UMP des Yvelines, Henri Guaino a vivement critiqué le député européen UMP Alain Lamassoure, tête de liste de l'UMP aux élections européennes du 25 mai.

Henri Guaino estime que le député sortant, qui conduira la liste UMP en Île-de-France au côté de Rachida Dati, "incarne l'Europe dont plus personne ne veut".

Opposé au traité de Maastricht et défenseur du "NON" au référendum constitutionnel de 2005, Henri Guaino a poursuivi la charge contre son collègue : "Comme il a passé tout son temps à Bruxelles, ce qui est d'ailleurs très honorable, je crois que Monsieur Lamassoure connaît très mal l'UMP. Vous savez, moi ça fait 30 ans que j'appartiens à cette famille politique. Je suis à l'UMP chez moi et donc je dis ce que j'ai envie de dire."

Et en effet, pas de langue de bois dans les propos qui suivent :
Je ne mettrai pas un bulletin à son nom, ça je peux vous le dire dès aujourd'hui. Ça peut faire le buzz qu'on voudra, je ne voterai pas pour l'incarnation d'une ligne qui est à l'opposé de ce que je pense et de ce que je crois être l'intérêt de mon pays."
Hollande 2027
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Messagepar pepito_banzaï » 04 Avr 2014, 08:49

entreprises enkystées, avec leurs salariés peu mobiles

Toi, on t'a jamais proposé d'aller vivre à Brest à cause de crétins avec des bonnets rouges. :-)
La vie est une pute qui te veut pas que du bien.
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pepito_banzaï
 
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Messagepar Tish » 04 Avr 2014, 09:32

pepito_banzaï a écrit:
entreprises enkystées, avec leurs salariés peu mobiles

Toi, on t'a jamais proposé d'aller vivre à Brest à cause de crétins avec des bonnets rouges. :-)


Ou vivre chez les flamands.
Enculay de dos
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Messagepar fernando » 04 Avr 2014, 10:46

SAV a écrit:
fernando a écrit:Certains évoquent un contrat de travail unique avec des droits augmentant au fil du temps, ça me semble pas idiot comme piste.

lol, c'était dans le programme de Sarkozy en 2007.


Ah merde ^^

SAV a écrit:Abandonné car les "partenaires sociaux" n'en ont pas voulu, associant ce projet à une généralisation de la précarité (ce qui n'est pas totalement faux d'ailleurs).


Bah après tout ça dépend des modalités. Si on imagine un contrat qui au bout d'un moment équivaut au CDI actuel, pourquoi pas?
'fin bref pour toutes les raisons citées plus haut, y'a sans doute matière à faire évoluer les contrats de travail d'une manière favorable aux TPE-PME sans forcément trop pénaliser les salariés.
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Messagepar John Holmes » 04 Avr 2014, 13:56

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"Connard =)"
ChevalierBlanc - janvier 2021
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Messagepar GilbertSedman » 04 Avr 2014, 15:05

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Parler à un con c'est un peu comme se masturber avec une râpe à fromage, beaucoup de douleurs pour peu de résultats (Desproges)
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GilbertSedman
 
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Messagepar fernando » 04 Avr 2014, 17:27

Manifestation anti-austérité massive à Bruxelles

Le Monde.fr avec AFP | 04.04.2014 à 12h45 • Mis à jour le 04.04.2014 à 17h07

Les manifestants sont venus de toute l'Europe pour dénoncer les politiques d'austérité à l'appel de la Confédération européenne des syndicats.

Des dizaines de milliers de manifestants venus de toute l'Europe et noyés sous une forêt de drapeaux rouges, ont commencé à défiler, vendredi 4 avril à Bruxelles, pour dénoncer les politiques d'austérité en Europe à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES).

« Notre message est simple, mais c'est un message que les responsables européens ne veulent pas entendre. Notre message est que leurs politiques en réponse à la crise financière ne suffisent pas et ont en réalité aggravé la crise sociale et économique. Notre message est que l'austérité ne fonctionne pas », a expliqué la secrétaire générale de la CES, Bernadette Ségol.

« UNE NOUVELLE VOIE À L'EUROPE »

L'objectif du rassemblement est « d'offrir une nouvelle voie à l'Europe, sans austérité mais avec des investissements forts pour une croissance durable et des emplois de qualité », a commenté de son côté Emanuela Bonacina, porte-parole de la CES, qui veut appeler les citoyens à voter le 25 mai « pour des candidats qui changeront la façon dont l'UE est dirigée ».

Plus de 26 millions d'Européens sont sans emploi. Il y a 10 millions de chômeurs de plus qu'en 2008 et, dans 18 des 28 pays de l'Union européenne, les salaires réels ont chuté, font remarquer les syndicats européens. « La situation des jeunes est pire encore : 7,5 millions de jeunes Européens ne travaillent pas, ne suivent pas d'études ou de formation. Nombreux sont ceux parmi les plus éduqués et les plus entreprenants qui, tout simplement désertent leur pays d'origine pour chercher du travail ailleurs », a souligné Mme Ségol en évoquant le risque d'une « génération perdue ».
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Messagepar W » 04 Avr 2014, 18:36

It's art. You don't need pants.
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Messagepar King Kong » 05 Avr 2014, 10:22

fait moi un ananas tiède, chaud on a plus le droit!^^
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Messagepar stikky » 05 Avr 2014, 12:38

pour une fois +1
:o)
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Messagepar otto » 05 Avr 2014, 13:29

krouw2 a écrit:loul Rebsamen , a peine réélu il se casse de Dijon


Et on peut être rassuré... Il n'est pas du genre à faire n'importe quoi...

La Ville de Dijon va-t-elle se faire rattraper par ses dettes toxiques ? C’est ce que craignent les membres du CAC21, le Comité citoyen d’audit de la dette. Comme de nombreuses communes, Dijon a contracté des prêts “structurés” ces dernières années. Ils présentent au départ des taux d’intérêt très faibles, voire nuls mais peuvent réellement exploser au bout de quelques années, pour atteindre 15%, 20% voire 30% d’intérêt. La Ville a notamment pris ces prêts auprès de la banque Dexia, démantelée quelques années après. François Rebsamen, sénateur-maire, en a été administrateur entre 2007 et octobre 2008.

Les documents (publics) que s’est procuré le CAC21 montrent que 47% de la dette de la Ville est toxique, et que 17% est très dangereuse. “Nous n’arrivons pas à nous procurer le détail des contrats de prêts de Dijon”, explique Thomas Spindler, président d’Attac21 et membre du CAC. “On est de plus en plus inquiets sur l’état de la dette de la ville, étant donné que les autres collectivités jouent le jeu”....

http://www.miroir-mag.fr/14584-la-moitie-de-la-dette-de-la-ville-de-dijon-est-toxique/


Ces même citoyens ont "décidé de solliciter du tribunal administratif de Dijon l'autorisation d'agir en justice à la place de la mairie de Dijon. Cette autorisation de plaider est en effet
un préalable indispensable pour permettre à des citoyen.nes d'exercer leurs droits citoyens en lieu et place d'une collectivité qu'il faut bien considérer en l'espèce comme défaillante. Le but est de faire reconnaître ensuite par le juge tous les vices que présentent les contrats d’emprunts toxiques, d’obtenir l’interdiction des indexations sur des indices spéculatifs pour leur substituer l’application du taux légal (0,04 % pour 2014). Ce qui représenterait pour la ville de Dijon et ses habitants un gain significatif."
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Messagepar King Kong » 06 Avr 2014, 21:54

http://croah.fr/videos/37733/
la révolution en marche En Espagne? Les flics se font dépouiller, c'est chaud!
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Messagepar stikky » 06 Avr 2014, 22:17

Ben si les flics sont potes avec celui qu'on voit à 1'16 ... c'est normal :o)




celle ci date de 2012
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Messagepar W » 06 Avr 2014, 22:53

Tain même les manifestants sont dopés chez ces FDPs.
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Messagepar manulosc » 07 Avr 2014, 09:09

Malade, Jean-Louis Borloo quitte la scène politique

C’est une lettre de deux pages qui bouscule tout le paysage politique français. Et inquiète aussi ceux qui sont attachés à la personne de Jean-Louis Borloo : c’est pour raison de santé qu’il a décidé de mettre un terme à tous ses fonctions et mandats. À l’Union des démocrates et indépendants (UDI), on parle d’un retrait temporaire, mais lui évoque une « absence prolongée ». À 63 ans, l’ex-député et ex-maire de Valenciennes semble bien s’être retiré hier.
Certains de ceux qui lui avaient encore parlé au téléphone ces derniers jours l’avaient trouvé fatigué. « Je n’arrive pas à me remettre », avait-il confié à Olivier Henno, maire de Saint-André et compagnon de route. Marielle de Sarnez, elle aussi membre fondateur du nouveau parti centriste, avait estimé lors de la soirée électorale du second tour des municipales que Jean-Louis Borloo n’était « pas encore rétabli ». D’ailleurs, son absence lors de cette soirée, son silence total alors que l’UDI obtenait un joli résultat, avait beaucoup surpris.

Hier après-midi, il faisait parvenir aux responsables du parti qu’il avait créé en 2012 un courrier dans lequel il écrit : « Le calendrier politique s’impose à moi. Je dois donc clarifier ma situation. »

Jean-Louis Borloo a été hospitalisé fin janvier pour une pneumonie aggravée d’une septicémie. Son état était jugé sérieux. Aucune date de retour n’avait été annoncée après sa sortie de l’hôpital, le 4 février. Depuis, on ne l’a vu ni entendu jouer le moindre rôle dans l’activité politique du pays.

L’explication est contenue dans le courrier d’hier : « Je n’ai pas, en l’état, toute l’énergie nécessaire pour remplir complètement mes responsabilités. Mieux vaut trancher, car mon absence prolongée risque de stériliser les décisions et les choix, à un moment où au contraire, il faut amplifier notre action. »

En clair, l’homme du rassemblement du centre, le trublion atypique qui avait réussi l’impossible en ramenant côte à côte François Bayrou et certains de ses anciens compagnons d’avant 2012, n’est plus en mesure de tenir son rôle. C’est bête, mais il en est de lui comme de ces acteurs dont on n’imagine personne pour leur succéder. Personne pour occuper la place, et – encore moins – personne pour la remplir à sa manière.

Il fallait être diablement habile pour réconcilier le nouveau maire de Pau et ceux de ses ex-amis qui lui avaient tourné le dos, quand il avait appelé à voter François Hollande, à la présidentielle de 2012. Il fallait croire au centre. Jean-Louis Borloo, qu’on avait vu arriver au club de foot de Valenciennes au milieu des années quatre-vingt, souriait à l’époque aux discussions politiques de fin de soirées. « Non, je ne suis pas de droite ! », disait-il. Personne ne lui demandait s’il était de gauche. Depuis, il a parfois convenu qu’il était « centriste par défaut ». Ce qui n’exclut pas l’engagement, même ses adversaires politiques en conviennent. Ce qui n’exclut pas non plus une personnalité assumée.

Au cours d’une conférence de presse prolongée d’un bref communiqué, l’UDI s’estime « momentanément privée de la présence de Jean-Louis Borloo ». Le temps de sa convalescence, dit Yves Jégo. Mais la lettre de Jean-Louis Borloo, toute en pudeur mais pétrie de conviction, se termine par cet imparfait qui suit le récit de son aventure politique récente : « J’y ai mis tout mon cœur, ma détermination et mon enthousiasme… »

À Valenciennes, où sa trace est profonde, on s’apprête à choisir un nouveau député. Ni Cécile Gallez, sa suppléante, ni personne d’autre n’imagine rivaliser dans la manière. Ce courrier, c’est la fin d’une carrière unique.


La dernière fois qu’on l’a vu à Valenciennes

Juste avant de tomber malade, c’est à Maubeuge qu’on avait revu Jean-Louis Borloo. C’était le 23 janvier, il était là pour soutenir le candidat UDI aux municipales, avant d’aller aux vœux de la fédération nordiste de l’UDI, à Saint-André-lez-Lille.



Nous l’avions également eu au téléphone, début mars, pour l’entendre dire tout le bien qu’il pensait de la liste de Laurent Degallaix, depuis devenu maire de Valenciennes, succédant dans l’ordre à Dominique Riquet et à… Jean-Louis Borloo. La voix fatiguée, écrivions-nous, il avait en revanche fermement refusé de nous parler de son état de santé.

Sa dernière sortie officielle valenciennoise a eu lieu le 6 décembre, et c’était tout un symbole : le « père » de la rénovation urbaine était dans le quartier de Chasse-Royale, pour assister à la destruction d’une barre d’immeubles. Enfin, ce quartier valenciennois allait lui aussi avoir droit aux effets de l’ANRU. « C’est vraiment son tour », s’était félicité le député de la 21e circonscription, en présence de Laurent Degallaix et de Jean-Claude Dulieu, le communiste avec lequel il a travaillé à l’Agglo pour la rénovation urbaine.


Du Borloo pur jus

Travailler avec un communiste, avec le deuxième budget le plus important de l’agglomération valenciennoise, c’était du Borloo pur jus. Convaincant au point que Jean-Claude Dulieu dise : « J’ai apprécié cette période qui m’a marquée, cette autre façon de faire de la politique. »

C’est d’ailleurs à côté du même Jean-Claude Dulieu qu’on a vu Jean-Louis Borloo, ce jour-là à Chasse-Royale, tenant une pelleteuse miniature, réplique de l’engin qui, à quelques mètres de là, mettait à bas la barre Jurénil. Les travaux avaient débuté, mais il restait à plaider la cause de l’extension du chantier à l’ensemble du quartier, voire au-delà.

Plaider la cause du Valenciennois à Paris, comme du temps de l’ANRU des débuts ? « Je pense que nous n’aurons pas de difficulté », avait répondu Jean-Louis Borloo, à l’époque…


La réunion du centre, la défense de la région, ses chantiers qu’il doit laisser…

C’était le 8 novembre dernier. Dans son bureau de président du groupe UDI qui domine la place du Palais Bourbon, Jean-Louis Borloo recevait « La Voix du Nord » pour parler de ses chantiers, présents et à venir.

Trois jours plus tôt, le patron de l’UDI a créé l’événement en lançant avec François Bayrou « l’Alternative », scellant la réunion du centre droit après des années de séparation avec le fondateur du MoDem. Une patiente entreprise à laquelle Jean-Louis Borloo s’est attelé sitôt la création de l’UDI, première étape qui a vu le Nouveau Centre, les radicaux, l’alliance centriste et la gauche moderne se regrouper sous la houlette de l’ancien maire de Valenciennes. Il restait à Jean-Louis Borloo à convaincre François Bayrou et ses troupes de revenir au bercail après son appel au vote Hollande le 6 mai 2012.

Ces retrouvailles doivent beaucoup à la force de persuasion de Jean-Louis Borloo. Il rêvait de fédérer la famille centriste à temps pour la campagne de 2012 à laquelle il avait fait acte de candidature, toujours dans La Voix du Nord, avant de se retirer de la course. Ce chantier-là allait prendre un peu plus de temps.


« Seine-Nord, qu’est-ce qu’on attend ? »

Aujourd’hui, Jean-Louis Borloo est obligé de se retirer de la vie politique au moment où l’alliance centriste a pris une grande part à la victoire de l’opposition aux municipales : 53 villes sur les 153 gagnées sur la gauche. Les responsables de l’UDI affirmaient un peu vite que Jean-Louis Borloo, privé de campagne des municipales, reviendrait à temps pour les élections européennes. Un rendez-vous très important pour la famille centriste qui a l’Europe dans son ADN.

Mais ce jour de novembre, entre deux bouffées de cigarette électronique, Jean-Louis Borloo voulait d’abord nous parler de ses combats régionaux et du canal Seine-Nord mis en sommeil par le nouveau gouvernement. Un gros motif d’énervement pour l’homme du Grenelle de l’environnement. « Voilà un programme de relance qui va créer 7 à 10 000 emplois, il n’y a plus qu’à dire on y va ! » Les atermoiements sur le sujet de François Hollande et Jean-Marc Ayrault le font bouillir : « Depuis que la gauche est au pouvoir, le Nord - Pas-de-Calais est abandonné ! »

Ce discours offensif préparait-il une candidature Borloo en tête de liste aux régionales de 2015 ? Certains en rêvaient déjà à haute voix, y compris à l’UMP, même si le député du Nord esquivait jusqu’à présent la question. « Tout le monde à l’air de considérer que Marine Le Pen sera la prochaine présidente de région, il faut d’autres ambitions pour la région », nous disait-il ce jour-là.

Trahi par sa santé, Jean-Louis Borloo va désormais laisser à d’autres le soin de défendre les intérêts de notre région, au moment où elle pourrait se retrouver sans représentant dans le nouveau gouvernement. C’est un coup dur car il n’y a pas aujourd’hui dans le paysage politique régional de personnalité ayant comme lui une notoriété nationale doublée d’une popularité certaine.

Le retrait de Jean-Louis Borloo fragilise aussi « l’Alternative », à peine celle-ci formée. Car il laisse Bayrou en face-à-face avec Hervé Morin, François Sauvadet et tous ces anciens lieutenants qui n’ont pas pardonné au chef du MoDem son ralliement à François Hollande…
la voix du nord.fr
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Messagepar Dageek » 07 Avr 2014, 09:44

La verité c est le foie
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Messagepar rodolfo » 07 Avr 2014, 10:53

Il va clamser notre Jean-Louis???
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Messagepar stikky » 07 Avr 2014, 12:52

Jean Louis Valois > Oasis > Franquart > Jean Louis Borloo > Jean Louis Aubert
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Messagepar fernando » 07 Avr 2014, 17:22

Bon je vais me récolter quelques "didn't read, lol", mais excellent article de Plenel qui vaut la peine d'être lu.



Rwanda : le déshonneur de la France

07 avril 2014 | Par Edwy Plenel



Le gouvernement français a annulé sa venue aux commémorations, lundi 7 avril, du vingtième anniversaire du génocide des Tutsis. Cette brusque décision est motivée par les déclarations du président du Rwanda, Paul Kagamé, sur « le rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même ». Satisfaisant l’injonction d’Alain Juppé de « défendre l’honneur de la France », ce choix marque plutôt son déshonneur. Parti pris.



Dimanche 6 avril 2014, le président du Parlement européen, Martin Schulz, et la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, tous deux socialistes, étaient côte à côte devant la Maison d’Izieu (Ain) où, il y a précisément soixante-dix ans, quarante-quatre enfants juifs et sept éducateurs qui y étaient réfugiés furent arrêtés par la Gestapo pour être déportés vers les camps de la mort.


Cette commémoration officielle, comme bien d’autres, rappelle à la France d’aujourd’hui et de demain que le génocide planifié par le nazisme, cette extermination d’une part de notre humanité parce qu’elle était née juive, fut aussi commis sur son territoire. Et qu’il le fut avec la complicité, aussi bien active que passive, des autorités de l’époque, cet État français que le suicide de la République à Vichy avait mis en place dès juillet 1940 dans la déchéance de la Collaboration.

Ces commémorations nous disent que la grandeur d’une nation se juge à sa capacité de reconnaître ses fautes et ses erreurs. À regarder en face la vérité d’une histoire douloureuse, de façon à en apaiser les mémoires blessées. À ne plus s’aveugler dans la démesure d’une infaillibilité, mais à admettre ses fragilités. Et à transformer ainsi un passé douloureux ou honteux en gage d’un avenir plus lucide, plus vigilant et plus précautionneux.

Mais, loin de s’imposer d’évidence, cette démarche consciente, d’élévation collective et de hauteur nationale, fut le fruit d’un combat politique. Après avoir dû batailler sans relâche contre un président de la République, François Mitterrand, dont cet aveu dérangeait aussi bien l’itinéraire biographique que l’intime conviction, il fallut attendre un discours de son successeur, Jacques Chirac, pour que la France officielle, enfin, regarde sans ciller cette part maudite de son histoire.

« Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se fait de son pays », déclara, au nom de la République, son président le 16 juillet 1995, lors de la commémoration de la rafle dite du Vel d’Hiv de milliers de juifs parisiens (le texte intégral du discours ici). « Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions, ajoutait Jacques Chirac. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. » Mots bienvenus mais prononcés si tardivement : cinquante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Faudra-t-il donc attendre un demi-siècle pour que la République française prononce, par la voix de son plus haut représentant, les mots qu’elle doit au peuple rwandais ? Mots d’excuse, mots de pardon, mots de vérité. Dire, tout simplement, ce fait d’histoire : la France, c’est-à-dire sa présidence, son gouvernement, son État et son armée, fut complice du génocide au Rwanda. Parce qu’elle a longtemps soutenu et armé le pouvoir qui l’a planifié, parce qu’elle a formé les civils et les militaires qui l’ont exécuté, parce qu’elle a épousé l’idéologie raciste dite hamitique qui l’animait, parce qu’elle n’est pas intervenue pour l’empêcher, parce qu’elle a laissé sans défense des populations qui lui demandaient protection, parce qu’elle a même facilité la fuite des génocideurs vers le Congo voisin.

Parfois, les nations qui se savent petites, lucides parce que fragiles, en remontrent à celles qui se croient grandes, aveuglées par leur désir de puissance. Il en va ainsi de la Belgique, puissance coloniale au Rwanda après l’Allemagne, qui a demandé pardon aux Rwandais à deux reprises depuis le génocide de 1994, non seulement lors de son dixième anniversaire (c’est à écouter ici) en 2004, mais dès 2000 par la voix de son premier ministre d’alors, Guy Verhofstadt.

Six ans à peine après le génocide, un responsable politique européen n’hésitait pas à faire sobrement cet acte de contrition auquel la France se refuse toujours : « Un dramatique cortège de négligences, d’insouciances, d’incompétences, d’hésitations et d’erreurs, a créé les conditions d’une tragédie sans nom. Et donc j’assume ici devant vous la responsabilité de mon pays, des autorités politiques et militaires belges, et au nom de mon pays, au nom de mon peuple, je vous demande pardon pour ça. »

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Un racisme aux racines coloniales et missionnaires

Que l’ambassadeur de France à Kigali assiste néanmoins aux cérémonies du vingtième anniversaire (les autorités rwandaises l’en ont finalement empêché 3) ne change rien à l’affaire : gauche et droite réunies, la France officielle a décidé de ne pas honorer les victimes du génocide et, ce faisant, de déshonorer notre peuple. Pourtant visée elle aussi par les déclarations de Paul Kagamé, la Belgique n’a rien changé à sa délégation, ce qui n’a pas empêché son ministre des affaires étrangères, qui la conduit, de critiquer les propos du président rwandais (lire ici 3). Mais il est vrai que l’on peut se parler d’autant plus franchement que l’on s’est reconnu et accepté, dans un respect mutuel qui, en l’espèce, suppose d’avoir admis l’aveuglement qui a précédé le génocide et l’indifférence qui l’a ensuite redoublé.

Manifestement, la présidence de François Hollande n’était pas prête à faire ce pas qu’avait juste ébauché, en 2010, son prédécesseur Nicolas Sarkozy (lire là 3). Officiellement invité par son homologue rwandais, François Hollande pourtant peu avare de déplacements à l’étranger avait préféré déléguer sa garde des Sceaux, Christiane Taubira. Ce choix est en lui-même bavard quand la logique institutionnelle aurait dû privilégier, faute de président, le premier ministre ou le ministre des affaires étrangères quitte à ce que la ministre de la justice les accompagne. Fallait-il comprendre que seule la haute figure noire du gouvernement était adéquate à cette commémoration, inconsciente façon de reléguer cet ultime génocide du XXe siècle à des ténèbres africaines ?

Il n’en est rien : loin des vulgates sur des « guerres interethniques » où bourreaux et victimes seraient échangeables et réductibles à une violence intrinsèquement africaine, le génocide rwandais parle autant sinon d’abord de nous, de la France et de l’Europe, de notre héritage colonial, de nos idéologies meurtrières, de nos humanités criminelles. Et nous ne pouvons pas prétendre l’ignorer, malgré cette insistance négationniste qui empuantit le débat français sur le Rwanda, et ce d’autant plus que notre classe politique la cautionne par ses rodomontades ou ses silences. Des historiens, aussi bien spécialistes des massacres de masse européens que de la région des Grands Lacs, s’entêtent à nous le rappeler, notamment les travaux menés ou impulsés par Jean-Pierre Chrétien, Stéphane Audoin-Rouzeau et Hélène Dumas (lire ici et là nos articles, par Joseph Confavreux).



Les deux derniers historiens, dans un exceptionnel numéro 3 de la revue Vingtième Siècle, font la pédagogie de cet événement majeur « dont nos sociétés n’ont sans doute pas (pas encore ?) pris pleinement conscience », ce génocide des Tutsis rwandais qui, en l’espace de trois mois, s’achève sur un bilan de 800 000 à un million de tués, avec seulement 300 000 survivants. « Le génocide fut le produit du racisme, écrivent Audoin-Rouzeau et Dumas. Un racisme aux racines coloniales et missionnaires, issu d’une Europe obsédée de hiérarchie raciale. (…) Partout, jusqu’aux échelles les plus réduites, les Tutsis sont exterminés sous le regard passif de la communauté internationale qui, le 21 avril 1994, en plein massacre, retire la majorité des troupes des forces onusiennes alors sur place. (…) Le génocide a été planifié, préparé et exécuté par un État disposant de relais locaux de pouvoir au plan politique et administratif, et de moyens militaires et paramilitaires qui en furent les instruments. »

Or la France fut l’alliée indéfectible de cet État génocidaire. La France présidée par le socialiste François Mitterrand lequel, en 1994, cohabitait avec un gouvernement de droite, celui d’Édouard Balladur dont Alain Juppé était le ministre des affaires étrangères. Dans le même numéro de Vingtième Siècle, Jean-Pierre Chrétien rappelle avec pudeur combien ses alarmes, dès 1993, sur le génocide à venir tout comme sa dénonciation, dès 1991, de l’anti-hamitisme, cette idéologie qui inspirait les tenants de l’ethno-nationalisme hutu, semblable à l’antisémitisme nazi, étaient inaudibles auprès d’un pouvoir exécutif français qui épousait les mêmes représentations ethniques au point d’entretenir des relations cordiales avec le plus extrémiste des partis rwandais, la CDR, au programme explicitement raciste. Alertes prophétiques dont témoigne un journal télévisé de janvier 1993 où intervient le président de Survie, de retour d’une mission au Rwanda (voir sous l’onglet "Prolonger").

Tel est le contexte dans lequel Paul Kagamé, le président rwandais qui symbolise la victoire contre les génocideurs et incarne le réveil du Rwanda, a prononcé pour Jeune Afrique (numéro du 6 au 13 avril, voir ici 3) ces mots qui ont fâché la France, d’Alain Juppé à Laurent Fabius. Certes, comme tout pouvoir personnel qui tient sa souveraineté d’une revanche sur les anciennes puissances coloniales ou néocoloniales, il exploite sans précaution diplomatique un filon inépuisable en politique intérieure afin de faire taire critiques et oppositions (lire ici notre éclairant portrait, par Thomas Cantaloube). Mais, pour autant, dit-il faux, dans cet entretien réalisé le 27 mars ?

« Les puissances occidentales aimeraient que le Rwanda soit un pays ordinaire, comme si rien ne s’était passé, ce qui présenterait l’avantage de faire oublier leurs propres responsabilités, mais c’est impossible, explique Paul Kagamé. Prenez le cas de la France. Vingt ans après, le seul reproche admissible à ses yeux est celui de ne pas en avoir fait assez pour sauver des vies pendant le génocide. C’est un fait, mais cela masque l’essentiel : le rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même. Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l’opération Turquoise y ont fait. Complices certes, à Bisesero comme dans toute la zone dite “humanitaire sûre”, mais aussi acteurs. »

Les accusations de Paul Kagamé et la réalité du génocide

Dès la diffusion de cette déclaration, l’ancien ministre des affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, a sur son blog appelé « le président de la République et le gouvernement français à défendre sans ambiguïté l’honneur de la France, l’honneur de son armée, l’honneur de ses diplomates ». Et d’ajouter que la réconciliation avec le Rwanda ne peut se faire « au prix de la falsification de l’histoire qui ne cesse de se propager à l’encontre de la France, de ses dirigeants politiques, de ses diplomates et de son armée » (retrouver ici le billet 3 intitulé « L’honneur de la France »). C’est peu dire qu’il fut rapidement entendu puisque le porte-parole du Quai d’Orsay s’empressait d’annoncer que, « dans ces conditions », Christiane Taubira ne se rendrait pas à Kigali, ces conditions étant le fait que « la France est surprise par les récentes accusations portées à son encontre par le président du Rwanda » (lire ici le texte intégral 3).

Or des deux accusations de Paul Kagamé, celle d’un soutien politique au pouvoir génocidaire et celle d’une participation active au génocide, la première ne devrait pas faire discussion vingt ans après les faits. Largement documentée par les travaux, recherches et enquêtes menées depuis, elle était déjà énoncée en 1998 par le rapport de la mission parlementaire d’information sur le Rwanda 3 dont le socialiste Paul Quilès était le président et l’actuel ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, l’un des deux rapporteurs. Alors même que ce rapport est critiqué pour ses prudences, précautions et euphémismes, la France y est explicitement critiquée pour sa « sous-estimation du caractère autoritaire, ethnique et raciste du régime rwandais » (lire ici 3) et pour « une coopération militaire trop engagée » (lire là 3).



Quant à la participation active de militaires français, si aucun témoignage indépendant ne va dans ce sens (voir ici 3, avec un œil critique, la notice Wikipédia), il n’en demeure pas moins que le cas de Bisesero est actuellement au centre d’une information judiciaire menée au pôle génocide du tribunal de Paris. Pour la bonne et simple raison que cet épisode fut le moment où des militaires et des journalistes, qui à ce titre furent l’honneur véritable de la France, prirent conscience des mensonges officiels et de l’inavouable qu’ils recouvraient.

Deux hommes en témoignent, notre confrère Patrick de Saint-Exupéry alors au Figaro, et le sous-officier Thierry Prungnaud, du Commandement des opérations spéciales (COS). Ils furent tous deux témoins, et le second également acteur, du tournant en ce lieu de l’opération Turquoise lancée en juin 1994 par la France sous l’égide des Nations unies, alors même que le génocide est consommé.

Bisesero occupe moins d’une dizaine de lignes du rapport Quilès de 1998, mais leur brièveté témoigne déjà d’un embarras (les lire ici 3). Six ans plus tard, en 2004, dans un formidable livre en forme de cri d’une conscience révoltée, y compris, s’il le faut, contre les siens, Patrick de Saint-Exupéry raconte comment, à Bisesero, l’armée française a, sur ordre supérieur, abandonné à leur sort fatal, trois jours durant, les derniers Tutsis rescapés du génocide, après avoir pourtant compris, bien tardivement, que ceux qu’elle protégeait jusque-là étaient les auteurs du crime.

Huit ans plus tard, en 2012, avec l’aide de notre consœur de France Culture Laure de Vulpian, l’ancienne figure du GIGN Thierry Prungnaud confirmait ce récit journalistique par son témoignage militaire. Et, de surcroît, démontait avec méticulosité la lettre de son supérieur, Marin Gillier 3, qui, dans le rapport Quilès, sert d’argument pour balayer sans plus de curiosité l’épisode Bisesero. Lequel supérieur est, depuis l’été 2013, directeur de la coopération de sécurité et de défense au ministère des affaires étrangères…



Ce militaire, ce journaliste sont l’honneur de la France quand la dérobade de ce vingtième anniversaire est son déshonneur. Nulle complaisance ici pour d’inutiles grands mots mais, plus essentiellement, une inquiétude envers ce pays, le nôtre, qui prétend faire la leçon au monde, sauver l’Afrique par les armes au Mali et en Centrafrique, imposer la supériorité de ses valeurs aux populations qui l’ont rejoint dans la fierté de leur diversité, et dont, cependant, les élites dirigeantes refusent avec entêtement de céder à la grandeur de l’humilité et de la fraternité. Auraient-elles oublié ce qui fit l’authentique grandeur de la France, malgré bien des bassesses et nombre de reniements ? Ce que fut son sursaut pour la justice, fût-ce au bénéfice d’un seul, réprouvé, exclu, discriminé, parce que victime de cette haine de l’autre qui est une haine de soi et la perdition de l’humanité ? Oui, son réveil, fût-ce contre une mauvaise part d’elle-même, cette servitude où la grandeur d’une nation s’égare dans l’obéissance au mensonge, à la forfaiture, voire au crime ?

Cette grandeur a un nom devenu universel, celui d’Alfred Dreyfus, cette affaire anticipatrice de la catastrophe européenne où la France républicaine finira par se dresser contre l’honneur dévoyé de sa politique et de son armée pour sauver l’honneur de son peuple. Un dreyfusard, qui n’hésitait pas à se placer du point de vue du « salut éternel de la France », eut alors les mots que la France aurait pu prononcer, en ce 7 avril 2014, à Kigali en demandant pardon aux victimes d’un génocide qu’elle a laissé venir et laissé faire. Il se nommait Charles Péguy, et il disait ceci : « Une seule injustice, un seul crime, une seule illégalité, surtout si elle est officiellement enregistrée, confirmée, une seule injure à l’humanité, une seule injure à la justice, et au droit surtout si elle est universellement, légalement, nationalement, commodément acceptée, un seul crime rompt et suffit à rompre tout le pacte social, tout le contrat social, une seule forfaiture, un seul déshonneur suffit à perdre, d’honneur, à déshonorer tout un peuple. »
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fernando
 
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