par une des fakes de Der » 10 Jan 2013, 14:39
Le TGV libéralisé en 2019 ?
Le commissaire européen aux transports règle ses comptes avec la France. Une affaire loin d'être gagnée.
Par CATHERINE MAUSSION
La réforme était attendue. Mais sans doute pas avec cette radicalité. Selon les Echos, la Commission européenne s'apprête à mettre sur la table une proposition ouvrant totalement à la concurrence le rail à l'horizon 2019. Si l'ouverture se fait, on peut imaginer que sur Paris-Lyon ou Paris-Marseille, opérateurs italiens, espagnols ou allemands se bousculent pour draguer la clientèle, laissant à la SNCF les dessertes moins juteuses. Et toutes les régions de France pourraient être obligées de passer par des appels d'offres pour choisir leur opérateur. Aux orties alors, le monopole actuel de la SNCF.
L'affaire n'est pas gagnée. Siim Kallas, le commissaire européen aux transports, va se retrouver à batailler avec ses deux plus farouches opposants, soit la France et l'Allemagne, chaque pays soutenant son champion : la SNCF et la Deutsche Bahn. Et si adoption de la réforme il y a, ce ne sera pas, au mieux, avant quatorze mois.
Ce paquet de directives - l'ouverture à la concurrence n'est qu'un volet de la réforme -, devrait être dévoilé officiellement le 23 mars. Il poursuit l'œuvre engagée de longue haleine par Bruxelles pour libéraliser le secteur. L'étape qui s'annonce est le point d'orgue d'une ouverture démarrée, pas à pas, dès 2006, avec la mise en concurrence des opérateurs sur le fret, puis poursuivie en 2009, par l'ouverture du trafic international sur la longue distance - exemple l'opérateur Thello entre Paris et Venise -, avant l'étape qui était déjà en route, des TER.
Les positions dogmatiques du commissaire européen, Siim Kallas, en faveur de l'ouverture totale du secteur, sont connues. TER, trains intercités, TGV... toutes les formes de transport ferroviaire sont dans le collimateur. Et jusqu'aux schémas d'organisation des entreprises ferrovaires. La Commission milite ainsi pour une séparation radicale entre l'exploitation des trains, assurée en France par la SNCF, et la gestion de l'infrastructure, entre les mains aujourd'hui de RFF (Réseau ferré de France), le propriétaire du réseau. Ce qui n'est pas du goût du ministre français des Transports, Frédéric Cuvillier, en train de peaufiner une réforme du système ferroviaire français qui, à l'inverse, va rapprocher le réseau physique et son exploitant, l'opérateur SNCF, et ce, justifie le ministre, pour un meilleur fonctionnement.
Mercredi soir, en marge d’un dîner de presse organisé par la SNCF, un haut cadre de l'entreprise minimisait la réforme : «Comme tout idéologue, Siim Kallas a choisi d'aller au conflit.» Quelques mois plus tôt, en septembre, Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, s'était allié à son homologue, à la tête de la Deutsche Bahn, le puissant Rüdiger Grube, pour contrer les vues de la Commission. Une alliance à réactiver ?