http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/05/27/facture-du-nucleaire-l-alerte-de-la-cour-des-comptes_4426678_3234.html

Alerte, dérapage ! La Cour des comptes a rendu public, mardi 27 mai, un rapport très attendu sur les coûts de la filière nucléaire. Réalisé à la demande du président, François Brottes (PS), et du rapporteur, Denis Baupin (EELV), de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, le document tire la sonnette d'alarme. Et les conclusions de la haute juridiction financière ne devraient pas réconcilier les pro- et les antinucléaires.
Outre l'actualisation des données sur le coût de production de l'électricité nucléaire, il était demandé à la Cour d'évaluer le montant des investissements liés à la maintenance et à la rénovation du parc nucléaire, d'une part, et de chiffrer les coûts associés au risque d'accident nucléaire majeur, d'autre part.
Premier constat : le coût de production de l'électricité nucléaire s'envole. Entre 2010 et 2013, la facture a connu une forte hausse, passant de 49,6 euros par mégawattheure (MWh) à 59,8 euros/MWh. C'est une augmentation de 20,6 % en euros courants (+16 % en euros constants, c'est-à-dire en tenant compte de l'inflation).
Cette flambée des coûts tient à l'évolution des différentes charges, et notamment aux investissements de maintenance et de sécurité. Dans cette période, ils ont plus que doublé, passant de 1,75 milliard d'euros en 2010 à 3,8 milliards en 2013 (+117 %).
Pour juger de cette évolution, la Cour a repris la méthode qu'elle avait utilisée dans son rapport de janvier 2012 pour calculer le « coût courant économique » (CCE), qui permet de définir un coût global moyen sur toute la durée d'exploitation du parc nucléaire. Mais les écologistes contestent cette méthode qui ne permet pas d'apprécier le coût réel. Le CCE ne prend pas en compte l'historique du parc et la manière dont il a été amorti et financé, notamment par les consommateurs.
Toutes les composantes des charges d'exploitation ont augmenté. Selon la Cour des comptes, la raison principale de ce renchérissement réside dans le choix d'EDF de prolonger la durée d'exploitation des réacteurs au-delà de quarante ans.
