[01T] Politix, fonctionnaire et Cie

Messagepar fernando » 10 Août 2014, 13:15

Très belle interview, aussi lucide que déprimante.

L'historien israélien Zeev Sternhell « ne voit pas la fin » de la guerre à Gaza

Le Monde.fr | 08.08.2014 à 19h30 • Mis à jour le 10.08.2014 à 11h51 | Propos recueillis par Hélène Sallon

Né en Pologne en 1935, Zeev Sternhell a vécu enfant les horreurs de la seconde guerre mondiale, qui l'ont conduit à se réfugier en France. Après-guerre, il a choisi de prendre la nationalité israélienne. Devenu historien, il s'est spécialisé dans l'histoire du fascisme et la montée du nationalisme en France. Considéré comme la « conscience de la gauche d'Israël », il pose un regard désabusé sur la situation politique de son pays. Pour Zeev Sternhell, la guerre en cours à Gaza n'est qu'une conséquence logique de l'échec des accords d'Oslo.

LeMonde.fr : Quel est votre sentiment sur le conflit qui oppose actuellement Israël aux factions armées palestiniennes dans la bande de Gaza ?

Zeev Sternhell : Si les choses s'étaient passées normalement, Gaza aurait dû être évacuée au moment des accords d'Oslo en 1993 et devenir une partie intégrale du futur Etat palestinien. C'est ce qui se serait passé si les accords d'Oslo avaient été mis en œuvre tels qu'ils avaient été pensés par Itzhak Rabin [assassiné le 4 novembre 1995 par l'extrémiste de droite Yigal Amir] et Shimon Pérès – bien que ce dernier soit un opportuniste qui, pour des raisons obscures, est considéré comme un grand homme. Si ces accords avaient été appliqués, les colonies juives de Gaza, entre 6 000 et 8 000 âmes à l'époque, auraient été évacuées. Cela aurait été un formidable signal pour mettre fin à la colonisation.

Tout se serait passé différemment car l'évacuation aurait eu lieu dans le cadre d'un accord entre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP, de Yasser Arafat) et Israël. Et non pas unilatéralement, comme l'a fait le premier ministre Ariel Sharon en 2005. Le but de son directeur de cabinet de l'époque, Dov Weissglass, était de mettre fin à toute discussion entre Israéliens et Palestiniens : on quitte Gaza parce que c'est une épine dans le pied et qu'il faut une division entière de l'armée pour protéger les colons.

C'est dans ce contexte que le Hamas s'empare de la bande de Gaza par un coup de force en 2007. Ce mouvement, qui ne reconnaît pas Israël, en fait la base de son projet de reconquête palestinienne. A ses yeux, le Fatah et son chef, Yasser Arafat, sont des traîtres pour avoir signé les accords d'Oslo. Depuis ce moment-là, le Hamas est en guerre contre Israël. Celle qui a cours actuellement est désastreuse à tous les égards et on n'en voit pas la fin.

Que faut-il faire ?

Il faut profiter de l'énorme fossé entre nos moyens et ceux du Hamas, qui restent des moyens primitifs par rapport à notre armée hypermoderne et superpuissante, pour lancer l'idée d'un accord global. Pas quelque chose qui nous oblige dans six mois ou deux-trois ans à revenir à Gaza. Mais c'est précisément ce que notre gouvernement, qui est le plus à droite qui ait existé en Israël, ne veut pas. La droite israélienne ferait passer Mme Le Pen et le Front national pour une bande de gauchistes à côté d'elle.

Le gouvernement Nétanyahou n'a pas voulu négocier avec Abou Mazen [le président palestinien, Mahmoud Abbas], alors que, Dieu nous est témoin, lui voulait négocier. Nous avons grandement contribué à l'échec des négociations menées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry, entre novembre et avril 2014, et nous retrouvons finalement face à un gouvernement de réconciliation palestinien. Et que fait le premier ministre Benyamin Nétanyahou ? Au lieu de saisir cette occasion, il explique que ce gouvernement palestinien est un nouveau danger et qu'Abou Mazen ne veut rien entendre.

Puis est arrivé le kidnapping de trois jeunes israéliens. Il a été vite clair que le Hamas n'était pas responsable et qu'une de ses cellules locales a agi de son propre chef. Mais pour Nétanyahou, c'était l'occasion d'incriminer le Hamas, de lancer une opération pour intimider Mahmoud Abbas et la population palestinienne et de montrer ses muscles. Il a fait ratisser la Cisjordanie et arrêter les militants du Hamas libérés en échange de Gilad Shalit. Tout cela au prétexte de retrouver les trois adolescents enlevés alors que, dès le lendemain, la police savait qu'ils n'étaient plus en vie.

De son côté, le Hamas a commencé à tirer des roquettes et ça a été l'escalade vers un conflit dont personne ne voulait. Ce qui se passe est un désastre à tous égards. Il est vrai que le Hamas utilise des écoles, des hôpitaux, des mosquées pour entreposer et lancer ses roquettes. Mais nous répondons par des bombardements qui ne peuvent que toucher la population civile, même si ce n'en est pas l'intention.

Maintenant que le premier ministre Nétanyahou s'est empêtré dans une situation dont il ne sait pas comment sortir, il avance l'idée de démilitarisation [de la bande de Gaza]. Lever le blocus sur la bande de Gaza est une mesure décente et politiquement payante, car cela montrerait à la population de Gaza, qui n'est pas toute gagnée au Hamas, qu'il est payant d'abandonner le terrorisme. Je pense que Nétanyahou pourrait accepter une mesure pareille car cela assurerait sa survie politique jusqu'aux prochaines élections. Il est en mauvaise posture.

Que veut Benyamin Nétanyahou ?

Nétanyahou veut éviter la création d'un Etat palestinien viable. C'est son objectif historique et il le fait de différentes façons. Il refuse de négocier avec Abou Mazen et l'Autorité palestinienne. C'est dans ce cadre que s'inscrit sa demande que les Palestiniens reconnaissent Israël comme Etat juif. En quoi est-ce leur problème ? C'est une exigence que nous n'avons jamais présenté par le passé. On dit bien Etat d'Israël ou Israël. Il n'a jamais été question d'Etat juif. Cela revient à obliger les Palestiniens à reconnaître que les juifs sont propriétaires de cette terre qui leur appartient par l'histoire et à reconnaître leur défaite historique en 1948. Si l'Etat est juif, il n'est donc pas arabe.

Certains, comme le président Reuven Rivlin, pensent qu'on pourrait un jour annexer la Cisjordanie et donner la citoyenneté israélienne à tous les habitants juifs et arabes dans un même Etat. Ils sont très peu nombreux. Mais pour la droite dure, l'annexion n'implique pas l'octroi de la citoyenneté à tous du Jourdain à la mer. Cela revient à un Etat d'apartheid.

Nétanyahou, lui, veut empêcher la création d'un Etat palestinien, sans créer un apartheid mais en gérant une situation coloniale qui ne dit pas son nom. Du fait de son idéologie et du jeu politique interne, il ne peut pas accepter l'idée de deux Etats vivant sur une base égalitaire. Il ne peut pas accepter que les droits de l'homme soient des droits universels qui s'appliquent aux autres. Pour lui et les siens, les droits historiques sont supérieurs aux droits naturels. Même le centre de l'échiquier politique n'est pas vraiment acquis à cette idée.

Pensez-vous que la solution des deux Etats n'est plus envisageable dans le contexte actuel ?

J'ai peur de dire que c'est fichu et que par la force des choses, on va en arriver à un Etat binational. Comment faire pour que ce ne soit ni un Etat d'apartheid, ni une guerre civile permanente ?
C'est pour ça que je m'accroche toujours à la solution des deux Etats. La véritable forme de coexistence, ce sont deux Etats voisins, avec une union économique et douanière, et une coopération sur les dossiers importants.

La question est de savoir si nous, Israéliens et Palestiniens, acceptons l'état de fait créé en 1948-1949, et les frontières de 1949 ? Et est-ce que les Palestiniens sont prêts à abandonner tout espoir d'un retour en Israël, car cette revendication signifie la destruction de l'Etat d'Israël ? Après, il ne reste que des problèmes solvables et non existentiels.

Observez-vous une droitisation de l'opinion publique israélienne ?

Au début de la première guerre mondiale, en France et en Allemagne, 95 % de la population était favorable à la guerre. En situation de guerre, les opinions sont patriotiques et soutiennent leur gouvernement. En Israël aussi.

Le phénomène de droitisation remonte toutefois à plusieurs dizaines d'années, depuis 1967 exactement. Le nationalisme exacerbé est le fruit de la colonisation, qui pourrit notre société. Les jeunes hommes qui font la guerre à Gaza sont nés après Oslo. Toute leur expérience en tant que soldat est celle d'une armée dont le but est de contrôler la population des territoires occupés et de favoriser la colonisation juive en Cisjordanie. Quand je compare avec ma génération, c'est terrible.

La droitisation se traduit aussi par une perte de respect pour la vie humaine. Même les pertes israéliennes ont été moins durement ressenties au cours de cette guerre.

On dit souvent que le camp de la paix a disparu en Israël.

Les gens sont là, mais ne sont pas organisés. Ils sont démoralisés et ont le sentiment de ne servir à rien, de ne pas avoir de véritable influence. C'est la raison pour laquelle les manifestations n'attirent pas plus de quelques milliers de personnes, alors qu'en 1982, après le choc de Sabra et Chatila au Liban, il y avait eu des centaines de milliers de manifestants.

N'y a-t-il pas au sein de la classe politique israélienne une personnalité ou un courant qui puisse apporter une solution politique ?

Personne aujourd'hui n'a la solution et c'est un drame. Nous n'avons pas d'élite politique, pas de leadership. La politique n'attire pas les gens bien. C'est dû en partie au système politique, en partie au fait que les gens qui se présentent aux primaires dépendent des apparatchiks du parti et que le monde offre tellement de possibilités pour les talents de s'exprimer différemment… La politique est une « via dolorosa », qui n'en finit pas. Lors de la création de l'Etat d'Israël, beaucoup de gens bien allaient vers la politique car c'était un cadre où l'on pouvait réussir et avancer...
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Messagepar krouw2 » 10 Août 2014, 15:47

On s'en branle c'est la repsie

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Messagepar fernando » 10 Août 2014, 15:48

loul ce gif
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Messagepar pepito_banzaï » 10 Août 2014, 18:56

C'est quoi cette blague avec reprise/repsie là ?
La vie est une pute qui te veut pas que du bien.
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pepito_banzaï
 
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Messagepar fernando » 10 Août 2014, 20:26

C'est juste une coquille qui est passée à la postérité, à l'instar de "comme même" ou de "bur".
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Messagepar King Kong » 10 Août 2014, 21:10

Erdogan réelu au premier tour,52%!
"Je pars avec le sentiment d'avoir bien fait mon travail" françois rebsamen
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Messagepar fernando » 11 Août 2014, 09:04

Hé ouais ça fait bien chier les occidentaux mais y'a rien à dire.
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Messagepar fernando » 11 Août 2014, 11:08

Cacedédi Lolo. Un ptit 1/4 d'heure déprime pour bien commencer la semaine.



Le gouvernement tétanisé par le scénario noir de la rentrée

10 août 2014 | Par martine orange

La rentrée s’annonce sous de sombres auspices pour le gouvernement. Selon les prévisions du Trésor, toute l’Europe, y compris l’Allemagne, est prise dans une spirale déflationniste. Tous les espoirs de retrouver la croissance, d’endiguer le chômage, de redresser les comptes publics risquent d’être réduits à néant. Montebourg milite pour un changement de politique. Valls hésite et Hollande ne dit rien.

Déflation. François Hollande a lâché le mot. « Il y a un vrai risque déflationniste en Europe. En France, l’inflation n’a jamais été aussi basse », déclare-t-il le 3 août au Monde. 3 En marge d’un entretien sur les relations avec l’Allemagne au moment du centenaire de la Première Guerre mondiale, le président de la République n’a pu s’empêcher de s’attarder longuement sur les risques encourus dans la zone euro. Comme si, après avoir découvert les sombres prévisions économiques lors du séminaire gouvernemental du 1er août, il estimait urgent de préparer l’opinion publique à une rentrée difficile. Comme s’il lui fallait prendre tout de suite à témoin les Français pour leur annoncer que le sol se dérobait sous ses pieds.

Le premier ministre Manuel Valls avait eu, lui aussi, un ton alarmiste devant la presse 3 à la sortie de ce séminaire gouvernemental. « La rentrée va être difficile en matière de conjoncture économique », avait-il annoncé. « À la mi-août, nous aurons quasiment les chiffres de croissance pour l’année 2014, ainsi que les chiffres de l’inflation. On peut constater et je constate qu’au niveau européen, la croissance et l’inflation sont en retrait par rapport à ce que nous pouvions atteindre. L’écart par ailleurs se creuse entre la zone euro et le reste du monde, le risque de déflation est réel », avait-il averti.

Le séminaire gouvernemental du 1er août ne devait être qu’un séminaire de plus pour faire le point avant les vacances. Pourtant, à en croire les témoins qui ont recueilli les confidences de certains participants, cette réunion marque un tournant. C’est un scénario noir qui se dessine pour le gouvernement. Toutes ses prévisions, ses espoirs de reconquête, ses engagements de redressement budgétaire, ses plans de retour de la compétitivité et d'allégement des charges paraissent être à terre face à une conjoncture économique en Europe qui se dégrade à toute vitesse.

« François Hollande semble avoir découvert la rupture profonde causée par la crise de 2008. Il vient de comprendre que tous ses schémas économiques appris il y a quarante ans n’étaient plus de mise », résume un témoin qui s’est fait raconter la scène. « François Hollande sait très bien que tout a changé », réfute un autre proche du pouvoir. « Mais il a triché avec la vérité. Maintenant, il est rattrapé par son mensonge. Il ne peut plus esquiver, faire miroiter un retour de la croissance, une reprise de l’emploi qui ne viennent jamais. Il est au pied du mur », dit-il.

Ce que le gouvernement a découvert lors de ce séminaire est tout sauf une surprise. De nombreux économistes ont mis en garde de longue date les responsables européens sur les dangers d’imposer partout en même temps des politiques d’austérité budgétaire et de restriction monétaire. Cela ne pouvait qu’entraîner la zone euro dans la déflation, ont-ils prévenu. Ces dernières semaines, plusieurs rapports du FMI ou de l’OCDE ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation en Europe. Les prévisions du Trésor, présentées le 1er août, sont venues confirmer les appréhensions : souffrant d’une croissance nulle et d’une inflation proche de zéro (0,4 % en juillet), la zone euro est entraînée dans une spirale déflationniste. Le mal ne touche plus seulement les pays de l’Europe du Sud, mais atteint désormais le cœur du système : l’Allemagne se retrouve elle aussi prise dans la déflation.

Des signes avant-coureurs annoncent le danger à venir. Le 30 juillet, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a pris tout le monde de court : il s’est prononcé en faveur d’une hausse des salaires. 3 Une augmentation de 3 % ne serait pas malvenue, expliquait-il dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung. Sa déclaration a été incomprise par le monde économique allemand, tant patronal que syndical, qui depuis dix ans voit dans la modération salariale l’arme consacrant le retour de sa puissance. Les experts monétaires, eux, y ont vu un sombre avertissement : si le président de la Bundesbank, gardien de la plus stricte orthodoxie monétaire, en arrive à rompre avec ses principes les plus fermes, pas de doute, l’heure est grave.


Depuis, plusieurs chiffres sont venus confirmer que l’Allemagne, contrairement à ses espoirs de rester un îlot de prospérité dans une zone euro ravagée, est entraînée à son tour dans la chute européenne. Les prises de commande ont diminué de 3,2 % en juin par rapport au mois précédent. La production industrielle n’a augmenté que de 0,3 % en juin, alors que les analystes s’attendaient à un rebond d’au moins 1 % après une chute inattendue de 1,7 % en mai. Ces premiers chiffres font craindre une croissance très faible pour l’Allemagne au deuxième trimestre, et peut-être nulle par la suite. Car le ralentissement est intervenu avant la crise ukrainienne, les sanctions contre la Russie et la riposte de Poutine.

Les membres du gouvernement, même les moins familiers en économie, n’ont pas eu besoin d’explications pour comprendre ces prévisions. Si l’Allemagne ralentit, c’est toute l’Europe qui plonge. Tous les espoirs de redressement de la croissance en France sont réduits en cendres. Le Cice, le plan compétitivité, les dizaines de milliards d’euros que le gouvernement s’apprête à consentir aux entreprises, risquent d’être dépensés en pure perte. Jamais le gouvernement ne parviendra à enrayer la montée du chômage dans un environnement européen dépressif.

« Si l'on est au-dessus de 0,5 % de croissance à la fin de l'année, ce sera déjà bien », aurait déclaré le ministre des finances, Michel Sapin, lors de la présentation des prévisions selon le Canard enchaîné. Le ministère des finances a démenti ces informations par la suite, confirmant sa prévision de croissance de 1 % pour 2014. Le FMI, l’OCDE et l’agence de notation Moody’s ont déjà abaissé leurs prévisions pour la France. Au mieux, la croissance serait de 0,6 % cette année.

Mais des perspectives beaucoup plus sombres ont été évoquées lors de ce séminaire, selon nos informations. Si la production industrielle s’est redressée en juin (+ 1,3 %), après une baisse de 1,6 % en mai, elle affiche un recul de 0,5 % pour l’ensemble du deuxième trimestre, selon l’Insee. Les mois à venir s’annoncent beaucoup plus difficiles. Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise font état d’une baisse constante des carnets de commande. Plus que du coût du travail, ceux-ci se plaignent d’une chute de la consommation. Depuis le début de l’année, la demande de crédit stagne. Les dépôts de permis de construire pour les logements sont en chute de 30 %. Les appels d’offres publics ont diminué de 60 %. Dans l’expectative jusqu’aux élections municipales, inquiètes de la suite des projets de réduction des dépenses publiques et de la réforme territoriale, les collectivités territoriales, qui sont les premiers investisseurs publics, ont gelé les projets d’investissement et commencent même pour certaines à réduire les budgets de fonctionnement.

Changer de politique, dit Montebourg

Plusieurs préfets ont déjà alerté le gouvernement, annonçant une rentrée catastrophique. De nombreuses entreprises, notamment de BTP, seraient menacées de faillite, faute de commandes publiques. Les retards de paiement s’accumulent. De nombreux plans de licenciement et de fermeture se préparent, ont-ils prévenu. « Nous sommes déjà à plus de 3 millions de chômeurs. À combien serons-nous à la fin de l’année, si la zone euro plonge ? », se demande un conseiller. François Hollande doit se poser aussi la question, lui qui a lié son avenir politique à la baisse du chômage.

« Michel Sapin a compris qu’il avait un problème. Sans croissance, il lui est impossible de redresser les comptes publics et de ramener le déficit budgétaire à 3,8 %, comme la France s’y est engagée auprès de la commission européenne. C’est toute la crédibilité du gouvernement qui est en jeu », note un proche du pouvoir.

Depuis quelque temps, Bercy sait qu’il n’est plus dans les clous de l’exécution budgétaire. Le scénario de 2013, décrit dans un rapport de la Cour des comptes, est en train de se répéter : les recettes budgétaires attendues ne sont pas au rendez-vous, en raison de la baisse de l’activité. À la mi-juillet, les rentrées des impôts sur les sociétés n’étaient qu’à 41,2 % de l’objectif fixé au lieu de 50 %, les recettes de la TVA étaient à 48,6 %. Pourtant, les objectifs ont été abaissés dans le cadre de la loi de finances rectificative. Seuls les impôts sur le revenu sont au-dessus des prévisions, en raison des nouvelles mesures fiscales (abaissement du quotient familial, fiscalisation des mutuelles, etc.). « La loi de finances a été bâtie sur des hypothèses de croissance de 1 % et d’inflation de 1,2 %. C’est tout à fait irréaliste. Si on abaisse les prévisions pour ramener la croissance à 0,5 % et l’ inflation à 0,5 %, ce qui serait déjà bien, cela se traduit par 10 à 15 milliards d’euros de recettes en moins », dit un connaisseur des finances publiques. Selon ses calculs, le déficit budgétaire est appelé à être de l’ordre de 4,3 % cette année au lieu des 3,8 % promis.

Que faire ? Annoncer de nouvelles mesures de rigueur, de nouvelles réductions de dépenses, un nouveau programme d’austérité pour répondre aux injonctions européennes et respecter « les engagements de la France » ? Changer radicalement de politique, en essayant d’entraîner d’autres pays européens pour forcer l’Europe à sortir de l’austérité ? « On ne peut pas dire que le débat économique fait rage au sein du gouvernement. C’est plutôt le désarroi », raconte un proche du pouvoir.

Arnaud Montebourg, selon plusieurs témoignages, a malgré tout tenté de le lancer. Depuis plusieurs mois, le ministre de l’économie et du redressement productif milite pour un changement d’orientation de la politique économique. « Une politique de rétablissement des comptes publics est impossible sans croissance », n’a-t-il cessé de marteler. Lors de son discours programmatique du 10 juillet, il avait tenté de dessiner un autre chemin afin, expliquait-il alors, de redonner un peu de pouvoir d’achat aux Français et de relancer la demande.

Autour de la table du conseil dans le salon Murat, il a repris l’argumentation. Les prévisions du Trésor venaient confirmer ses analyses. D’abord, aurait-il expliqué, il y a urgence à dire la réalité de la situation. « Aussi difficile qu’elle soit, il faut dire la vérité. On ne peut plus promettre une croissance qui ne viendra pas, un abaissement du chômage qui ne se produira pas, si on maintient cette politique », a-t-il déclaré en substance.

Pour le ministre de l’économie, le problème n’est pas au niveau français mais au niveau européen. Il faut mener un combat politique pour obtenir une réorientation de la politique économique européenne, en finir avec les politiques d’austérité et de consolidation budgétaire qui condamnent la zone euro à une décennie de stagnation. « La croissance est une question politique. C’est à nous de prendre la tête de ce combat. La gauche a encore quelque chose à faire et à dire dans ce débat », a-t-il insisté face aux autres membres du gouvernement.

« Arnaud Montebourg est persuadé que l’Allemagne, à un moment ou un autre, va réagir si la déflation l’atteint à son tour. Pour lui, il importe que la France n’attende pas les décisions de Berlin, et se mette alors à sa remorque, mais qu'elle préempte le débat, pour ne pas se faire imposer des solutions qui ne lui conviennent pas », explique un de ses proches.

Prudemment, Michel Sapin semble être resté silencieux après la sortie d’Arnaud Montebourg. C’est Laurent Fabius qui a défendu la poursuite de la politique arrêtée par le gouvernement, au nom de la crédibilité de la France. Reprenant les critiques de l’Allemagne et de la Commission européenne, le ministre des affaires étrangères a expliqué que la France ne pouvait toujours se dédouaner de ses propres faiblesses sur les autres, qu’elle devait mener les réformes qu’elle s’était engagée à mener. Et puis, a-t-il fait valoir, les marchés ne manqueraient pas de sanctionner la France, si le gouvernement relâchait ses efforts.

Le dilemme de Manuel Valls

Les marchés ! Depuis l’élection présidentielle, François Hollande et le gouvernement vivent dans la hantise d’une attaque spéculative contre la France, comme l’ont connue l’Espagne, l’Italie ou le Portugal. La menace a été mille fois agitée par l’ancien ministre des finances, Pierre Moscovici, pour obtenir un alignement de la politique française sur les préconisations de la Commission européenne. Depuis dix-huit mois, la pression s’est relâchée sur la zone euro, grâce à l’intervention de la BCE. Les taux français n’ont jamais été aussi bas. « Le spread (différence de taux entre l’Allemagne et la France) est bon », s’est félicité François Hollande.

Mais qu’arrivera-t-il si la déflation s’installe durablement dans la zone euro, si les marchés prennent à nouveau conscience du montant insoutenable des dettes publiques dans certains des États comme l’Italie, si la France dévisse à nouveau ? Avant même que les tensions géopolitiques n’aggravent l’environnement, des messages de proches, familiers du monde des affaires, ont été adressés ces derniers temps à Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Élysée, et à Manuel Valls pour les avertir sur les possibles difficultés anticipées par les entreprises en 2015, détails à l’appui. C’est une entreprise du Cac 40, travaillant dans la grande distribution, qui donne consigne à son service de trésorerie d’assurer dès maintenant tous les financements, afin de ne pas dépendre du marché en 2015. C’est un groupe industriel, qui lui aussi prend toutes les précautions de financement, par peur de voir les marchés complètement fermés l’an prochain.

Ces mises en garde ont, semble-t-il, fait forte impression. Le gouvernement vit à nouveau dans la hantise des marchés. Les sombres prévisions de la rentrée renforcent ses craintes et le tétanisent. Quel signal envoyer pour rassurer les marchés et éviter une attaque ? Poursuivre la ligne politique arrêtée, comme le défend Laurent Fabius ? Ou changer de politique pour ramener la croissance, comme le propose Arnaud Montebourg ?

Au fil des semaines, Manuel Valls paraît de plus en plus convaincu de la nécessité de changer de braquet. Tous les chiffres viennent lui confirmer que le gouvernement semble ne plus avoir de prise sur la situation économique. Le capital politique dont il disposait à son arrivée à Matignon fond comme neige au soleil. La veille du séminaire gouvernemental, un sondage publié par le Figaro 3 a créé un choc : quel que soit le candidat – Hollande ou Valls –, la gauche ne serait pas au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017. L'avenir politique du premier ministre est désormais en question. « Manuel Valls hésite entre être un premier ministre loyal à François Hollande ou se rebeller. Il attend d’en savoir plus sur la position de François Hollande », résume un de ses proches.

« Comme à son habitude, François Hollande est évasif. Il n’est rien sorti de ce séminaire gouvernemental », dit un participant. « Il a semblé très embêté. Il a dit qu’il fallait maintenir la ligne et prendre des décisions claires qui soient comprises par les Français », raconte un autre. Depuis, le conseil constitutionnel a censuré une de ses seules mesures compréhensibles par l’opinion publique, 3 qui visait à redonner du pouvoir d’achat aux ménages les plus modestes. Il a jugé que l’allègement des cotisations sociales pour les salaires inférieurs à 1,3 fois le Smic, prévu dans le cadre du pacte de compétitivité, était « contraire au principe d’égalité ». Un nouveau revers pour le gouvernement.

Les ministres sont repartis du séminaire du 1er août, inquiets de ce qui pourrait se passer à la rentrée, ignorant tout de la direction du gouvernement. Depuis, ils ont vu que François Hollande essayait de façon brouillonne d’obtenir un changement de l’Allemagne. Ses appels à une relance économique ont donné lieu à une nouvelle rebuffade allemande. 3 « Nous ne voyons aucun besoin d’apporter le moindre changement à notre politique économique. L’Allemagne est déjà le plus important moteur de la croissance en zone euro », a rétorqué la porte-parole du gouvernement, au nom d’Angela Merkel partie en vacances, en réponse aux propositions de relance de l’Élysée.

« Si la France veut obtenir un changement de la politique européenne, elle ne l’obtiendra pas en quémandant auprès de l’Allemagne, mais en construisant une alliance avec d’autres pays européens. L’ennui est qu’elle a raté le coche en 2012. Toute l’Europe du Sud attendait alors la France et était prête à la suivre. François Hollande a préféré signer le pacte de stabilité budgétaire sans discuter et promettre de ramener le déficit à 3 %. La France a perdu tout son crédit. Depuis, l’Italie a choisi d’aller son chemin. L’Espagne s’est rangée derrière l’Allemagne. Plus personne n’attend la France », constate un observateur.

Au cœur de l’été, l’Élysée et Matignon soupèsent l’avenir politique. Mais les petits calculs semblent encore l’emporter. Aucune vision, susceptible de redonner confiance, d’en finir avec le défaitisme ambiant ne se dégage. « Si Manuel Valls n’obtient pas un changement de politique à la rentrée, il n’a plus qu’à démissionner. Sinon, il est mort politiquement », dit un observateur proche du premier ministre. Celui-ci dit lui avoir donné ce conseil, ces derniers jours, par SMS.
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Messagepar krouw2 » 11 Août 2014, 13:15

n'en rajoute pas , il y a déjà les avis d'impositions cette semaine
Hollande 2027
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Messagepar fernando » 11 Août 2014, 13:20

Genre t'es imposable oit.
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Messagepar SAV » 11 Août 2014, 13:49

fernando a écrit:Genre t'es imposable oit.

loul ichi
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar krouw2 » 11 Août 2014, 14:01

j'ai mangé cheurr l'an dernier pour vos mioches, là Manu il a été cool il a pas bluffé
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Messagepar rodolfo » 11 Août 2014, 21:25

Putain, la courbe de l'impôt sur le revenu suit la même courbe que le chômage.

Simple et cohérent en fait, Hollande.
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Messagepar fernando » 12 Août 2014, 08:31

rodolfo a écrit:Putain, la courbe de l'impôt sur le revenu suit la même courbe que le chômage.


Pas d'inversion prévue en revanche pour la courbe de l'IR.
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Messagepar GilbertSedman » 12 Août 2014, 09:52

Article par Martine Orange...... c'est le nom de code de tartine au brie ? Paul bismuth attitude...
Parler à un con c'est un peu comme se masturber avec une râpe à fromage, beaucoup de douleurs pour peu de résultats (Desproges)
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GilbertSedman
 
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Messagepar King Kong » 12 Août 2014, 20:59

Gilles Bourdouleix, maire fraîchement réélu de Cholet (Maine-et-Loire) et député (ex-UDI), a été condamné, mardi 12 août, à une amende de 3 000 euros. La cour d’appel d’Angers devait se prononcer sur des propos que l’élu avait tenus en juillet 2013 : au cours d’une altercation sur un terrain agricole de sa commune occupé illégalement par plus d’une centaine de caravanes de gens du voyage, l’élu, cible de saluts nazis et d’accusations de racisme, avait glissé à un journaliste : « Hitler n’a peut-être pas tué assez » de gens du voyage.
"Je pars avec le sentiment d'avoir bien fait mon travail" françois rebsamen
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Messagepar King Kong » 14 Août 2014, 08:35

croissance 0.0%, vive l'ue, vive l'euro, vive le mondialisme,vive la récession..
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Messagepar fernando » 14 Août 2014, 08:50

Faut faire des réformes tuturelles, et l'an prochain on aura 5% de croissance.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
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Messagepar otto » 14 Août 2014, 09:33

King Kong a écrit:croissance 0.0%, vive l'ue, vive l'euro, vive le mondialisme,vive la récession..


Il arrive...

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Messagepar SAV » 14 Août 2014, 09:45

fernando a écrit:Faut faire des réformes tuturelles, et l'an prochain on aura 5% de croissance.

Toutafé, genre supprimer le SMIC et renvoyer les salariés chez eux quand il y a moins de boulot comchéno zamialman.
Ca envoie du rêve.
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar otto » 14 Août 2014, 09:48

Vive le contrat zéro heure ^^

Le contrat zéro heure (Zero-hour contract) est un type de contrat de travail utilisé au Royaume-Uni. Dans ce contrat tous les avantages sont du côté de l'employeur. Il ne l'oblige pas à fixer un temps de travail minimal et un salaire minimum. L'employé s'engage à être disponible pour travailler suivant les besoins de son employeur. Il n'est bien souvent averti du travail qu'il doit effectuer que quelques heures avant sa prise de service. Le contrat peut stipuler qu'il n'a pas le droit de travailler pour une autre entreprise. Seules les heures travaillées sont rémunérées.
Le nombre d'heures rémunérées étant variable, le travailleur ne peut prévoir un budget précis, ni organiser son emploi du temps.

Miam...
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Messagepar krouw2 » 14 Août 2014, 09:58

Otto j'ai rencontré la déléguée des végé de France, elle est membre de ton parti d'escargot, la révolution est en marche
Hollande 2027
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Messagepar otto » 14 Août 2014, 10:01

Bah on s'en fout de tout ça, elle est mignonne ? :p
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Messagepar SAV » 14 Août 2014, 10:04

otto a écrit:Vive le contrat zéro heure ^^

Le contrat zéro heure (Zero-hour contract) est un type de contrat de travail utilisé au Royaume-Uni. Dans ce contrat tous les avantages sont du côté de l'employeur. Il ne l'oblige pas à fixer un temps de travail minimal et un salaire minimum. L'employé s'engage à être disponible pour travailler suivant les besoins de son employeur. Il n'est bien souvent averti du travail qu'il doit effectuer que quelques heures avant sa prise de service. Le contrat peut stipuler qu'il n'a pas le droit de travailler pour une autre entreprise. Seules les heures travaillées sont rémunérées.
Le nombre d'heures rémunérées étant variable, le travailleur ne peut prévoir un budget précis, ni organiser son emploi du temps.

Miam...

Génial.
Et j'entends encore l'éditorialiste de chépukel journal sur Europe 1 ce matin venter les 3.5% de croissance au Royaume-Uni...ben tin.
Brigitte Macron 2027.
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Messagepar krouw2 » 14 Août 2014, 10:14

otto a écrit:Bah on s'en fout de tout ça, elle est mignonne ? :p


tu sais moi ce qui m'intéresse c'est le débat, l'échange, découvrir des gens différents




elle est méga bonne
Hollande 2027
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Messagepar otto » 14 Août 2014, 10:22

Je suis comme toi. La beauté des idées avant les beautés du corps.

T'as une tof ? Moyen de la chopper sur le net ?
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Messagepar krouw2 » 14 Août 2014, 10:30

en MP je suis pas Casim oim
Hollande 2027
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Messagepar otto » 14 Août 2014, 10:39

Thanx.
Sûr qu'elle a de belles idées à partager.
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Messagepar fernando » 14 Août 2014, 10:40

SAV a écrit:
otto a écrit:Vive le contrat zéro heure ^^

Le contrat zéro heure (Zero-hour contract) est un type de contrat de travail utilisé au Royaume-Uni. Dans ce contrat tous les avantages sont du côté de l'employeur. Il ne l'oblige pas à fixer un temps de travail minimal et un salaire minimum. L'employé s'engage à être disponible pour travailler suivant les besoins de son employeur. Il n'est bien souvent averti du travail qu'il doit effectuer que quelques heures avant sa prise de service. Le contrat peut stipuler qu'il n'a pas le droit de travailler pour une autre entreprise. Seules les heures travaillées sont rémunérées.
Le nombre d'heures rémunérées étant variable, le travailleur ne peut prévoir un budget précis, ni organiser son emploi du temps.

Miam...

Génial.
Et j'entends encore l'éditorialiste de chépukel journal sur Europe 1 ce matin venter les 3.5% de croissance au Royaume-Uni...ben tin.


La croissance des 30 glorieuses on ne l'aura plus jamais, ou alors après une nouvelle guerre mondiale.

Il reste 2 modèles : chômage de masse comme en France et en Europe du Sud, ou grande précarisation du petit salariat comme en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons. Dans les 2 cas on en arrive au même constat : du boulot y'en a plus pour tout le monde et faut le partager.
Les contrats zéro heure et autres avatars (mini-jobs allemands), c'est une façon brutale d'imposer le partage du travail, avec des miettes pour une partie des salariés. Est-ce pire que le chômage de masse? Ca se discute.

Mais faut arrêter avec le mythe de la croissance à 3%/an qui va créer de l'emploi. Quand on parle de 3 ou 4% de croissance chez les rosbifs ou aux states, faut regarder à quelle frange de la population ça profite et comment se répartissent les richesses créées.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."
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Messagepar otto » 14 Août 2014, 10:47

En causant des 30 glorieuses : conseil "lecture" (que je m'adresse également, il est n°2 sur ma liste des prochains trucs à lire) : "Une autre histoire des Trente Glorieuses : modernisation, contestations et pollutions dans la France d'après-guerre."

Comme était doux le temps des « Trente Glorieuses » ! La démocratisation de la voiture et de la viande ! L'électroménager libérant la femme ! La mécanisation agricole éradiquant la famine ! La Troisième Guerre mondiale évitée et la grandeur nationale restaurée grâce à la dissuasion nucléaire ! Etc. Telle est aujourd'hui la vision dominante de cette période d'« expansion », objet d'une profonde nostalgie passéiste... au risque de l'aveuglement sur les racines de la crise contemporaine.
À rebours d'une histoire consensuelle de la modernisation, cet ouvrage dévoile l'autre face, noire, du rouleau compresseur de la « modernité » et du « progrès », qui tout à la fois créa et rendit invisibles ses victimes : les irradié.e.s des essais nucléaires en Algérie et en Polynésie, les ouvrier.ère.s de l'amiante ou des mines d'uranium contaminé.e.s, les rivières irrémédiablement polluées, les cerveaux colonisés par les mots d'ordre de la « croissance » et de la publicité...
Les conséquences sociales et environnementales des prétendues « Trente Glorieuses », de leur mythologie savamment construite par les « modernisateurs » eux-mêmes, de leurs choix technico-économiques et de leurs modes de vie, se révèlent aujourd'hui très lourdes. Il nous faut donc réévaluer la période et faire resurgir la voix des vaincu.e.s et des critiques du « progrès » (de l'atome, des pollutions, du productivisme et du consumérisme) antérieures à 1968. L'enjeu est non seulement de démonter les stratégies qui permirent alors de les contourner, mais aussi de les réinscrire dans les combats politiques et écologiques contemporains.
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