par rodolfo » 05 Fév 2015, 17:27
Suite à un débat organisé en cours d’histoire sur les attentats de Charlie Hebdo, un lycéen qui défendait le point de vue de son professeur en faveur de la liberté de la presse a été agressé par une dizaine de jeunes à la sortie des cours.
En Belgique non plus, tous les élèves ne sont pas «Charlie». Un élève du lycée Athénée royal Leonardo Da Vinci, à Anderlecht, a été agressé par une dizaine de jeunes pour avoir défendu Charlie Hebdo lors d’un débat organisé sur le sujet par un professeur d’histoire. L’enseignant aurait fermement défendu la liberté de la presse et «expliqué qu’on ne pouvait pas tuer pour un dessin», selon RTL.be .Une position qui n’a pas plu à plusieurs élèves de la classe. Amadou, étudiant âgé de 21 ans, a défendu son professeur. Une dizaine d’élèves armés de battes de baseball lui on fait payer son soutien en l’agressant à la sortie des cours.
Tout a démarré lorsque le professeur d’histoire a lancé un débat sur les attentats ayant eu lieu en France au début du mois de janvier. Le professeur a expliqué à sa classe que «les insultes au prophète ne justifient en rien les assassinats». Un élève s’insurge alors devant ses camarades de cette prise de position. «Il a carrément dit devant tout le monde que lui, il était pour les meurtres, que s’il voyait les terroristes dans la rue, il allait leur serrer la main parce que, lui, cela le faisait rire» témoigne Amadou Diallo, la victime, au micro de la RTBF .
Le jeune homme, encore très choqué par son agression selon les médias belges, incrimine un autre professeur de l’établissement, qui enseigne la religion islamique. Il explique que les élèves opposés à Charlie Hebdo se sont ensuite rendus à son cours, «et dès qu’ils [en] sont sortis, ils ont eu l’idée de [lancer une] pétition» demandant la mise à l’écart du professeur d’histoire. «Je pense que c’est le prof de religion islamique qui leur a donné l’idée», indique Amadou. La pétition réclamant la démission du professeur d’histoire a été signée par 18 des 20 élèves. Amadou et un autre camarade refusent de signer, malgré les pressions de l’élève instigateur du texte. C’est ce dernier qui organisera l’agression d’Amadou. Il a été exclu de l’établissement, qui a porté plainte.
Plusieurs enquêtes ouvertes pour éclaircir l’événement
Pour le gouvernement belge, qui s’est emparé de l’affaire face à l’émoi qu’elle suscite dans le pays, il s’agit maintenant d’établir des responsabilités. La ministre de l’Éducation belge a reçu le frère et la mère d’Amadou, avant d’ouvrir une enquête administrative. Elle a également envoyé le «préfet coordinateur de zone» (équivalent du recteur en France) sur place pour démêler le vrai du faux. Le professeur d’histoire est critiqué par les élèves présents lors du débat pour «ses positions très engagées», explique le préfet coordinateur de zone, qui indique que le professeur aurait «insulté l’Islam» selon plusieurs élèves.
Le professeur de religion islamique est, lui, également connu pour ses positions souvent polémiques. En 2003, déjà, «le ministre de l’enseignement de l’époque avait refusé de le nommer inspecteur des cours de religion islamique et le désignait comme membre des frères musulmans» indique le site de la RTBF. Le préfet devra établir son influence et sa responsabilité dans l’agression d’Amadou.