par wipoLEgonbou » 07 Août 2015, 18:48
Renard : «Il y en a qui me détestent...»
Avant les grands débuts de son équipe ce vendredi soir face au PSG, Hervé Renard, l'entraîneur du LOSC, revient sur son come-back en L1. Ses ennemis, l'attente autour de son retour, sa façon de fonctionner, la saison qui s'ouvre, l'ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire et de la Zambie n'élude rien et fait preuve d'une vraie franchise.
«Hervé, sentez-vous que votre retour suscite une certaine curiosité ?
Pas du tout. Je suis un peu spécial. Je ne lis pas grand-chose, je ne consulte pas Internet, je reste dans ma bulle. Je ne suis parfois pas trop conscient de ce qu’il se passe autour.
Vous aviez laissé une belle image avec Sochaux, les gens avaient appris à vous connaître et à vous apprécier.
J’ai senti que beaucoup de gens m’appréciaient, mais j’ai aussi remarqué que certains étaient irrités (rire). Il y en a qui me détestent… Bon, libre à eux de me détester, ils ne me connaissent certainement pas. Ils se basent sur des préjugés, tant pis.
Ça ne vous atteint pas forcément…
Si, si ! Ca me dérange un peu, mais je ne peux rien y faire.
«Tous les éléments étaient réunis pour que je revienne»
Vous tentez de changer votre image pour plaire ?
Non, j’essaie d’être un peu plus discret. Je sais que si je réponds à toutes les sollicitations, je vais basculer dans ce qu’il ne faut pas basculer. La priorité, c’est le football, et c’est d’entraîner. Donc par courtoisie et sympathie, sincèrement, j’aime bien le rapport avec les journalistes, ceux qui sont corrects, qui font bien leur métier. Mais répondre à tout le monde, ce n’est pas possible, il y a beaucoup de sollicitations, donc il faut faire attention.
Globalement, comment appréciez-vous ce retour en Ligue 1 ? C’est un soulagement ? Une fierté ?
J’avais apprécié le moment passé en Ligue 1, à Sochaux. Je suis un passionné de football et je l’ai toujours été. Depuis mon enfance, j’ai eu la chance de vivre à Aix-les-Bains où les Girondins de Bordeaux se préparaient chaque année du temps d’Aimé Jacquet. Je vivais ça comme un rêve. Donc la Ligue 1, pour moi, c’est quelque chose d’important. J’ai toujours rêvé être là. Je suis revenu en France parce que j’aime ce pays et aussi parce que j’ai eu l’opportunité de revenir dans un club avec des infrastructures exceptionnelles et un club dont je sens le feeling. Tous les éléments étaient réunis pour que je revienne mais je n’étais pas focalisé sur un retour à tout prix.
«Si j'avais pu aller en Premier League, j'aurais été encore plus content»
Il était indispensable de disposer d’un bon projet avec quelques moyens…
Oui, même si on m’a décrit le tableau. On ne va pas se le cacher. On sait très bien que Lille avait un gros déficit, je le savais lorsque j’ai signé. On m’a dit qu’il y avait un tel déficit qu’il fallait vendre des joueurs importants. Cette saison est une saison de transition. J’ai été informé de tout en toute clarté et j’ai aimé les gens avec qui j’ai discuté. Ils savent qu’un entraîneur a besoin d’un peu de temps pour construire. Et moi je sais que le club a des priorités financières à résorber donc pour le moment, on est sur la même longueur d’ondes.
Ce retour n’est-il pas également une envie de prouver vos qualités aux gens depuis votre demi-échec à Sochaux ?
J’ai envie d’exercer mon métier dans un beau championnat européen. Maintenant, en toute sincérité, si j’avais pu aller en Premier League, j’aurais été encore plus content. Voilà. Mon objectif, c’était être dans un bon club. J’ai travaillé dans huit pays différents donc c’est devenu une habitude de m’exporter. S’il faut que j’aille en Suisse par exemple, ce n’est pas un souci. L’important c’est le club et sa capacité. A Lille, j’aime bien le président, sa façon de voir les choses, j’aime travailler avec Jean-Michel Vandamme (NDLR : directeur-général adjoint), qui s’est battu pour que je vienne. Pour revenir à Sochaux, j’ai par exemple envoyé un texto tout à l’heure à Laurent Pernet (NDLR : l’ancien président du FCSM) qui va retourner travailler à Peugeot. On a vécu un super moment, on a fait une telle remontée, c’était exceptionnel. Le dernier match s’est mal passé mais on a senti un enthousiasme, même toute la France était derrière nous à certain moment. Ceux qui me parlent d’échec, non, ce n’était pas un échec. On est revenu de tellement loin…
«Il ne faut pas me chercher des excuses»
Est-ce que vous vous mettez une certaine pression avant le début de cette saison ?
Je me mets la pression pour avoir les meilleurs résultats possibles. Je suis un compétiteur, je veux faire du mieux possible, il ne faut pas me chercher des excuses en disant qu’on a changé les équipes, etc. En foot, il faut avoir des résultats. Ensuite, on peut essayer d’expliquer, mais ça c’est votre métier.
Vous pensez avoir réussi à rééquilibrer votre groupe avec les départs de Gueye et de Kjaer notamment ?
On a essayé mais il n’y a que la compétition qui va répondre à cette question. Idrissa Gueye a fait une dernière saison exceptionnelle, Kjaer a été très bon. S’ils sont partis, ce n’est pas par hasard. Il y a aussi Nolan Roux car quel que soit la manière dont ça s'est passé, j’ai eu la franchise de lui dire. Nolan Roux, c’est dix buts assurés en Ligue 1. Est-ce que les jeunes que l’on a pris (Guirassy, Guillaume, Tallo) vont en être capables ? Je le souhaite, mais je n’ai pas la réponse. En Ligue 1, il faut être fort mentalement et vite s’adapter.
Est-ce que cet effectif vous correspond ?
Depuis de nombreuses saisons, il y a des joueurs avec un super état d’esprit avec les deux figures emblématiques que sont Balmont et Mavuba. Plus Basa et Enyeama, ce sont des garçons biens, sur qui on va pouvoir s’appuyer.
Vous espérez qu’on ne soit pas trop exigeant avec Lille dès vos débuts ?
Non, il faut toujours un degré d’exigence assez important. Toujours.
«Décrocher l'Europe»
Quelle serait votre envie le 14 mai 2016, au soir de la 38e journée ?
L’idéal serait de décrocher l’Europe. Beaucoup d’équipes la veulent. Ce qu’il serait peut-être bien, c’est de faire un bon parcours dans une des deux Coupes. Maintenant, quand on a le PSG, Marseille, Monaco et Lyon, c’est difficile de gagner quelque chose. Mais il faut avoir dans la tête le fait de créer des surprises.
La course pour l’Europe va être très disputée entre Paris, Lyon, Marseille, Monaco, Saint-Étienne, Bordeaux…
Oui, et il ne faut pas non plus oublier Montpellier, Nantes, qui a l’air d’avoir un fait recrutement très intelligent. Derrière, Bastia, par exemple, est toujours dur à manœuvrer. Il y a pleins d’équipes qui sont difficiles à jouer. Troyes et Angers pratiquent un beau football, il ne va pas falloir les mépriser.
Plus que quelques heures avant d’entrer dans l’arène…
On est impatients de reprendre. La préparation, c’est bien, mais ce qu’il nous manque, c’est la compétition. Le foot, c’est comme le cyclisme, il y a des jours difficile, il faut savoir les passer du mieux possible. Et quand ça se termine bien, on est tellement heureux qu’on oublie les difficultés.»