par n.iiicolas » 12 Sep 2015, 23:13
A 19 heures mardi, un homme est arrivé dans un garage de Gisors avec une arme de poing de petit calibre. Il a tiré sur le gérant d’abord, qui s’est écroulé quelques mètres plus loin, atteint à l’épaule », explique Dominique Laurens, procureur de la république d’Evreux. « Selon les premières constatations du médecin légiste, la balle s’est enfoncée dans le poumon, il est mort ensuite. L’homme s’est ensuite présenté devant une femme qui se trouvait au volant d’une dépanneuse, il s’est approché d’elle de très près et a fait feu à deux reprises. Un tir a atteint l’épaule, l’autre la tempe. Quasi immédiatement après, il a retourné l’arme vers sa tête, a fait feu et s’est effondré ». L’auteur du double-crime a ensuite été héliporté dans la soirée vers le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Rouen. Dans un état de mort cérébral, il est placé sous assistance respiratoire.
Le grand-père est aussi le père de l’enfant
Voilà résumé le carnage survenu dans le garage Tenzo Autos, route de Delincourt dans la zone industrielle de cette commune de l’Eure. Mais derrière cette tuerie se cache une autre histoire. Celle d’un père amoureux de sa fille, qui a décidé de l’exécuter parce qu’elle a choisi de le quitter. Malheureusement pour lui, Frédéric Piard, le jeune gérant du garage, n’est qu’une victime collatérale. En effet, les premières investigations menées par les gendarmes du Groupement de l’Eure permettent d’établir que Denis Mannechez, 52 ans, entretenait une relation incestueuse avec sa fille Virginie, âgée de 34 ans. De leur union est d’ailleurs né un enfant, âgé aujourd’hui de 13 ans.
En 2012, Denis Mannechez a été condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, par la Cour d’assises d’appel de la Somme pour viols et agressions sexuelles sur deux de ses filles. « Il s’agit d’un cas surprenant, décoiffant, exceptionnel. Cela fait près de 35 ans que j’exerce, et je n’ai pas vu d’autres affaires similaires », résume Me Hubert Delarue, l’avocat de Denis Mannechez lors du procès.
« Surpenant », « décoiffant », car à l’audience les filles se sont constituées partie civile pour soutenir leur père. Elles affirmaient être consentantes. Ce sont les confidences d’une des « victimes » à une amie qui ont conduit à l’ouverture d’une enquête en 2002. La jeune fille, alors âgée de 19 ans, s’était plainte auprès de sa copine des violences infligées par son père. Les enquêteurs ont mis en lumière bien plus que des faits de violences parentales. Si les deux frères de la fratrie, alors âgés de 13 et 16 ans, ont bien été victimes des colères de leur père, les deux adolescentes ont quant à elles eu des rapports sexuels réguliers avec lui. La cadette a d’ailleurs confié à la barre être tombée enceinte trois fois, dont deux grossesses se sont conclues par des interruptions volontaires, et la dernière par une fausse couche.
Une mère qui initie ses filles à la pratique de la fellation
La femme de Denis Mennachez était au courant des agissements de son époux. Elle tenait un planning pour organiser les relations sexuelles entre père et filles. Elle a même montré à ses filles comment pratiquer des fellations. Une sorte d’initiation. Jointe par téléphone hier soir, Me Florence Danne-Thiefine, son avocate, affirme que sa cliente « a toujours assumé les faits et qu’elle a reconnu avoir fait souffrir ses enfants. Aujourd’hui, elle vit seule, chichement. Elle est divorcée. A l’audience, elle était d’ailleurs déjà séparée de son époux. » Elle aussi a été condamnée.
A l’époque, la famille vivait dans une splendide demeure près de Compiègne (Oise). Denis Mennachez était cadre supérieur dans l’informatique. « Il gagnait très bien sa vie, dans un contexte social tout à fait confortable », précise Me Florence Danne-Thiefine. Me Hubert Delarue décrit une famille qui vivait « de manière autarcique, comme un phalanstère post-soixante-huitard, avec une très grande proximité des uns vis-à-vis des autres, c’était un peu le grand n’importe quoi. »
Le garagiste était un jeune père de famille
La peine de prison purgée, père et fille s’étaient remis ensemble. « Ils étaient très proches, ils avaient une relation très fusionnelle. Ils m’avaient envoyé leurs vœux et étaient même passés me voir », détaille Me Hubert Delarue. Ils élevaient leur enfant, pour qui le secret de cette filiation reste à ce jour entier. En quelque sorte, Denis c’est « papy ». Tout en résidant dans l’Oise, Virginie Mannechez travaillait depuis un an chez Tenzo Autos. Ce garage, ouvert initialement près de la gare, avait déménagé il y a deux ans environ dans la zone industrielle pour pouvoir s’agrandir. Les professionnels installés aux environs évoquent le professionnalisme de son gérant Frédéric Piard. A 31 ans, ce pratiquant de Ju-Jitsu avait quatre employés sous ses ordres. Il y a deux ans également, ce jeune père de famille, en couple, avait acheté et « retapé » une maison à l’entrée d’Heudicourt. Lorsque son employée a décidé de mettre fin à sa relation incestueuse, le garagiste a accepté de l’héberger dans un appartement situé au premier étage du garage. « Il s’agissait d’un hébergement de secours » explique la procureur d’Evreux.
L’enfant de Denis et Virginie Mannechez était présent dans le garage au moment de la tuerie. Sa mère et demi-sœur est décédée, son père et grand-père est entre la vie et la mort.
Je crois que le bonheur c'est d'être autiste.