par fernando » 12 Nov 2015, 16:48
Villeneuve-d’Ascq: les anciens patrons du Métropole assignent Eiffage en justice
En novembre 2012, lorsque Geneviève et Éric Deloor ouvrent Le Métropole au pied du Grand Stade, ils ont la certitude de faire le bon choix. Eiffage leur promet 50 événements par an ! Mais douze mois plus tard, ils mettent la clé sous la porte. Aujourd’hui, criblés de dettes, ils assignent le groupe en justice.
Geneviève et Éric Deloor n’avaient pas foulé le parvis du Grand Stade depuis deux ans : difficile de revenir là où a commencé leur descente aux enfers.
Fouler à nouveau le parvis du stade Pierre-Mauroy et apercevoir la façade de leur ancien commerce leur fait mal au cœur. Depuis deux ans, Geneviève et Éric Deloor portent sur les épaules le poids d’une dette qui s’élève à 500 000 €, une somme qu’ils doivent à leur banque et leurs fournisseurs. Alors, revoir l’endroit où tout a commencé leur rappelle de mauvais souvenirs.
Depuis 2009, Éric Deloor tient un autre commerce à Mons-en-Barœul. En 2012, il voit le Grand Stade comme une opportunité à ne pas laisser passer. « Vu notre ancienneté et notre façon de travailler, notre brasseur de l’époque nous a sentis capables de prendre une cellule au pied du stade, indique Éric. On a réfléchi, et on s’est dit que devant ce magnifique stade, ça ne pouvait que marcher ! »
Un ticket de loto gagnant
Le couple rencontre le responsable de la commercialisation des cellules du parvis chez Eiffage. « Il nous a tout de suite promis que 50 événements seraient organisés chaque année dans le stade ! », ajoute Geneviève. Le couple part ensuite au siège de la société, à Paris, avec deux autres commerçants du parvis, les patrons du restaurant La Table et de La Régie. « Ils nous ont présenté un plan extraordinaire ! Avec une maquette montrant des espaces arborés sur le parvis, des espaces de vie, ajoute Éric. C’était un ticket de loto gagnant ! Une chance à ne pas manquer ! » Même le loyer élevé n’est pas dissuasif : « Comparé à ce qu’ils nous annoncent, c’est tout à fait rentable. »
Le couple investit 800 000 € pour ouvrir le bar-tabac Le Métropole le 5 novembre 2012. Quinze personnes sont embauchées, comme dans les cellules voisines. Mais très vite, Geneviève et Éric déchantent…
« Les jours de matchs, c’était blindé, mais le reste du temps non… Tout s’est déclenché au concert de Depeche Mode, annulé à cause du chauffage. C’était clair que sans chauffage, il n’y aurait pas les 50 événements promis. » Du personnel est d’abord licencié, et quasiment un an plus tard, soit en janvier 2014, Le Métropole ferme ses portes. Et le couple se retrouve endetté jusqu’au cou.
Geneviève et Éric Deloor ont donc pris un avocat spécialiste du droit immobilier et portent plainte contre Eiffage et sa filiale Eifaltis chargée de l’événementiel. Ils réclament entre 800 000 et un million d’euros au groupe pour non-respect des accords. « On a signé un contrat avec Eiffage sur lequel il était écrit noir sur blanc qu’il y aurait 50 événements. »
La difficile vie des commerces au pied du stade
Quelques mois après l’ouverture du stade le 17 août 2012, l’eldorado promis s’est transformé en casse-tête pour les commerçants.
Si les clients sont au rendez-vous les soirs de matchs, plus nombreux qu’aujourd’hui car le LOSC jouait la Ligue des Champions, le reste de la semaine, c’est morne plaine. Tout de suite, les commerçants pointent du doigt cette vaste esplanade qu’est le parvis et qui manque de signalétique ; ils critiquent également les problème de stationnement et des parkings souterrains dont l’accès est gratuit en dehors des jours d’événements au stade. En mars 2013, le parking devient payant, mais les différentes enseignes prennent en charge le ticket de leurs clients. Enfin, les commerçants mettent l’accent sur les loyers des locaux commerciaux, plutôt élevés... Eiffage a entendu ces critiques et trouvé des solutions.
Un an et demi plus tard, soit en janvier 2014, deux commerces ferment : le Bar à pâtes, ouvert en avril 2013 par un ancien du LOSC, Adil Rami, et Le Métropole. Éric Deloor rappelle que les commerçants ont fait des propositions pour animer ce parvis : « Nous voulions organiser un marché. Mais Eiffage ne savait pas trop comment faire ; c’était trop complexe pour eux et ils nous ont dit que ce serait à notre charge. Puis, on leur a demandé de laisser entrer les voitures en semaines jusqu’au pied de nos commerces. Impossible ! » L’ancien patron du Métropole ne comprend toujours pas pourquoi les animations pour l’Eurobasket, la Coupe Davis ou prochainement l’Euro 2016 ont lieu à Lille. « Eiffage est très bien niveau béton, mais niveau organisation ! »
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