par manulosc » 18 Déc 2015, 09:51
Météo : où est passé l'hiver ?
LE FAIT DU JOUR. Les températures sont exceptionnelles et dignes du printemps. Explication sur un phénomène qui se répète et est prévu pour durer une dizaine de jours...
S'emmitoufler dans une doudoune, souffler dans ses mains pour réchauffer ses doigts engourdis... Souvenez-vous, c'était le genre de chose que l'on faisait habituellement à la mi-décembre. Mais depuis 2011, la France connaît pour la cinquième année consécutive un début d'hiver peu rigoureux. Et celui-ci est particulièrement doux, comme une caresse de printemps. Hier, les poiriers étaient en fleur dans le jardin du Luxembourg, les roses en bouton en Normandie et le thermomètre affichait 22,8° C à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).
« En Bretagne, on peut encore manger des fraises car elles ont repoussé et, sur ma terrasse, la glycine n'a pas encore perdu ses feuilles », constate, un peu éberlué, Frédéric Decker. Alors que les températures devraient rester très élevées au cours des dix prochains jours, le prévisionniste de Meteonews fait le pari que le record mensuel de douceur de l'an 2000 (8,3° C en moyenne) sera battu.
Un vaste anticyclone
« Ce mois de décembre 2015 sera l'un des plus doux depuis le début du XXe siècle », pronostique Frédéric Nathan, qui officie à Météo France. Un vaste anticyclone nous protège depuis novembre, aspirant l'air chaud en provenance des zones intertropicales. Alors que les experts américains du climat pensent que 2015 sera sans doute l'année la plus chaude de l'histoire moderne, la hausse du mercure mondial peut-elle expliquer ces Noëls au balcon à répétition dans l'Hexagone ?
« La France a déjà connu en décembre 1934 une situation similaire et cela fait partie de la variabilité naturelle du climat, poursuit Frédéric Nathan. Mais le réchauffement climatique contribue sans doute à ce que les masses d'air soient encore plus chaudes aujourd'hui qu'elles ne l'auraient été il y a quatre-vingts ans et c'est pourquoi beaucoup de records de douceur risquent de tomber. » Une aubaine pour les cafés qui font encore le plein de clients en terrasse et les glaciers qui s'offrent une belle arrière-saison. Mais un vrai cauchemar pour les stations de sport d'hiver où la neige est aux abonnés absents. Dans les Alpes du Sud, il faut monter au-dessus de 2 500 m pour trouver 5 cm de poudreuse.
On tousse quand même
C'est un paradoxe : même si l'hiver est aux abonnés absents, les maladies qui lui sont associées sont, elles, bel et bien là. Même en veste légère, on tousse, on se mouche... et on remplit les salles d'attente des généralistes. Certes, la grippe n'a pas encore pointé le bout de son nez. Mais « les autres pathologies infectieuses hivernales sont au même niveau que d'habitude pour un mois de décembre, confirme Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins France. On a atteint en région parisienne un pic de bronchiolites, on voit aussi des angines, des bronchites et une épidémie de gastro-entérites virales. » Un inventaire qui laisse l'expert un peu perplexe : « Il existe un lien avéré entre ces maladies et le froid, qui met à mal les défenses immunitaires. Mais les températures, de toute évidence, ne sont pas le seul facteur. Les microbes sont aussi entretenus par le fait qu'en hiver les gens ont tendance à se regrouper dans des lieux fermés et confinés. »