par fernando » 25 Jan 2016, 17:58
loul Thiriez, quelle baltringue de 1ère
Football : Comment le PSG a tué la Ligue 1
LE MONDE SPORT ET FORME | 22.01.2016 à 10h25 • Mis à jour le 25.01.2016 à 16h14 | Par Rémi Dupré
« Ça fait du bien de souffrir parfois. » Samedi 16 janvier, après la difficile victoire de son équipe (1-0) à Toulouse, lors de la 21e journée de Ligue 1, la confidence du milieu du Paris-Saint-Germain Thiago Motta prêtait à rire aux éclats. Une semaine plus tard, l’Italien n’a pas osé la même réplique après la correction infligée au promu Angers (5-1), pourtant troisième avant cette 22e journée. Après ce 19e succès de la saison, le triple champion de France en titre compte désormais l’impressionnant total de 60 unités au compteur, un record en Ligue 1 à ce niveau du championnat. Au point de remporter une quatrième couronne consécutive avant l’arrivée du printemps ?
Lancé à toute allure, invaincu sur la scène hexagonale depuis le 15 mars 2015, l’« ogre » distance de 21 points son dauphin, l’AS Monaco, qu’il a pulvérisé (3-0) en août. Alors qu’elle n’a concédé que trois matchs nuls, la machine parisienne devance de 24 unités le nouveau troisième, l’OGC Nice, qui a bouté du prodium le promu angevin.
L’arbre qui cache la forêt
La domination du PSG en France fait figure d’exception parmi les grands championnats européens. En Allemagne, même le puissant Bayern Munich, également vainqueur des trois dernières Bundesliga, ne possède « que » huit points d’avance sur son dauphin, le Borussia Dortmund. En Premier League anglaise, c’est la surprenante équipe de Leicester qui mène le bal avec trois longeurs d’avance sur Manchester City et Arsenal. En Espagne, le FC Barcelone et l’Atlético Madrid sont au coude à coude. Et en Italie, Naples n’a que deux points d’avance sur la Juventus Turin.
21 points d’avance : un record absolu pour le PSG
Le Paris Saint-Germain n’a jamais autant survolé la Ligue 1 que cette saison. Au terme de 22 journées, le club de la capitale compte 21 points d’avance sur son dauphin Monaco.
Une situation exceptionnelle au sein des grands championnats européens : en Allemagne, le Bayern Munich compte seulement 8 points d’avance sur le Borussia Dortmund, et en Espagne, l’Atletico Madrid fait jeu égal avec le Barça (qui compte un match en moins).
Le PSG semble bien parti pour battre au terme de la saison le record historique du plus grand écart entre un champion et son dauphin, établi lors de la saison 2006-2007 par l’Olympique lyonnais, qui avait terminé 17 points devant Marseille. A deux reprises, en 1967-1968 et en 1969-1970, l’AS Saint-Etienne avait creusé 11 points d’écart avec le deuxième du championnat. La victoire valant à l’époque deux points, cela aurait représenté une avance de 18 points avec le système actuel.
Il peut aussi rêver de déposséder le Bayern Munich de son record européen de 25 points d’avance en fin de saison, décroché en 2012-2013.
Depuis son rachat en 2011 par le fonds Qatar Sports Investments (QSI), le PSG n’avait jamais exercé pareille hégémonie sur le foot français. A titre de comparaison, la saison dernière, à la même période, le club de la capitale figurait à la troisième place de Ligue 1, à quatre points de l’Olympique lyonnais (OL). Les raisons de l’écrasante domination du PSG sont nombreuses. La première tient sans doute à la levée des sanctions du fair-play financier qui pesaient sur le club lors de l’exercice précédent. Elle a permis notamment de recruter l’Argentin Angel Di Maria et de bénéficier d’une attaque de feu (+ 46 de différence de buts).
« Le championnat est plié de par l’écart économique, estimait, dès l’entame de saison, Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, 9e et broyé (5-1) en décembre 2015 par le leader. Le PSG aura un budget autour de 600 millions d’euros et le plus haut budget qui suit [celui de l’OL] se situe autour de 180 millions ; vous êtes dans un rapport de 1 à 3 entre les meilleurs d’un championnat. »
Un discours que partage Bernard Caïazzo, président du conseil de surveillance de l’AS Saint-Etienne et numéro 1 du nouveau syndicat Première Ligue, qui réunit les patrons de tous les clubs de l’élite à l’exception de Guingamp. « Le PSG n’a pas d’adversaire en France. Quand les joueurs parisiens ont décidé de gagner le match, ils le gagnent, observe le dirigeant stéphanois. Ils perdent des points par inadvertance. Le Qatar a des moyens illimités. S’il le fallait, il mettrait 700 millions d’euros de budget sur la table. Son objectif n’est pas de gagner vingt-cinq fois le championnat mais de remporter la Ligue des champions. On souhaite le meilleur au PSG mais il est l’arbre qui cache la forêt. Le foot français de clubs est en crise. Il n’y a jamais eu autant d’écart budgétaire dans d’autres pays européens. »
Un handicap pour la Ligue des Champions ?
Pour Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel, « le PSG est un atout pour la L1 ». « Il remplit les stades et gonfle les audiences. Ses joueurs sont de véritables rock stars. Grâce à eux, les regards sont tournés vers la L1, en France comme à l’étranger », plaide-t-il.
Mais l’écrasante domination du club de la capitale n’atténue-t-elle pas l’intérêt du championnat ? « Il y a encore du suspense en Ligue 1 : la lutte pour les places européennes, celle pour le maintien…, avance Frédéric Thiriez. Et puis il y a également cette question : le PSG sera-t-il battu ? Quand ? Par qui ? » Pas par le promu angevin dont la surprenante 5e place peut aussi être interprétée comme un signe inquiétant du niveau actuel du championnat de France.
« Le PSG a un handicap énorme : c’est qu’il n’a pas de concurrent en France. Or, la concurrence stimule au plus haut niveau, assure Bernard Caïazzo. Au printemps, il devra être prêt pour battre le Bayern ou le Real. » Un handicap qui pourrait fragiliser les chances du PSG de remporter, à court terme, la Ligue des champions.
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