par une des fakes de Der » 23 Sep 2012, 18:00
Losc : plus belge la vie
Lille cible le pays voisin pour remplir son Grand Stade et trouver un nouveau Hazard.
Malgré le départ d’Eden Hazard, le Losc prend l’accent belge. Sur les 30.000 abonnés du Grand Stade, 1.500 viennent de l’autre côté de la frontière. C’est quatre fois plus que la saison dernière au Stadium Nord. Et ce n’est que la partie identifiable. Lille manque encore de recul pour analyser en détail la fréquentation non-fidélisée de son nouvel écrin. Mais "on doit bien être 10.000", s’emballe Miguel Cocu, président des Red Dogues, club de supporters belges passé d’une trentaine de membres en 1997 à 300 aujourd’hui. "Le Losc a pris une dimension européenne, apprécie-t-il. Pour nous, c’est la garantie de voir un beau match alors qu’en Belgique, le niveau laisse à désirer. Et puis c’est moins cher."
Le club nordiste cible cette clientèle frontalière pour garnir les 50.000 places de son enceinte. C’était un élément clé du projet lorsqu’il a été vendu au conseil régional : que la zone de chalandise s’étende à la Belgique. "Sinon, ce n’était pas viable. Entre Lille et Paris, il y a un vide. Mais au nord, il y a un bassin de population important. Il aurait été idiot de l’ignorer au prétexte que ce n’est pas le même pays", décrypte Olivier Beddeleem, maître de conférences à l’EDHEC et président des Amis de l’Eurométropole. Cette communauté de communes créée en 2008 dessine un bassin de deux millions d’habitants à cheval sur les deux pays. Une excroissance de 50% de l’agglomération lilloise. "L’Eurométropole a impulsé des projets transfrontaliers, poursuit-il. Le Losc en est le parfait exemple."
"Le quatrième grand club belge"
En mai dernier, en augmentant sa participation à 51% dans le Royal Mouscron Peruwelz (RMP), Lille est devenu le premier club français propriétaire d’un club étranger. Le Losc se sert de cette filiale pour permettre à ses jeunes de s’aguerrir en D2 belge. Mouscron bénéficie des installations lilloises de Luchin, à deux kilomètres de la frontière. "On a intérêt à être proche des gens qui nous sont proches, souffle Frédéric Paquet, directeur général adjoint du Losc. La Belgique est comme un département français pour nous. Et Lille, c’est presque le quatrième grand club belge."
A la fin des années 1990, le RC Lens se rêvait aussi en grand club transfrontalier. Avec une certaine fierté, le président Gervais Martel s’amusait à relever les plaques blanches et rouges sur le parking de Bollaert. Cela n’a fait qu’un temps. Le particularisme et l’éloignement lensois ont eu raison de cette ambition. Géographiquement et culturellement, le Losc est mieux adapté. Le phénomène Hazard a aussi boosté son attractivité.
Des patrons invités
Une tête de gondole locale, c’est encore le meilleur produit d’appel. Lille se défend pourtant d’ajuster son recrutement : "Jusqu’à 15 ans, on recrute au maximum les gamins de la région. On considère que la Belgique en fait partie", souligne Jean-Michel Vandamme, conseiller sportif du président Michel Seydoux. Dans les années 1980, la Belgique se pressait déjà en masse à Grimonprez- Jooris pour voir les Diables Rouges Erwin Vandenbergh et Philippe Desmet. Aujourd’hui, il ne reste que le jeune Gianni Bruno. "On ne peut pas jouer sur l’affect national car il n’est ni titulaire chez nous ni international, mais on monte en puissance sur des opérations ponctuelles, explique Frankin Coussement, directeur marketing de Grand Stade Rayonnement, filiale du Losc. On peut, par exemple, proposer un tarif spécial Belges à 10 euros la place. Ou des invitations dans une optique plus business (loges, séminaires)." Des chefs d’entreprises belges ont ainsi été conviés à Luchin, dans le bus des joueurs.
"Lille est une superbe vitrine pour des annonceurs belges mais il y a aussi des Français qui cherchent à pénétrer notre marché, précise Edward van Daele, le président de Mouscron. On est gagnant des deux côtés. C’est comme pour les matches: les amateurs de Mouscron peuvent supporter l’équipe locale et aller voir du grand spectacle à Lille. Un opéra n’a jamais nui à la tenue d’un concert à la maison de la culture…"