par une des fakes de Der » 29 Sep 2012, 19:52
A la fac de Lille, un "trashage de chef" tourne mal
L'université n'en a décidément pas fini avec le bizutage. Mercredi 19 septembre, en fin d'après-midi, dans le parc de la Citadelle à Lille, un étudiant a été agressé sexuellement par des camarades.
L'association corporative des étudiants en médecine de l'université Lille-II Droit et santé (ACEML) y organisait une journée d'intégration ponctuée de jeux par équipes. En général, ce sont les étudiants de deuxième année qui sont bizutés par les 3e année ; cette fois ce fut l'inverse. Selon les règles du "jeu", l'équipe qui remporte le plus de points a le droit de se venger sur le chef de l'équipe adverse. C'est ce que les étudiants appellent un "trashage (de l'anglais trash) de chef".
C'est semble-t-il à partir de là que tout a dérapé. "Un étudiant de 3e année a subi une agression d'ordre sexuel devant d'autres étudiants moteurs ou spectateurs, raconte Philippe Deruelle, vice-doyen de la faculté. Manifestement, les étudiants n'étaient pas alcoolisés de façon massive."
"FAITS INADMISSIBLES"
Le procureur de la République de Lille, Frédéric Fèvre, a immédiatement ouvert une enquête préliminaire pour viol en réunion. Des objets ont été utilisés lors du passage à l'acte et la victime a subi un examen médical.
Pour autant, l'affaire ira-t-elle jusqu'au bout sous la qualification criminelle de viol ? Lors de son audition, le jeune homme a affirmé être consentant pour se plier au "jeu", jusqu'à un "certain moment". Mais même si le viol n'est pas retenu, l'affaire relève de la loi pénalisant le bizutage, qui date de 1998. La législation est claire : le bizutage est passible de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende, que la victime soit consentante ou pas. "Il s'agit de faits, à l'évidence totalement inadmissibles et pénalement répréhensibles, même si la victime est consentante, précise Frédéric Fèvre, qui fait procéder à l'audition des quelque 80 jeunes impliqués dans l'affaire. A l'issue de l'enquête, le parquet décidera de la suite à donner à ces faits."
Le doyen de l'université ne compte pas en rester là. "Les étudiants auteurs ou complices seront traduits devant la commission de discipline de l'université qui prendra les sanctions appropriées, précise M. Deruelle. On ne peut pas infliger des sévices de ce type et ensuite prétendre soigner des êtres humains."
A la rentrée, doyen et vice-doyen avaient pourtant rappelé aux étudiants, conformément à la circulaire du ministère de l'enseignement supérieur, que le bizutage est interdit. "Nous leur avons fait un rappel à la loi. Les organisateurs n'arrivent pas à contrôler ces journées d'intégration." A la rentrée 2011-2012, la présidente d'intégration avait d'ailleurs préféré annuler les "festivités". Pas sûr qu'elles se renouvellent. "Nous ferons tout pour qu'il n'y en ait plus", assure Philippe Deruelle.