Grosse ambiance au Losc....
Rudi Garcia agacé, Michel Seydoux énigmatique, des joueurs pressés de partir, d'autres interrogatifs... Lille est parti en vacances en plein flou.
Et malgré le succès sur Montpellier (4-1), l'ambiance était lourde. Où va Lille ?
PAR ANTOINE PLACER
sports@lavoixdunord.fr PHOTO STÉPHANE MORTAGNE VPourquoi Rudi Garcia était agacé... Samedi soir, l'heure n'était pas encore aux voeux, plutôt aux messages. Rudi Garcia n'a pas manqué de diffuser le sien, et d'appuyer l'idée qu'il partait en vacances agacé. Ses réserves, au soir d'un large succès, ont évidemment étonné, mais plus en externe qu'en interne. Au club, ces derniers jours, on savait l'entraîneur tendu, « fatigué » par une première partie de saison où il n'a pas été épargné par les critiques, a vu ses choix être discutés (Kalou), mais surtout gagné par la frustration de n'avoir aucune réponse à ses questions.
La dernière quinzaine a été marquée par un interventionnisme très important de Michel Seydoux, qui a exercé une pression d'enfer sur son staff pour finir correctement l'année. C'est nouveau. Surtout, Rudi Garcia a compris que Lille entrait dans une nouvelle ère : lui qui milite depuis le début de saison pour obtenir un renfort pendant la CAN a été très clairement freiné par son président : sans départ, il n'y aura aucune arrivée, Lille n'en a pas (plus) les moyens.
Et puisque Kalou, priorité de Garcia cet été mais sondé par les décideurs du club pour un départ dès janvier, au vu de son coût et de ses performances, n'entend pas s'en aller, autant dire que la marge de manoeuvre est infime. Hormis le poste de gardien numéro deux, vacant depuis le départ de Landreau et la promotion d'Elana, tous les dossiers sont gelés. Lille, tout proche de convaincre l'Istréen De Préville, ne pourra pas boucler cette opération, faute de ressources.
Ne parlons même pas de Gameiro (PSG) ou de toute autre piste onéreuse... Rudi Garcia, sur lequel la pression s'est accentuée, doit en même temps digérer la fermeture des robinets. Le technicien, dont le contrat court encore pour un an et demi, attend une discussion franche avec son boss, dès janvier, pour savoir où il va. « Il va falloir qu'on discute » a-t-il lâché samedi.
VMichel Seydoux joue la montre et attend des offres en janvier. Le président, lui, n'est pas pressé, mais il ne pourra pas couper à une explication avec son entraîneur. L'avenir est désormais conditionné à la vente du club, ou en tout cas à l'arrivée d'investisseurs.
Tant qu'il n'a pas d'indication sur leur profil et leurs moyens, il ne peut pas fixer de direction claire. Il ne rêve pourtant pas au Père Noël, même en ce moment. Selon nos informations, il attendrait deux offres, deux manifestations d'intérêt, en janvier. Si un investisseur débarquait pour épauler Lille, avec de gros moyens, la politique sportive chère à Rudi Garcia et à l'ambition du club jusqu'ici, avec des joueurs confirmés et des noms parfois ronflants, pourrait continuer, voire se renforcer. Le président sait ce dont son technicien est capable avec des moyens, le doublé de 2011 l'a prouvé.
En revanche, si Michel Seydoux ne trouve pas de nouveau partenaire économique très solide, il devra confirmer la tendance actuelle de l'austérité économique : départs de gros salaires et promotion des jeunes.
Dans cette hypothèse, Rudi Garcia ne serait plus, dans son esprit, « the right man at the right place ». Mais le président n'a ni la volonté ni les moyens de se séparer de son entraîneur de manière unilatérale. En revanche, si les deux hommes convenaient que leurs ambitions n'étaient plus les mêmes, leurs chemins pourraient peut-être se séparer plus facilement en juin... VFrancis Gillot, troublante coïncidence ? À Bordeaux, il est désormais certain, même si ce n'est pas officiel, que Francis Gillot, en fin de contrat en juin prochain, a refusé la proposition de prolongation de son président. L'homme, habitué à faire avec peu de moyens, reconnu pour avoir promu et fait bien jouer de nombreux jeunes à Sochaux, possède un profil intéressant si Lille devait réduire la voilure économiquement. Il ne serait pas le seul candidat, bien sûr.
À Lille, on assure qu'aucune démarche n'a été effectuée. En Gironde, on évoque pourtant déjà une promesse établie par le club nordiste, pour celui dont la femme réside toujours dans la région et le fils travaille à la cellule de recrutement.
Les joueurs aimeraient savoir aussi. Il n'y a pas que l'entraîneur ou les dirigeants qui attendent de savoir dans quelle voie va s'engager le club. Même si tout le monde a bien compris que le paramètre économique sera déterminant, les joueurs sont dans l'expectative. Et non des moindres. Un cadre comme Mavuba, mais il ne serait pas le seul, s'interrogerait rapidement si, alors qu'il a 28 ans et qu'il a retrouvé les Bleus, le club s'engage dans un processus de forte austérité.
C'est ce qui fait tourner la planète Lille, depuis un petit moment maintenant. Et qui va conditionner la suite de l'histoire.