par une des fakes de Der » 16 Jan 2013, 15:37
La "confession" annoncée d'Armstrong, une opération de com' de haute volée
La "confession" attendue de Lance Armstrong est amenée sur le devant de la scène de main de maître. Il s'agit de faire durer le suspense, en alimentant la chronique de sorte à faire monter la tension un peu plus à chaque heure. Un mot du principal intéressé par-ci, une pseudo-confidence d'un proche par là, une déclaration de la maitresse de cérémonie, Oprah Winfrey, et la cohorte médiatique suit. Alors que l'"événement" n'est prévu que pour jeudi soir 17 janvier, dès mardi matin, un nombre peu commun de chaines de télévision ouvraient sur cette "information" connue depuis douze jours : il va parler, il a avoué.
Quoi, exactement, on ne sait toujours pas... Mais l'essentiel est de faire tourner la machine à spéculations, qui a débuté par une indiscrétion du New York Times. Car, a expliqué Mme Winfrey, l'heureuse bénéficiaire des confessions du champion déchu qui devaient initialement être diffusées jeudi, à 21 heures (heure de la côte Est américaine, 3 heures du matin le lendemain, à Paris), "la matière est si riche" qu'elle a décidé, en dernière minute, de "scinder en deux" cet entretien. Le suspense durera donc jusqu'au vendredi soir. Histoire, vraisemblablement, de prolonger – on allait dire rentabiliser – un peu plus l'"opération-confession".
INFOS SAVAMMENT DISTILLÉES
Oprah, dans cet exercice, est dans son rôle. Vedette absolue du petit écran, ex-première "prescriptrice" aux Etats-Unis pour la ménagère de moins de 50 ans, elle a quitté un grand réseau télévisé national pour fonder sa propre chaine. Et elle s'y entend en promotion. Elle excelle dans le "teasing", la capacité d'allécher le téléphage. Elle connait tout du contenu de l'interview d'Armstrong, préenregistré lundi. Elle indique donc qu'elle-même et son équipe ont été "surpris. Il n'a pas fait les aveux que l'on attendait. (...) Les questions les plus importantes que les gens se posent à travers le monde ont été posées et des réponses y ont été apportées." D'autant qu'Armstrong s'est montré franc, "réfléchi . Si après ça, vous ne vous précipitez pas, jeudi, sur votre écran...
Dans la foulée de Mme Winfrey, tout le monde contribue. Armstrong et son équipe, en premier. L'homme est disponible, affable. Il se montre chez lui, à Austin (Texas), où les médias du monde entier guettent sa sortie, massés devant sa maison de style colonial. De là il part "s'excuser", lundi, auprès des salariés de Livestrong, sa fondation de lutte contre le cancer et dont il a démissionné en novembre pour les dommages qu'il a pu leur causer. "C'était très émouvant", a indiqué la porte-parole de la fondation ; des membres de l'équipe ont pleuré, a-t-elle précisé. Puis Armstrong se rend à l'hôtel où l'interview a été enregistrée – vous n'imaginiez tout de même pas qu'elle puisse être mené en direct ? Non, préparée par les entourages de l'ex-champion et de l'animatrice, rien n'a été laissé à l'improvisation. Aucune prise de risques, tout aura été maîtrisé dans les moindres détails. Et il faut bien quatre jours pour que les avocats des parties vérifient chaque propos énoncé.
ENJEUX FINANCIERS
Depuis, Armstrong explique donc qu'il a "parlé". De quoi ? Quand le New York Times lui présente une requête écrite, il répond qu'il ne commentera pas ce qui n'est pas encore public. Mais deux membres de son staff, eux, laissent filtrer que l'ex-coureur, dans son entretien, "implique des dirigeants" des institutions cyclistes. Des "puissants", des responsables de l'Union cycliste internationale qui savaient tout du dopage, l'auraient même facilité. Qui, exactement ? Vous verrez bien... Ainsi va une opération de "com'" où le marketing du dernier produit Armstrong est menée avec autant d'efficacité que le fut sa carrière sportive.
On sent bien, à l'approche du jour J, que les enjeux sont gigantesques. Il s'agit de positionner l'intéressé – et donc son image ainsi que son avenir financier – dans la situation la plus favorable avant les multiples suites juridiques vers lesquelles il se dirige sans échappatoire. Un indice parmi de nombreux autres : son ancien employeur-sponsor, US Postal service (la Poste américaine, une entreprise publique), réclame à Armstrong 30 millions de dollars pour l'avoir abusée. En remodelant sa propre image, en passant du statut de "dénégateur" déchu à celui de "coopérateur" avec les justes qui l'ont confondu, il serait mieux à même de négocier avec son ex-sponsor un dédommagement plus réduit de son investissement failli.
Au détour d'une phrase, mardi, Mme Winfrey a pris soin d'indiquer que durant l'interview : "Toutes mes questions n'ont pas trouvé réponse". On s'en doutait un peu.