par fernando » 01 Oct 2013, 16:41
Mouah ah ah ah les maîtres du monde
Etats-Unis : l'Etat fédéral est au chômage technique
Face à l'échec du Congrès à voter un budget avant l'heure limite, la Maison Blanche a ordonné juste avant minuit aux agences fédérales américaines de cesser leurs activités, lundi 30 septembre, mettant près d'un million de fonctionnaires au chômage technique. Ce shutdown paraissait de plus en plus inévitable à mesure qu'approchait l'heure du début de l'exercice budgétaire 2014, avant lequel le Congrès devait approuver des crédits pour assurer que l'Etat puisse fonctionner.
Peu avant l'expiration du délai, les républicains de la Chambre des représentants ont annoncé vouloir procéder à un nouveau vote du projet de loi de finances, qui saperait une fois encore la réforme de la santé fermement défendue par Barack Obama et les démocrates. Ils appelaient aussi à la convocation d'une commission bicamérale pour résoudre les différends. Une annonce interprétée par les démocrates comme le déclenchement quasi certain du shutdown, et qualifiée par le représentant Alcee Hastings d'"auto-immolation".
Juste après l'officialisation de la situation, l'équipe de Barack Obama a envoyé un tweet sur son compte officiel : "Ils l'ont fait. Un groupe de républicains de la Chambre a forcé le gouvernement à s'arrêter à cause d''Obamacare' plutôt que de voter un budget."
Auparavant, M. Obama avait mis en garde contre une fermeture du gouvernement fédéral.
"[Le shutdown] aura des conséquences économiques très réelles pour des gens dans la vraie vie, et tout de suite. Des centaines de milliers de fonctionnaires resteront à leur poste sans être payés, et des centaines de milliers d'autres seront immédiatement mis en congé sans solde. [Cette paralysie] grippera les rouages de notre économie au moment où elle redémarrait."
PING-PONG PARLEMENTAIRE
Le ping-pong parlementaire n'a pas cessé lundi entre le Sénat, à majorité démocrate, et la Chambre des représentants, dominée par les républicains, sur le projet de loi de finances. Lundi soir, pour la deuxième fois de la journée, les 54 sénateurs démocrates ont rejeté, sans surprise, le texte adopté peu avant par la Chambre, la culmination de plus de trente mois de débats sur le budget de l'Etat.
Celui-ci prévoyait de reporter l'entrée en vigueur de la loi sur la santé connue sous le nom d'"Obamacare" – troisième tentative dans ce sens des républicains, alors que son application devait franchir une étape cruciale mardi. Les républicains exigeaient en effet que tout accord budgétaire revienne, d'une manière ou d'une autre, sur cette loi emblématique du premier mandat d'Obama, votée en 2010. A partir de mardi, des millions d'Américains démunis d'assurance-maladie vont tout de même pouvoir s'inscrire sur un site gouvernemental pour demander à bénéficier d'une assurance subventionnée à partir de 2014.
"PROMESSES IMPOSSIBLES FAITES À L'AILE D'EXTRÊME DROITE"
Jusqu'au dernier moment, M. Obama a exhorté les parlementaires à voter un budget en urgence, tout en excluant de céder à la pression des républicains et en répétant que la réforme du système de santé serait appliquée à partir de mardi quoi qu'il arrive.
Les républicains de la Chambre se retrouvent bloqués par "les promesses impossibles à tenir faites à l'aile d'extrême droite de leur parti", avait-il notamment dénoncé. Harry Reid, chef de la majorité démocrate, est allé dans le même sens, estimant que "c'est une honte que ces gens, élus pour représenter le pays, finissent par représenter le Tea Party et les anarchistes".
Le leader des républicains à la Chambre, John Boehner, a répondu que "le peuple américain ne veut [pas plus que lui] d'une fermeture du gouvernement". Mais la réforme de la santé d'Obama "a un impact dévastateur. Il faut faire quelque chose".
Conséquence de cette situation, plus de 800 000 employés jugés non essentiels doivent donc être mis en congé sans solde dès mardi, sans garantie de paie rétroactive. Du département de la défense à l'Agence de protection de l'environnement, tous les services fédéraux sont sommés de réduire immédiatement leurs effectifs au minimum vital, parfois à seulement 5 %. Partout dans le pays, les portes des parcs et musées nationaux vont rester fermées.
Les fonctions régaliennes de l'Etat fédéral – justice, sécurité, FBI, opérations militaires extérieures – sont exemptées. Juste avant le shutdown, une loi a été promulguée garantissant aux militaires qu'ils seraient payés à temps quoi qu'il arrive. Cette situation durera jusqu'au vote d'une nouvelle loi de finances par le Congrès, ce qui pourrait prendre des jours, voire des semaines.
"L'alcool tue lentement. On s'en fout, on a le temps."